La participation des femmes aux campagnes politiques et au processus constitutionnel a revêtu une importance critique et a probablement été plus intense que celle des hommes. Cependant, le nombre relatif de femmes occupant, à divers niveaux, des postes d’autorité dans les institutions politiques reste faible. Des mesures palliatives constitutionnelles et législatives ont été prises pour corriger ce déséquilibre. Mais ces mesures correctives ne doivent pas être considérées comme une solution durable et permanente. Il s’agit en effet de mesures provisoires visant à rééquilibrer la situation. Ces mesures ne constituent pas une solution, ni une fin en soi. Dans cette perspective, nous devons veiller à leur application rigoureuse jusqu’à ce que nous atteignons un stade où les femmes puissent participer à la compétition sur un pied d’égalité.

Discours de S. E. le Président de l’Érythrée, Isaias Afewkri, prononcé à l’occasion du 20e anniversaire de l’UNFE, le 27 novembre 1999.

Le Gouvernement a introduit un système de quotas (en tant qu’action palliative) afin d’accroître la participation des femmes aux organes de décision politique, aux niveaux local et national. La proclamation No 86/1996, concernant les Assemblées régionales, stipule que 30 % des sièges seront réservés aux femmes et que celles-ci pourront aussi se présenter aux 70 % des sièges restants. Ce système a eu un impact remarquable sur le degré de participation des femmes aux affaires politiques. Par exemple, la participation des femmes dans les assemblées régionales est passée de 20 % en 1996 à 30 % en 1998, c’est-à-dire que, sur 399 membres des assemblées de six régions, 122 sont des femmes.

Les femmes constituent 22,2 % des membres de l’Assemblée nationale et, en moyenne, 30,5 % des membres des six assemblées de Zoba. La répartition est la suivante : Zoba Maekel : 37 %; Zoba Debub : 30 %; Zoba Anseba : 28 %; Zoba Gash-Barka : 29,7 %; Zoba du sud de la mer Rouge : 27 %; Zoba du nord de la mer Rouge : 29,5 %.

Dans toutes les élections précédentes aux niveaux national et régional, le taux de participation des femmes au scrutin était très élevé. Des élections pour désigner les conseils d’administration des villages sont actuellement en cours dans toutes les sous-régions; pour la première fois, dans ces élections, on n’a pas réservé de sièges ou appliqué le système des quotas. Ces élections sont libres et démocratiques et les membres éligibles des villages (hommes et femmes) se présentent dans le cadre d’une compétition ouverte. Bien qu’il ne soit pas possible de fournir des statistiques dans le présent rapport, il semble que les femmes obtiennent des voix en raison de leur capacité à diriger et à administrer les collectivités villageoises.

Aujourd’hui, la participation des femmes au Parlement national est parmi les plus hautes en Afrique. Selon les statistiques mondiales relatives à la présence des femmes dans les parlements de novembre 2002, le Mozambique (30 %), l’Afrique du Sud (29,8 %), le Rwanda (25,7 %), la Namibie (25 %), l’Ouganda (24,7 %), les Seychelles (23,5 %) et l’Érythrée (22 %) ont les pourcentages les plus hauts, alors que le reste de l’Afrique s’échelonne entre 0 et 19 %.

De plus, afin de permettre l’accès des femmes, sur un pied d’égalité avec les hommes, aux divers échelons du pouvoir et de la prise de décision, plusieurs femmes ont été nommées à des postes élevés. Actuellement, on compte trois femmes ministres (18% des ministres) qui occupent les postes de Ministre de la justice, de Ministre du travail et de la protection sociale et de Ministre du tourisme. En outre, il y a quelques femmes parmi les juges de la haute cour, les procureurs, les directeurs généraux et les directeurs.

On trouve 3 femmes parmi les 19 membres du Politburo du Front populaire pour la démocratie et la justice (FPDJ) (15,7 %) et 12 femmes parmi les 75 membres du Comité central (16 %). Les femmes ont joué et jouent encore un rôle remarquable dans la vie politique du pays. Près de 50 % des membres du PFDJ dans le pays et dans la diaspora sont des femmes.

Tableau 1 Ventilation par sexe des titulaires de postes gouvernementaux élevés

1998

2002

No

Postes

Nombre de femmes

Total

Pourcentage de femmes

Nombre de femmes

Total

Pourcentage de femmes

1

Assemblée nationale

33

150

22,0

33

150

22,0

2

Ministres

2

17

11,7

3

17

17,6

3

Directeurs généraux

4

Directeurs

5

Gouverneurs de région

0

6

0

0

6

0

6

Gouverneurs de sous-région

3

53

5,7

NA

NA

NA

10.

Ambassadeurs

2

18

11,1

1

30

3,3

Conseillers d’ambassade

1

13

8,0

1

9

11,0

Consuls généraux

1

6

10,7

1

5

20,0

Premiers secrétaires

0

19

0

2

26

7,6

Deuxièmes secrétaires

1

31

3,12

2

37

5,4

Troisièmes secrétaires

2

23

8,0

5

9

55,5

11

Juges de haute cour

14

89

16,0

3

25

12,0

Juges de tribunal régional

..

..

..

5

41

12,0

Juge de tribunal sous-régional

..

..

..

5

23

21,7

12

Procureurs

9

54

16,6 %

L’armée (forces terrestres, aériennes et navales), la police civile, la police de l’immigration etc...sont généralement considérées comme des domaines masculins. Néanmoins, la participation des femmes érythréennes au mouvement de libération a constitué un phénomène unique : les femmes constituaient 30 % des effectifs de l’Armée de libération nationale et ont joué un rôle sans précédent, qui a fortement marqué la composition des forces de défense et la participation des femmes à ces forces.

Ainsi, aujourd’hui, les femmes sont très présentes dans les forces nationales de défense, aussi bien dans l’armée active, que dans la réserve et le service national. Actuellement, les femmes constituent 3,09 % des forces terrestres, 3,30 % des forces navales; 8,92 % des forces aériennes et 10,36 % du personnel administratif et d’appui, au sein du Ministère; plus de 400 femmes officiers sont en service. Dans la police, les femmes représentent 19,6 % des effectifs et 7,9 % du nombre total des officiers de police.

Les femmes sont aussi assez présentes dans les ONG, comme la Confédération nationale des travailleurs érythréens (CNTE) et l’UNJEE, organisations qui représentent respectivement les travailleurs, d’une part, et les jeunes et étudiants, d’autre part. Les femmes constituent 30,7 % des 39 membres du comité central de l’UNJEE et occupent un poste de responsabilité. Elles représentent 27 % du comité central du CNTE et ont une représentante au comité exécutif. Ces deux organisations ont créé dans leur structure une unité responsable des questions féminines, qui se développe et prend des mesures concrètes pour favoriser le progrès de la condition féminine.

Les femmes participent très efficacement aux activités de diverses organisations professionnelles publiques, comme le syndicat des enseignants, les associations d’infirmières, de médecins et d’ingénieurs, les fédérations sportives, les associations professionnelles et commerciales, la Chambre de commerce etc… Toutefois, ces organisations sont situées dans les villes, ce qui exclut automatiquement la majorité des femmes qui habitent les zones rurales et périurbaines. Pour des raisons culturelles évidentes, les femmes rurales sont encore marginalisées et ne peuvent participer à de telles associations.

Article 8 : Représentation à l’échelon international

En principe, les femmes ont, sur un pied d’égalité avec les hommes, accès aux postes diplomatiques et internationaux. En pratique, cependant, elles semblent moins bien représentées que les hommes. On compte actuellement 30 missions diplomatiques, dont une seulement est dirigée par une femme. On ne peut que constater que les femmes ne sont pas largement représentées dans les activités relatives aux affaires internationales, particulièrement dans les postes élevés de l’administration et des missions diplomatiques. Elles ne constituent que 10 % du personnel des missions diplomatiques, comme l’indique le tableau ci-dessous.

