Nations Unies

HRI/CORE/ZAF/2021

Instruments internationaux relatifs aux droits de l ’ homme

Distr. générale

25 août 2021

Français

Original : anglais

Document de base commun faisant partie intégrante des rapports présentés par les États parties

Afrique du Sud *

[Date de réception : 10 mai 2021]

I.Renseignements d’ordre général

1.Le présent document contient des renseignements généraux et factuels relatifs à la mise en œuvre des instruments auxquels l’Afrique du Sud est partie et susceptibles d’être utiles à tous les organes conventionnels ou à plusieurs d’entre eux. Il vise à fournir des renseignements sur les obligations mises à la charge de l’Afrique du Sud par les différents instruments des Nations Unies auxquels elle est partie, et doit être lu conjointement avec les rapports que le pays a soumis au titre de chacun de ces instruments. Ce document a été établi conformément aux directives générales du Comité des droits de l’homme concernant la présentation et le contenu des rapports périodiques soumis par les États parties.

A.Caractéristiques démographiques, économiques, sociales et culturelles

2.L’Afrique du Sud est située à la pointe sud du continent africain et a des frontières communes avec la Namibie, le Botswana, le Zimbabwe, le Mozambique et le Swaziland. Le Lesotho est enclavé à l’intérieur du territoire sud-africain. Divisé en neuf provinces, le pays s’étend sur une superficie de 1 220 813 kilomètres carrés. En juillet 2018, la population était estimée à 57,7 millions de personnes, dont un peu plus de 51 % (environ 29,5 millions) de femmes. On trouvera dans le tableau ci-dessous le profil démographique de la population.

Tableau 1 Profil démographique (juillet 2018)

Population

Pourcentage de femmes

51,4 %

Pourcentage d’hommes

48,6 %

Moins de 15 ans

29,5 %

60 ans et plus

8,5 %

Espérance de vie à la naissance

Hommes

61,1 ans

Femmes

67,3 ans

Taux brut de natalité

21,6

Taux de fécondité (2016-2021)

2,54

Accroissement démographique (2017-2018)

1,55 %

Religion

Christianisme 86 %

Sans religion 5,2 %

Islam 1,9 %

Hindouisme 0,9 %

Autres 0,6 %

Églises traditionnelles africaines 5,2 %

Judaïsme 0,2 %

Langues

11 langues officielles

3.L’Afrique du Sud a adopté un système d’auto-identification ou autoclassification dans l’analyse de sa démographie. Le recours à des données démographiques raciales et à des « groupes désignés » (tels qu’ils sont utilisés dans la loi de 1998 sur l’équité en matière d’emploi, par exemple) est nécessaire pour évaluer tout ce qui a trait au respect du principe d’équité et à la réparation en cas de non-respect de ce principe. On trouvera dans le tableau ci-dessous des estimations de la population sud-africaine pour 2018, par groupe de population et par sexe.

Tableau 2 Estimations de la population sud-africaine, par groupe et par sexe (juillet 2018)

Groupe de population

Hommes

Femmes

Total

Nombre

% de la population masculine

Nombre

% d e la population féminine

Nombre

% d e la population totale

Africains noirs

22 786 200

80,9

23 896 700

80,9

46 682 900

80,9

Personnes de couleur

2 459 500

8,7

2 614 800

8,9

5 074 300

8,8

Indiens/asiatiques

740 200

2,6

708 100

2,4

1 448 300

2,5

Blancs

2 194 200

7,8

2 325 900

7,9

4 520 100

7,8

Total

28 180 100

100,0

29 545 500

100,0

57 725 600

11,0

4.Le pays compte 16,9 millions de ménages, composés de 3,3 membres en moyenne. Les ménages dirigés par une femme comptent en moyenne plus de membres (3,36) que ceux dirigés par un homme (3,25). La même tendance générale est observée quelles que soient les zones d’habitation. Ce sont les ménages des communautés traditionnelles dirigés par une femme qui comptent en moyenne le plus de membres (4,36) et les ménages des zones urbaines dirigés par un homme qui en comptent le moins (2,71). Les données montrent que les personnes les plus touchées par la pauvreté en Afrique du Sud sont les femmes, les enfants, les Africains noirs, les habitants des zones rurales et les personnes ayant un faible niveau d’instruction. Le taux de fécondité est plus élevé chez les femmes non urbaines que chez les femmes urbaines. De même, les taux de fécondité par âge sont plus élevés dans les zones non urbaines que dans les zones urbaines, et ce, pour tous les groupes d’âge. Les taux de fécondité sont détaillés dans le tableau suivant.

Tableau 3 Taux de fécondité (2016) Taux de fécondité par âge et taux de fécondité total, taux de fécondité général et taux brut de natalité pour les trois années précédant l ’ enquête, par zone de résidence

Groupe d ’ âge

Zone

Total

Urbaine

Non urbaine

15 - 19

62

86

71

20 - 24

125

150

133

25 - 29

131

156

139

30 - 34

94

107

98

35 - 39

52

87

62

40 - 44

21

29

23

45 - 49

1

4

2

TFT (15-49)

2,4

3,1

2,6

TFG (15-44)

87

109

94

TFG (15-49)

80

101

87

TBN

21,9

23,1

22,3

Notes  : Le taux de fécondité par âge s ’ entend pour 1 000 femmes. Il se peut que le taux indiqué pour le groupe des 45-49 ans soit légèrement faussé en raison de la troncature. Les taux indiqués concernent les trente-six mois qui ont précédé l ’ enquête.

TFT : Taux de fécondité total exprimé par femme.

TFG : Taux de fécondité général exprimé pour 1 000 femmes âgées de 15 à 44 ans ou 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans.

TBN : Taux brut de natalité, exprimé pour 1 000 personnes.

5.Les objectifs à l’horizon 2030 du Plan national de développement adopté par l’Afrique du Sud sont les suivants : une espérance de vie d’au moins 70 ans, une population de moins de 20 ans pratiquement libérée du VIH, une réduction de 28 % des maladies non transmissibles, une réduction de 50 % des blessures, accidents et violences, un taux de mortalité infantile inférieur à 20 pour 1 000 naissances vivantes, un taux de mortalité des moins de 5 ans inférieur à 30 pour 1 000 naissances vivantes, un taux de mortalité maternelle inférieur à 100 pour 100 000 naissances vivantes et enrayement de la double épidémie de tuberculose et de VIH/sida. Les « soins de santé pour tous » sont l’un des principaux objectifs définis dans le Plan national de développement, parmi d’autres engagements pris pour instaurer une couverture sanitaire universelle. L’Afrique du Sud a également adopté les objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD), qui visent aussi à ne pas faire de laissés-pour-compte en matière d’accès à la santé. Le pays enregistre des progrès notables dans la réalisation des objectifs fixés dans le Plan national de développement en ce qui concerne l’espérance de vie, la mortalité des moins de 5 ans, la mortalité néonatale et infantile et les taux de mortalité maternelle. On trouvera dans le tableau ci-dessous tous les indicateurs démographiques pour les années 2002 à 2017.

Tableau 4 Indicateurs démographiques, 2002-2017

6.L’estimation du taux d’accroissement annuel de la population pour les années 2002 à 2017 figure dans le tableau suivant :

Tableau 5 Estimation du taux d ’ accroissement annuel de la population (2002-2017)

7.Les 10 premières causes naturelles de décès pour la période 2014-2016 sont énumérées dans le tableau ci-dessous.

Tableau 6 Principales causes naturelles de décès, 2014-2016

Causes de décès (sur la base de la CIM-10)

2014

2015

2016

Rang

Nombre

%

Rang

Nombre

%

Rang

Nombre

%

Tuberculose (A15-A19)

1

39 695

8,3

1

34 042

7,2

1

29 513

6,5

Diabète sucré (E10-E14)

3

24 092

5,1

2

25 774

5,4

2

25 255

5,5

Autres formes de cardiopathies (I30-I52)

4

23 009

4,8

4

23 299

4,9

3

23 515

5,1

Maladies cérébrovasculaires (I60 ‑ I69) Maladies intestinales infectieuses (A00-A09)

2

24 258

5,1

3

23 505

5,0

4

23 137

5,1

Maladies dues au virus de l ’ immunodéficience humaine [VIH] (B20 ‑ B24)

6

22 866

4,8

5

22 557

4,8

5

21 830

4,8

Maladies hypertensives (I10-I15)

7

18 416

3,9

7

19 845

4,2

6

19 960

4,4

Grippe et pneumopathie (J09-J18)

5

22 878

4,8

6

21 001

4,4

7

19 638

4,3

Autres maladies virales (B25-B34)

9

14 574

3,1

8

16 475

3,5

8

16 577

3,6

Cardiopathies ischémiques (I20-I25)

..

..

..

10

12 714

2,7

9

12 883

2,8

Maladies chroniques des voies respiratoires inférieures (J40-J47)

10

12 793

2,7

9

13 006

2,7

10

12 659

2,8

Maladies intestinales infectieuses (A00-A09)

8

14 834

3,1

..

..

..

..

..

..

Autres causes naturelles

208 537

43,7

207 820

43,9

200 403

43,9

Causes non naturelles

50 939

10,7

53 228

11,2

51 242

11,2

Toutes les causes

476 891

100,0

473 266

100,0

456 612

100,0

8.Le Plan stratégique national de lutte contre le VIH, la tuberculose et les infections sexuellement transmissibles 2017-2022 prévoit un bilan complet de l’épidémie de VIH ainsi que des initiatives visant à juguler le nombre de nouvelles infections et à lutter contre la stigmatisation et la discrimination. Actuellement, 7,1 millions de personnes vivent avec le VIH et 4,2 millions suivent un traitement par association d’antirétroviraux. L’objectif était de faire bénéficier 2 millions de personnes supplémentaires de ce traitement d’ici à décembre 2020, afin d’atteindre la cible 90-90-90 fixée par ONUSIDA. En ce qui concerne la prévention de la transmission mère-enfant du VIH, la transmission à six semaines après l’accouchement est passée de 8 % en 2008 à 1,4 % en 2017. Les chiffres relatifs à la prévalence du VIH sont présentés dans le tableau suivant.

Tableau 7 Prévalence du VIH (2014 - 2017)

Année

Prévalence

Taux d ’ incidence 15-49 ans

Population VIH (en millions)

Femmes 15-49 ans

Adultes 15-49 ans

Population totale

2014

21,40

18,25

12,46

0,97

6,67

2015

21,34

18,17

12,50

1,01

8,80

2016

21,29

18,10

12,55

1,00

6,93

2017

21,17

17,98

12,57

0,91

7,06

9.Environ sept ménages sur 10 (71,2 %) déclarent se tourner vers des cliniques, hôpitaux ou autres établissements publics en tant que premier point d’accès lorsque des membres du ménage tombent malades ou sont blessés. Un peu plus d’un quart des ménages (27,4 %) indiquent qu’ils se rendent plutôt chez des médecins ou dans des cliniques ou hôpitaux du secteur privé. Dans près d’un quart des ménages (23,3 %), un membre au moins bénéficie d’un régime d’aide médicale. Cependant, le pourcentage de Sud-Africains affiliés à un régime d’aide médicale restait relativement faible en 2017 (17,1 %).

10.Le nombre d’enfants âgés de 7 à 17 ans est passé de 11,1 millions en 2010 à 11,2 millions en 2015, ce qui représente 127 000 enfants en plus. En 2015, la proportion d’enfants était répartie de manière égale entre les deux sexes ; la majorité des enfants (74,8 %) de cette tranche d’âge avaient leurs deux parents en vie, et 7,3 % avaient perdu leurs deux parents. En 2015, la proportion d’enfants dont les parents n’étaient pas membres du ménage était plus élevée chez les enfants africains noirs (28,3 %) que dans les autres groupes de population. En 2015, le nombre d’enfants dont les parents n’étaient pas membres du ménage et qui vivaient avec au moins un grand-parent est passé de 56,5 % à 52,9 %. Environ 98,4 % des enfants étaient scolarisés en 2015. Toujours pour cette même année, les orphelins étaient plus susceptibles de ne pas être scolarisés que ceux dont un parent (mère ou père) était vivant. Les enfants qui avaient leurs deux parents ou qui vivaient avec leur mère avaient plus de chances d’aller à l’école.

11.S’agissant de l’éducation, l’article 29 de la Constitution de la République d’Afrique du Sud, 1996 (« la Constitution ») consacre le droit à l’éducation. Le pays a adopté une loi qui rend la scolarité obligatoire pour tout enfant, depuis l’année de ses 7 ans jusqu’à l’âge de 15 ans (ou jusqu’à la 9e année d’école, selon ce qui intervient en premier), et ce, afin de contraindre les parents et les directions provinciales de l’éducation à mettre tout en œuvre pour que les enfants reçoivent une instruction de base. Dans la même optique, d’autres mesures législatives ont été prises pour que les écoles situées dans des zones pauvres puissent être déclarées « écoles sans frais de scolarité » et pour soutenir ainsi les enfants des familles pauvres et les orphelins. Près de 9 millions d’élèves dans 20 965 écoles publiques ont bénéficié de cette politique. Ainsi, 87,1 % des écoles publiques ont reçu le label « école sans frais de scolarité », ce qui représente 71,8 % des élèves.

12.Des études confirment que les programmes de développement de la petite enfance (0‑4 ans) sont extrêmement bénéfiques. C’est pourquoi l’Afrique du Sud a fait de l’accès à des programmes complets de développement du jeune enfant une véritable priorité éducative. Ces programmes sont proposés dans les garderies, les crèches, les groupes de jeux, les écoles maternelles et les écoles préprimaires. Environ 42,8 % des petits sud-africains âgés de 0 à 4 ans fréquentent des crèches ou des structures éducatives en dehors de leur domicile. Environ 87,5 % des plus de 5 ans ayant fréquenté ces structures ont été scolarisés, et 4,5 % ont poursuivi leurs études dans l’enseignement supérieur. À titre de comparaison, seuls 2,1 % de ces enfants ont étudié dans des établissements d’enseignement technique et professionnel. Bien que le pourcentage dans ce grand groupe d’âge n’ait pas évolué, pratiquement tous les enfants entre 7 et 15 ans fréquentent une école.

13.Le pourcentage d’élèves ayant indiqué avoir été exemptés de frais de scolarité est passé de 0,4 % en 2002 à 66,0 % en 2017. Au niveau provincial, 91,4 % des élèves du Limpopo et 76,6 % des élèves du Cap oriental ont fréquenté des écoles sans frais, contre 48,8 % dans la province du Cap occidental et 48,5 % dans celle du Gauteng.

14.En 2017, 14 millions d’enfants environ étaient scolarisés, dont 5,9 % dans des écoles privées. Les trois quarts (77,3 %) des élèves inscrits dans des écoles publiques ont bénéficié de programmes d’alimentation scolaire. Par ailleurs, 68,1 % des élèves se rendaient à l’école à pied, tandis que 8,2 % utilisaient des véhicules privés. Environ 686 000 étudiants étaient inscrits dans des établissements d’enseignement supérieur en 2017. Plus de deux tiers (66,4 %) d’entre eux étaient des Africains noirs. Cependant, proportionnellement, ce groupe reste sous-représenté.

15.Les taux de réussite scolaire continuent de s’améliorer grâce à un meilleur accès aux infrastructures et services éducatifs. Parmi les adultes âgés de 20 ans et plus, le pourcentage de personnes ayant atteint la 12e année comme niveau d’instruction le plus élevé est passé de 30,7 % en 2002 à 43,6 % en 2017. Le pourcentage de personnes ayant obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur a lui aussi augmenté, passant de 9,2 % à 13,9 %. Le pourcentage de personnes n’ayant jamais été scolarisées a quant à lui diminué, passant de 11,4 % en 2002 à 4,7 % en 2017. Il ressort des statistiques que le pourcentage de la population n’ayant jamais fréquenté l’école a baissé dans toutes les provinces sur la période 2002-2017. L’analphabétisme fonctionnel est passé de 27,3 % en 2002 à 13,7 % en 2017, et l’amélioration de l’accès à la scolarité a entraîné une baisse sensible du pourcentage d’analphabètes fonctionnels dans le groupe d’âge des 20-39 ans.

16.Entre 2002 et 2017, l’analphabétisme fonctionnel chez les 20-39 ans a nettement diminué, tant chez les hommes (17,1 % à 6,0 %) que chez les femmes (15,8 % à 3,5 %). Toutefois, le taux d’alphabétisme des adultes restait inférieur à la moyenne nationale (94,3 %) dans des provinces telles que le Cap du Nord (89,5 %), le Nord-Ouest (89,6 %) et le Limpopo (89,9 %).

17.Après avoir pratiquement atteint l’objectif de l’accès universel à l’enseignement primaire, l’Afrique du Sud s’attache désormais à améliorer la qualité de l’enseignement, à multiplier les infrastructures, installations et ressources d’apprentissage et à renforcer les capacités du corps enseignant afin d’améliorer la portée et la qualité de l’enseignement de base proposée. Des évaluations nationales annuelles sont menées depuis2010 afin d’améliorer la qualité de l’enseignement. Le Gouvernement s’est également engagé à éliminer totalement les « mudschools » (écoles en boue séchée) et à veiller à ce que les écoles disposent d’un accès à l’eau, d’un système d’assainissement et de l’électricité, dans le cadre de l’Initiative de livraison accélérée des infrastructures scolaires et du Programme provincial pour les infrastructures. De nets progrès ont été enregistrés pour ce qui est de la fourniture des services de base (eau, assainissement, électricité), de la construction de nouveaux bâtiments et de l’entretien des écoles. En complément, le Programme provincial pour la construction d’écoles est géré par les provinces et prévoit la fourniture de services de base, la construction d’écoles, l’agrandissement de bâtiments existants, la fourniture de services nouveaux ou de meilleure qualité et l’entretien des locaux. L’Initiative de livraison accélérée lancée par le Ministère de l’éducation de base doit servir à rattraper le retard pris dans l’entretien des infrastructures dans tous les établissements non conformes aux normes et règles de sécurité. L’objectif est de supprimer toutes les écoles installées dans des bâtiments de fortune insalubres et de veiller à ce que les autres disposent de services de base (eau, assainissement et électricité). L’Initiative a permis de fermer 173 établissements insalubres et d’assurer un accès à l’eau pour 615 écoles, à l’assainissement pour 425 écoles et à l’électricité pour 307 écoles. Grâce à ces deux programmes, les infrastructures scolaires ont pu être améliorées, ce qui a entraîné une hausse du taux de scolarisation des jeunes enfants.

18.Divers mécanismes permettent de suivre la progression vers la pleine réalisation du droit à l’éducation. L’histoire du pays fait que le lien entre pauvreté, appartenance ethnique et inégalités historiques reste une réalité. Bien que les politiques éducatives et économiques soient conçues pour promouvoir le droit à l’éducation des populations pauvres, les effets néfastes liés au milieu familial ne peuvent pas être complètement éradiqués. Le rythme du développement économique et social du pays est donc un obstacle à long terme à la pleine réalisation du droit à l’éducation.

Indicateurs économiques

19.En ce qui concerne les indicateurs économiques et les dépenses publiques, le déficit budgétaire devrait se réduire et passer d’un niveau estimé à 4,3 % du PIB pour 2017/18 à 3,5 % pour 2020/21. La dette nette devrait continuer d’augmenter à moyen terme et se stabiliser à 53,2 % en 2023/24, tout comme le coût du service de la dette. Le PIB nominal était estimé à 1 184 000 milliards de rand pour le premier trimestre de 2018, soit 24 milliards de rand de moins qu’au dernier trimestre de 2017. Le produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique du Sud a accusé un recul de 2,2 % au premier trimestre de 2018. Les dépenses liées au produit intérieur brut réel ont diminué de 2,5 % au premier trimestre 2018. La dépense de consommation finale des ménages a progressé de 1,5 % au premier trimestre, contribuant à la croissance totale à hauteur de 0,9 point de pourcentage. Les principales statistiques pour décembre 2017 sont présentées dans le tableau ci-dessous.