Tableau 2 Présence des femmes dans les affaires internationales

Missions diplomatiques

Femmes

Hommes

Pourcentage de femmes

1

Ministres – Directeurs généraux

Non

8

0 %

2

Chefs de mission (Ambassadeurs)

1

29

3 %

3

Ministres-conseillers

1

9

10 %

4

Consuls généraux

1

5

16 %

5

Directeurs

1

13

7 %

6

Premiers Secrétaires

2

24

7,6 %

7

Deuxièmes Secrétaires

2

35

5 %

8

Troisièmes Secrétaires

5

4

55.5 %

9

Attachés

1

4

20 %

Total

14

131

10 %

Source : Ministère des affaires étrangères, sept. 2002

Par rapport aux statistiques de 1998, on note une légère amélioration de la représentation des femmes, notamment au niveau des premiers et deuxièmes secrétaires. Le Bureau de l’ONU et des organisations internationales, l’un des services les plus importants du Ministère, est dirigé par une directrice.

On ne dispose pas de statistiques détaillées concernant les délégations envoyées à l’étranger, mais l’on peut dire que des femmes (ministres, directrices, membres du parlement, dirigeantes d’organisations populaires etc...), en général, participent et représentent le Gouvernement dans diverses conférences internationales et au sein de délégations envoyées à des réunions bilatérales ou multilatérales, dans la mesure, la plupart du temps, où elles possèdent les compétences requises.

Des femmes érythréennes, par l’intermédiaire de l’UNFE, représentent le Gouvernement auprès de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies, auprès du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, de l’UNIFEM, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), de la Fédération africaine des femmes entrepreneurs (FAWE) et d’autres organisations féminines régionales.

Naturellement il faudrait susciter un plus fort engagement dans ce domaine et lancer un programme efficace pour encourager la participation des femmes aux activités concernant les relations internationales. Il faudrait aussi de façon organisée, conseiller, habiliter et former des jeunes femmes pour qu’elles puissent devenir diplomates et représenter leur pays à l’échelon international.

Article 9Nationalité et citoyenneté

Les femmes érythréennes ont des droits identiques à ceux des hommes en matière d’acquisition, de modification et de conservation de la nationalité.

Les dispositions détaillées concernant les droits relatifs à la nationalité se trouvent dans la loi relative à la nationalité; cependant, le fondement de ces droits réside dans la Constitution elle-même, dont l’article 3, portant sur la nationalité, stipule, au paragraphe 1, que : toutes personne née d’un père ou d’une mère érythréenne est érythréenne par la naissance et, au paragraphe 3 que : des régIes détaillées relatives à la nationalité doivent être énoncées dans la législation.

En conséquence, la loi relative à la nationalité, qui a été proclamée sous le numéro 21/1992, est très attentive à l’équité entre les sexes et ne rencontre pas d’obstacles sérieux dans son application. Elle prévoit que la nationalité érythréenne peut être acquise par la naissance, par naturalisation, par adoption et par mariage.

Toutes les lois traditionnelles ou coutumières ont été abrogées et les pratiques selon lesquelles un enfant adultérin ou né d’un père non érythréen ne pouvait acquérir ou recevoir la nationalité érythréenne de sa mère ont été immédiatement rejetées.

Si une Érythréenne épouse un étranger, elle ne perd pas automatiquement sa nationalité, à moins qu’elle décide d’en changer. De la même façon, un étranger n’acquiert pas automatiquement la nationalité érythréenne en épousant une Érythréenne, mais il peut l’obtenir par naturalisation, s’il suit la procédure requise et soumet une demande aux autorités compétentes.

Tout individu né en Érythrée est citoyen érythréen. De plus, tout individu né en Érythrée de parents inconnus est aussi citoyen érythréen.

Une femme peut obtenir un passeport sans le consentement de son époux. Cependant, si leurs enfants doivent voyager et ont besoin d’un passeport, le consentement des deux époux est nécessaire. Ceci s’applique aussi aux enfants nés hors mariage et le consentement de leur parent unique est requis.

Une femme peut adopter un enfant étranger et lui donner la nationalité érythréenne.

Globalement, il n’y a pas de problème lié au sexe des intéressés en matière de nationalité.

Article 10 Éducation

Actuellement, l’éducation de type scolaire est fondée sur un système à quatre niveaux connu comme le système 5-2-4-4, qui sera remplacé par le système 6-2-4-4 au début de l’année. Ainsi l’enseignement primaire durera six ans, suivi de deux ans de secondaire du premier cycle, de quatre ans de secondaire du deuxième cycle et de quatre ans d’enseignement supérieur. Des programmes d’éducation de type non scolaire et des cours d’alphabétisation sont aussi disponibles.

Le paragraphe l de l’article 21 (chapitre III) de la Constitution, relatif aux droits, libertés et devoirs fondamentaux, stipule que

Tout citoyen a droit a l’égalité d’accès aux services sociaux financés par le secteur public. L’État doit s’employer, dans la limite de ses ressources, à permettre à tous les citoyens d’avoir accès aux services sanitaires, éducatifs, culturels et d’avoir accès aux services sanitaires, éducatifs, culturels et aux autres services sociaux.

La politique éducative du Ministère de l’éducation a pour but de promouvoir l’égalité des chances en termes d’accès à l’éducation, d’équité, de pertinence et de continuité des services d’éducation pour tous les enfants d’âge scolaire.

Les femmes jouissent donc du droit légitime à l’égalité d’accès et de chances en matière d’éducation. La politique éducative du Gouvernement prévoit une éducation de base gratuite et obligatoire pour tous, sans distinction de sexe. Toutes les institutions éducatives, du préprimaire à l’université, ont adopté la mixité et tous les élèves suivent des classes mixtes à tous les niveaux. Cependant, dans quelques zones isolées, on est en train de lancer un projet pilote créant des internats pour jeunes filles afin de tenter de résoudre les problèmes posés par l’éloignement des écoles aux jeunes filles du niveau du secondaire.

Le système d’éducation s’est développé rapidement après l’accession à l’indépendance du pays. La construction de nouvelles écoles et la rénovation d’anciens établissements se sont accélérées rapidement; par exemple, le nombre d’écoles primaires est passé de 258 en 1991/1992 à 579 en 2000/2001, c’est-à-dire une augmentation de plus de 55 %. Actuellement on compte 91 établissements préscolaires, 667 écoles primaires, 142 écoles secondaires du premier cycle, 43 écoles secondaires du deuxième cycle, 10 écoles techniques, 3 écoles spéciales, 2 écoles normales et 874 centres d’alphabétisation répartis dans l’ensemble du pays. La plupart des écoles appartiennent au Gouvernement et environ 10 % d’entre elles sont privées. Cependant, presque toutes les écoles pré-primaires sont gérées par des missionnaires ou par des collectivités. Il n’y a qu’une université où les femmes ne sont pas suffisamment représentées (environ 14 %).

En général, la situation des jeunes filles en matière d’éducation a changé considérablement au cours des dernières années; toutefois, il faudrait continuer à agir pour améliorer cette situation. D’après l’enquête démographique et sanitaire de 2002, 52 % des femmes n’ont aucune instruction (le pourcentage correspondant était de 67 % en 1995), 27 % ont fréquenté l’école primaire (23 % en 1995), 8,5 % l’école secondaire du premier cycle, 10,7 % l’école secondaire du deuxième cycle et plus de 0,9 % ont reçu une éducation supérieure. Pour le moment, les possibilités d’éducation sont disponibles principalement dans les zones urbaines, mais le Ministère de l’éducation s’efforce de développer le système éducatif dans les zones rurales et les zones isolées, afin d’en élargir la couverture.

Le Ministère de l’éducation dispose de statistiques ventilées par sexe, ce qui permet de suivre plus facilement la situation des femmes dans ce domaine et de prendre les mesures nécessaires pour rééquilibrer cette situation et promouvoir la participation des femmes. Le tableau ci-après indique la fréquentation scolaire des filles à différents niveaux dans les écoles publiques.

Tableau 3 Taux de scolarisation des filles

Niveaux

1998/99

1999/2000

2000/2001

Total

Femmes

% de femmes

Total

Femmes

% de femmes

Total

Femmes

% de femmes

Pré-primaire

11 581

5 413

46,7 %

11 885

5 704

47,9 %

12 436

5 896

47,0 %

Primaire

261 963

118 385

45,2 %

295 941

133 045

45,0 %

298 691

134 168

45,0 %

Secondaire du premier cycle

67 021

29 290

43,7 %

74 317

33 284

44,8 %

70 966

32 320

45,5 %

Secondaire du deuxième cycle

47 533

17 756

37,4 %

59 626

22 093

37,1 %

63 951

23 596

36,8 %

Enseignement technique et professionnel

908

140

15,4 %

1 018

147

14,4 %

1 306

291

22,0 %

Enseignement commercial

187

62

33,0 %

190

58

30,5 %

295

107

36,0 %

Agriculture, musique et beaux arts

NA

NA

265

85

32,0 %

128

46

35,9 %**

Source : Chiffres établis d’après les statistiques du Ministère de l’éducation

** N’inclut pas l’agriculture

Ces statistiques indiquent qu’il n’y a pas de disparités marquées entre les sexes aux niveaux pré-primaire, primaire et secondaire du premier cycle; elles montrent aussi qu’au cours de cinq dernières années la scolarisation des filles a énormément augmenté, notamment dans le primaire. Il convient de noter, en outre, que la scolarisation des filles dans le primaire a presque doublé entre 1991/1992 (69 236) et 1998/1999 (118 985).

Cependant, si l’on considère le taux net de scolarisation par région ou selon l’origine urbaine ou rurale des écolières, on constate des disparités marquées qui méritent d’être relevées; c’est-à-dire que les filles des zones urbaines sont davantage scolarisées que les filles rurales et que le taux de scolarisation de 45 % enregistré dans le primaire et le secondaire du premier cycle ne reflète pas vraiment la fréquentation scolaire des filles rurales.

Tableau 4 Taux de scolarisation des filles par zone

Niveau

Zone urbaine

Zone rurale

Primaire

41,5

27,2

Secondaire du premier cycle

38,1

9,1

Secondaire du deuxième cycle

36,6

8,4

En ce qui concerne les écoles techniques et professionnelles, la fréquentation des filles est très faible et requiert une intervention énergique. Voir le tableau ci-dessous.

Tableau 5 Les filles dans l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP)

Niveau supérieur

Spécialisation

Total

Femmes

Pourcentage de femmes

Conduite de machines

64

3

4,6 %

Comptabilité

100

35

35,0 %

Banque et finance

61

16

26,0 %

Gestion

65

13

20,0 %

Secrétariat

69

43

62 %

Niveau élémentaire

Agriculture générale

33

3

9 %

Agromécanique

18

0

0 %

Zootechnies

17

14

82 %

Phytologie

5

0

0 %

Source  : Statistiques de l’éducation, 2000/2001.

Le Ministère se propose d’améliorer la participation des filles dans ce domaine et a élaboré une stratégie nationale concernant l’EFTP dont les objectifs sont les suivants :

Accroître la fréquentation des programmes d’EFTP par les jeunes filles de 30 % avant la fin de 2006

Intégrer avant 2006 tous les programmes de formation marqués par des stéréotypes fondés sur le sexe

Recruter deux conseillers spécialisés en orientation professionnelle et dans les questions féminines, qui seront chargés de fournir des conseils d’orientation dans les écoles et les communautés, afin d’accroître au maximum la participation des femmes et des membres de minorités.

Ouvrir tous les cours de formation aux femmes.

Taux d’abandon scolaire et redoublement

Le taux de réussite des filles dans le primaire est beaucoup plus élevé que celui des garçons. Cependant, plus les filles avancent dans leurs études, moins elles réussissent et plus leur taux d’abandon augmente. Ceci constitue un problème grave pour le Ministère de l’éducation et on se propose d’entreprendre des activités de recherche pour déterminer les raisons pour lesquelles les filles ont des taux d’avancement moindres et des taux de redoublement plus importants que les garçons lorsqu’elles atteignent des niveaux plus élevés.

Selon la politique du Ministère de l’éducation, un élève qui échoue deux fois dans une classe donnée ne peut continuer ses études. Par conséquent, les listes d’abandons scolaires incluent non seulement les élèves qui ont quitté l’école de leur propre volonté, mais aussi les redoublants qui n’ont pas réussi. Le Ministère de l’éducation ne dispose pas de données détaillées indiquant le nombre de jeunes filles enceintes au niveau du secondaire et leur situation.

Cependant, bien que ceci ne soit pas inclus dans la loi relative à l’éducation, les jeunes filles jouissent d’une protection administrative en cas de grossesse; elles ne sont pas renvoyées et ont le droit de continuer ou de reprendre leurs études. En pratique, néanmoins, lorsque des jeunes filles contractent un mariage précoce ou sont enceintes pendant l’adolescence, elles sont réticentes quant à la continuation de leurs études.

Tableau 6 Redoublants par niveau et par sexe

Niveaux

1998/1999

1999/2000

Pourcentage de garçons

Pourcentage de filles

Pourcentage de garçons

Pourcentage de filles

Primaire

20,43

22,32

14,3

15,2

Secondaire du premier cycle

16,29

27,22

16,9

24,0

Secondaire du deuxième cycle

20,42

36,55

15,6

23,8

Source  : Statistiques du Ministère de l’éducation

Tableau 7 Abandons scolaires par niveau et par sexe

Niveaux

1998/1999

1999/2000

Pourcentage de garçons

Pourcentage de filles

Pourcentage de garçons

Pourcentage de filles

Primaire

9,39

8,7

13,3

12,7

Secondaire du premier cycle

9,51

8,05

20,8

14,1

Secondaire du deuxième cycle

10,03

7,39

26,0

12,5

Source  : Statistiques du Ministère de l’éducation

D’une façon générale, certains facteurs scolaires et extrascolaires (corvées domestiques, distance entre l’école et le foyer, effets de la pauvreté, manque de soutien familial, mariage précoce, grossesse etc. .) expliquent les taux élevés de redoublement et d’abandon, à tous les niveaux, parmi les élèves féminines. Il est surprenant, toutefois, de constater que l’abandon scolaire est plus fréquent chez les garçons que chez les filles, et beaucoup plus élevé au niveau du secondaire du deuxième cycle. Le Ministère de l’éducation se propose d’entreprendre des activités de recherche et d’analyse approfondies, afin d’identifier et de traiter les causes de ce problème et de recommander un programme d’action visant à réduire au minimum le nombre de redoublants et d’abandons et à améliorer l’efficacité de l’enseignement.

Afin d’accroître la participation des parents aux programmes scolaires et de les aider à s’investir dans le développement du système éducatif, on encourage les écoles à constituer des commissions parents-enseignants. Les résultats obtenus dépendent de l’engagement consenti par chaque commission. En pratique, certaines d’entre elles s’occupent de la faible participation des filles et cherchent des solutions sur le plan local, alors que d’autres concentrent leur attention sur l’apport d’un soutien logistique aux écoles.