Tableau 8 Principales statistiques (décembre 2017)

IPC : décembre 2017 ( total pays )

4,6 %

IPP : décembre 2017 ( total pays )

5,1 %

IPP : décembre 2017 ( biens intermédiaires )

4,1 %

IPP : décembre 2017 ( agriculture )

6,78 %

PIB ( quatrième  trimestre 2017)

2 % t/t

RNB (2017)

3 085 606 milliards de rand

20.D’après le rapport de Statistics South Africa intitulé Financial statistics of national government, le Gouvernement a dépensé au total 1 330 000 milliards de rand en 2016/17, soit 4 % de plus qu’en 2015/16 (1 280 000 milliards). Les subventions constituaient le plus gros poste de dépenses. À ne pas confondre avec les allocations sociales, les subventions sont des transferts d’argent d’une administration vers une autre administration ou vers une organisation internationale : elles sont le carburant financier qui alimente les rouages de l’État. En 2016/17, le Gouvernement a transféré 764 milliards de rand (soit 57 % des dépenses totales) sous forme de subventions à d’autres niveaux administratifs et à des organisations internationales. Les administrations provinciales ont reçu la majeure partie des subventions en 2016/17, soit près des deux tiers des 764 milliards de rand. C’est 6 % de plus qu’en 2015/16. Cela s’explique par le fait que les neuf provinces sont responsables de l’administration de certaines des fonctions essentielles du Gouvernement (par exemple, l’éducation et la santé). Environ 14 % des subventions sont allées aux 257 municipalités. Un peu plus de 11 % (87 milliards de rand) ont été versés aux 252 comptes et fonds extrabudgétaires de l’Afrique du Sud (8 % de plus qu’en 2015/16). 46 milliards de rand (6 % des subventions) ont été versés à des organisations étrangères et à des institutions internationales. Sur ce montant, 39 milliards sont allés à l’Union douanière d’Afrique australe (SACU), dont l’Afrique du Sud est membre. La Nouvelle Banque de développement, créée par les pays du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), a reçu 3,5 milliards de rand. Les 26 établissements d’enseignement supérieur du pays ont reçu 28 milliards de rand (4 %) de subventions publiques en 2016/17.

21.La part des recettes publiques qui est financée par l’impôt est présentée dans le tableau ci-dessous.

Tableau 9 Part des recettes publiques financée par l ’ impôt (2006-2019)

Exercice

Proportion des recettes publiques provenant des impôts

2006/07

97,75 %

2007/08

97,74 %

2008/09

97,93 %

2009/10

98,47 %

2010/11

97,55 %

2011/12

96,73 %

2012/13

96,44 %

2013/14

96,54 %

2014/15

96,80 %

2015/16

94,68 %

2016/17

97,08 %

2017/18*

97,22 %

2018/19*

98,15 %

* Estimations .

22.Le tableau suivant présente les taux d’imposition des bénéfices réalisés par les sociétés et des revenus des personnes physiques, les taux de la taxe sur la valeur ajoutée (hors articles de luxe, tabac, alcool, boissons et en-cas sucrés, et essence), respectivement, ainsi que le pourcentage des recettes totales de l’impôt sur le revenu des personnes physiques qui provient du décile le plus riche de la population.

Tableau 10 Imposition (2006-2019)

Exercice

Taux d ’ imposition des bénéfices des sociétés

Taux d ’ imposition des personnes physiques le plus bas

Taux d ’ imposition des personnes physiques le plus élevé

Taux de TVA standard

% de l ’ impôt sur le revenu des personnes physiques perçu auprès du décile le plus riche**

2006/07

29,0 %

18,0 %

40,0 %

14,0 %

2007/08

29,0 %

18,0 %

40,0 %

14,0 %

2008/09

28,0 %

18,0 %

40,0 %

14,0 %

2009/10

28,0 %

18,0 %

40,0 %

14,0 %

2010/11

28,0 %

18,0 %

40,0 %

14,0 %

2011/12

28,0 %

18,0 %

40,0 %

14,0 %

2012/13

28,0 %

18,0 %

40,0 %

14,0 %

2013/14

28,0 %

18,0 %

40,0 %

14,0 %

2014/15

28,0 %

18,0 %

40,0 %

14,0 %

2015/16

28,0 %

18,0 %

41,0 %

14,0 %

2016/17

28,0 %

18,0 %

41,0 %

14,0 %

2017/18

28,0 %

18,0 %

45,0 %

14,0 %

2018/19*

28,0 %

18,0 %

45,0 %

15,0 %

* Proposition d ’ impôt pour le budget 2018, et estimations publiées dans la « Budget Review  » 2018.

23.Le tableau suivant présente la part des dépenses publiques en pourcentage du produit intérieur brut et la part du budget public consacré aux domaines sociaux prioritaires (éducation, alimentation, santé, eau et assainissement, et logement).

Tableau 11 Dépenses publiques en pourcentage du PIB (2007-2018)

Priorités sociales (protection sociale, éducation, santé, logement et équipements communautaires)

Dépenses publiques consolidées % du PIB

Priorités sociales % du PIB

2007/08

27,2 %

14,9 %

2008/09

29,4 %

16,1 %

2009/10

32,3 %

17,5 %

2010/11

31,1 %

17,7 %

2011/12

30,9 %

18,1 %

2012/13

31,4 %

18,3 %

2013/14

31,6 %

18,4 %

2014/15

31,9 %

18,2 %

2015/16

33,1 %

18,7 %

2016/17

32,7 %

18,8 %

2017/18*

33,2 %

19,2 %

24.Le tableau suivant illustre les niveaux de dépenses en valeur absolue, corrigés de l’inflation, correspondant aux domaines sociaux prioritaires.

Tableau 12 Niveaux de dépenses en valeur absolue, corrigés de l ’ inflation, correspondant aux domaines sociaux prioritaires (2007-2018)

Priorités sociales (protection sociale, éducation, santé, logement et équipements communautaires)

Total dépenses consolidées (réel)

Total priorités sociales (réel)

2007/08

1 006 360

551 858

2008/09

1 097 015

599 165

2009/10

1 198 630

648 060

2010/11

1 232 851

701 112

2011/12

1 264 127

739 361

2012/13

1 312 357

764 349

2013/14

1 359 059

788 628

2014/15

1 389 707

792 592

2015/16

1 461 881

827 057

2016/17

1 451 332

835 410

2017/18*

1 495 201

864 845

25.Le déficit budgétaire devrait se réduire, pour passer d’un niveau estimé à 4,3 % du PIB en 2017/18 à 3,5 % en 2020/21. Les dépenses hors intérêts du budget principal devraient rester stables, à 26,6 % du PIB, entre 2017/18 et 2020/21. La dette nette devrait se stabiliser à 53,2 % du PIB en 2023/24. Les mesures fiscales proposées permettront de lever 36 milliards de rand supplémentaires en 2018/19. Le cadre budgétaire reflète deux changements majeurs : des réductions de dépenses à moyen terme, décidées par un sous‑comité gouvernemental, pour un montant de 85 milliards de rand ; et une allocation supplémentaire de 57 milliards de rand pour l’enseignement supérieur et la formation sans frais de scolarité. Les réserves pour imprévus ont été révisées à la hausse, et ont été fixées à 26 milliards de rand pour les trois prochaines années. La croissance réelle des dépenses hors intérêts avoisinera 1,8 % au cours de la même période. L’enseignement et la formation postscolaires sont la catégorie qui enregistre la croissance la plus rapide.

26.Les dépenses publiques consolidées, par fonction, sont présentées dans le tableau ci‑dessous.

Tableau 13 Dépenses publiques c onsolidées , par fonction (2017-2020)

27.Au cours des trois prochaines années, les dépenses publiques se répartiront comme suit :

528,4 milliards de rand pour les prestations sociales ;

324 milliards de rand au total pour l’enseignement supérieur et la formation, dont 57 milliards de nouvelles allocations pour assurer leur gratuité ;

792 milliards de rand pour l’éducation de base, dont 35 milliards pour les infrastructures et 15,3 milliards pour les supports pédagogiques destinés aux élèves et aux enseignants, y compris les technologies de l’information et des communications ;

667,8 milliards de rand pour la santé, dont 66,4 milliards de subventions conditionnelles pour le VIH, le sida et la tuberculose ;

123,3 milliards de rand pour les logements sociaux subventionnés ;

125,8 milliards de rand pour les infrastructures et services d’adduction d’eau ;

207,4 milliards de rand pour la part équitable des administrations locales, destinée à la fourniture de services de base aux ménages pauvres ;

129,2 milliards de rand pour des transports publics à un coût abordable.

28.En ce qui concerne les caractéristiques économiques et sociales, l’Afrique du Sud porte encore les stigmates de plus de trente années de colonialisme et d’apartheid. Bien que de nombreuses lois de l’apartheid aient été abrogées, les conséquences sociales et économiques de ces lois et politiques continuent de définir le paysage de l’Afrique du Sud. Les inégalités économiques et sociales fondées sur la race font toujours partie de la vie des Sud-Africains. L’héritage de l’apartheid a ancré de profondes inégalités économiques et fait de l’Afrique du Sud l’un des pays les plus inégalitaires au monde. L’objectif du Plan national de développement est de réduire ces inégalités, telles que mesurées par le coefficient de Gini sur la base du revenu par habitant (comprenant les salaires, traitements et prestations sociales), de 0,7 en 2010 à 0,6 à l’horizon 2030.

29.La part de la population vivant dans la pauvreté est passée de 66,6 % (31,6 millions de personnes) en 2006 à 53,2 % (27,3 millions) en 2011, mais a légèrement augmenté pour atteindre 55,5 % (30,4 millions) en 2015. Le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté (c’est-à-dire en dessous du seuil de pauvreté alimentaire, fixé à 441 rand par personne par mois en 2015) a augmenté de 2,8 millions, passant de 11 millions de personnes en 2011 à 13,8 millions en 2015. Ce chiffre reste toutefois inférieur à celui de 2009 (16,7 millions). Les personnes les plus exposées à la pauvreté dans notre société sont les enfants (âgés de 17 ans ou moins), les femmes, les Africains noirs, les personnes vivant dans les zones rurales, les habitants des provinces du Cap oriental et du Limpopo, et les personnes peu ou pas instruites.

30.Le coefficient de Gini du revenu par habitant (inégalité de revenus) a diminué, passant de 0,72 % en 2006 à 0,68 % en 2015, mais il existe des variations notables entre les différents groupes de population. Les Africains noirs présentent la plus forte inégalité de revenus, avec un coefficient de Gini de 0,65 en 2015, en hausse par rapport à 2006 (0,64). Parmi la population blanche, le coefficient de Gini est passé de 0,56 en 2006 à 0,51 en 2015. Il a également diminué parmi la population de couleur, passant de 0,60 en 2006 à 0,58 en 2015. Chez les Indiens et Asiatiques, bien que les inégalités de revenus se soient estompées en 2009 (0,53) et en 2011 (0,50), le coefficient de Gini était encore de 0,56 en 2006 et en 2015.

31.Le chômage demeure l’un des plus grands défis de l’Afrique du Sud et fait donc partie intégrante de notre Plan de développement national. Le tableau ci-dessous présente une comparaison de nos enquêtes sur la population active.

Tableau 14 Comparaisons des enquêtes trimestrielles sur la population active (2013-2017)

Hommes et femmes

ETPA 2013 En m illiers

ETPA 2014 En m illiers

ETPA 2015 En m illiers

ETPA 2016 En m illiers

ETPA 2017 En m illiers

Population 15-64 ans

34 790

35 410

36 035

36 669

37 294

Population active

19 752

20 216

21 085

21 533

22 289

Population active occupée

14 866

15 146

15 741

15 780

16 169

Secteur structuré (non agricole)

10 524

10 822

10 935

11 021

11 288

Secteur non structuré (non agricole)

2 366

2 393

2 637

2 602

2 735

Agriculture

740

702

880

874

843

Ménages ordinaires

1 236

1 230

1 288

1 283

1 303

Sans emploi

4 886

5 070

5 344

5 753

6 120

Population non économiquement active

15 038

15 194

14 950

15 136

15 005

Personnes ayant renoncé à chercher un emploi

2 331

2 422

2 334

2 386

2 403

Autres (non économiquement actifs)

12 708

12 771

12 616

12 750

12 602

Taux (%)

Taux de chômage

24,7

25,1

25,3

26,7

27,5

Ratio population active occupée/ population (Absorption)

42,7

42,8

43,7

43,0

43,4

Taux d ’ activité

56,8

57,1

58,5

58,7

59,8

Femmes

Population 15-64 ans

17 702

17 986

18 273

18 567

18 865

Population active

8 920

9 115

9 522

9 701

10 104

Population active occupée

6 539

6 634

6 882

6 874

7 114

Secteur structuré (non agricole)

4 369

4 514

4 577

4 657

4 797

Secteur non structuré (non agricole)

954

937

1 007

968

1 047

Agriculture

230

213

293

267

265

Ménages ordinaires

987

969

1 006

982

1 004

Sans emploi

2 381

2 482

2 640

2 827

2 990

Population non économiquement active

8 782

8 871

8 751

8 866

8 761

Personnes ayant renoncé à chercher un emploi

1 270

1 285

1 309

1 316

1 323

Autres (non économiquement actifs)

7 512

7 586

7 443

7 550

7 438

Taux (%)

Taux de chômage

26,7

27,2

27,7

29,1

29,6

Ratio population active occupée/population (Absorption)

36,9

36,9

37,7

37,0

37,7

Taux d ’ activité

50,4

50,7

52,1

52,3

53,6

Hommes

Population 15-64 ans

17 088

17 424

17 762

18 102

18 429

Population active

10 832

11 101

11 563

11 832

12 185

Population active occupée

8 327

8 513

8 859

8 906

9 055

Secteur non structuré (non agricole)

1 412

1 455

1 630

1 634

1 688

Agriculture

510

488

587

607

577

Ménages ordinaires

249

261

283

301

299

Sans emploi

2 505

2 589

2 704

2 926

3 130

Population non économiquement active

6 256

6 323

6 199

6 270

6 245

Personnes ayant renoncé à chercher un emploi

1 061

1 137

1 025

1 069

1 080

Autres (non économiquement actifs)

5 195

5 186

5 174

5 201

5 165

Taux (%)

Taux de chômage

23,1

23,3

23,4

24,7

25,7

Ratio population active occupée/ population (Absorption)

48,7

48,9

49,9

49,2

49,1

Taux d ’ activité

63,4

63,7

65,1

65,4

66,1

32.En Afrique du Sud, la plupart des ménages continuent à dépendre des revenus provenant des salaires. Au niveau national, les principales sources de revenus des ménages sont les salaires (65,4 %) et les subventions (44,6 %). À l’échelon provincial, c’est dans les provinces du Cap occidental (79,0 %) et du Gauteng (73,3 %) que l’on trouve le plus fort pourcentage de ménages percevant un salaire. En revanche, c’est dans les provinces du Cap oriental (59,3 %) et du Limpopo (57,4 %) que davantage de ménages perçoivent des subventions.

33.L’article 27 de la Constitution garantit à toute personne le droit à la sécurité sociale et à des prestations sociales suffisantes si elle n’est pas à même de pourvoir à ses besoins et à ceux des personnes à sa charge. L’État doit prendre des mesures raisonnables, dans les limites des ressources dont il dispose, pour garantir progressivement l’exercice effectif de ce droit. La loi de 2004 relative à l’assistance sociale établit un cadre législatif national pour le versement de différents types d’allocations et de prestations sociales aux personnes dans le besoin, pour la fourniture d’une assistance sociale par un organisme national et pour la création d’une Inspection de l’assistance sociale. La loi de 2004 relative à l’Agence sud‑africaine de sécurité sociale prévoit la création d’un organisme public. Les prestations sont généralement versées en fonction des ressources, sans aucune discrimination fondée sur la race ou le genre. Cela n’a pas toujours été le cas pour les allocations versées aux personnes âgées : les hommes peuvent désormais prétendre à des subventions à partir de l’âge de 60 ans, contre 65 ans auparavant. Il existe différents types de prestations sociales : les aides financières ainsi que les allocations pour enfants à charge, pour enfants placés en famille d’accueil, pour enfants handicapés, pour anciens combattants, pour invalidité et pour personnes âgées. La couverture de sécurité sociale sous forme de prestations à caractère non contributif (assistance sociale) s’est considérablement élargie au fil des ans, et le Programme gouvernemental constitue aujourd’hui un dispositif d’atténuation de la pauvreté extrêmement efficace. Ce programme fournit des prestations non contributives aux groupes vulnérables sous diverses formes : allocations aux personnes âgées, aux personnes handicapées, aux parents, aux familles d’accueil, aux personnes qui prennent soin d’enfants handicapés, aux anciens combattants ; aides financières ; et aides sociales aux personnes dans le besoin. Le montant des prestations est ajusté chaque année en fonction de l’évolution de la situation économique et, pour l’exercice en cours (2018/19), l’inflation et l’augmentation de la TVA ont été prises en compte. Les taux de couverture et d’utilisation des différentes prestations au mois de mars 2018 sont présentés dans le tableau ci-dessous.

Tableau 15 Ventilation des bénéficiaires de la sécurité sociale (mars 2018)

Allocation vieillesse

3 423 337

Allocation pour anciens combattants

134

Allocation d ’ invalidité

1 061 866

Allocation pour enfant à charge

12 269 084

Allocation pour famille d ’ accueil

416 016

Allocation pour enfants handicapés

147 467

Aides financières

192 091

Aides sociales aux personnes dans le besoin

573 195

34.D’après la dernière enquête sur les conditions de vie (2014/15) menée par Statistics South Africa, le montant total annuel des dépenses de consommation des ménages entre octobre 2014 et octobre 2015 s’élevait à 1 720 milliards de rand. Au cours de l’année étudiée, le ménage moyen sud-africain a dépensé environ 103 293 rand, les principales dépenses étant liées au logement et aux commodités (chauffage, électricité et eau), aux transports, à l’alimentation et à divers biens et services. Ensemble, les quatre principales catégories de dépenses de consommation (à savoir le logement et les commodités, les transports, les biens et services divers, ainsi que les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées) représentent environ les trois quarts (76,4 %) des dépenses de consommation dans le pays. En d’autres termes, 3 rand sur 4 dépensés par les ménages sud-africains vont à ces quatre domaines clefs, comme il ressort du tableau ci-dessous.

Tableau 16 Dépenses de consommation annuelles totales et moyennes des ménages par catégorie de dépenses pour 2015

Principaux groupes de dépenses

Rand

Pourcentage

Total (en millions)

Moyenne

Produits alimentaires et boissons non alcoolisées

220 891

13 292

12,9

Boissons alcoolisées et tabac

15 132

911

0,9

Habillement et chaussures

82 072

4 939

4,8

Logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles

558 799

33 625

32,6

Mobilier, appareils ménagers et entretien courant du logement

89 599

5 391

5,2

Santé

15 533

935

0,9

Transport

279 623

16 826

16,3

Communication

58 322

3 509

3,4

Loisirs et culture

65 361

3 933

3,8

Éducation

42 070

2 531

2,5

Restaurants et hôtels

36 238

2 181

2,1

Biens et services divers

252 050

15 167

14,7

Catégories non classées

906

55

0,1

Total

1 716 595

103 293

100,0

35.Comme on l’a vu plus haut, les dépenses annuelles moyennes de consommation des ménages sud-africains s’élevaient à 103 293 rand en 2015. Toutefois, les dépenses médianes n’étaient que de 42 522 rand par an, ce qui souligne la persistance des inégalités entre les ménages. Un peu moins de 70 % des dépenses de consommation dans le pays étaient effectuées par des ménages dirigés par un homme, qui ont dépensé environ 121 363 rand en moyenne en 2015. En revanche, les ménages dirigés par une femme n’ont dépensé que les deux tiers de cette somme environ (77 671 rand) et ne représentaient qu’un peu plus de 30 % des dépenses de consommation en Afrique du Sud.