Les femmes dans les postes d’enseignants

Le Ministère de l’éducation constitue l’un des organismes du secteur public où la présence des femmes est très visible. La participation des femmes est plus élevée dans le primaire (35-40 %) que dans le secondaire du deuxième et du premier cycle, où elle est de 11 % et 12 % respectivement. Cependant, dans les écoles techniques (on en compte 10 dans l’ensemble du pays) il y a très peu d’enseignantes : seulement 5 %. On constate un changement marqué à l’Institut de formation des maîtres où le pourcentage de femmes est passé de 6 % en 1998/99 à 30 % en 2000/01. Les établissements pré-primaires semblent connaître une prédominance excessive des enseignantes, comme l’indique le tableau ci dessous.

Tableau 8 Les femmes dans l’enseignement scolaire

Niveaux

1998/1999

1999/2000

2000/2001

Pourcentage de femmes

Femmes

Total

Pourcentage de femmes

Femmes

Total

Pourcentage de femmes

Femmes

Total

Pré-primaire

97,0

312

321

98,0

314

320

97,5

318

326

Primaire

34,9

1 951

5 576

37,4

2 330

6 229

36,0

2 710

6 668

Secondaire du premier cycle

12,3

149

1 208

12,7

167

1 312

11,6

160

1 377

Secondaire du deuxième cycle

11,4

112

982

10,4

109

1 047

9,6

115

1 188

Instituts de formation des maîtres

7,8

3

38

6,25

2

32

29,7

11

37

Enseignement technique et professionnel

3,9

4

101

8,6

9

104

5,2

9

173

Source  : Indicateurs essentiels de l’éducation du Ministère de l’éducation, 2000/2001.

Au Ministère de l’éducation, on compte deux femmes qui dirigent des sections avec le grade de directrice (sur un total de neuf personnes à ce niveau). Il n’y a pas de femme occupant des postes de directeur général ou de directeur d’un bureau régional du Ministère. On peut donc dire que tous les postes de haut niveau du secteur de l’éducation sont entre les mains des hommes. Il est stupéfiant de constater qu’il y a très peu de femmes chefs d’établissement et presque pas de d’inspectrices. Il est donc clair que les femmes sont insuffisamment représentées dans les postes élevés du système éducatif.

Tableau 9 Les directrices d’écoles primaires

Région

Total

Femmes

Pourcentage de femmes

Debub

214

6

2,80

Anseba

110

7

6.36

Nord de la mer Rouge

79

6

7,5

Gash-Barka

153

3

0,02

Maekel

108

10

9,25

Sud de la mer Rouge

24

NA

Source  : Ministère de l’éducation, Bureau régional.

Les bourses et allocations pour études sont octroyées sans distinction de sexe ou d’origine ethnique; cependant, la participation des femmes aux programmes d’enseignement professionnel et technique supérieur est actuellement très faible. Les femmes sont encouragées à obtenir des bourses, mais on n’a pas envisagé d’en réserver un certain nombre pour elles.

Tableau 10 Nombre de femmes inscrites à 1’Université (1998-2001)

Période

1998/1999

1999/2000

2000/2001

Femmes

540

592

652

Total

3 994

4 135

4 628

Pourcentage de femmes

13,52 %

14,31 %

14,1 %

Source  : Affaires académiques, Université d’Asmara 2000/2001.

Le taux d’inscription des femmes dans des programmes conduisant à des diplômes ou certificats varie entre 13 et 14 %. On a enregistré une légère augmentation de ces inscriptions en 2001. Toutefois, la participation des femmes reste très inférieure à celle des hommes. D’autre part, les statistiques de l’université indiquent aussi que les étudiantes semblent avoir une préférence nette pour les sciences sociales. Par exemple, en première année d’études, pour 1999/2000, 47 étudiantes se sont inscrites en sciences naturelles contre 136 en sciences sociales. Pour 2000/2001, les chiffres correspondants étaient de 62 en sciences naturelles contre 128 en sciences sociales. Il est difficile d’en tirer une conclusion, mais l’on peut dire que les étudiantes ont tendance à préférer les sciences sociales.

Tableau 11 Femmes ayant obtenu un titre universitaire (l991-2001)

Grade

Diplôme

Certificat

Total général

Spécialisation

Hommes

Femmes

Total

Hommes

Femmes

Total

Hommes

Femmes

Total

Total

Pourcen-tage

Sciences naturelles

686

79

765

20

2

22

787

16,6

Sciences médicales

66

17

83

34

4

38

..

..

121

2,6

Lettres et sciences sociales

462

64

526

164

42

206

105

33

138

870

18,4

Commerce, économie

882

156

1 038

290

164

454

262

77

339

1 831

38,7

Pédagogie

85

15

100

212

15

227

327

6,9

Agriculture et hydrologie

407

59

466

11

4

15

481

10,2

Ingénierie

75

2

77

228

14

242

319

6,7

Total

2 663

392

3 055

939

243

1 182

387

112

499

4 736

100

Pourcentage

87,2

12,8

100

79,4

20,6

100

77,6

22,4

100

Source : Chiffres établis d’après des statistiques de l’Université

Concernant les postes établis de l’Université, on compte très peu de femmes titulaires. Par exemple, elles occupent deux postes de doyen (sur 8) et un poste de directeur (sur 9).

On a proposé récemment de créer un centre de recherche, d’études et d’information sur l’égalité entre les sexes à l’Université d’Asmara. Ce centre serait dirigé par un comité directeur intégré de façon appropriée à la structure de l’université et assisté par une commission consultative composée de représentants d’institutions compétentes (ME, UNFE, UNJEE) et d’autres organisations.

Il s’agirait de créer un centre de haut niveau spécialisé dans les questions concernant les femmes et l’équité entre les sexes; il produirait des données fiables pour servir de base à l’élaboration des politiques générales et concentrerait son attention sur l’éducation. Ce centre devrait jouer un rôle central dans la définition des problèmes cruciaux, rassembler les connaissances et informations requises pour permettre l’élaboration de stratégies visant à assurer un engagement des femmes dans le développement de la nation.

Programmes et stéréotypes fondés sur le sexe

Les programmes, les examens, les techniques d’évaluation, les mesures de discipline scolaire, les qualifications des enseignants, les bâtiments et le matériel scolaires sont les mêmes pour les élèves des deux sexes. Cependant, même si tous les cours sont obligatoires et ouverts à tous les élèves, il peut y avoir des problèmes d’accès dans les éventualités suivantes :

1.Les filles sont harcelées ou intimidées par les garçons lorsqu’elles suivent certains cours (interaction entre élèves).

2.Le contenu du programme d’une matière donnée est familier aux garçons, mais inconnu des filles (pertinence).

3.Les enseignants accordent un traitement préférentiel aux garçons, consciemment ou inconsciemment, dans certaines disciplines (traitement préférentiel).

4.Les filles sont systématiquement découragées d’entreprendre une certaine carrière, ou ne sont pas informées des possibilités de carrière offertes par certaines disciplines (choix de carrière restreint).

Par conséquent, des efforts importants ont été déployés par le Ministère de l’éducation (ME) pour définir les problèmes posés par les stéréotypes et pour exclure ceux-ci des programmes de l’enseignement. Certains concepts et illustrations graphiques stéréotypés ont été éliminés du matériel pédagogique, c’est-à-dire des manuels scolaires, des livres de maîtres, des brochures et des affiches. Cependant, il reste encore du travail à faire pour changer et améliorer le texte des manuels et certaines présentations qui sont encore phallocratiques.