36.Les ménages dirigés par des Africains noirs représentaient plus de la moitié (52,8 %) des dépenses de consommation des ménages en 2015 et ont dépensé en moyenne 67 828 rand pendant l’année de l’enquête. Bien qu’ils constituent une part plus importante de la population, les ménages dirigés par des personnes de couleur ne représentaient que 8,7 % des dépenses totales des ménages, tandis que les ménages blancs se plaçaient en deuxième position, avec 34,1 %. Lorsqu’on examine les dépenses de consommation médianes des ménages par groupe de population, on constate que les ménages blancs restent plus aisés avec 256 159 rand, ce qui, contrairement à d’autres groupes, n’est pas la moitié de leur moyenne. On peut en déduire que les niveaux d’inégalité entre les ménages dirigés par des blancs sont moindres, car leurs chiffres médians et moyens sont plus proches. La situation est la même pour les ménages dirigés par des Indiens/Asiatiques. Dans les ménages dirigés par des Africains noirs et ceux dirigés par des personnes de couleur, la médiane était proche de la moitié de la moyenne, traduisant des disparités plus marquées.

37.En ce qui concerne le logement, le pourcentage de ménages ayant bénéficié d’une forme d’aide publique au logement est passé de 5,6 % en 2002 à 13,6 % en 2017, avec un pourcentage légèrement plus élevé pour les ménages dirigés par des femmes (17,3 %) que pour les ménages dirigés par des hommes (11,0 %). Cela est conforme aux politiques gouvernementales, qui favorisent les ménages dirigés par des personnes appartenant à des groupes vulnérables, dont font partie les femmes et les personnes handicapées. Le pourcentage de ménages qui ont reçu une aide publique au logement, ventilé selon le genre du chef de ménage, pour 2002-2017, est présenté dans le graphique ci-dessous.

Figure 17 Pourcentage de ménages qui ont reçu une aide publique au logement par genre du chef de ménage, 2002-2017

38.En ce qui concerne les caractéristiques culturelles, la devise nationale de l’Afrique du Sud, « L’unité dans la diversité » provient de la langue Ixam (! ke e: / xarra  //  ke, qui signifie littéralement « Les personnes différentes s’unissent »). Il s’agit d’un appel à tous les citoyens à s’unir dans un sentiment d’appartenance et de fierté. Parce qu’elle trouve son origine dans une langue et une culture très anciennes, profondément ancrées dans le tissu de nombreuses langues et cultures autochtones, cette devise met en évidence et célèbre les liens étroits entre les peuples, les langues, les cultures et les histoires.

39.À l’échelle nationale, un peu moins d’un quart (24,7 %) des ménages parlent le zoulou à la maison, 15,6 % parlent le xhosa et 12,1 % l’afrikaans. L’anglais, qui est utilisé en famille par 8,4 % des Sud-Africains, est la sixième langue la plus parlée à la maison. Il occupe toutefois la deuxième place au classement des langues les plus utilisées en dehors du foyer (17,6 %), derrière le zoulou (24,7 %) et devant le xhosa (13,0 %). Il est à noter que l’utilisation de la plupart des langues en dehors du foyer a diminué, à l’exception notable du zoulou et du tswana. Le groupe de population indien/asiatique est le plus uniforme, avec 91,5 % de personnes parlant l’anglais à la maison. Plus des trois quarts (76,3 %) des personnes de couleur parlaient l’afrikaans à la maison, et 21,8 % l’anglais, tandis que 57,9 % des Blancs parlaient l’afrikaans et 39,2 % l’anglais. En comparaison, les Africains noirs étaient beaucoup plus polyglottes : bien que 30,5 % parlent le zoulou et 19,2 % le xhosa, cinq langues différentes étaient parlées par environ 10 % de personnes.

40.En ce qui concerne l’appartenance et la pratique religieuses, la grande majorité (86,0 %) des Sud-Africains se disent chrétiens et 5,2 % déclarent n’appartenir à aucune religion en particulier. Plus de 5 % des individus ont adopté des religions décrites comme « ancestrales, tribales, animistes ou autres religions africaines traditionnelles ». Les musulmans, qui représentent 1,9 % de la population totale, se trouvent principalement dans les provinces du Cap occidental, du Gauteng et du KwaZulu-Natal. Les Hindous représentent environ 0,9 % de la population à l’échelle nationale, mais 3,3 % de la population du KwaZulu-Natal.

B.Structure constitutionnelle, politique et juridique

La Constitution

41.L’Afrique du Sud a connu une transition radicale, passant du régime oppressif de l’apartheid (système fondé sur la souveraineté parlementaire) à une démocratie constitutionnelle résolue à créer une société reposant sur les valeurs démocratiques, la justice sociale et les droits humains fondamentaux. Notre Constitution reflète notre histoire unique et notre quête de liberté et de démocratie. Compte tenu du passé de l’Afrique du Sud, il n’est pas surprenant que notre Constitution insiste fréquemment sur la nécessité de créer une société « ouverte et démocratique », et mette l’accent sur la dignité, la justice et l’égalité.

42.La Constitution déclare fièrement que l’Afrique du Sud est un État souverain et démocratique, guidé par les principes fondamentaux suivants : constitutionnalisme, état de droit, démocratie et responsabilité, séparation et équilibre des pouvoirs, gouvernement coopératif et transfert de pouvoirs. Elle met l’accent sur la dignité humaine, la réalisation de l’égalité et la promotion des droits humains et des libertés, ainsi que sur la lutte contre le racisme et le sexisme. La Constitution est la loi suprême de la République, sur le fondement de laquelle toutes les lois sont élaborées et interprétées par les tribunaux. La common law est développée conformément à la Constitution.

43.La Constitution consacre en outre les principes du suffrage universel, d’une liste électorale nationale commune, d’élections régulières, d’un système multipartite et d’un gouvernement démocratique afin de garantir responsabilité, réactivité et ouverture. Elle accorde le droit de vote à toute personne âgée de 18 ans au moins et prévoit une liste électorale unique pour tous les citoyens, des élections régulières et un système de gouvernement multipartite. Elle explique le fonctionnement du Parlement, des autres corps législatifs et des tribunaux, et la manière dont les hauts fonctionnaires nationaux et provinciaux sont choisis. La Constitution établit également diverses institutions publiques indépendantes pour soutenir la démocratie.

44.Le chapitre 2 de la Constitution contient la Déclaration des droits de l’Afrique du Sud. Ses dispositions garantissent les droits à l’égalité, à la dignité humaine, à la vie et à la vie privée, entre autres, ainsi que la liberté de religion et d’expression. La Charte des droits déclare que les droits de l’homme sont interconnectés et indivisibles et garantit dès lors des droits civils et politiques ainsi que des droits socioéconomiques pleinement opposables. Diverses mesures législatives, politiques et autres ont été mises en œuvre pour assurer la réalisation effective desdits droits ainsi que des droits culturels. En outre, nos tribunaux continuent de rendre des jugements et de développer la jurisprudence afin de renforcer et de protéger ces droits et d’en guider l’interprétation. La Constitution ne peut être modifiée de la même manière que les lois ordinaires. Le paragraphe 2 de l’article 74 dispose que l’approbation d’un projet de loi portant modification de la Constitution requiert une majorité des deux tiers à l’Assemblée nationale ainsi qu’un vote favorable de six des neuf provinces représentées au Conseil national des provinces.

45.La Constitution garantit l’indépendance de la justice et reconnaît expressément la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Structurellement, le Gouvernement s’organise en trois niveaux : national, provincial et local. Le pays est divisé en neuf provinces, chacune dotée de sa propre assemblée législative. Il est important de souligner que toutes les structures gouvernementales tirent leur autorité de la Constitution. Aucune loi ou initiative gouvernementale ne peut remplacer ou enfreindre les dispositions de la Constitution.

Élections

46.En Afrique du Sud, des élections ont lieu tous les cinq ans aux niveaux national et provincial. Les électeurs votent pour un parti politique et non pour des personnes. Le nombre de sièges au Parlement occupés par chaque parti politique est directement proportionnel au nombre de voix qu’ils ont obtenues aux élections. Chaque parti désigne ensuite les membres qui occuperont les sièges qui lui reviennent. C’est ce qu’on appelle un système électoral à représentation proportionnelle (RP).

47.Les élections municipales ont lieu tous les cinq ans. Elles reposent sur un système mixte ou hybride, qui fait appel à la fois au découpage en circonscriptions et au système de représentation proportionnelle. Il existe trois types de conseils municipaux en Afrique du Sud : les conseils métropolitains (catégorie A), les conseils locaux (catégorie B) et les conseils de district (catégorie C). Pour les municipalités métropolitaines, il existe deux types d’élections dans chaque circonscription : la circonscription du conseil métropolitain et la représentation proportionnelle métropolitaine. Dans toutes les autres municipalités, il existe trois types d’élections dans chaque circonscription : la circonscription du conseil local, la représentation proportionnelle au conseil local et la représentation proportionnelle au conseil de district. Des élections partielles ont lieu dans les quatre-vingt-dix jours qui suivent la vacance d’un siège au conseil municipal pour cause de décès, d’exclusion ou de démission d’un conseiller.

48.La Constitution institue également la Commission électorale, qui est chargée de gérer les élections des organes législatifs nationaux, provinciaux et municipaux, de veiller à ce que ces élections soient libres et équitables, d’annoncer les résultats et d’établir et de tenir à jour la liste des électeurs.

49.La démocratie constitutionnelle sud-africaine a remarquablement progressé depuis ses débuts. L’enthousiasme avec lequel le multipartisme a été adopté en Afrique du Sud constitue une avancée remarquable. Aux élections nationales et provinciales de 2014, le nombre total de suffrages valides était de 18 402 497 ; 252 274 votes nuls ont été comptabilisés. Le nombre total de suffrages exprimés s’élevait à 18 654 771 sur 25 388 082 électeurs inscrits, ce qui représente un taux de participation de 73,48 %. Au total, 29 partis politiques ont participé aux élections nationales, dont 25 se sont également présentés aux élections provinciales ; 12 partis politiques n’ont participé qu’aux élections provinciales. Ce taux de participation de 73,48 % est plus faible que lors des élections nationales et provinciales de 2009, mais reste toutefois élevé par rapport aux statistiques internationales. Le pourcentage de votes nuls s’est établi à 1,29 %, ce qui est le chiffre le plus bas jamais enregistré pour des élections nationales et provinciales. Les résultats des élections nationales et provinciales de 2014 ont été annoncés bien avant la fin du délai de sept jours prévu par la loi. Comme toutes les élections depuis 1994, ces élections ont été déclarées libres, équitables et crédibles.

50.Pour les élections municipales de 2016, 15 290 820 personnes se sont rendues aux urnes, ce qui correspond à 57,94 % de l’ensemble des électeurs.

Le pouvoir exécutif

51.L’exécutif se compose du Président, du Vice-Président et du Conseil des ministres au niveau national, et du Premier Ministre et des membres des conseils exécutifs au niveau provincial. Le Président est le chef de l’État et à la tête de l’exécutif national, également appelé Conseil des ministres. Les ministres se voient confier des portefeuilles, correspondant aux différents ministères. En tant que chef de l’exécutif, le Président est le commandant en chef des forces armées. Il est élu par l’Assemblée nationale à sa première séance. Dès son élection, il ou elle cesse d’être membre du Parlement et doit prêter serment dans les cinq jours.

52.Chacune des neuf provinces du pays dispose d’un Conseil exécutif, dirigé par un Premier Ministre. Les membres de ces conseils exécutifs rendent compte à leur assemblée législative, de la même manière que le Conseil des ministres rend compte au Parlement. Le Premier Ministre est élu par et parmi les membres de l’assemblée législative provinciale à la première séance de cette législature après les élections. Les membres des conseils exécutifs rendent compte à leur Premier Ministre. Tout comme les ministres, ils sont responsables d’un portefeuille. Les annexes à la Constitution définissent clairement les domaines ou questions sur lesquels les ministères provinciaux exercent une compétence soit exclusive (annexe 5), soit conjointement avec le Gouvernement (annexe 4).

Le pouvoir législatif

53.À l’échelle nationale, l’autorité législative est exercée par le Parlement. Celui-ci se compose de deux chambres : l’Assemblée nationale et le Conseil national des provinces. L’Assemblée nationale a, entre autres, le pouvoir de modifier la Constitution et de légiférer dans tout domaine. L’adoption d’une loi portant modification de la Constitution est régie par des règles de majorité distinctes.

54.Les membres élus de l’Assemblée nationale représentent le peuple et garantissent le principe du « gouvernement par le peuple » inscrit dans la Constitution. À cette fin, l’Assemblée nationale choisit le Président, offre un espace permettant l’examen public des questions à l’étude, adopte des lois et examine et supervise l’action de l’exécutif (rôle de surveillance). Le nombre de députés siégeant à l’Assemblée nationale doit être compris entre 350 et 400. La répartition des sièges à l’Assemblée nationale par parti politique après les élections de 2014 figure dans le tableau ci-dessous.

Tableau 18 Répartition des sièges à l ’ Assemblée nationale par parti politique, 2014 à aujourd ’ hui

Parti politique 2014

Nombre de sièges 2014

%

African National Congress (ANC)

249

62,3

Democratic Alliance

89

22,3

Economic Freedom Fighters

25

6,3

Inkatha Freedom Party

10

2

National Freedom Party

6

1

United Democratic Movement

4

1

Freedom Front+

4

1

African Christian Democratic Party

3

0,75

African Independent Congress

3

0,45

AGANG

2

0,5

African Peoples ’ Convention

1

0,25

Total

400

100

55.Le Conseil national des Provinces veille à ce que la voix des neuf provinces et des pouvoirs locaux soit entendue lorsque des lois sont élaborées par le Parlement. Il représente les provinces pour veiller à ce que leurs intérêts soient pris en compte dans les politiques nationales. Ainsi, il participe au processus législatif national et offre, au niveau national, un espace permettant l’examen public des questions concernant les provinces. Le Conseil national des Provinces joue également un rôle important dans la promotion de l’unité nationale et des bonnes relations de travail entre administrations nationales, provinciales et locales. Les délégués au Conseil représentent leur parti politique mais ont également le devoir important de représenter leur province dans son ensemble. Afin de garantir l’équilibre des intérêts entre les provinces, chaque province, quelle que soit sa taille, compte 10 délégués : six délégués permanents et quatre délégués « spéciaux » non permanents. Chacune est dirigée par un Premier Ministre (qui est l’un des « délégués spéciaux ») ou son suppléant lorsqu’il n’est pas disponible. La délégation de chaque province doit refléter l’équilibre des pouvoirs des différents partis qui y sont représentés.

56.Chaque province est dotée d’une assemblée législative, dont la taille varie en fonction du nombre d’habitants. La Constitution dispose que ces assemblées sont composées de 30 à 80 membres. Ceux-ci sont élus sur des listes provinciales, sur la base du nombre de voix obtenues par chaque parti politique. L’assemblée provinciale est chargée d’adopter les lois de sa province, comme le prévoit la Constitution. Ces lois ne s’appliquent que dans la province qui les a adoptées. Le Parlement peut intervenir et modifier ces lois sous certaines conditions, par exemple si elles portent atteinte à la sécurité nationale, à l’unité économique, aux normes nationales ou aux intérêts d’une autre province. Comme le Parlement, les assemblées provinciales sont tenues de demander aux membres de leur exécutif de rendre compte de leurs actions.

Le pouvoir judiciaire

57.Les principes de la séparation des pouvoirs, de l’indépendance du pouvoir judiciaire et de la suprématie de la Constitution sont au cœur de la démocratie constitutionnelle sud‑africaine. La séparation des pouvoirs est l’un des 34 principes constitutionnels qui forment l’ossature de la Constitution. L’indépendance du pouvoir judiciaire découle des principes fondamentaux que sont l’état de droit et la séparation des pouvoirs. Elle est consacrée et protégée par l’article 165 de la Constitution. Elle est également reconnue au niveau international par diverses déclarations et instruments internationaux tels que les Principes fondamentaux relatifs à l’indépendance de la magistrature (Nations Unies) et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.

58.Depuis l’avènement de la démocratie, le Gouvernement s’est engagé dans un processus de transformation et de renforcement de l’indépendance du pouvoir judiciaire. La loi de 2012 sur le dix-septième amendement à la Constitution prévoit une Haute Cour unique pour l’Afrique du Sud et fait de la Cour constitutionnelle la cour suprême de la République. La loi de 2013 sur les juridictions supérieures, approuvée par le Président le 13 août 2013, vise à rationaliser la structure et le fonctionnement des juridictions supérieures en vue de renforcer leur efficacité.

59.Le Conseil supérieur de la magistrature, créé en application de l’article 178 de la Constitution, se compose de 23 membres. Aux termes du paragraphe 5 de cet article, le Conseil supérieur de la magistrature est habilité à conseiller le Gouvernement sur toute question relative au pouvoir judiciaire ou à l’administration de la justice. Il est en outre chargé de mener les entretiens avec les candidats aux postes de juge, de formuler des recommandations pour la nomination de ces candidats et de traiter les plaintes déposées contre les juges. Les entretiens sont assurés par l’ensemble du Conseil, tandis que les plaintes sont traitées par un groupe plus restreint de 13 membres. Les plaintes contre les juges qui enfreignent le Code de déontologie judiciaire doivent d’abord être déposées auprès du secrétariat du Conseil, qui se trouve dans les locaux du Bureau du président de la Cour constitutionnelle. Le Code de déontologie judiciaire définit les normes éthiques et professionnelles qui doivent être suivies par les juges.

60.Le Président nomme le président et le vice-président de la Cour constitutionnelle après consultation du Conseil supérieur de la magistrature et des chefs des partis représentés à l’Assemblée nationale, et nomme le président et le vice-président de la Cour suprême d’appel après consultation du Conseil supérieur de la magistrature. Les autres juges de la Cour constitutionnelle sont également choisis par le Président, après consultation du président de la Cour constitutionnelle et des chefs des partis représentés à l’Assemblée nationale, sur une liste de candidats présentée par le Conseil supérieur de la magistrature. Le Président nomme tous les autres juges des hautes cours sur avis du Conseil supérieur de la magistrature.

61.Les magistrats des juridictions inférieures sont nommés par le Ministre de la justice et des services correctionnels, conformément aux dispositions de la loi de 1993 sur les magistrats, après consultation de la Commission des magistrats. La Commission des magistrats est un organe statutaire établi en vertu de la loi sur les magistrats. Elle est présidée par un juge, désigné par le Président en consultation avec le président de la Cour constitutionnelle. Le rôle de la Commission est, entre autres, d’élaborer un code de conduite pour les magistrats des juridictions inférieures (tribunaux de district et régionaux) et de conseiller le Ministre de la justice concernant la nomination de ces magistrats. Elle conseille également le Ministre ou lui fait des recommandations ou des rapports pour information du Parlement sur toute question relative à l’administration indépendante de la justice et à l’efficacité des tribunaux d’instance. Elle mène en outre des enquêtes et fait des recommandations au Ministre concernant la suspension et la révocation des magistrats. Tout comportement présumé inapproprié de la part d’un magistrat peut être signalé au président du tribunal dans lequel exerce le magistrat concerné. La loi de 2008 sur l’Institut sud-africain de formation judiciaire a porté création dudit institut afin de promouvoir l’indépendance, l’impartialité, la dignité, l’accessibilité et l’efficacité des tribunaux en proposant des formations judiciaires à tous les fonctionnaires de justice (juges et magistrats). L’Institut de formation judiciaire est dirigé par un Conseil composé de 20 personnes et à la tête duquel se trouve le Président de la Cour constitutionnelle.

62.Le Gouvernement et le pouvoir judiciaire ont déployé des efforts considérables pour transformer la magistrature afin qu’elle soit plus représentative de la situation démographique de notre pays. La race et le genre des 250 juges permanents que comptait l’Afrique du Sud au 28 février 2018 figurent dans le tableau ci-dessous.

Tableau 19 Race et genre des juges permanents en février 2018

Fonction

Homme africain

Femme africaine

Homme de couleur

Femme de couleur

Homme indien

Femme indienne

Homme blanc

Femme blanche

Juges

69

44

16

11

14

10

61

25

63.On trouvera ci-après un tableau comparatif de la répartition par race et par genre des membres la magistrature, entre 1998 et février 2018.

Tableau 20 Race et genre des magistrats, février 2018

Tribunaux

64.Les juridictions suivantes existent en Afrique du Sud : la Cour constitutionnelle, la Cour suprême d’appel, les Hautes Cours (parmi lesquelles les cours pouvant être établies en vertu d’une loi adoptée par le Parlement pour connaître de l’appel des jugements rendus par les Hautes Cours), les tribunaux d’instance et toute autre juridiction établie ou reconnue en vertu d’une loi adoptée par le Parlement, notamment les juridictions dotées d’un statut similaire à celui des Hautes Cours ou des tribunaux d’instance. Conformément à ce qui précède, les tribunaux suivants ont été créés par voie législative : Special Income Tax Courts (tribunaux compétents pour connaître des contentieux fiscaux), cour d’appel du travail, tribunal du travail, Land Claims Courts (tribunaux compétents dans le domaine foncier), cour d’appel pour les affaires de concurrence, tribunal électoral, tribunaux des affaires matrimoniales, tribunaux des consommateurs et « tribunaux militaires ». Des tribunaux de l’égalité ont été mis en place en vertu de l’article 9 de la Constitution ainsi que de la loi de 2000 sur la promotion de l’égalité et la prévention de la discrimination injuste.

65.Il existe également des tribunaux relatifs aux unités d’enquête, des tribunaux du Conseil vétérinaire, des « tribunaux » de l’eau, etc., établis en vertu de lois particulières. Les tribunaux des chefs traditionnels ont une compétence limitée et appliquent le droit coutumier. Des juridictions spécialisées, créées au sein des tribunaux eux-mêmes, se concentrent sur certaines questions.

66.Les tribunaux traditionnels sont un rouage indispensable de l’administration de la justice. Le chapitre 12 de la Constitution reconnaît le statut et le rôle des chefs traditionnels selon le droit coutumier, sous réserve des dispositions de la Constitution. L’annexe 6 de la Constitution reconnaît l’existence des tribunaux traditionnels. La Constitution reconnaît le droit coutumier et la législation doit donc le prévoir. Les tribunaux traditionnels existent − il est dès lors impératif, d’un point de vue constitutionnel, qu’ils soient transformés pour s’adapter à notre système. Le Parlement examine actuellement un projet de loi sur les tribunaux traditionnels. L’objectif poursuivi est de traiter les notions de justice traditionnelle de manière appropriée.

67.Il est également envisagé de recourir aux tribunaux communautaires pour aider à administrer la justice réparatrice, l’objectif étant de faire en sorte que les infractions moins graves soient traitées dans le cadre de programmes de déjudiciarisation plutôt que sanctionnées par des peines de prison. Le Ministère de la justice élabore actuellement un cadre politique dont l’objectif est de mettre en place un modèle de tribunal communautaire adapté à la démocratie constitutionnelle sud-africaine et prenant en considération l’impératif de transformation consacré par la Constitution. La notion de tribunal communautaire englobe des éléments de justice réparatrice qui mettent l’accent sur la restitution, la réhabilitation, la réconciliation entre la victime et le délinquant, la prévention de la criminalité dans la communauté et les services sur la base du volontariat et du bénévolat pour les délinquants et les victimes. Dans le cadre de l’élaboration de cette politique, il a été demandé à la Commission sud-africaine de la réforme législative d’ajouter les tribunaux communautaires à son programme de recherche.

68.Le Bureau du défenseur de la famille est un autre organe judiciaire doté d’un rôle important dans la protection des droits de l’homme. Il doit être consulté sur toutes les questions concernant les enfants, car la Haute Cour est tutrice de tous les enfants en Afrique du Sud. Le Bureau du défenseur de la famille règle également les différends entre parents ou membres de la famille concernant la responsabilité parentale et les droits des enfants. Les fonctions du défenseur de la famille ont été élargies par la loi de 2005 sur l’enfance. Le défenseur de la famille est l’autorité centrale de la République d’Afrique du Sud en matière d’enlèvement international d’enfants ; il protège ainsi les enfants contre les effets nuisibles d’un enlèvement vers un pays étranger par leurs parents ou leurs tuteurs. La Convention sur les aspects civils de l’enlèvement international d’enfants, à laquelle l’Afrique du Sud a adhéré le 1er octobre 1996, a été incorporée dans la législation nationale au moyen de la loi de 2005 sur l’enfance. La participation à cet instrument international permet d’assurer le retour immédiat des enfants emmenés en Afrique du Sud ou hors du pays et de garantir leur droit de rester en contact avec le parent dont ils sont séparés. En 2016, pour mieux protéger les enfants, l’Afrique du Sud a accepté l’adhésion de 34 pays supplémentaires afin de porter à 83 le nombre d’États contractants.

69.Le Président de la Haute Cour est au service du public pour toutes les questions ayant trait aux successions, aux liquidations (faillites), à l’enregistrement des trusts, tuteurs et curateurs, ainsi qu’à l’administration du Fonds de tutelle (mineurs et personnes présentant un handicap mental).

70.L’article 179 de la Constitution porte création d’une Autorité nationale chargée des poursuites judiciaires (NPA). Le Bureau du Directeur national des poursuites judiciaires a été créé le 1er août 1998. La NPA se compose des membres suivants : le Directeur national, qui est le chef du Bureau et en assure la gestion ; les directeurs nationaux adjoints ; les directeurs des poursuites et les directeurs spéciaux ; les autres membres nommés ou affectés au Bureau ; et les membres du personnel administratif. La NPA est régie par la loi de 1998 sur l’Autorité nationale chargée des poursuites judiciaires. La Constitution, interprétée à la lumière de ladite loi, confère à l’Autorité le pouvoir d’engager des poursuites pénales au nom de l’État et d’exercer toutes les fonctions nécessaires liées à l’engagement de poursuites pénales. Dans un État régi par le droit tel que l’Afrique du Sud, tous les citoyens ont le droit de jouir d’une meilleure qualité de vie − une vie sans peur et sans criminalité. En tant que partenaire clef du système de justice pénale, la NPA joue un rôle essentiel en veillant à ce que les auteurs d’infractions soient inculpés et répondent de leurs actes criminels. La NPA contribue également à renforcer la confiance du public dans le système de justice pénale.

Application de la loi et administration de la justice

71.Pour assurer la sécurité de tous en Afrique du Sud, les forces de l’ordre travaillent en collaboration avec le Département de la justice et du développement constitutionnel, l’Autorité nationale chargée des poursuites judiciaires, le Département des services pénitentiaires, le Département du développement social et d’autres départements en vue de réaliser l’un des objectifs du Plan national de développement : permettre à tous les Sud‑Africains d’être et de se sentir en sécurité. Pour agir de manière ciblée tout au long de la chaîne de valeur, le groupe « Justice, prévention du crime et sécurité » (JCPS) a été créé au niveau ministériel. Le groupe JCPS axe son action sur la lutte contre la criminalité et la corruption, afin de permettre une approche intégrée et coordonnée de la formulation et de la coordination des politiques et d’orienter la mise en œuvre des programmes d’action du Gouvernement, conformément aux directives de ce dernier et aux informations fournies par le Plan national de développement.

72.Le chapitre 11 de la Constitution dispose que le Service de la police sud-africaine (SAPS) est chargé de prévenir et de combattre la criminalité, d’enquêter sur les crimes, de maintenir l’ordre public, de protéger les habitants de la République et leurs biens, et de faire respecter et d’appliquer la loi. Le SAPS doit créer un environnement sûr pour tous les habitants d’Afrique du Sud, prévenir tout acte susceptible de menacer la sécurité des communautés et enquêter sur ces actes, veiller à ce que les criminels soient traduits en justice et participer aux efforts visant à s’attaquer aux causes de la criminalité. La loi de 1995 sur le Service de la police sud-africaine prévoit la création, l’organisation, la réglementation et le contrôle du SAPS. Le tableau suivant recense les infractions graves enregistrées en Afrique du Sud pour la période 2013-2017.

Tableau 21 Infractions graves enregistrées en Afrique du S ud , 2013-2017

Catégorie d ’ infraction

Avril-mars 2013/14

Avril-mars 2014/15

Avril-mars 2015/16

Avril-mars 2016/17

Écart

Évolution en %

Infractions avec contact (atteintes à l ’ intégrité de la personne)

Meurtre

17 023

17 805

18 673

19 016

343

1,8

Infractions sexuelles

56 680

53 617

51 895

49 660

-2 235

-4,3

Tentative de meurtre

16 989

17 537

18 127

18 205

78

0,4

Voies de fait dans l ’ intention d ’ infliger des blessures physiques graves

182 333

182 556

182 933

170 616

-12 317

-6,7

Voies de fait légères

166 081

161 486

164 958

156 450

-8 508

-5,2

Vol simple

53 505

54 927

54 110

53 418

-692

-1,3

Vol avec circonstances aggravantes

118 963

129 045

132 527

140 956

8 429

6,4

Infractions avec contact

611 574

616 973

623 223

608 321

-14 902

-2,4

Ratio : Infractions avec contact (atteintes à l ’ intégrité de la personne)

Meurtre

31,9

32,9

34,0

34,1

0,1

Tentative de meurtre

31,9

32,4

33,0

32,6

-0,4

Voies de fait dans l ’ intention d ’ infliger des blessures physiques graves

342,1

337,3

332,8

305,5

-27,3

Voies de fait légères

311,6

298,4

300,1

280,2

-20,0

Vol simple

100,4

101,5

98,4

95,7

-2,8

Infractions sexuelles

Viol

45 349

43 195

41 503

39 828

-1 675

-4,0

Agression sexuelle

6 597

6 087

6 212

6 271

59

0,9

Tentatives d ’ infractions sexuelles

2 913

2 641

2 573

2 073

-500

-19,4

Infractions sexuelles avec contact

1 821

1 694

1 607

1 488

-119

-7,4

Infractions sexuelles

56 680

53 617

51 895

49 660

-2 235

-4,3

Ratio : infractions sexuelles

Viol

85,1

79,8

75,5

71,3

-4,2

Agression sexuelle

12,4

11,2

11,3

11,2

-0,1

Tentatives d ’ infractions sexuelles

5,5

4,9

4,7

3,7

-1,0

Infractions sexuelles avec contact

3,4

3,1

2,9

2,7

-0,3

Sous-catégories de voies de fait graves

Détournement de voiture

11 180

12 773

14 602

16 717

2 115

14,5

Détournement de camion

991

1 279

1 184

1 183

-1

-0,1

Vol de fonds en cours de transport

145

119

137

152

15

10,9

Cambriolage de banques

21

17

6

3

-3

-50,0

Cambriolage de locaux résidentiels

19 284

20 281

20 820

22 343

1 523

7,3

Cambriolage de locaux non résidentiels

18 573

19 170

19 698

20 680

982

5,0

Infractions dites « trio » (cambriolages de locaux résidentiels et non résidentiels et détournements de voitures)

49 037

52 224

55 120

59 740

4 620

8,4

Sous-catégories de vol aggravé

50 194

53 639

56 447

61 078

4 631

8,2

Incendie volontaire

5 458

5 127

4 903

4 321

-582

-11,9

Dégradations volontaires de biens

117 983

120 662

119 901

116 409

-3 492

-2,9

Infractions liées aux personnes

123 441

125 789

124 804

120 730

-4 074

-3,3

Infractions liées aux biens

Cambriolage de locaux non résidentiels

73 464

74 358

75 008

75 618

610

0,8

Cambriolage de locaux résidentiels

259 784

253 716

250 606

246 654

-3 952

-1,6

Vol de véhicule à moteur et de motocyclette

56 645

55 090

53 809

53 307

-502

-0,9

Vol dans des véhicules à moteur

143 801

145 358

139 386

138 172

-1 214

-0,9

Vol d ’ animaux d ’ élevage

24 534

24 965

24 715

26 902

2 187

8,8

Infractions liées aux biens

558 228

553 487

543 524

540 653

-2 871

-0,5

Autres infractions graves

Tous les vols non mentionnés ailleurs

362 517

360 541

340 372

328 272

-12 100

-3,6

Délits commerciaux

76 744

67 830

69 917

73 550

3 633

5,2

Vol à l ’ étalage

70 487

71 327

68 786

67 454

-1 332

-1,9

Autres infractions graves

510 748

499 698

479 075

469 276

-9 799

-2,0

Autres infractions graves

17 i nfractions graves signalées par la communauté

1 803 991

1 795 947

1 770 626

1 738 980

-31 646

-1,8

Infractions découvertes grâce à l ’ action de la police

Possession illégale d ’ armes à feu et de munitions

15 362

15 116

14 772

16 134

1 362

9,2

Infractions liées aux stupéfiants

260 596

266 902

259 165

292 689

33 524

12,9

Conduite sous l ’ influence de l ’ alcool ou de stupéfiants

69 725

68 561

76 159

75 034

-1 125

-1,5

Infractions sexuelles

4 720

6 340

5 830

6 164

334

5,7

Infractions constatées grâce à l ’ action de la police

350 403

356 919

355 926

390 021

34 095

9,6

73.En matière de justice pénale, des progrès significatifs ont été réalisés dans le cadre de la révision et de la modernisation du système de justice pénale grâce au Programme relatif au système intégré de justice pénale. Le système intégré de justice pénale permettra de corriger les difficultés rencontrées et les insuffisances constatées tout au long de la chaîne de valeur de la justice pénale. Il vise à renforcer la coopération et l’intégration des services de police et de justice pour réaliser l’objectif stratégique du Plan de développement national, à savoir la construction de communautés plus sûres et la mise en place d’un système de justice pénale résilient.

74.L’Afrique du Sud met également tout en œuvre pour répondre aux différents besoins des victimes et veiller à ce que les victimes et les témoins soient traités équitablement et pleinement soutenus, notamment grâce à la Charte des droits des victimes. Dans le cadre de la lutte contre la criminalité, les enquêtes auprès des victimes sont utilisées pour évaluer la perception de la criminalité et la satisfaction des utilisateurs des services de police et de justice. Ainsi, l’Enquête sur les victimes de la criminalité est menée tous les ans auprès des ménages afin de recueillir des renseignements sur la dynamique de la délinquance. L’enquête a pour but d’évaluer la perception qu’a la population des activités de la police, des procureurs, des tribunaux et des services pénitentiaires en matière de prévention de la criminalité et de la victimisation. Elle apporte également des données complémentaires sur les niveaux de criminalité en Afrique du Sud. L’Enquête sur les victimes de la criminalité 2016/17 a montré que la confiance des ménages dans les services de police et de justice s’était progressivement érodée au fil des ans. Les ménages qui ont une perception négative de la police estiment qu’elle n’a pas été capable de récupérer des biens volés (59 %), tandis que ceux qui sont mécontents des services de justice pensent que les tribunaux sont trop indulgents envers les criminels.

Aide juridictionnelle

75.Aux termes de la Constitution, tout enfant ou adulte ayant à résoudre un différend devant une cour ou un tribunal, ainsi que toute personne accusée ou détenue, y compris tout condamné, doit bénéficier d’une représentation en justice aux frais de l’État lorsque sa non‑représentation causerait une profonde injustice. Le Gouvernement a adopté en 2014 une loi relative à l’aide juridictionnelle en Afrique du Sud, qui a porté création d’une entité publique nationale appelée « Legal Aid South Africa » (Aide juridictionnelle en Afrique du Sud). L’article 34 de la Constitution garantit l’accès aux tribunaux et le droit à un procès public équitable. Conformément aux obligations mises à sa charge par la Constitution, Legal Aid South Africa a établi une liste des bénéficiaires prioritaires de l’aide juridictionnelle qui comprend les personnes suivantes :

Les enfants concernés par des affaires civiles dans lesquelles ils risquent de subir de profondes injustices s’ils ne bénéficient pas de l’aide juridictionnelle ;

Toute personne détenue (y compris les condamnés) ;

Toute personne accusée d’une infraction ;

Les personnes qui souhaitent interjeter appel d’une décision de justice ou former un pourvoi en révision ;

Les femmes, notamment en matière de divorce, de pension alimentaire et de violence domestique ;

Les paysans sans terre, notamment en matière d’expulsion.

76.Legal Aid SA est également chargée de fournir ou de mettre à disposition une assistance juridictionnelle et des conseils juridiques, d’assurer la représentation des personnes en justice aux frais de l’État et de sensibiliser et d’informer la population sur ses droits et obligations juridiques. Elle est financée par le Trésor public. Concernant l’octroi de l’aide juridictionnelle aux personnes pauvres et vulnérables, les statistiques pour l’exercice 2017/18 sont les suivantes :

Au total, 731 856 clients ont bénéficié de l’aide juridictionnelle en matière pénale et civile ainsi que de conseils juridiques ;

La représentation en justice a été assurée dans 426 617 affaires ;

371 202 (87 %) clients ont bénéficié d’une aide en matière pénale et 55 415 (13 %) clients en matière civile ;

Une aide a été fournie dans 25 contentieux stratégiques ;

Une aide a été fournie dans 1 774 recours formés contre des jugements ou des peines devant des juridictions supérieures ;

34 % des clients (46 726) qui ont bénéficié d’une aide en matière pénale étaient en détention provisoire dans des centres pénitentiaires ;

16 350 enfants ont bénéficié d’une aide, dont 62 % (10 141) d’enfants en conflit avec la loi et 38 % (6 209) d’enfants ayant besoin d’une aide dans le domaine de la justice civile ;

Des conseils juridiques ont été fournis à 305 239 clients.

77.En ce qui concerne l’ouverture des programmes d’aide juridictionnelle aux migrants, aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, il est important de souligner qu’aux termes de la Charte des droits inscrite dans la Constitution, la majorité des droits sont garantis à « tous », c’est-à-dire non seulement aux Sud-Africains, mais aussi aux ressortissants étrangers qui se trouvent à l’intérieur des frontières du pays. En conséquence, toute personne qui vit en Afrique du Sud peut bénéficier de l’aide juridictionnelle si l’affaire :

Relève du pénal ;

Concerne des enfants ;

Concerne des demandeurs d’asile − l’aide juridictionnelle est ouverte aux personnes qui demandent ou ont l’intention de demander l’asile au titre des chapitres 3 et 4 de la loi de 1998 relative aux réfugiés ;

Est susceptible d’influer positivement sur la vie d’un grand nombre d’indigents, que les services juridiques soient ou non directement fournis à ces personnes.

78.Le règlement d’application de la loi relative à l’aide juridictionnelle en Afrique du Sud dispose que l’aide juridictionnelle peut être octroyée en matière pénale à toute personne mise en accusation devant une juridiction sud-africaine si cette personne remplit les conditions d’octroi qu’il définit ainsi qu’aux personnes physiques qui ont besoin de conseils et de représentation en justice. Les demandeurs d’asile, les migrants et les réfugiés peuvent bénéficier de l’aide juridictionnelle pénale s’ils sont poursuivis pour une infraction, car ils répondent alors à la définition de l’accusé et sont des personnes physiques. L’article 19 du règlement d’application prévoit que l’aide juridictionnelle peut être accordée aux requérants qui demandent ou entendent demander l’asile dans la République au titre des chapitres 3 ou 4 de la loi de 1998 relative aux réfugiés. Aux termes du paragraphe 1 de l’article 10 du règlement d’application, cette aide peut être fournie pour assurer la protection des droits constitutionnels. Les droits constitutionnels s’entendent des droits prévus dans la Déclaration des droits tels que le droit à la langue et à la culture, le droit à la protection des communautés culturelles, religieuses et linguistiques ainsi que les droits socioéconomiques. Dans l’octroi de l’aide juridictionnelle tendant à la protection des droits constitutionnels, Legal Aid South Africa tient compte de certains facteurs. Elle peut engager ou financer des actions en justice ou d’autres activités juridiques susceptibles d’influer positivement sur la vie d’un grand nombre d’indigents. En matière de promotion et de protection des droits des demandeurs d’asile, elle est intervenue dans un certain nombre de contentieux stratégiques pour veiller à la protection des droits des non-ressortissants.

79.Legal Aid South Africa participe à la promotion et à la protection des droits socioéconomiques, en particulier pour les groupes pauvres et vulnérables de la société. Nombre des affaires dans lesquelles elle est intervenue concernaient le droit à un logement convenable. En ce qui concerne la protection des droits culturels, Legal Aid South Africa est intervenue au nom d’une cliente dans l’affaire Mphephu  Maria Ngwenya  c.  Modjaji Florah Mayelane pour protéger et promouvoir les droits des femmes mariées conformément au droit coutumier et aux traditions.