Le ME se propose d’élaborer des manuels de sensibilisation à l’équité entre les sexes et d’organiser des cours de formation, afin de promouvoir et de garantir une attitude et un traitement équitables vis-à-vis des deux sexes et de prévenir tout acte de discrimination dans l’enseignement. Une séance de formation pertinente est régulièrement organisée à l’Institut de formation des maîtres d’Asmara, à l’intention des étudiants qui vont recevoir leur diplôme et enseigner dans le primaire. Étant donné l’importance capitale que revêt la sensibilisation des enseignants, l’Institut a récemment élaboré un manuel de formation intitulé « L’enseignant sensible à l’équité entre les sexes » qui sera incorporé dans le programme de pédagogie.

Il faut reconnaître la valeur de la politique d’éducation et d’écoles mixtes suivie par le Ministère, laquelle contribue considérablement à élimIner les stéréotypes de l’éducation.

On relève une certaine attitude à l’égard des disciplines choisies par les jeunes filles à l’école. Chacun est convaincu que les filles préfèrent les études sociales, considérées comme mineures, aux sciences naturelles. Cette attitude a contribué à encourager les filles à s’orienter vers les zones mineures et a influé sur leur très faible taux de réussite en mathématiques, physique, chimie etc... Par exemple, la participation des filles à l’enseignement technique est de 14 % et leur taux de succès est inférieur à 10 %. En revanche, les jeunes filles et les femmes sont nettement majoritaires dans les écoles commerciales où elles suivent des cours de secrétariat et de gestion des bureaux.

Il est très difficile de prouver que les jeunes filles préfèrent les filières mineures, car on ne dispose pas de données pertinentes précises. Mais il est de fait que presque tous les élèves du niveau du secondaire du premier cycle ont des notes en dessous de la moyenne en mathématiques; 14,88 % d’entre eux seulement passent l’examen pour accéder au deuxième cycle. En 2001, Le ME, a, avec le soutien de l’UNICEF et de l’UNESCO, mené une enquête sur le suivi des acquis scolaires des enfants dans 60 écoles primaires représentant six régions et tous les groupes ethniques. Les classes de 9e et de 7e ont été ciblées et les résultats indiquent que tous les élèves étaient moins bons en mathématiques et en connaissances générales et que les notes des filles étaient bien inférieures à celles des garçons, comme l’indique le tableau ci-.dessous.

Tableau 12 Suivi des acquis scolaires en 7e

MML

DML

Discipline

Homme

Femme

Sig.

Homme

Femme

Sig.

emm

Anglais

59,1

48,5

0,000

16,1

9,5

0,000

Langue maternelle

72,7

74,4

0,397

19,0

15,6

0,045

Mathématiques

16,5

10,5

0,000

3,3

1,20

0,001

Connaissances générales

40,0

25,0

0,000

3,4

1,1

0,003

Résultat combiné

36,6

26,8

0,000

3,3

2,4

0,001

Source  : ME, Département de l’instruction élémentaire.

L’enquête n’indique pas vraiment les raisons pour lesquelles les résultats des filles sont inférieurs à ceux des garçons, ni si des stéréotypes fondés sur le sexe présents dans le processus d’enseignement ont contribué à ces disparités. Il faudrait éclaircir cette question.

En 1999/2000, 2 905 jeunes filles se sont présentées à l’examen du certificat national de l’enseignement secondaire, requis pour entrer à l’université, et seulement 161 d’entre elles (5,5 %) ont réussi. Ceci indique que les résultats obtenus par les jeunes filles aux niveaux scolaires plus élevés ne sont vraiment pas satisfaisants (en fait, ce problème apparaît dès le primaire) et méritent une attention particulière.

Il existe un petit nombre de programmes, organisés par l’UNFE et l’UNJEE pour améliorer les résultats scolaires des jeunes filles, notamment en mathématiques et en sciences naturelles; ces programmes offrent des cours de rattrapage aux jeunes filles faibles en mathématiques et en physique .Le ME n’a pas encore pu agir pour réduire le nombre des élèves féminines qui abandonnent l’école et pour organiser des programmes à l’intention des femmes et des jeunes filles qui ont quitté l’école prématurément.

Le Ministère n’a pas encore élaboré un document de politique générale portant sur l’éducation des filles. Un projet intitulé Enquête et établissement d’une politique nationale d’éducation des filles et soutenu par l’UNICEF, est en cours; il a pour but d’établir la documentation nécessaire.

Enseignement spécial

Il y a deux écoles non gouvernementales pour les sourds et une école publique pour les aveugles; elles accueillent au total 213 élèves, dont 50.% sont de sexe féminin. Le nombre des enseignants qualifiés (dont plus de 50 % sont des femmes) est insuffisant. Ces écoles utilisent les programmes d’instruction élémentaire du primaire et n’offrent pas d’activités de formation particulières conçues pour ces catégories d’élèves. Les statistiques pour la période 1998-2001 n’indiquent pas de disparités entre les sexes en ce qui concerne les inscriptions et la participation à ces programmes spéciaux. Selon le ME, il y a naturellement beaucoup d’autres enfants qui ont des besoins particuliers différents; on est en train de les identifier et de les classer.

Éducation des adultes

Le Programme national d’alphabétisation du ME indique explicitement que l’un de ses objectifs principaux est de :

réduire les disparités entre les sexes en matière d’alphabétisation, en accroissant la participation des femmes aux programmes d’alphabétisation.

À cet fin, des efforts vigoureux ont été déployés pour encourager les femmes à participer au programme, afin de réduire le taux élevé d’analphabétisme qui prévaut chez celles-ci. L’enseignement est effectué dans la langue maternelle pour faciliter le processus; des livres élémentaires et d’autres lectures supplémentaires sont disponibles dans 8 des 9 langues autochtones. Plus de 60 bibliothèques rurales ont été créées, afin d’encourager les membres des communautés à lire des livres simplifiés et des publications locales et pour appuyer le processus d’apprentissage. Ce programme est aussi renforcé par l’ouverture de centres d’écoute radiophonique, où les femmes et d’autres membres de la communauté peuvent écouter des programmes radiodiffusés d’éducation des adultes dans leurs classes respectives.

Quatre-vingt-dix pour cent des participants au Programme national d’alphabétisation sont des femmes, y compris des agricultrices et des semi-nomades. La participation féminine est en général très élevée dans deux groupes ethniques (23-64 %), tandis que dans les autres groupes ethniques elle est très faible (l-3 %). La Division de l’éducation des adultes et d’autres organismes concernés devraient accorder une priorité particulière à ces groupes désavantagés. Les cours sont dispensés dans 1 045 centres répartis dans s’ensemble du pays. À la fin des cours, les élèves savent lire et écrire et ont des connaissances élémentaires en mathématiques.

Plus de 52.000 adultes, dont 90 % de femmes, se sont inscrits dans les programmes d’alphabétisation animés par la Division de l’éducation des adultes du Ministère de l’éducation pendant l’année 2000/2001. Le secret du succès du programme réside dans la participation de plus de 2 500 jeunes enseignantes qui se sont rendues dans chaque village et chaque centre d’alphabétisation pour éduquer avec zèle et conviction un grand nombre de participantes.

Ce programme a été mené par la Division de l’éducation des adultes, qui a bénéficié de la remarquable coopération de l’administration locale et de l’UNFE. Par exemple, à la suite d’une demande de l’UNFE et de la Division, le PAM a commencé, en février 2002, a fournir des produits alimentaires au programme « Des vivres contre une formation » du ME, dont ont bénéficié 6 000 adultes inscrits dans 72 centres d’alphabétisation situés dans les régions d’Anseba et du nord de la mer Rouge. La Division a depuis lors enregistré une amélioration de l’assiduité des élèves et une réduction du taux d’abandon.