Direction indépendante des enquêtes de police (IPID) et Inspection judiciaire des services pénitentiaires (JICS)

80.La loi de 2011 sur la Direction indépendante des enquêtes de police a porté création de ladite Direction, en remplacement de la Direction indépendante des plaintes (ICD). La loi de 1995 sur le Service de la police sud-africaine a défini les pouvoirs et fonctions de l’ICD. Le paragraphe 6 de l’article 206 de la Constitution prévoyait la création d’un organe indépendant chargé de traiter les plaintes contre la police. Cet organe mène ses enquêtes de manière indépendante, à l’abri de toute ingérence du Service de police sud-africaine et des services de police municipaux. La Direction indépendante des enquêtes de police a pour mandat d’enquêter en toute liberté et impartialité sur les infractions commises par des membres des services de police nationaux et municipaux. L’IPID doit, entre autres, ouvrir une enquête dans les cas suivants : tout décès en garde à vue ; décès résultant d’actions de la police ; toute plainte relative à des coups de feu tirés par un policier avec son arme de service ; viol par un policier, que celui-ci soit en service ou non ; viol de toute personne pendant sa garde à vue ; toute plainte pour torture ou agression contre un policier dans l’exercice de ses fonctions. Au cours de la période 2016-2017, l’IPID a mené à leur terme 3 449 enquêtes, ce qui représente 49 % de toutes les plaintes reçues. Ces plaintes portaient notamment sur 140 décès en détention, 115 décès résultant d’une action de la police, 61 viols présumés avoir été commis par la police, 5 viols en garde à vue et 66 cas de corruption de policiers. La Direction a en outre mené au total 98 campagnes de sensibilisation dans toutes les provinces, et des documents d’information ont été distribués au sein des communautés.

81.La loi de 1998 sur les services pénitentiaires donne effet à la garantie constitutionnelle du droit des personnes privées de liberté à un traitement humain, y compris le droit de ne pas être torturé. La loi de 2008 portant modification de la législation sur les services pénitentiaires abolit le principe et la pratique de l’isolement dans tous les établissements pénitentiaires sud-africains et fait obligation à l’ensemble du personnel de signaler immédiatement tout recours à des instruments de contention (menottes, fers aux chevilles, etc.)sur les détenus. Ainsi, il existe désormais un mécanisme permettant de repérer et de réprimer tous les actes de torture commis dans les centres de détention. Quiconque affirme avoir été soumis à de tels actes peut porter plainte auprès des services de police, de la Direction indépendante des enquêtes de police, de l’Inspection judiciaire des services pénitentiaires, du Défenseur public ou de la Commission sud-africaine des droits de l’homme. Par ailleurs, l’Afrique du Sud applique les Règles Nelson Mandela, qu’elle a contribué à promouvoir auprès de l’Organisation des Nations Unies. Le Gouvernement a approuvé ces règles en mars 2018. Il s’agit d’un ensemble de normes minima universellement reconnues qui régissent le traitement des détenus et que les États Membres de l’ONU se sont de nouveau engagés à respecter en décembre 2017. Les Règles Nelson Mandela prévoient, entre autres, qu’il ne doit y avoir aucune discrimination ; que les croyances religieuses et les préceptes moraux des détenus doivent être respectés ; et que la représentation et la protection juridiques sont obligatoires pour les groupes vulnérables de la population carcérale.

82.La loi de 2013 visant à prévenir et à combattre la torture traduit sur le plan législatif les obligations mises à la charge de l’Afrique du Sud par la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. L’Afrique du Sud a signé la Convention le 29 janvier 1993 et l’a ratifiée le 10 décembre 1998.

83.La loi visant à prévenir et à combattre la torture dispose dans son préambule qu’au sortir d’une période marquée par des violations flagrantes des droits de l’homme, y compris par la torture, la République d’Afrique du Sud s’est engagée depuis 1994 à prévenir et à combattre la torture. Qui plus est, la loi consacre les droits égaux et inaliénables de chacun, qui constituent le fondement de la liberté, de la dignité, de la justice et de la paix dans le monde. Elle affirme que la promotion du respect universel des droits de l’homme et la protection de la dignité humaine sont essentielles et visent à garantir que nul ne soit victime d’actes de torture.

84.La loi prévoit l’engagement de poursuites à l’encontre des tortionnaires et les peines correspondantes, dont la réclusion criminelle à perpétuité. La loi interdit également la torture et prévoit sa répression, ainsi que des mesures de prévention et la formation des personnes susceptibles d’intervenir dans la garde à vue, l’interrogatoire ou le traitement de toute personne arrêtée, détenue ou incarcérée. Une autre mesure préventive consiste à élaborer des programmes visant à sensibiliser l’opinion publique sur la torture et les moyens de la combattre. Avant la promulgation de la loi de 2013 visant à prévenir et à combattre la torture, plusieurs mesures législatives et autres avaient été prises pour lutter contre d’autres formes de peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, telles que la loi de 2008 portant modification de la législation sur les services pénitentiaires.

85.L’Inspection judiciaire des services pénitentiaires est un organe de surveillance chargé de veiller à ce que les droits des détenus − tels que consacrés par la Constitution et les lois et politiques pertinentes − soient respectés, protégés, défendus et appliqués. Le paragraphe 1 de l’article 85 de la loi de 1998 sur les services pénitentiaires prévoit la création d’un bureau indépendant, à savoir l’Inspection judiciaire des services pénitentiaires, placé sous le contrôle d’un juge inspecteur. L’Inspection judiciaire des services pénitentiaires a pour mission de faciliter l’inspection des centres pénitentiaires afin que le juge inspecteur puisse rendre compte du traitement des détenus et de leurs conditions de détention.

Prisons

86.La surpopulation carcérale demeure un problème en Afrique du Sud. Une stratégie en huit volets comprenant les éléments suivants est mise en œuvre :

Gérer le nombre de personnes en détention provisoire grâce à l’Équipe spéciale de gestion des affaires du Système de justice intégré, au Comité intersectoriel sur la justice pour mineurs, aux comités provinciaux d’amélioration de l’efficacité, au Comité national d’amélioration de l’efficacité et au Comité opérationnel national ;

Gérer le nombre de détenus condamnés grâce à une utilisation plus efficace et plus adéquate de la conversion des peines en surveillance correctionnelle communautaire, à la libération conditionnelle et aux transferts entre centres correctionnels pour tenter d’homogénéiser la surpopulation ;

Progresser dans la mise en œuvre du programme de travaux d’équipement du Département des services pénitentiaires afin de moderniser les établissements pénitentiaires et de construire de nouveaux centres qui soient d’un bon rapport coût/ efficacité et axés sur la réinsertion ; et

Encourager le débat en Afrique du Sud sur les raisons motivant l’incarcération en tant que peine et encourager des peines adéquates visant à faciliter la réinsertion.

87.Le nombre total de personnes détenues dans les centres de détention au 31 mars 2018 est présenté dans le tableau suivant.

Tableau 22 Détenus dans les centres de détention (31 mars 2018)

Région

Lits approuvés

Non condamnés

Condamnés

Total

Taux d ’ occupation (%)

Gauteng

25 421

11 117

26 000

37 117

146,01 %

Cap o ccidental

20 509

12 000

18 157

30 157

147,04 %

KwaZulu-Natal

20 054

6 220

21 712

27 932

139,28 %

État  l ibre et Cap du Nord

20 550

5 052

18 125

23 177

112,78 %

Cap o riental

13 081

5 290

15 547

20 837

159,29 %

Limpopo, Mpumalanga et Nord-Ouest

18 296

6 576

18 339

24 915

136,18 %

National

117 911

46 255

117 880

164 135

137,77 %

Tableau 23 Nombre de délinquants condamnés par catégorie de criminalité (type d ’ infraction), au 31 décembre 2017

Nombre de délinquants condamnés par catégorie de criminalité (type d ’ infraction), au 31 décembre 2017

Catégorie de criminalité

Total

Violente

64 795

Économique

22 415

Liée aux stupéfiants

2 804

Sexuelle

21 364

Autre

61 34

Total

117 512

Nombre de délinquants par catégorie de peine

Catégorie de peine

Total 2016

Total 2017

0 - 6 mois

4 594

4 278

>6 - 12 mois

3 041

2 871

>12 - <24 mois

2 775

2 650

2 ans

Inclus dans >2 - 3 ans

1 771

>2 - 3 ans

8 584

7 655

>3 - 5 ans

12 030

11 288

>5 - 7 ans

8 636

8 146

>7 - 10 ans

16 849

16 585

>10 - 15 ans

22 966

21 973

>15 -2 0 ans

13 584

13 120

>20 ans

10 689

11 433

Récidiviste

Inclus dans >10 - 15 ans

181

Réclusion à vie

13 820

15 539

Qualifié de dangereux par le tribunal

Inclus dans >10 - 15 ans

22

Total

117 568

117 512

88.En juin 2017, quelque 11 842 ressortissants étrangers étaient détenus dans des centres de détention sud-africains. Parmi eux, 7 345 avaient été condamnés et 4 497 étaient en attente de jugement, 1 380 étant poursuivis pour séjour illégal dans le pays.

89.Les décès en détention sont le plus souvent dus à des causes naturelles, mais pas toujours. Les décès non naturels sont à classer dans trois catégories : homicide, accident et suicide. Ainsi, 62 décès non naturels en détention ont été signalés pour la période 2015-2016, 52 pour la période avril 2016-avril 2017, et 61 pour la période 2017-2018.

Justice pour mineurs

90.La loi de 2008 sur la justice pour mineurs est entrée en vigueur en 2010. Elle vise à établir un système de justice qui protège les droits des enfants en conflit avec la loi, conformément aux valeurs sur lesquelles repose la Constitution. Elle encourage l’intégration de la philosophie de l’Ubuntu dans le système de justice pour mineurs en favorisant le sens de la dignité et de la valeur des enfants, en renforçant leur respect pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales d’autrui, en les obligeant à répondre de leurs actes et en protégeant les intérêts des victimes et de la communauté.

91.Nous prônons la réconciliation au moyen de mesures de justice réparatrice et encourageons la participation des parents, des familles, des victimes et, selon le cas, des membres de la communauté touchés par l’infraction, afin de favoriser la réintégration des enfants dans leur famille et leur communauté. La mise en œuvre de la loi et le suivi des progrès réalisés en ce sens nécessitent la coopération et la collaboration intersectorielles d’un certain nombre d’administrations et d’institutions, tels que le Ministère de la justice et du développement constitutionnel, l’Autorité nationale chargée des poursuites judiciaires, les services de police sud-africains, le Département des services pénitentiaires, le Ministère du développement social, le Ministère de l’éducation de base et le Ministère de la santé. Legal Aid South Africa joue également un rôle essentiel dans la mise en œuvre de la loi en protégeant les droits des enfants en conflit avec la loi.

92.Cette loi a porté création d’un Cadre d’action national visant à garantir une approche uniforme, coordonnée et coopérative de la part de tous les ministères, organes de l’État et institutions, et à encourager la coopération avec le secteur non gouvernemental et la société civile, afin de créer des partenariats efficaces de nature à renforcer le système de justice pour mineurs. Le premier Cadre d’action national a été adopté en 2010 ; aux termes de la loi, il doit être révisé par le Ministre dans les trois ans suivant son adoption et au moins une fois tous les cinq ans ensuite. Le Cadre d’action national tel que modifié en 2018 a été présenté en mai 2018. Il comprend des lignes directrices dans plusieurs domaines prioritaires : renforcement des capacités dans le secteur, garantie de la présence des enfants aux enquêtes préliminaires, évaluation des enfants, attente du procès, mise en liberté sous caution et placement, procès, services de condamnation et de déjudiciarisation, gestion des centres intégrés de justice pour mineurs, centres de soins destinés aux enfants et aux jeunes (également appelés centres de soins sécurisés) et établissements correctionnels accueillant des enfants.

93.Le nombre de mineurs condamnés et détenus dans des établissements correctionnels en 2018 est présenté ci-dessous.

Tableau 24 Nombre de mineurs condamnés et détenus dans des établissements correctionnels (mai 2018)

Région

Moyenne de référence mars 2018

Avril 2018

Mai 2018

Gauteng

7

6

5

Cap o ccidental

12

10

10

KwaZulu-Natal

46

49

51

État Libre, Cap du Nord

39

42

41

Cap o riental

11

12

10

Limpopo, Mpumalanga,

Nord-Ouest

6

6

7

Moyenne nationale de condamnés

121

125

124

Population moyenne mensuelle de condamnés

118 067

117 788

Tous les détenus

164 111

163 518

% de mineurs condamnés par rapport à l ’ ensemble des délinquants condamnés

0,10

0,11

% de mineurs condamnés par rapport à l ’ ensemble des détenus

0,07

0,08

Institutions de l’État soutenant la démocratie constitutionnelle

94.Le chapitre 9 de la Constitution énumère les institutions de l’État ayant vocation à renforcer la démocratie constitutionnelle en Afrique du Sud : le Protecteur public, la Commission sud-africaine des droits de l’homme, la Commission pour la promotion et la protection des droits des communautés culturelles, religieuses et linguistiques, la Commission pour l’égalité des sexes, l’Auditeur général, la Commission électorale et l’Autorité indépendante des communications d’Afrique du Sud. Ces institutions sont indépendantes et n’obéissent qu’à la Constitution et à la loi. Le paragraphe 2 de l’article 181 de la Constitution les habilite à agir de manière impartiale, sans crainte, parti pris favorable ou préjugé. Aucune personne ni organe de l’État ne peut interférer dans le fonctionnement de ces institutions, qui rendent compte à l’Assemblée nationale.

95.La Commission sud-africaine des droits de l’homme a été créée pour soutenir la démocratie constitutionnelle en promouvant, protégeant et surveillant la réalisation des droits humains de tous en Afrique du Sud, de manière impartiale et sans crainte, parti pris favorable ou préjugé. Le mandat de la Commission sud-africaine des droits de l’homme est défini à l’article 184 de la Constitution. Sur le plan international, la Commission est reconnue par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme comme une institution nationale des droits de l’homme dotée du statut « A ». Elle a donc adhéré aux Principes de Paris, qui accordent une importance particulière à l’indépendance de ces institutions et définissent la manière dont la Commission doit mener ses travaux. Au cours de la période 2017-2018, elle a reçu des plaintes pour violation des droits de l’homme portant essentiellement sur cinq domaines : égalité (14 %) ; soins de santé, alimentation, eau et sécurité sociale (9 %) ; action administrative juste (9 %) ; relations de travail (8 %) ; et dignité humaine (8 %). Elle a également joué un rôle central dans l’engagement d’actions en justice stratégiques.

96.La Commission sud-africaine des droits de l’homme a en outre mené diverses enquêtes sur des allégations de discours de haine et de violation des droits à l’égalité et à la dignité. Le 20 mars 2018, elle a publié son rapport sur la situation des droits de l’homme de la population khoïsan en Afrique du Sud. Ce rapport est l’aboutissement des auditions sur les droits de l’homme des communautés khoïsan menées par la Commission dans les provinces du Gauteng, du Cap occidental et du Cap du Nord entre 2015 et 2017. La Commission a entrepris un certain nombre d’auditions nationales et provinciales concernant des sujets de préoccupation : 14 et 15 novembre 2017, audition nationale d’investigation sur la situation des soins de santé mentale en Afrique du Sud ; 7 et 8 février 2018, audition nationale d’investigation sur la cohésion sociale, la xénophobie et les migrations ; 19 et 20 mars 2018, audition provinciale dans la province du Nord-Ouest sur le manque de mesures de sécurité dans les écoles pour enfants ayant des besoins particuliers de la province ; et 28 mars 2018, enquête publique de haut niveau sur la terre et l’incidence de l’utilisation des terres rurales et des modes de propriété sur les droits de l’homme, en partant du principe que la réforme agraire rurale est également une composante clef de la réalisation progressive de ces droits.

97.La Commission pour l’égalité des genres a été créée en application de l’article 187 de la Constitution afin de promouvoir le respect, la protection, le développement et la réalisation de l’égalité femmes-hommes, conformément à son mandat. Elle agit donc en tant qu’organe de surveillance, d’enquête, d’étude, d’éducation et de pression, conseille le Parlement et établit des rapports sur les questions concernant l’égalité femmes-hommes, et veille au respect des instruments régionaux et internationaux. La Commission tire en outre son mandat de la loi de 2000 sur l’égalité, qui l’habilite à aider les plaignants à engager des procédures devant un tribunal chargé des questions d’égalité, à mener des enquêtes et à formuler des recommandations concernant les infractions persistantes à la loi sur la promotion de l’égalité et la prévention de la discrimination injuste.

98.En 2016-2017, la Commission pour l’égalité des genres a entrepris l’élaboration d’un rapport d’enquête sur l’évolution des rôles des hommes et des femmes dans le secteur privé, organisé des auditions sur le sujet avec les universités du KwaZulu-Natal, du Cap et du Witwatersrand, rédigé un rapport de situation sur les politiques et les pratiques dans ce domaine en utilisant un baromètre sur l’égalité des sexes et en se concentrant sur le secteur minier, apporté sa contribution à 16 soumissions et établi des rapports d’évaluation sur la représentation des femmes dans les partis politiques au sein des administrations locales, sur la mise en œuvre du Plan d’action national contre la violence fondée sur le genre et sur la mise en œuvre de la Charte des victimes. Au cours de la même période, la Commission a traité 756 plaintes pour violation de l’égalité femmes-hommes et a dirigé 136 ateliers de sensibilisation, de défense et de conseil juridique dans tout le pays. Elle a également mené des enquêtes axées sur la transformation du système judiciaire, la santé maternelle, la dépénalisation du commerce du sexe et l’évolution des rôles femmes-hommes dans le secteur minier. La Commission a en outre pris part à des programmes conjoints coordonnés avec le secteur LGBTI et d’autres institutions soutenant la démocratie constitutionnelle.

99.L’article 185 de la Constitution dispose que les principales missions de la Commission pour la promotion et la protection des droits des communautés culturelles, religieuses et linguistiques sont les suivantes : promouvoir le respect et la protection des droits des communautés culturelles, religieuses et linguistiques ; promouvoir et développer la paix, l’amitié, l’humanité, la tolérance et l’unité nationale entre les communautés culturelles, religieuses et linguistiques et au sein de celles-ci, sur la base des principes d’égalité, de non-discrimination et de liberté d’association ; et recommander la création ou la reconnaissance, conformément à la législation nationale, d’un ou de plusieurs conseils culturels pour une ou plusieurs communautés en Afrique du Sud. La législation nationale octroie à la Commission les pouvoirs nécessaires pour atteindre ses objectifs principaux, lui permettant d’agir en tant qu’organe de surveillance, d’enquête, d’étude, d’éducation, de pression et de conseil et de faire rapport sur les questions concernant les droits des communautés culturelles, religieuses et linguistiques. La Commission peut signaler toute question qui relève de ses pouvoirs et fonctions à la Commission sud-africaine des droits de l’homme pour enquête. La Commission est en outre dotée des pouvoirs et fonctions supplémentaires prévus par la législation nationale. En 2016-2017, la Commission pour la promotion et la protection des droits des communautés culturelles, religieuses et linguistiques a publié son rapport sur la commercialisation de la religion et l’abus du système de croyance populaire, qui a été présenté à une commission parlementaire. Le rapport a suscité diverses inquiétudes et la Commission attend la décision de la Cour constitutionnelle quant à la constitutionnalité de ses recommandations.

100.L’article 182 de la Constitution porte création du Protecteur public. La législation nationale octroie au Protecteur public le pouvoir d’enquêter sur tout comportement, présumé inapproprié ou susceptible de donner lieu à une irrégularité ou à un préjudice, dont se seraient rendus coupables des membres de l’administration publique ou d’un quelconque organe du Gouvernement ; de faire rapport sur ces enquêtes ; et de prendre les mesures correctives qui s’imposent. Le Protecteur public dispose en outre des pouvoirs et fonctions supplémentaires prévus par la législation nationale. Il ne peut pas enquêter sur les décisions de justice. Il doit être accessible à toutes les personnes et communautés.

101.Le Protecteur public est nommé par le Président, sur recommandation de l’Assemblée nationale. La nature très médiatisée des enquêtes qu’il mène a entraîné l’ouverture de nombreuses procédures judiciaires, comme dans le cas du rapport sur l’asservissement de l’État, qui s’intéressait à des allégations de corruption du Gouvernement. Au cours de la période 2016-2017, le Bureau du Protecteur public a mené à terme 10 787 des 16 397 affaires dont il était saisi. Parmi les affaires menées à leur terme, 606 ne relevaient pas de sa compétence et 929 ont été renvoyées vers d’autres institutions plus compétentes. Des conclusions favorables au plaignant ont été formulées dans 49 % des cas. Dix-sept rapports d’enquête ont été publiés sur des questions telles que la victimisation des lanceurs d’alerte, l’indemnisation des travailleurs, les problèmes de gouvernance au sein des collectivités locales et la situation critique des petites entreprises.

Autres acteurs importants (médias et société civile)

102.La société civile est considérée comme un acteur essentiel dans tout pays cherchant à renforcer sa démocratie. Par définition, elle ne relève pas de l’État et opère indépendamment du secteur privé, ce qui lui vaut d’être souvent considérée comme le troisième secteur. Les organisations de la société civile sont de nature variée et servent des objectifs divers. Elles ont toutefois un point commun : le but de leur existence est de promouvoir l’intérêt général. De fait, la force de la société civile d’un pays sert souvent à évaluer la solidité de sa démocratie. Les organisations de la société civile en constituent l’ossature ; elles peuvent prendre de nombreuses formes, informelles ou formelles, comme les organisations non gouvernementales (ONG), les organisations communautaires ou encore les organisations confessionnelles, parmi beaucoup d’autres. Il s’agit d’un groupe de personnes qui se rassemblent autour d’un objectif commun, par exemple pour accomplir une mission répondant à un besoin précis. L’Afrique du Sud compte des organisations de la société civile dynamiques et actives dans plusieurs secteurs.

103.En Afrique du Sud, la liberté d’expression est consacrée par l’article 16 de la Constitution. En principe, toute loi visant à restreindre la liberté d’expression doit être conforme à l’article 36 de la Constitution (clause limitative) et ne doit pas empiéter en particulier sur cette liberté au point de la rendre inexistante. Les médias sont le principal vecteur de diffusion et de promotion des droits fondamentaux ; ils ont à cœur de dénoncer les violations et leurs auteurs. Les médias sud-africains, y compris les médias sociaux, sont très actifs et communiquent quotidiennement des informations sur divers droits fondamentaux, notamment sur les droits socioéconomiques et culturels.

104.Il existe trois types de stations de radio : les stations publiques, les stations commerciales privées et les stations communautaires. Le paysage radiophonique est dominé par la South African Broadcasting Corporation (SABC), qui possède la majorité des stations (19). La multiplication des programmes en langues autochtones, en particulier sur les ondes des radios communautaires, a stimulé la croissance du secteur. Selon l’étude sur les médias (AMPS) réalisée en 2015, la part de marché des radios communautaires s’élevait à 25,6 %. En 2013, l’Autorité nationale des communications d’Afrique du Sud recensait 193 licences de stations communautaires, dont 164 toujours en activité. Il y a 11,1 millions de foyers équipés d’une télévision en Afrique du Sud et trois types de chaînes de télévision : les chaînes publiques, les chaînes commerciales privées et les chaînes communautaires. La SABC possède trois chaînes de télévision terrestres (SABC1, 2 et 3) pour une audience de 33 472 000 téléspectateurs, soit 69,3 % de l’audience totale. E.tv est la seule chaîne de télévision terrestre commerciale privée en accès libre ; elle rassemble 26 073 000 spectateurs, soit 22,3 % de l’audience totale. MultiChoice est le principal fournisseur de services de télévision payante et de diffusion par satellite ; il possède M‑Net (Pty) Ltd, qui diffuse par voie terrestre une chaîne premium M-Net et le Community Services Network (CSN), axé sur les communautés d’intérêt et les sports ; et le bouquet numérique par satellite sur DSTV. M-Net rassemble actuellement 1,97 million de téléspectateurs et DSTV, 4,76 millions. Il existe cinq chaînes de télévision communautaires agréées : Soweto TV (2 774 000 téléspectateurs), 1KZNTV (806 000), Tshwane TV (518 000), Bay TV (449 000) et CTV (299 000).

105.En ce qui concerne les journaux et magazines, le secteur de la presse écrite est dominé par quelques grandes sociétés qui possèdent et contrôlent un grand nombre de quotidiens nationaux, de journaux locaux et de magazines dans tout le pays. Il existe plusieurs journaux indépendants. Toutefois, la majorité d’entre eux sont détenus par quatre groupes éditoriaux : Tiso Blackstar Group, Naspers (Media 24), Independent News & Media et Caxton & CTP. Le nombre de lecteurs de journaux nationaux s’élève à 17,5 millions et celui des magazines à 18,1 millions.

II.Cadre général de la protection et de la promotion des droits de l’homme

A.Acceptation des normes internationales relatives aux droits de l’homme

106.L’Afrique du Sud est partie à la plupart des principaux instruments des Nations Unies relatifs aux droits de l’homme : Pacte international relatif aux droits civils et politiques, Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Convention relative aux droits de l’enfant et Convention relative aux droits des personnes handicapées.

107.L’Afrique du Sud a également l’obligation de soumettre des rapports aux organes conventionnels au titre de divers accords multilatéraux.

108.La Constitution prévoit des accords internationaux dont la négociation et la signature relèvent de la responsabilité de l’exécutif national. Pour qu’un accord international ait force de loi dans le pays, il doit être transposé dans le droit interne par le Parlement. La Constitution dispose en outre que le droit international coutumier est applicable en Afrique du Sud, sauf s’il est incompatible avec la Constitution ou avec une loi. Pour interpréter toute législation, chaque tribunal est tenu de préférer une interprétation raisonnable de la législation qui soit conforme au droit international à toute autre interprétation incompatible avec le droit international.

109.L’Afrique du Sud revoit régulièrement ses réserves et déclarations concernant les principaux instruments des Nations Unies relatifs aux droits de l’homme. La liste des principales conventions et protocoles internationaux relatifs aux droits de l’homme est présentée dans le tableau ci-dessous.

Tableau 25 Principaux instruments internationaux relatifs aux droits de l ’ homme pour lesquels l ’ Afrique du Sud a formulé des réserves/déclarations

Instrument

Ratification

Réserves (R)/Déclarations (D)

Pacte international relatif aux droits civils etpolitiques

10décembre 1998

(D)

Art. 41 : « Le Gouvernement de la République d’Afrique du Sud déclare qu’elle reconnaît, aux fins de l’article 41 du Pacte, la compétence du Comité des droits de l’homme pour recevoir et examiner des communications dans lesquelles un État partie soutient qu’un autre État partie ne s’acquitte pas de ses obligations au titre dudit Pacte ».

Premier et deuxième Protocoles facultatifs serapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques

10décembre 1998

s.o.

Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale

10décembre 1998

(D)

« La République d’Afrique du Sud :

a) Déclare qu’aux fins du paragraphe 1 de l’article 14 de la Convention, elle reconnaît la compétence du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale pour recevoir et examiner des communications émanant de personnes ou de groupes de personnes relevant de sa juridiction qui, après avoir épuisé tous les recours internes, se plaignent d’être victimes d’une violation, par cette République, de l’un quelconque des droits énoncés dans ladite Convention ; et

b) Indique qu’aux fins du paragraphe 2 de l’article 14 de la Convention, la Commission sud-africaine des droits de l’homme est l’organisme dans le cadre de son ordre juridique national qui a compétence pour recevoir et examiner les pétitions émanant de personnes ou de groupes de personnes relevant de la juridiction de la République qui se plaignent d’être victimes d’une violation de l’un quelconque des droits énoncés dans ladite Convention ».

Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination àl’égard des femmes

15décembre 1995

s.o.

Protocole facultatif à laConvention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination àl’égard des femmes

6mai 2002

s.o.

Convention contre la torture et autres peines outraitements cruels, inhumains ou dégradants

10décembre 1998

(D)

« [La République d’Afrique du Sud déclare qu’]elle reconnaît, aux fins de l’article 30 de ladite Convention, la compétence de la Cour internationale de Justice pour régler un différend entre deux ou plus des États parties concernant l’interprétation ou l’application de ladite Convention ».

Déclarations faites concernant les articles 21 et 22

« La République d’Afrique du Sud déclare ce qui suit :

Elle reconnaît, aux fins de l’article 21 de la Convention, la compétence du Comité contre la torture pour recevoir et examiner des communications dans lesquelles un État partie soutient qu’un autre État partie ne s’acquitte pas de ses obligations au titre de ladite Convention ;

Elle reconnaît, aux fins de l’article 22 de la Convention, la compétence du Comité contre la torture pour recevoir et examiner des communications présentées par ou pour le compte de particuliers soutenant qu’ils sont victimes de torture de la part d’un État partie. ».

Convention relative auxdroits de l’enfant

16juin 1998

s.o.

Protocole facultatif à laConvention relative auxdroits de l’enfant, concernant la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie mettant enscène des enfants

Protocole facultatif à laConvention relative auxdroits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés

30juin 2003

24septembre 2009

(D) concernant la Convention relative aux droits de l’enfant :

« a) La Force de défense nationale de l’Afrique du Sud étant composée d’engagés volontaires, il n’existe pas de conscription obligatoire ;

b) La procédure de recrutement débute avec la publication dans la presse nationale d’une annonce dela Force de défense nationale de l’Afrique du Sud, l’âge minimum de l’enrôlement étant fixé par la loi à18 ans ;

c) L’incorporation de toutes les recrues se déroule en public ;

d) Toutes les recrues sont tenues de présenter un document national d’identité indiquant leur date de naissance et, s’il y a lieu, leur formation ; et

e) Toutes les futures recrues sont soumises à un examen médical rigoureux, auquel aucun cas de prépuberté n’échapperait, et celles qui n’ont pas atteint l’âge légal sont automatiquement refusées. ».

Convention relative auxdroits des personnes handicapées

30novembre 2007

s.o.

Protocole facultatif se rapportant à la Convention relative aux droits des personnes handicapées

30novembre 2007

s.o.

Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels

12janvier 2015

(D)

Art. 13 et 14 : L’Afrique du Sud donnera progressivement effet au droit à l’éducation tel que prévu aux articles 13 (par. 2) a)) et14, dans le cadre de sa Politique nationale relative à l’éducation et des ressources dont elle dispose.

Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille

s.o.

s.o.

Protocole facultatif se rapportant à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants

La procédure deratification est en cours et devait aboutir en 2018‑2019

s.o.

110.En tant que membre de l’Organisation internationale du Travail, l’Afrique du Sud a ratifié 27 conventions de cette organisation, dont 25 sont en vigueur et 2 ont été dénoncées.

B.Cadre juridique de la protection des droits de l’homme au niveau national

111.Compte tenu de son histoire, l’Afrique du Sud a pris l’engagement ferme de protéger et de promouvoir les droits de l’homme, non seulement sur son territoire, mais également sur le continent africain et dans le monde entier. L’Afrique du Sud a particulièrement à cœur de jouer un rôle actif dans la promotion des droits de l’homme dans le monde, comme en témoigne l’objectif central de sa politique étrangère, qui vise à créer une Afrique du Sud meilleure dans une Afrique meilleure, et un monde meilleur et plus sûr. Notre engagement en faveur de la promotion des droits de l’homme est inscrit dans notre Constitution, dans notre Charte des droits, et nous guide dans notre volonté de promouvoir la paix, la justice, les droits de l’homme et l’état de droit.

112.Le Gouvernement s’emploie à promouvoir l’état de droit afin d’assurer la réalisation des droits inscrits dans la Constitution. Les tribunaux donnent effet aux valeurs fondatrices de l’Afrique du Sud, telles que la dignité humaine, l’égalité et la suprématie de la Constitution. Depuis l’avènement de la démocratie, le pays a accompli des progrès significatifs dans la protection et la promotion des droits civils, politiques, économiques et sociaux. Depuis 1994, l’Afrique du Sud a démontré son engagement en faveur de la paix, de la sécurité et de la justice dans le monde. Pour remédier aux problèmes hérités de son passé, elle a adopté un certain nombre de mesures positives visant à apaiser les dissensions de longue date et a construit une société fondée sur les valeurs démocratiques, la justice sociale et les droits humains fondamentaux.

113.Diverses mesures législatives, politiques et autres ont été prises pour assurer la réalisation effective des droits civils, politiques, socioéconomiques et culturels. En outre, nos tribunaux continuent de rendre des jugements et d’étoffer la jurisprudence afin de renforcer, de protéger et de guider l’interprétation de ces droits. L’Afrique du Sud s’emploie à lutter contre les trois principaux piliers de l’héritage de l’apartheid : l’inégalité, le chômage et la pauvreté. Le Gouvernement a adopté une démarche transformatrice afin de garantir la pleine jouissance de tous les droits inscrits dans la Charte internationale des droits de l’homme et dans la Constitution de la République d’Afrique du Sud, en particulier.

114.Au sein de ce vaste cadre de transformation, les questions essentielles sont la construction d’une nouvelle nation reposant sur les valeurs fondatrices de la Constitution que sont la dignité humaine, l’égalité, la promotion des droits et des libertés, la lutte contre le racisme et le sexisme, la suprématie de la Constitution et l’état de droit.

115.La situation des groupes précédemment défavorisés a fait l’objet d’une attention particulière, tout comme le respect des droits socioéconomiques constitutionnellement opposables. La mise en place d’un ensemble complet de mesures de sécurité sociale destinées à faciliter l’accès au logement, à l’eau, à l’assainissement et à l’électricité pour ceux qui en étaient auparavant exclus a constitué une priorité. L’accent a également été mis sur l’accès à l’éducation, à l’aide sociale et aux soins de santé primaires pour des millions de personnes. L’Afrique du Sud a adopté un certain nombre de lois pour donner effet à la Constitution.

116.Le chapitre 2 de la Constitution contient la Charte des droits de l’Afrique du Sud. C’est cette partie de la Constitution qui a suscité le plus grand intérêt et qui a le plus apporté aux Sud-Africains ces dernières années. Le droit à l’égalité et le droit à la protection contre la discrimination sont fermement ancrés dans l’article 9 de notre Constitution. L’article 9 est une clause d’égalité, qui interdit toute discrimination injuste fondée sur des « motifs prohibés ». En d’autres termes, toute discrimination fondée sur l’un des motifs énumérés au paragraphe 3 de l’article 9 sera présumée injuste jusqu’à preuve du contraire. Les motifs prohibés sont la race, la couleur, l’origine ethnique, le genre, la grossesse, l’orientation sexuelle, la situation matrimoniale, l’âge, le handicap, la religion, la conscience et les convictions, la culture et la langue, la naissance et l’origine sociale.

117.La Charte des droits s’applique à toutes les lois et est contraignante pour le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif, le pouvoir judiciaire et tous les organes de l’État. Les dispositions de la Charte des droits lient toutes les personnes physiques ou morales si et dans la mesure où elles sont applicables, compte tenu de la nature du droit et de toute obligation qui en découle. Lorsqu’ils interprètent la Charte des droits, les cours, tribunaux et forums doivent promouvoir les valeurs qui sous-tendent une société ouverte et démocratique fondée sur la dignité humaine, l’égalité et la liberté, en tenant compte du droit international et, au besoin, du droit étranger. La Charte des droits ne remet pas en question l’existence d’autres droits et libertés reconnus ou conférés par la common law, le droit coutumier ou la législation, dans la mesure où ces droits et libertés sont compatibles avec la Charte.

118.La Charte des droits garantit les droits civils et politiques ainsi que les droits socioéconomiques. L’obligation positive faite à l’État dans le domaine des droits socioéconomiques est inscrite à l’article 26 (par. 2) et à l’article 27 (par. 2), aux termes desquels l’État doit agir « dans les limites des ressources dont il dispose, pour garantir progressivement l’exercice effectif de ces droits ». La dimension positive des droits socioéconomiques est concrétisée par l’action de l’État dans le temps (c’est-à-dire progressivement). Cela n’atténue en rien l’obligation faite à l’État de prendre immédiatement toutes les mesures qui sont en son pouvoir, et d’autres mesures, dès que possible. Il incombe donc à l’État de montrer qu’il progresse vers la pleine réalisation de ces droits. Les droits socioéconomiques sont en outre limités par le fait qu’ils ne sont réalisables que dans la mesure où les ressources de l’État le permettent. Il est important de garder à l’esprit que l’État doit être en mesure de justifier toute utilisation de ses ressources. Néanmoins, la rareté des ressources ne dispense pas l’État de son devoir de veiller à la réalisation de ces droits de façon raisonnable.

119.Il est important de souligner que la Charte des droits de la Constitution dispose que la plupart des droits sont garantis à « tous », c’est-à-dire non seulement aux Sud-Africains mais aussi aux ressortissants étrangers qui se trouvent à l’intérieur des frontières du pays.

120.Le volume croissant de jurisprudence constitutionnelle en Afrique du Sud témoigne de l’exercice par le pouvoir judiciaire de sa mission de promotion et de protection des droits de l’homme. La Cour constitutionnelle a rendu de nombreux arrêts novateurs, tant dans le domaine des droits civils et politiques que dans celui des droits socioéconomiques. Dans l’affaire S. c.  Makwanyane, qui portait sur la constitutionnalité de la peine de mort, la Cour a décrit le droit à la vie et à la dignité comme « le plus important de tous les droits de l’homme et la source de tous les autres droits de la personne » dans la Charte des droits. Dans l’affaire Ferreira c. Levin NO, la Cour a examiné le droit à la liberté et à la sécurité de la personne. Dans l’affaire Bernstein c.  Bester  NO, elle s’est penchée sur le droit à la vie privée. Dans l’affaire National Coalition for Gay and Lesbian Equality  c. Ministre de l ’ intérieur, la Cour constitutionnelle a considéré que les couples de même sexe devaient bénéficier des mêmes droits en matière d’immigration que ceux accordés aux couples mariés. Parmi les arrêts marquants dans le domaine des droits socioéconomiques, on peut citer les affaires Gouvernement de la République d ’Afrique du Sud c.  Grootboom, Soobramoney  c. Ministre de la santé, KwaZulu-Natal, Ministre de la Santé c.  Treatment Action Campaign, Khosa  c. Ministre du développement social et bien d’autres.

121.Lorsqu’ils constatent qu’un droit fondamental a été bafoué, les tribunaux ont le pouvoir de prendre diverses mesures : invalider la loi, la politique ou la conduite enfreinte, imposer une interdiction structurelle (obligeant le contrevenant à prendre des mesures pour rectifier la violation sous le contrôle du tribunal) ou rendre un jugement déclaratif.

122.Parmi les autres textes législatifs importants figurent les trois lois relatives aux « droits de l’homme », à savoir la loi sur la promotion de l’accès à l’information, la loi sur la promotion de la justice administrative et la loi sur la promotion de l’égalité et la prévention de la discrimination injuste. Ces trois lois relatives aux droits de l’homme ont été adoptées en vertu de la Constitution et donnent effet aux droits constitutionnels à la justice administrative, à l’accès à l’information et à l’égalité.

C.Cadre de la promotion des droits de l’homme au niveau national

123.Avec l’avènement de la démocratie en Afrique du Sud en 1994, la culture des droits de l’homme est devenue la pierre angulaire du nouvel ordre constitutionnel et un large éventail de droits fondamentaux, dont les droits socioéconomiques, ont été inscrits dans une Charte des droits, puis incorporés et repris dans la version finale de la Constitution de 1996. L’inclusion de droits civils et politiques ainsi que de droits socioéconomiques pleinement opposables dans notre Constitution a été déterminante dans l’accession à la liberté, à la dignité et à l’égalité.

124.À côté de la Constitution, les politiques publiques visent à concrétiser les dispositions de la stratégie globale énoncée dans le Plan national de développement, conçu et lancé en 2013 afin d’offrir une perspective à long terme de la lutte contre la pauvreté et les inégalités à l’horizon 2030. La réalisation des droits socioéconomiques est un élément fondamental du Plan national de développement. L’actuel Cadre stratégique à moyen terme 2014-2019 est la première phase, d’une durée de cinq ans, de la mise en œuvre de ce Plan.