Tableau 13 Participation des femmes aux programmes d’alphabétisation

Zoba (Région)

1er niveau

2e niveau

3e niveau

Hommes

Femmes

% de femmes

Hommes

Femmes

% de femmes

Hommes

Femmes

% de femmes

Maekel

10

1 564

99,3

15

1 046

98,5

7

205

96,6

Debub

1 001

13 592

93,14

300

7 097

95,9

57

2 095

97,3

Anseba

638

4 419

87,38

308

2 521

89,1

158

1 201

88,3

Gash-Barka

1 580

6 310

79,97

399

2 646

86,8

84

506

85,7

S.K. Bahri

272

2 481

90,11

111

1 115

90,9

17

449

96,3

D.K. Bahri

133

382

74,17

20

67

77,0

2

23

92,0

T otal

3 634

28 748

88,7

1 153

14,492

92,6

325

4 479

93,2

Source  : ME, Statistiques de la Division de l’éducation des adultes, 2000/2001.

En juillet 2002, la Division de l’éducation des adultes a reçu le Prix Association internationale pour la lecture de l’UNESCO pour avoir obtenu les meilleurs résultats dans ses programmes d’alphabétisation.

Avant l’institution, en 1997, du Programme national d’alphabétisation, l’UNFE et d’autres ONG locales avaient réussi à lancer dans l’ensemble du pays une large campagne couronnée de succès contre l’analphabétisme des femmes, dont avaient bénéficié plus de 30 000 femmes et jeunes filles

Grâce à l’effet combiné de ces mesures, on a enregistré, au cours des cinq dernières années, une amélioration marquée du taux d’alphabétisation des femmes. Actuellement 49 % d’entre elles savent lire et écrire contre 34,1 % en 1995.

Sports, arts visuels et éducation sexuelle

Les jeunes pratiquent filles ne sont pas séparées des garçons lorsqu’elles pratiquent les sports dans les écoles et les clubs de jeunesse, ou lorsqu’elles suivent des cours d’arts visuels. Étant donné que l’éducation physique fait partie du programme scolaire en tant qu’activité obligatoire à laquelle les élèves des deux sexes doivent participer, on n’a pas enregistré de problème à cet égard. En outre, des femmes sont nommées au sein de toutes les fédérations sportives placées sous l’égide du ME.

L’éducation sexuelle commence au niveau du secondaire du premier cycle dans le cadre des cours de biologie destinés aux adolescents. Cependant, le programme le plus pertinent dans ce domaine, au niveau du secondaire du deuxième cycle, fait partie des activités orientées vers la jeunesse de l’UNJEE, au cours desquelles les questions relatives au HIV/sida, à la planification de la famille et aux grossesses des adolescentes sont largement traitées.

En fin de compte, le succès du programme d’éducation, en général, et l’amélioration de l’éducation des filles, en particulier, sont essentiellement tributaires des efforts coordonnés des « trois piliers de l’éducation », à savoir les parents, les élèves et le Gouvernement.

Article 11 Emploi

Les femmes occupent divers types d’emplois; certaines sont employées à plein temps dans les secteurs public ou privé, d’autres travaillent à temps partiel, d’autres encore sont des travailleuses indépendantes ou des employées saisonnières. Davantage de femmes sont employées dans les villes que dans les zones rurales.

Quatre-vingt-dix pour cent des femmes des zones urbaines qui travaillent sont payées en espèces. En revanche, les femmes rurales ne sont généralement pas payées en espèces et, le plus souvent, travaillent à leur compte ou pour des parents (environ 40 %). Les données relatives aux femmes qui ont un emploi indiquent que la majorité des travailleuses (55 %) sont actives dans l’agriculture : 44 % d’entre elles travaillent sur leur propres terres, 6 % travaillent pour d’autres personnes et 5 % travaillent sur des terres appartenant à leur famille. Les femmes qui ne travaillent pas dans l’agriculture se répartissent dans d’autres secteurs, dans des proportions qui vont de 9 % dans les activités de vente et de service à 13 % dans les travaux domestiques. Une femme employée sur dix est une spécialiste, une technicienne ou une gestionnaire.

D’après les estimations, la part des femmes dans la population économiquement active se répartit comme suit : 5,1 % dans les secteurs spécialisés et techniques; 0,2 % dans les postes administratifs et de gestion; 5 % dans le secteur public et les emplois de bureaux; 5,7 % dans les activités de vente; 17,3 % dans les services; 50 % dans l’agriculture; 15,5 % dans les activités de production et tâches assimilées.

Une récente enquête sur le développement des ressources humaines menée par le Ministère du commerce et de l’industrie (MCI) indique que le secteur industriel est encore relativement petit et emploie environ 25 000 personnes; les principales branches de l’industrie sont le textile, le cuir et la chaussure, la métallurgie et les métaux, ainsi que le secteur non métallique. La part des femmes dans la main-d’oeuvre employée semble importante et représente 40 % de celle-ci.

Cette situation est examinée de façon plus détaillée dans une étude du secteur privé portant sur les microentreprises et les petites et moyennes entreprises, qui indique que environ 40 % de la main-d’oeuvre de ces entreprises est féminine. Dans ces trois groupes d’entreprises, les femmes représentent environ 45,7 % de la main-d’oeuvre des microentreprises, 37,9 % des petites entreprises et 28,8 % des moyennes entreprises. Dans le groupe des microentreprises, le secteur manufacturier possède la proportion la plus élevée d’employées, suivi par le secteur commercial (41,9 %) et celui des services (24,8 %). Voir le tableau ci-après.

Tableau 14Proportion globale (%) de femmes dans la main-d’oeuvre totale de certaines catégories de microentreprises et de petites et moyennes entreprises.

Taille, localisation et type de propriété

Pourcentage de femmes dans chaque secteur économique

Total

Secteur manufacturier

Commerce

Services

Taille

Microentreprises

69,0

41,9

24,8

45,7

Petites entreprises

29,0

45,5

24,9

37,9

Moyennes entreprises

22,9

36,9

26,0

28,8

Localisation

Urbaine

36,7

45,4

26,2

40,0

Rurale

74,4

37,3

19,9

46,7

Type de propriété

Exclusivement masculine

9,7

21,9

7,8

17,0

Exclusivement féminine

89,0

77,9

74,3

81,1

Mixte

46,5

36,7

27,0

36,3

Branche d’une entreprise

24,6

29,6

31,8

30,0

Autre

54,6

39,9

58,1

53,9

Total

51,7

42,9

25,0

42,1

Les entreprises appartenant à des femmes constituent près des deux tiers de celles du secteur manufacturier, qui comprend des activités mineures comme la fabrication de boissons locale, la vannerie, le tressage de nattes etc.. Dans le secteur des services, les femmes sont moins présentes, excepté dans la coiffure et les activités de location. Dans le domaine commercial, plus de la moitié des hôtels, auberges, restaurants, bars, salons de thé et débits de boissons traditionnels, qui vendent de la nourriture et d’autres produits, appartiennent à des femmes.

La proportion de femmes présente dans la main-d’oeuvre des grandes entreprises est presque identique à celle qui se trouve dans les microentreprises et dans les petites et moyennes entreprises. Ainsi, les femmes représentent 41,5 % de la main-d’oeuvre dans les grandes entreprises, contre 42,1 % dans les entreprises de plus petite taille susmentionnées.