125.Le Cadre stratégique à moyen terme s’articule autour de 14 résultats prioritaires, qui couvrent les domaines d’action privilégiés énoncés dans le Plan national de développement et le mandat électoral du Gouvernement : l’éducation, la santé, la sécurité, la croissance économique et l’emploi, le développement des compétences, les infrastructures, le développement rural, les établissements humains, les collectivités territoriales, l’environnement, les relations internationales, le secteur public, la protection sociale, l’édification de la nation et la cohésion sociale.

126.L’accent est mis en particulier sur les domaines des droits de l’homme présentés ci‑après.

Migrants

127.La loi de 1998 relative aux réfugiés régit l’accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile en Afrique du Sud ainsi que leurs droits et obligations. Les demandeurs d’asile munis d’un visa valide, et dont la demande est en cours d’examen, peuvent se déplacer librement et ont le droit de travailler et d’étudier ; ils ont également accès aux services de santé de base. Les réfugiés ont le droit de demander des actes de naissance pour leurs enfants nés en Afrique du Sud, ainsi que des documents d’identité et des documents de voyage, la seule restriction consistant à interdire les voyages vers leur pays d’origine. En outre, un demandeur d’asile qui se trouve sur le territoire sud-africain bénéficie des droits suivants : le droit de recevoir une attestation de demande d’asile, en attendant l’issue de sa demande ; le droit de rester en Afrique du Sud en attendant l’issue de sa demande ; le droit de ne pas être arrêté ou détenu illégalement ; et les droits énoncés dans la Constitution, dès lors qu’ils s’appliquent à un demandeur d’asile.

Enfants

128.La loi de 2008 sur la justice pour mineurs et les textes réglementaires publiés en application de celle-ci garantissent le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant et prévoient ainsi une protection spéciale pour les enfants. Ces directives et procédures de protection visent à garantir l’intérêt supérieur de l’enfant lorsque celui-ci est en conflit avec la loi. La dignité et le bien-être de l’enfant doivent être protégés en toutes circonstances dans le cadre de son arrestation et des étapes préliminaires précédant le renvoi de l’affaire devant un tribunal ainsi qu’au cours du procès. La loi consacre la notion de justice réparatrice dans le système de justice pénale.

129.Afin d’assurer, entre autres, une meilleure protection aux enfants, la loi portant modification du droit pénal (infractions sexuelles et questions apparentées) a été adoptée en 2007. Cette loi élargit la définition de certains crimes, notamment du viol, et assure une meilleure protection des enfants. De nouveaux cadres d’action ont également été élaborés et mis en œuvre, notamment la Politique-cadre nationale en matière de justice pour enfants, le Cadre d’action national en matière de justice réparatrice (qui a mis en place des liens avec la justice traditionnelle), la Stratégie de prévention de la criminalité sociale et le Cadre d’accréditation du recours à des moyens extrajudiciaires. Le Gouvernement a également adopté un Plan d’action pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et des enfants. En outre, la loi de 2007 portant modification des peines applicables en matière pénale vise à réglementer l’application de peines plancher à la discrétion du juge pour certaines infractions graves. Elle prévoit également qu’en cas de viol, certaines circonstances ne pourront pas être considérées comme revêtant un caractère important et impérieux justifiant un allégement de la peine.

Traite des personnes

130.Consciente que la traite des êtres humains constitue un crime transnational, l’Afrique du Sud a ratifié des instruments internationaux et régionaux qui facilitent les mesures de coopération transnationale visant à combattre la traite des femmes et des enfants. La loi de 2013 visant à prévenir et à combattre la traite des personnes régit de façon exhaustive toutes les questions liées à la traite, alors que celles-ci étaient auparavant abordées dans plusieurs textes de loi. En plus d’ériger les actes liés à la traite des êtres humains en infractions pénales très spécifiques, la loi met l’accent sur le sort des victimes, en permettant de contraindre les personnes reconnues coupables de traite d’indemniser les victimes, notamment pour les dommages, blessures, préjudices physiques et psychologiques et pertes de revenus subis. La loi est tournée vers l’avenir dans la mesure où elle correspond à l’évolution moderne du droit des droits humains, notamment à la conception selon laquelle le droit ne sert pas seulement à poursuivre les auteurs d’infractions et à prévenir la récidive, mais doit aussi répondre aux besoins de la victime en matière de réparation. Cette approche correspond d’ailleurs également à l’esprit et à l’objet de l’observation générale sur la torture publiée par le Comité contre la torture, qui dispose que la réparation comporte cinq éléments clefs à ne pas négliger : la restitution, la réadaptation, l’indemnisation, la satisfaction et les garanties de non-répétition. La loi aborde la traite des êtres humains sous toutes ses formes et prévoit notamment une protection et une assistance pour les victimes de traite.

Égalité femmes-hommes

131.Afin d’aider les femmes à gagner en autonomie et de progresser sur la voie de l’égalité des genres en Afrique du Sud, il convient également de remédier aux séquelles de l’apartheid et de transformer la société, notamment de modifier les relations de pouvoir entre les femmes, les hommes, les institutions et les lois. Il s’agit de s’atteler aux problèmes de l’oppression des femmes, du patriarcat, du sexisme, de l’âgisme et de l’oppression structurelle, et de créer un environnement permettant aux femmes de prendre le contrôle de leur vie. Le Gouvernement est déterminé à garantir les mêmes droits aux femmes et aux hommes. La Constitution garantit cette égalité et interdit la discrimination fondée sur un certain nombre de motifs. Conformément à son engagement en faveur de l’égalité des genres, l’Afrique du Sud a mis au point son cadre national d’action pour l’autonomisation des femmes et l’égalité des sexes, qui guide l’avancement et la promotion des femmes et des filles dans le pays. Le Gouvernement a également élaboré un cadre d’action en matière d’égalité des genres pour les collectivités territoriales, ainsi qu’un cadre national stratégique pour l’émancipation économique des femmes, entre autres politiques et stratégies sectorielles guidant l’intégration des questions de genre dans toutes les activités du Gouvernement.

132.En ce qui concerne le cadre législatif, pratiquement toutes les lois qui étaient discriminatoires à l’égard des femmes avant 1994 ont été abrogées. Par exemple, la loi de 1998 sur la reconnaissance des mariages coutumiers a aboli les dispositions de la loi de 1927 sur l’administration des Noirs, qui condamnait à vie les femmes africaines au statut de mineure. Elle consacre une égalité formelle entre hommes et femmes dans les mariages coutumiers. La loi prévoit l’égalité de statut et de capacité des conjoints dans les mariages coutumiers et établit la capacité de la conjointe d’acquérir des biens et de les céder, de signer des contrats et d’ester en justice, indépendamment des droits et pouvoirs qui peuvent lui être reconnus par le droit coutumier. Cette loi a également eu pour effet d’abroger les articles 22 et 27 (par. 3) de la loi KwaZulu sur le Code de droit zoulou, qui consacrait le principe selon lequel, dans cette province, l’homme marié était non seulement le chef de la famille mais aussi le détenteur de l’autorité maritale. La Constitution est le fondement normatif de la promotion des droits des femmes en Afrique du Sud, tandis que plusieurs textes législatifs en fournissent les éléments constitutifs.

133.L’Afrique du Sud a également pris un certain nombre d’engagements clefs aux niveaux sous-régional, continental et international dans le domaine de la promotion de la condition des femmes et de la réalisation de l’égalité des genres. La détermination de l’Afrique du Sud à éliminer la discrimination à l’égard des femmes est aussi confirmée par son adhésion sans réserve à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. L’Afrique du Sud a également ratifié sans réserve le Protocole facultatif à ladite Convention et a soumis son rapport initial en application de cet instrument en 1998. En outre, le Gouvernement s’est engagé à mener des activités pour promouvoir les droits des femmes dans le cadre du Protocole de la Communauté de développement de l’Afrique australe sur le genre et le développement ainsi que de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.

134.À l’issue des élections de mai 2014, le Président a annoncé la création d’un Ministère de la femme, autonome, mais relevant de la présidence. Ce Ministère est chargé d’aider les femmes à gagner en autonomie dans le domaine socioéconomique et de promouvoir l’égalité des genres. Par ailleurs, le nombre de femmes ministres et vice-ministres au Gouvernement n’a cessé d’augmenter depuis 1994. De même, au moins 25 % des membres du Parlement sont des femmes. Le Gouvernement est déterminé à faire en sorte que les femmes soient de plus en plus nombreuses à occuper des postes de cadres supérieurs et moyens dans le secteur public, où des programmes d’action positive ont été mis en place.

135.Les tribunaux ont aussi joué un rôle déterminant dans l’abrogation des lois et pratiques coutumières discriminatoires. Ainsi, dans les affaires Bhe  c. Magistrat, Khayelitsha Shibi  c.  Sithole et autres et Commission sud-africaine des droits de l ’ homme c. le Président de la République sud-africaine, la règle de la primogéniture masculine, selon laquelle seule la descendance mâle pouvait hériter, a été invalidée au motif qu’elle portait atteinte au droit à l’égalité des descendantes. Jusqu’à la décision rendue en 1999 par la Cour suprême d’appel en l’affaire Amod  c.  Multilateral Motor Vehicle Accidents Fund, un mariage contracté selon le droit musulman était nul et non avenu. Dans cette décision, la Cour a reconnu la validité d’un mariage monogame de tradition musulmane aux fins de soutien financier. Dans l’affaire Daniels c. Campbell NO, la Cour constitutionnelle a jugé que, dans un mariage monogame de tradition musulmane, les conjoints devaient être considérés comme tels aux fins de la loi sur les successions ab intestat et de la loi sur l’entretien du conjoint survivant. La Haute Cour a étendu cette reconnaissance aux mariages monogames de tradition hindoue dans l’affaire Govender  c.  Ragavayah  NO.

Violence fondée sur le genre

136.En 2008, en collaboration avec le pouvoir judiciaire, le Gouvernement a lancé une série de directives relatives au traitement des affaires de violence familiale, qui ont été largement diffusées. En 2009, un examen de l’application de la loi de 1998 sur la violence familiale a été mené. Le projet Ndabezitha vise à former les chefs traditionnels, les procureurs et les greffiers concernant les affaires de violence familiale dans les zones rurales. Le Gouvernement a également mené des campagnes de sensibilisation au moyen de divers supports (médias, dépliants et brochures) afin de fournir aux communautés des informations sur les services de lutte contre la violence familiale.

137.De l’avis général, la loi de 1998 sur la violence familiale permet de fournir une prise en charge et un soutien aux victimes lorsqu’elles se tournent vers les tribunaux. L’article 11 de cette loi permet la tenue de procédures judiciaires à huis clos et offre à la victime la possibilité d’être accompagnée au tribunal de trois personnes au maximum afin d’être plus sereine lorsqu’elle dépose à l’audience. Cette loi interdit à l’agresseur qui assure lui-même sa défense de contre-interroger directement la victime, principalement pour préserver celle‑ci de toute intimidation éventuelle. La loi est en outre reconnue comme la toute première au monde à faire entrer les partenaires de même sexe dans la catégorie des relations conjugales. Cette loi prévoit que les mineurs peuvent également demander une ordonnance de protection (avec ou sans assistance). Elle permet en outre aux personnes qui ont un intérêt matériel concernant le bien-être de la victime de demander une ordonnance de protection en son nom et avec son consentement écrit. Ainsi, la loi donne aux enseignants, aux personnels de santé, aux fonctionnaires de police, aux travailleurs sociaux, aux employeurs, aux membres de la famille et même aux voisins le droit d’agir contre la violence familiale.

138.Les centres de prise en charge Thuthuzela constituent l’un des principaux volets de la lutte contre la violence sexuelle. Ils illustrent l’approche coordonnée que l’Afrique du Sud applique pour traiter efficacement les affaires d’infractions sexuelles. La démarche intégrée adoptée dans ces centres à l’égard des victimes de viols est fondée sur le réconfort, ainsi que sur le souci de rendre leur dignité aux victimes et de veiller à ce qu’elles obtiennent justice. Le succès des centres Thuthuzela tient à l’efficacité et à l’efficience de la coopération entre les parties prenantes, notamment entre les Ministères de la justice, de la santé et du développement social, la police sud-africaine et les organisations de la société civile œuvrant dans ce domaine. C’est un modèle spécialement axé sur la prise en charge de la victime dans de bonnes conditions ; il est administré par les tribunaux et les enquêtes sont menées par des magistrats, avec la coopération des parties prenantes. L’objectif, à terme, est de réduire autant que possible la victimisation secondaire, de raccourcir le cycle de traitement des affaires et d’augmenter le nombre de condamnations. Lorsqu’une victime signale un crime, elle est transférée du commissariat de police vers un lieu plus accueillant avant d’être conduite par la police ou en ambulance au centre Thuthuzela, à l’hôpital. La victime bénéficie également d’un soutien psychosocial. En outre, si l’examen médical est pratiqué dans les soixante-douze heures suivant l’agression, elle bénéficie d’une prophylaxie postexposition. L’enquêteur de permanence au centre recueille sa déposition. Il existe actuellement 55 centres Thuthuzela dans tout le pays.

139.Le Gouvernement a également rétabli les tribunaux spécialisés dans les infractions sexuelles. Ces tribunaux placent la victime au centre du système judiciaire. Ils proposent en effet aux victimes d’infractions sexuelles tout un éventail de services de soutien : accessibilité de l’information, préparation aux audiences, aide à la gestion des émotions avant et après le procès, possibilité de déposer à huis clos, services d’intermédiaire et indemnisation des témoins. Au 31 mars 2018, le pays comptait 74 tribunaux de ce type, implantés dans des régions où les taux de délinquance sexuelle sont élevés. Le Règlement régissant la création et le fonctionnement des tribunaux spécialisés dans les infractions sexuelles a récemment été publié pour commentaires et est maintenant en phase finale d’élaboration. Il a pour objectif, entre autres, de guider le partage et la gestion des ressources par les différents acteurs intervenant dans le fonctionnement de ces tribunaux.

140.En 2014, l’ancien Président de la République a publié une directive à l’attention du Ministre chargé de la question des femmes au sein de la Présidence en vue de transformer la campagne « 16 journées de mobilisation contre la violence de genre » en une campagne de 365 jours. Le but était de sensibiliser la population et d’encourager chacun à agir dans le sens de la responsabilité collective et à promouvoir celle-ci dans la lutte contre la violence, grâce à une mobilisation déployée tout au long de l’année sous la forme de deux campagnes appelées « #365 jours pour éliminer la violence à l’égard des femmes et des enfants » et « #ComptezSurMoi ». Afin d’éradiquer cette forme de violence, le Gouvernement a mis en place des Dialogues nationaux sur la violence à l’égard des femmes et des enfants dans tout le pays, en organisant des tables rondes avec des femmes et des hommes issus de tous les milieux, ainsi qu’avec des jeunes et des enfants. Le Gouvernement a également créé un Comité interministériel sur la violence à l’égard des femmes, qui est chargé d’enquêter sur les causes profondes de cette maltraitance et d’élaborer des plans nationaux pour la prévenir et la combattre de manière coordonnée. Diverses initiatives ont été mises en œuvre, notamment le Centre opérationnel stratégique sur la violence de genre, disponible 24 heures sur 24 et chargé de fournir un soutien et un appui psychosocial aux victimes de ce type de violence. Ce centre a reçu le prix mondial de la meilleure innovation technologique, dans la catégorie des petits centres, à l’édition 2015 du Global Best Contact Centre Awards (prix mondiaux décernés aux meilleurs centres de contact).

141.Un certain nombre de dialogues ministériels contre la violence sexuelle et fondée sur le genre ont été organisés au cours des exercices 2016/17 et 2017/18 dans les provinces du Gauteng, du KwaZulu-Natal, du Mpumalanga et du Cap occidental, l’objectif étant de sensibiliser le public et de consulter les victimes afin de comprendre leurs besoins. Des dialogues entre hommes contre le féminicide dit « intime » (par le conjoint ou l’ex-conjoint) sont en cours, parallèlement à l’élaboration d’une stratégie de lutte contre le féminicide en Afrique du Sud.

142.En mai 2017, le Ministère de la justice et du développement constitutionnel a lancé le projet de création d’un observatoire des féminicides, « Femicide Watch », en partenariat avec Tshwaranang et d’autres acteurs gouvernementaux concernés. Dans le cadre de ce projet, différents axes de travail ont été définis parmi lesquels la recherche, le recensement et la collecte de sources de données, la vérification des données, la sensibilisation du public, etc. La mise en place de cet observatoire fait suite au rapport établi par la Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences, après sa visite en Afrique du Sud en décembre 2015. Dans ce rapport (2016), la Rapporteuse spéciale parlait des féminicides et meurtres liés au genre, et critiquait le pays pour son manque de réaction. Elle relevait la faiblesse du système de collecte de données sur le féminicide et recommandait à l’Afrique du Sud de mettre en place un observatoire des féminicides. Il convient de noter que la Rapporteuse spéciale n’a pas lancé cet appel uniquement à l’Afrique du Sud : le 25 novembre 2015, dans son rapport à l’Assemblée générale (A/71/398), la Rapporteuse spéciale estimait que la collecte et l’analyse des données sur le féminicide constituaient un défi mondial et demandait à tous les États parties de créer un observatoire des féminicides pour lutter contre ce phénomène.

Droits des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexes (LGBTI)

143.En 2012, lorsqu’elle a soumis son rapport national au Conseil des droits de l’homme, au titre de l’Examen périodique universel, l’Afrique du Sud a été félicitée par les États Membres de l’ONU pour son engagement en faveur des droits de l’homme et pour l’amélioration de la vie de ses citoyens, la fourniture de services de base tels que le logement, la santé et l’éducation, ainsi que pour le rôle de premier plan qu’elle jouait au sein du Conseil national des droits de l’homme, notamment dans le domaine des droits des lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexes (LGBTI). Elle a également été invitée à prendre des mesures urgentes pour lutter contre la violence à l’égard de ces personnes.

144.La création d’une équipe spéciale nationale (NTT) en 2011 avait pour but de lutter contre la discrimination persistante fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre à l’égard des membres de la communauté LGBTI. Afin de concrétiser l’engagement du Gouvernement, le Ministère de la justice et du développement constitutionnel a lancé le Programme national LGBTI et publié un cahier des charges définissant, d’une part, les objectifs d’une stratégie nationale de lutte contre les violences fondées sur le genre et l’orientation sexuelle, et, d’autre part, le mandat de l’équipe d’intervention rapide chargée d’accélérer le traitement des affaires dans le système de justice pénale. L’Équipe spéciale nationale est un très bon exemple de partenariat réussi entre le Gouvernement et la société civile : dans un rapport établi par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme en 2016, l’Équipe a été qualifiée de modèle de pratiques exemplaires et d’étude de cas internationale de la coopération entre le Gouvernement et la société civile.

145.L’Équipe spéciale nationale poursuit ses activités de lutte contre la discrimination persistante fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre à l’égard des membres de la communauté LGBTI. Au nombre des réalisations de l’Équipe spéciale, on peut citer l’élaboration d’une stratégie nationale d’intervention, la création de l’Équipe nationale d’intervention rapide qui se réunit tous les trimestres pour discuter des progrès réalisés dans les affaires en cours, et la mise en place d’Équipes spéciales provinciales et d’Équipes d’intervention rapide dirigées par les bureaux provinciaux du Ministère de la justice et du développement constitutionnel. Outre les activités menées par l’Équipe spéciale nationale, un dialogue s’est engagé entre le Gouvernement et la société civile au sujet des droits des personnes intersexes.

D.Établissement des rapports

146.Le processus d’établissement des rapports au niveau national doit encourager la participation de la population et permettre au public d’examiner en détail les politiques gouvernementales. Il est essentiel d’y faire participer la société civile afin de créer un espace de dialogue constructif au sein duquel nous pouvons œuvrer ensemble à la réalisation de notre objectif commun : promouvoir la jouissance de tous les droits de l’homme par les habitants de notre pays.

147.Il existe neuf principaux instruments des Nations Unies relatifs aux droits de l’homme. Tout État Membre qui est partie à ces neuf instruments et à leurs protocoles facultatifs doit présenter plus de 22 rapports nationaux tous les dix ans. Et ce chiffre ne tient pas compte des autres rapports qui doivent être présentés à l’OIT, à l’UNESCO, etc. La charge de travail liée à l’établissement de ces rapports est considérable : même les États qui ont la capacité technique de le faire ont du mal à la supporter, quel que soit le niveau d’engagement de l’État en faveur de la réalisation des droits de l’homme.

148.En 2012, pour faire face au nombre croissant de rapports nationaux à soumettre aux différents organes conventionnels, le Ministère de la justice et du développement constitutionnel a créé, en collaboration avec la Commission sud-africaine des droits de l’homme, le Comité interministériel sur les obligations découlant des traités internationaux. Composé de représentants de tous les ministères, ce Comité avait pour but de faciliter la collecte de données, la rédaction et les consultations nécessaires à l’élaboration du texte final des rapports nationaux. Son fonctionnement n’étant pas optimal, divers processus ont été mis en place pour le parachèvement des rapports individuels. À titre d’exemple, pour la rédaction et le parachèvement du rapport national que devait soumettre l’Afrique du Sud en application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques en 2017, un groupe chargé des données, indépendant du Comité, a été créé, et les consultations avec toutes les parties prenantes, y compris les organisations non gouvernementales et les organisations de la société civile, ont eu lieu dans le cadre d’ateliers plutôt que sous les auspices du Comité.

149.Le Ministère de la justice et du développement constitutionnel a entrepris de mettre en place un mécanisme national d’établissement de rapports et de suivi des obligations conventionnelles de l’Afrique du Sud, mécanisme qui sera conforme aux recommandations du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Ce processus devait arriver à son terme en 2018-2019. Dans l’intervalle, le Comité est chargé de recueillir des données et d’examiner les projets de rapports avant la phase de consultation avec les organisations non gouvernementales et les organisations de la société civile et jusqu’à l’approbation par le Gouvernement, au niveau ministériel.

150.Les recommandations émanant des différents organes conventionnels sont prises en compte par le Gouvernement. Les différents ministères sont informés des recommandations ainsi que des mesures et de la planification nécessaires à leur mise en œuvre par l’intermédiaire du Comité et d’ateliers organisés à cette fin. La diffusion, la mise en œuvre, la planification et le suivi des recommandations devraient être traités plus efficacement une fois que le mécanisme national d’établissement de rapports et de suivi des obligations sera établi et pleinement opérationnel.

E.Autres informations relatives aux droits de l’homme

151.La Constitution représente, avec sa Charte des droits, la pierre angulaire de la démocratie en Afrique du Sud. Elle consacre les droits de toutes les personnes dans le pays et proclame les valeurs démocratiques que sont la dignité humaine, l’égalité et la liberté. Toute limitation des droits doit être conforme aux dispositions de l’article 36 de la Constitution. En outre, l’État est tenu de respecter, protéger, promouvoir et réaliser l’ensemble des droits de l’homme.

152.Comme on l’a vu, le Plan national de développement est la pièce maîtresse des stratégies et politiques de l’Afrique du Sud en matière de développement économique et socioéconomique. Aucune démocratie politique ne peut survivre et prospérer si la majorité de sa population demeure pauvre, privée de terres et dépourvue de raisons concrètes d’espérer un avenir meilleur. Par conséquent, la lutte contre la pauvreté et le dénuement doit être la première priorité d’un gouvernement démocratique. L’ancien Président Zuma a constitué la Commission nationale de planification en mai 2010 pour construire une vision à long terme et élaborer un plan national de développement. La Commission est un organe consultatif composé de 26 membres, pour la plupart extérieurs au Gouvernement, choisis en raison de leurs compétences dans des domaines clefs. Le rapport de la Commission issu de la phase de diagnostic, publié en juin 2011, a présenté les réalisations et les points faibles de l’Afrique du Sud depuis 1994. Selon ce rapport, la lenteur de la progression était essentiellement due à une incapacité à mettre en œuvre les politiques et à l’absence de grands partenariats. Le rapport a recensé neuf grands problèmes :

Trop peu de gens travaillent ;

La qualité de l’enseignement scolaire dispensé aux élèves noirs est médiocre ;

Les infrastructures sont mal situées, insuffisantes et mal entretenues ;

Des divisions spatiales entravent le développement inclusif ;

L’économie repose sur une forte consommation de ressources non viables ;

Le système de santé publique ne parvient pas à répondre à la demande ni à maintenir la qualité ;

Les services publics sont inégaux et souvent de piètre qualité ;

Les niveaux de corruption sont élevés ;

L’Afrique du Sud reste une société divisée.

153.Les Sud-Africains de tous les milieux ont accueilli ce diagnostic avec satisfaction, en ce qu’il constituait une évaluation franche et constructive. La version définitive du Plan national de développement à l’horizon 2030, publiée en 2013, indique qu’après deux décennies de démocratie, l’Afrique du Sud demeure une société fortement inégalitaire où trop de personnes vivent dans la pauvreté et trop peu travaillent. La qualité de l’enseignement scolaire dispensé à la plupart des élèves noirs est médiocre. La division spatiale de l’apartheid continue à dominer le paysage. Une grande partie des jeunes ont l’impression de n’avoir aucune chance de réussir. En outre, l’héritage de l’apartheid continue de limiter les perspectives d’une large majorité. Ces immenses défis ne peuvent être relevés que par un changement radical des performances du pays. Pour accélérer le progrès, renforcer la démocratie et bâtir une société plus inclusive, l’Afrique du Sud doit traduire l’émancipation politique en bien-être économique pour tous. Le Plan national de développement fournit le cadre pour réaliser de profonds changements socioéconomiques. À la suite de son adoption, le Gouvernement a décidé en 2013 que le Cadre stratégique à moyen terme 2014-2019 constituerait sa première phase de mise en œuvre, d’une durée de cinq ans. Le Gouvernement a ensuite lancé les travaux visant à harmoniser les programmes des départements nationaux et provinciaux, des municipalités et des organismes publics avec la vision et les objectifs du Plan. Le Cadre stratégique à moyen terme s’articule autour de 14 résultats prioritaires escomptés qui couvrent les domaines privilégiés énoncés dans le Plan et le mandat électoral du Gouvernement. Ces 14 résultats escomptés sont les suivants :

Résultat 1 : Assurer un enseignement de base de qualité ;

Résultat 2 : Permettre à tous de vivre longtemps et en bonne santé ;

Résultat 3 : Permettre à tous d’être et de se sentir en sécurité ;

Résultat 4 : Offrir des emplois décents grâce à une croissance profitant à tous ;

Résultat 5 : Développer une main-d’œuvre qualifiée et compétente pour soutenir une trajectoire de croissance sans exclusion ;

Résultat 6 : Mettre en place un réseau d’infrastructures économiques efficace, compétitif et réactif ;

Résultat 7 : Encourager des communautés rurales dynamiques, équitables et durables qui contribuent à la sécurité alimentaire de tous ;

Résultat 8 : Instaurer des établissements humains durables et une meilleure qualité de vie des ménages ;

Résultat 9 : Encourager des collectivités territoriales réactives, responsables, efficaces et rationnelles ;

Résultat 10 : Protéger et renforcer nos ressources et notre patrimoine naturels ;

Résultat 11 : Bâtir une Afrique du Sud meilleure et contribuer à une Afrique meilleure et à un monde meilleur ;

Résultat 12 : Assurer un service public efficace, rationnel et axé sur le développement ;

Résultat 13 : Offrir un système de protection sociale complet, réactif et durable ;

Résultat 14 : Créer une société plurielle, dotée d’une cohésion sociale et d’une identité nationale commune.

154.Le Gouvernement a été à l’initiative de l’élaboration d’un projet de plan d’action national de lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée, en collaboration avec différents acteurs, notamment la société civile. Ce projet fournira la matière d’un plan sur lequel s’appuiera la mise en place d’une politique publique globale de lutte contre la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. Le processus d’élaboration d’un plan d’action national pour l’Afrique du Sud découlait de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, adoptés à la troisième Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. De vastes consultations publiques ont été menées en 2016 dans toutes les provinces. Les contributions et observations recueillies sont actuellement en cours d’intégration, selon que de besoin, à une version révisée du plan d’action national.

155.Un projet de loi sur la prévention et la répression des infractions motivées par la haine et des discours haineux a été présenté au Parlement. Ce projet de loi érige en infractions pénales les crimes et discours de haine et vise à mettre en place des mesures de prévention et de répression de ces infractions. La loi contre les discours haineux servira un double objectif : protéger les droits de la victime et du groupe cible et veiller à ce que la société soit consciente que les discours de haine ne sont ni autorisés ni tolérés. Le projet de loi révisé a été approuvé par le Gouvernement en mars 2018. Après sa publication au Journal officiel, quelque 75 854 observations émanant d’institutions et de particuliers ont été reçues. La réaction massive du public au projet de loi, ainsi qu’au projet de loi révisé, qui répond désormais à la plupart des préoccupations soulevées, est la preuve d’une démocratie participative à l’œuvre. Les éléments constitutifs du discours de haine sont l’intention manifeste de nuire ou d’inciter à nuire ou de promouvoir ou propager la haine fondée sur l’âge, l’albinisme, la naissance, la couleur, la culture, le handicap, l’origine ethnique ou sociale, le genre ou l’identité de genre, le statut VIH, la langue, la nationalité, le statut de migrant ou de réfugié, la race, la religion ou le sexe, ce qui inclut l’intersexualité et l’orientation sexuelle. Est expressément exclu du champ d’application du projet de loi tout propos tenu de bonne foi dans le cadre d’une création ou performance artistique ou de toute autre forme d’expression, d’une étude universitaire ou scientifique, ou d’une publication d’informations ou d’observations objectives et rigoureuses répondant à l’intérêt général, dans la mesure où il ne prône pas la haine et ne constitue pas une incitation à causer un préjudice. Sont également exclus l’interprétation et le prosélytisme de bonne foi ou l’adoption de tout principe, croyance, enseignement, doctrine ou écrit religieux, dans la mesure où ceux-ci ne prônent pas la haine et ne constituent pas une incitation à causer un préjudice. Ces exclusions trouvent également écho dans l’article 16 de notre Constitution.

III.Non-discrimination, égalité et recours utiles

156.La non-discrimination et l’égalité font l’objet dans la Constitution de tout un ensemble de dispositions étayées par une panoplie de lois, qui définissent de manière plus détaillée le cadre normatif et institutionnel de la protection de ces principes en Afrique du Sud. Le pays dispose d’un cadre juridique solide en matière d’égalité et de lutte contre la discrimination. Le paragraphe 2 de l’article 7 de la Constitution impose à l’État de respecter, protéger, promouvoir et réaliser les droits énoncés dans la Charte des droits. L’État a au premier chef la responsabilité de garantir que chaque individu puisse exercer ses droits. À cet égard, le Gouvernement a adopté un certain nombre de lois visant à donner effet à ses objectifs constitutionnels d’égalité, de dignité humaine et de promotion des droits de l’homme et libertés. Le droit à l’égalité et le droit à la protection contre la discrimination occupent une place prépondérante dans notre Constitution. L’Afrique du Sud a adopté divers textes de loi pour éliminer la discrimination et garantir l’égalité dans divers domaines.

157.La jurisprudence sud-africaine en la matière établit une distinction entre la discrimination juste et la discrimination injuste. Seule la seconde est interdite. La discrimination injuste a des conséquences inéquitables qui portent atteinte dans une large mesure à la dignité fondamentale du plaignant. Elle est fondée sur l’un des motifs énumérés à l’article 9 de la Constitution. Dans les faits, quand la loi ou mesure discriminatoire vise à atteindre un objectif louable et important pour la société, elle peut rendre juste ce qui autrement ne le serait pas.

158.Le Gouvernement a adopté la loi sur la promotion de l’égalité et la prévention de la discrimination, qui interdit la discrimination fondée sur la race, le genre, le sexe, la grossesse, la situation matrimoniale, l’origine ethnique ou sociale, la couleur de peau, l’orientation sexuelle, l’âge, le handicap, la religion, la conscience, les convictions, la culture, la langue ou la naissance. La loi définit le cadre de mise en œuvre de l’article 9 de la Constitution. À cet égard, elle prévoit la création de tribunaux de l’égalité. Le rôle de ces tribunaux est de statuer sur des questions directement liées aux violations du droit à l’égalité, à la discrimination injuste et aux discours de haine, en vue d’éradiquer l’héritage toujours présent de l’apartheid qui a divisé le pays selon des critères de race, de sexe et de richesse. La loi dispose que toutes les Hautes Cours font automatiquement office de tribunaux de l’égalité, mais plus important encore, elle accorde aux tribunaux de première instance l’essentiel des pouvoirs judiciaires relatifs aux questions d’égalité. Le règlement relatif aux tribunaux de l’égalité a été promulgué et, en 2009, tous les tribunaux de première instance ont été désignés comme tribunaux de l’égalité. Toutes les Hautes Cours remplissent également ce rôle. Cela a amélioré l’accès à la justice puisque chacun peut désormais déposer des plaintes pour discrimination injuste auprès du tribunal d’instance le plus proche de sa communauté.

159.Les différentes institutions de l’État qui appuient la démocratie constitutionnelle ont été créées en vertu de la Constitution proprement dite et de la législation nationale ; elles ont vocation à renforcer la démocratie constitutionnelle en Afrique du Sud par la promotion active d’une culture des droits de l’homme, ainsi que par la protection, le développement et la réalisation de ces droits, notamment par le suivi et l’évaluation de leur respect et mise en œuvre. Chacune de ces institutions doit se consacrer à un secteur précis de la société où le besoin de transformation se fait particulièrement sentir. Emblématiques de la détermination de l’État à réaliser cette transformation, elles ont la particularité d’être indépendantes du Gouvernement, et peuvent donc exercer leurs pouvoirs et s’acquitter de leurs fonctions essentielles sans crainte, parti pris favorable ou préjugé.

160.De nombreuses voies de recours sont disponibles en cas de violation de ces droits : nos divers tribunaux, les commissions d’enquête, les organes tels que les tribunaux du logement, le Conseil national du développement économique et du travail (National Economic Development and Labour Council, NEDLAC), les institutions de l’État qui appuient la démocratie constitutionnelle, des recours administratifs, ainsi que les dispositions de la loi sur la promotion de l’accès à l’information et de la loi sur la promotion de la justice administrative. Il faut être informé pour pouvoir exercer ses droits, c’est pourquoi l’article 32 de la Constitution dispose que toute personne a le droit d’accéder à toute information détenue par l’État ou par une autre personne et nécessaire à l’exercice ou à la protection d’un droit. En outre, la loi sur la promotion de l’accès à l’information donne effet au droit d’accès aux dossiers détenus par l’État, les institutions publiques et les entités privées. Ces différentes instances doivent notamment proposer un manuel qui explique au public comment déposer une demande d’accès aux informations qu’elles détiennent ; en outre, elles sont tenus de nommer un responsable de l’information chargé de traiter ces demandes d’accès. La loi sur la promotion de la justice administrative est une législation pionnière destinée à modifier la façon dont le Gouvernement collabore avec les populations qu’il est appelé à servir. Elle crée des moyens de faire respecter le droit d’être traité équitablement dans les procédures administratives. La loi vise à protéger le public contre des décisions administratives illicites, abusives et contraires à l’équité procédurale. Elle accorde aux personnes concernées par des décisions administratives le droit d’être informées de l’imminence d’une prise de décisions, de prendre connaissance des raisons qui la motivent et d’en demander le réexamen.

161.La sensibilisation et l’éducation à la Constitution et aux droits de l’homme sont essentielles à la réalisation de ces derniers. Outre les divers programmes et projets de sensibilisation aux droits de l’homme menés par les différentes institutions de l’État qui soutiennent la démocratie constitutionnelle, le Gouvernement, en partenariat avec la Fondation pour les droits de l’homme, met en œuvre un Programme pluriannuel de justice socioéconomique pour tous, communément appelé « Amarightza ». Ce programme vise à mieux faire connaître les droits en mettant l’accent sur les droits socioéconomiques, le renforcement de la démocratie participative grâce au dialogue politique, le soutien aux bureaux de conseil communautaires, la conduite de recherches sur les droits socioéconomiques et la jurisprudence, la coordination sectorielle, ainsi que l’engagement et la participation des organisations de la société civile. Il vise six domaines de résultats clefs, notamment une meilleure sensibilisation aux droits constitutionnels, en particulier aux droits socioéconomiques.

162.Les bureaux de conseil communautaires sont un autre moyen d’aider les communautés à exercer et à protéger leurs droits fondamentaux. Il s’agit de petites organisations à but non lucratif qui offrent gratuitement des informations, des conseils et des services dans le domaine juridique et celui des droits de l’homme. Outre ces informations sur les droits, les bureaux de conseil communautaires expliquent également aux communautés où et comment elles peuvent accéder aux services des ministères et des organismes publics. Aujourd’hui, les bureaux de conseil communautaires fournissent des services qui contribuent à la justice sociale et facilitent l’accès aux services gouvernementaux pour les personnes pauvres et marginalisées. Les assistants juridiques travaillant dans ces bureaux apportent un soutien et une assistance de première ligne à de nombreuses personnes qui n’ont pas les moyens d’accéder à d’autres formes de services juridiques. Au fil des années, les bureaux de conseil communautaires ont fourni des services indispensables à des millions de Sud-Africains pauvres et marginalisés.

163.Le Gouvernement continue d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques qui améliorent l’accès à la justice et sensibilisent la population à ses droits. Bien que notre Constitution soit saluée dans le monde entier comme étant très progressiste et porteuse de changement, elle ne suffira pas à assurer la pleine réalisation des droits si les habitants de notre pays ne comprennent pas ce qu’elle signifie. Il est impératif pour nous de veiller à ce que chaque personne vivant à l’intérieur de nos frontières connaisse et comprenne la Constitution. De nombreuses personnes en Afrique du Sud sont pauvres et vivent en zones rurales ; ce sont souvent les plus vulnérables et les femmes, les enfants, les personnes handicapées, les personnes âgées et les LGBTI qui sont particulièrement exposés à la violence et aux préjudices qui en découlent. En dépit des efforts mis en œuvre par le Gouvernement, en collaboration avec des organisations de la société civile, pour expliquer à chacun ses droits et responsabilités, il reste encore beaucoup à faire.

164.En 2017-2018, le Gouvernement a publié − en collaboration avec son partenaire d’exécution, à savoir la Fondation pour les droits de l’homme − un rapport très apprécié intitulé « Baseline Survey on Access, Awareness and Attitude to Rights including socio‑economic rights » (Enquête de référence sur l’accès, la sensibilisation et l’attitude à l’égard des droits, y compris des droits socioéconomiques). Cette enquête a été menée sur tout le territoire auprès de 24 000 ménages dans le cadre du Programme pluriannuel de justice socioéconomique pour tous. L’échantillon final de l’enquête, constitué de 24 897 entretiens, fournit des renseignements très utiles pour savoir où nous nous situons en matière de sensibilisation aux droits constitutionnels et aux droits de l’homme. Il a été demandé aux personnes interrogées si elles avaient entendu parler de la Constitution sud-africaine et de la Charte des droits figurant au chapitre 2 de la Constitution. Un peu plus de la moitié d’entre elles (51 %) avaient entendu parler de l’une ou l’autre, les hommes plus que les femmes (55 % contre 47 %). Les Blancs étaient les plus nombreux (68 %) à avoir entendu parler de l’une ou l’autre ; venaient ensuite les Indiens/Asiatiques (61 %). Alors que la majorité des personnes de couleur (56 %) avaient entendu parler de la Constitution ou de la Charte des droits, c’était le cas d’un peu moins de la moitié des Africains noirs (48 %). Cela nous montre qu’il reste encore énormément de travail à accomplir pour accroître le niveau de sensibilisation à la Constitution et aux droits de l’homme.

165.Afin de renforcer la sensibilisation et l’éducation aux droits de l’homme dans les écoles, le Gouvernement organise chaque année un concours national de plaidoiries, en collaboration avec l’Université de Pretoria, la Commission sud-africaine des droits de l’homme et la Fondation pour les droits de l’homme. Les élèves de toutes les écoles du pays sont invités à y participer, en soumettant d’abord des exposés écrits sur la base desquels les 10 meilleures équipes sont sélectionnées pour les épreuves orales provinciales. La finale a lieu à Johannesburg, où les équipes présentent leur plaidoirie devant les juges de la Cour constitutionnelle.