Si l’on examine le taux de croissance de la main-d’oeuvre entre le lancement de l’entreprise et l’époque actuelle, on constate que le taux moyen de croissance est de 6,56 % pour les femmes contre 4,24 % pour les hommes.

Dans la fonction publique, les femmes constituent 30,02 % des effectifs (fonctionnaires permanents), qui sont estimés à 21 000 personnes, et 33,5 % des contractuels.

Mesures constitutionnelles et législatives

Les femmes érythréennes, en tant qu’êtres humains, jouissent du droit au travail conformément à la Constitution et à la législation. Il est évident que le travail est devenu plus une nécessité qu’un droit pour les femmes, en Érythrée Ceci est d’autant plus vrai que 46,7 % des familles sont dirigées, pour diverses raisons (veuvage, divorce, séparation, abandon ou célibat), par une mère célibataire qui doit trouver du travail pour gagner sa vie.

La proclamation relative au travail No 118/2001 prévoit l’égalité des chances pour les femmes et des mesures de protection de la maternité.

L’article 65 de cette proclamation (concernant les mesures générales de protection) stipule que

1. Les femmes ne peuvent faire l’objet de discrimination fondée sur le sexe concernant leur emploi, leur traitement pendant cet emploi ou leur rémunération.

2. Le Ministre peut, lorsqu’une femme se plaint de discrimination en vertu de l’alinéa 1, déterminer s’il y a eu discrimination fondée sur le sexe. S’il décide qu’il y a eu discrimination, le Ministre peut exiger que l’employeur concerné rectifie la situation.

3. La femme ou l’employeur peut introduire un recours contre la décision du Ministre devant la Haute cour, dans les 15 jours qui suivent la notification de la décision.

Toutefois, cette proclamation ne s’applique pas aux employés des forces armées et des forces de police ou de sécurité, à la fonction publique ou aux juges et procureurs; ainsi, les femmes employées dans la fonction publique, en vertu d’une autre législation, n’ont que 45 jours de congé de maternité (contre 60 prévus dans la proclamation susmentionnée). D’après l’administration centrale du personnel, un groupe de travail est en train de rédiger un code de la fonction publique qui prendra en considération les intérêts des femmes. L’UNFE et d’autres entités concernées devraient être représentées dans ce groupe de travail et consultées en ce qui concerne les questions d’équité entre les sexes.

Les femmes ont le droit de choisir leur profession et leur emploi avant et après le mariage. Elles ont le droit d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur époux. Les femmes qui ont un emploi exercent leur droit de décider de quelle manière elles dépensent leur salaire, ce qui peut être considéré comme un indicateur de leur statut. Selon l’enquête démographique et sanitaire de 1995, 72 % des femmes salariées décident seules de la manière dont elles dépensent leur argent, 15 % décident conjointement avec leur mari ou partenaire et moins d’un demi pour cent des salariées a indiqué que leur mari décidait seul de l’utilisation de leur salaire.

Sélection et recrutement

Il est difficile de prouver l’existence d’une discrimination cachée concernant les possibilités d’emploi et le processus de sélection, car celui-ci est administré par des commissions de recrutement où il peut y avoir discrimination. Les emplois disponibles sont publiés et sont ouverts aux personnes des deux sexes, excepté dans certains cas où l’on recherche des candidats de sexe masculin. Une enquête menée auprès des entreprises industrielles sur les préférences en matière d’emploi indique que environ 46 % des entreprises préfèrent employer des hommes, 3 % seulement préfèrent employer des femmes et 47 % n’ont pas de préférence à cet égard.

Dans quelques cas, des mesures palliatives sont prises pour ouvrir des possibilités aux candidates (par exemple en ce qui concerne les postes d’enseignants des écoles primaires) et maintenir un équilibre entre les sexes. Toutefois la proportion de femmes reste de 37 % dans ce secteur.

Tableau 15 Recrutement des demandeurs d’emploi par profession, sexe et année

Profession

Sexe

1996

1997

1998

1999

2000

2001

Nombre total de personnes

Pourcentage de femmes employées

placées

enregistrées

Législateurs, fonctionnaires de rang élevé et dirigeants

H

6

12

2

4

4

28

274

F

1

2

3

52

9,6

T

6

12

2

5

6

31

326

Cadres

H

111

106

184

152

32

23

608

1 969

F

34

5

37

50

15

13

144

699

19,1

T

135

111

221

202

47

36

752

2 668

Techniciens et cadres auxiliaires

H

99

134

59

36

19

26

373

1 627

F

9

8

3

12

3

19

54

408

12,6

T

108

142

62

48

22

45

437

2035

Commis

H

286

436

337

249

82

70

1 460

15 398

F

132

194

261

223

169

103

1 082

10 297

42,5

T

418

630

598

472

251

173

2 542

25 695

Personnel des services et des ventes

H

127

135

259

74

25

34

634

1 321

F

52

83

162

80

123

78

578

1 003

46,9

T

179

218

421

154

148

112

1 232

2 324

Travailleurs spécialisés de l’agriculture et de la pêche

H

18

16

20

45

67

7

173

457

F

2

1

13

10

1

27

19

13,5

T

18

18

21

58

77

8

200

476

Artisans et assimilés

H

1 549

4 807

2 492

1 222

592

870

11 532

14 722

F

68

11

83

81

72

34

349

1 147

2,9

T

1 617

4 818

2 575

1 303

664

904

11 881

15 869

Conducteurs de machines et assembleurs

H

169

413

1 248

365

161

189

2 545

5 546

F

6

24

29

31

19

3

112

104

4,2

T

175

437

1 277

396

180

192

2 657

5 650

Emplois élémentaires

H

4 376

8 954

7 373

3 356

2 676

1 644

28 379

33 018

F

905

1 570

1 623

1 167

1 073

435

6 773

15 694

19,2

T

5 281

10 524

8 996

4 523

3 749

2 079

35 152

48 712

Total général

H

6 741

15 013

11 974

5 503

6 654

2 867

45 752

74 332

71,6

F

1 196

1 897

2 199

1 658

1 484

688

9 122

29 423

28,3

T

7 937

16 910

14 173

7 161

5 138

3 555

54 874

103 755

Source  : Division du recrutement du Bureau du travail.

Les statistiques ci-dessus indiquent que le nombre de femmes placées dans des postes de cadres et de dirigeants est en général très faible comparé au nombre d’entre elles placées dans des postes de commis et de service. Elles montrent aussi que 28 % seulement des demandeuses d’emploi ont réussi à trouver un emploi : il est évident que les possibilités d’emploi sont moindres pour les femmes que pour les hommes (71 %).

Ceci pourrait appeler l’attention sur la question du processus de recrutement et de sélection, qui a peut-être besoin de directives précises, afin que les commissions de recrutement non seulement garantissent l’égalité des chances en matière d’emploi, mais aussi pratiquent la discrimination positive, afin de maintenir un équilibre entre les sexes dans ce domaine.

Disparités en matière de salaires

Les salaires varient selon les secteurs, les professions, la taille des entreprises et d’autres facteurs. Pendant l’époque coloniale, il y avait des disparités marquées entre les salaires des travailleurs et ceux des travailleuses. Pour le même type d’emploi, les salaires masculins étaient beaucoup plus élevés que les salaires féminins. Cependant, dans l’Érythrée indépendante, les salaires sont établis selon les postes et positions d’après les mérites et qualifications des intéressés et non d’après leur sexe. Bien que la loi sur le travail spécifie clairement (art. 41) que l’employeur doit payer un salaire de départ égal pour le même type de travail, en pratique, on constate que, dans les entreprises privées, les travailleurs sont mieux payés que les travailleuses. Il est aussi vrai qu’ils sont favorisés par rapport à celles-ci en matière d’augmentations salariales et de promotion.

Autre phénomène significatif, des femmes érythréennes émigrent pour aller travailler à l’étranger, non seulement de façon officielle, grâce à des contrats conclus par des agents enregistrés auprès du Bureau du travail, mais aussi de façon illégale. Dans la plupart des cas, ces femmes travaillent comme employées de maison, mais certaines d’entre elles ont des emplois de cadres très recherchés. Elles contribuent au bien-être de leurs familles par leurs envois de fonds et sont devenues des sources fiables de devises pour l’économie nationale. On ne dispose pas actuellement de données et de statistiques détaillées sur les femmes qui travaillent à l’étranger. L’article 7 de la proclamation concernant le travail prévoit que les droits des Érythréennes qui travaillent à l’étranger doivent être protégés et que le Gouvernement doit s’efforcer, par l’intermédiaire de ses ambassades et consulats, de faire en sorte que les droits et la dignité des Érythréens travaillant à l’étranger soient protégés.

Congés de maternité

L’article 66 de la proclamation concernant le travail protège le droit au congé de maternité et aux avantages pertinents :

1) Une employée enceinte a à un congé payé pour aller subir un examen médical lié à sa grossesse.

2) Une employée enceinte a droit à 60 jours consécutifs de congé payé de maternité à compter du jour suivant son accouchement. Cependant, elle peut décider de prendre ce congé en deux parties, l’une précédent la date prévue de l’accouchement et l’autre suivant celui-ci.

3) Une employée qui tombe malade à la fin de son congé de maternité a droit à un congé de maladie en vertu de l’article 62 de la proclamation (six mois de congé, dont le premier mois avec plein salaire, les deux suivants avec un demi-salaire et les trois derniers sans rémunération).

Le congé de maternité n’a pas d’effet sur les congés annuels; en fait, ils sont traités séparément. Une femme enceinte a le droit de combiner son congé de maternité et ses congés annuels.

Il convient de noter que la loi relative au travail ne prévoit pas de congé de paternité.

L’article 67 de la proclamation prévoit des conditions d’emploi stables pour les femmes enceintes. Si le travail d’une femme enceinte est dangereux pour sa grossesse ou pour sa santé, elle a le droit d’être mutée avec le même salaire et d’être réintégrée dans son ancien emploi à la fin de son congé de maternité. Elle est aussi exemptée d’effectuer du travail de nuit ou des heures supplémentaires.

Le sexe d’une employée n’est pas considéré comme un motif légitime de licenciement (art. 23). Ce point est confirmé plus précisément par l’article 67 de la proclamation qui stipule qu’un employeur ne peut licencier une employée en congé de maternité ou en congé de maladie à cause d’une affection causée par sa grossesse; il ne peut pas non plus lui donner un préavis de licenciement.

Services de garderie pour les employées

Il est devenu extrêmement difficile pour beaucoup de femmes de concilier leurs responsabilités familiales et leur travail. Étant donné la pénurie de jardins d’enfants communautaires abordables (lesquels lorsqu’ils sont disponibles n’offrent qu’une demi-journée de garde) et l’absence totale de services de garde d’enfants sur les lieux de travail, les employées sont confrontées à une situation décourageante. Dans la plupart des cas, les mères des zones urbaines et rurales s’adressent à des membres de leur famille élargie ou à des amis pour faire garder leurs enfants. Cette situation devrait s’améliorer grâce au programme de développement des jeunes enfants qui bénéficie de l’aide de la Banque mondiale et donne priorité aux services de garde d’enfants, à l’amélioration de la composante éducative de ces services et à la formation des employées des garderies. Des services d’accueil préscolaires pour les enfants âgés de 3 à 6 ans sont disponibles dans environ 91 écoles dans l’ensemble du pays.

La question de la fourniture de services de garde d’enfants en tant que condition de travail n’est pas traitée dans la proclamation relative au travail. Cependant, en vertu de l’article 99 concernant les négociations collectives, une association d’employés a le droit de négocier un accord collectif concernant les conditions de travail et les procédures d’établissement des règles régissant ces conditions, ainsi que la résolution des réclamations (art. 102, par.4). Les employés sont donc en mesure de soulever, dans le cadre des négociations collectives, cette question qui a une grande importance pour créer, sur le lieu de travail, un environnement favorable aux employées et à leurs enfants. De la même façon, il est recommandé de créer des groupes de pression vigoureux au sein des associations d’emp1oyeurs et des confédérations de travailleurs, afin de convaincre les employeurs qu’il est essentiel d’organiser des services de garderies sur le lieu de travail.

Tâches domestiques et travail des enfants

D’une façon générale, les tâches domestiques ne sont pas considérées comme un travail qui a un effet sur le PNB. Un employé de maison est défini par l’article 39 de la proclamation concernant le travail comme une personne engagée principalement pour accomplir des tâches domestiques, par exemple un jardinier, un gardien ou un chauffeur. Les travaux ménagers accomplis par une employée de maison rémunérée entrent dans cette catégorie. Mais les tâches non rémunérées effectuées dans la maison, dans l’agriculture ou dans d’autres secteurs ne sont pas encore reconnues comme un travail qui contribue à augmenter le PNB sur le plan national.

En vertu de l’article 68 de la proclamation concernant le travail, il est interdit d’employer une personne âgée de moins de 14 ans; de plus, un jeune employé (14-18 ans) ne doit pas travailler plus de 7 heures par jour [l’horaire de travail normal ne doit pas excéder 8 heures par jour et 48 heures par semaine (art. 48)].

Autrefois, certaines usines (allumettes, textiles etc...) employaient des jeunes filles n’ayant pas l’âge requis et exploitaient cette main-d’oeuvre féminine en lui payant des salaires très bas et en exigeant de longues heures de travail, y compris du travail de nuit. Aujourd’hui, ce type de travail n’est pas courant, mais on ne peut nier que de nombreuses jeunes filles n’ayant pas l’âge minimum travaillent à leur compte ou sont employées dans l’industrie des services, afin de gagner leur vie et d’aider leur famille.

Loi relative à la sécurité sociale

Il n’existe pas encore de réglementation concernant la sécurité sociale, notamment en ce qui concerne les retraites, le chômage, la maladie, l’invalidité, la vieillesse et d’autres incapacités de travail. La loi relative au travail (article 84/85) donne au Ministre du travail et de la protection sociale le pouvoir d’établir une réglementation concernant la sécurité sociale et de présenter à l’Assemblée nationale un projet de loi régissant la création et l’administration d’une caisse de prévoyance pour les employés.

Possibilités de formation

On a généralement tendance à traiter les employés de sexe masculin et féminin sur un pied d’égalité en ce qui concerne la formation, le recyclage, l’apprentissage, la formation professionnelle supérieure et la formation des nouvelles recrues.

La formation constitue une obligation pour l’employeur, qui doit prendre des mesures afin d’assurer la formation de ses employées pour le travail qu’ils ont à accomplir (art. 20/6 de la proclamation). Cependant, il est très difficile de fournir des données ventilées par sexe concernant la formation en cours d’emploi dispensée par les entreprises privées, car ces données ne sont pas classées par sexe au moment de leur saisie.

Le Ministère de l’éducation et d’autres ministères organisent aussi des cours de formation de type non scolaire. D’après le tableau ci-après, les femmes participent essentiellement au cours de couture et de secrétariat.

Tableau 16Nombre de participants aux programmes organisés par le Ministère de l’éducation, le Ministère de la santé et le Ministère de l’agriculture (1993-1999).

Spécialisation

Hommes

Femmes

Total

Pourcentage de femmes

Conservation des sols, utilisation des semences et de l’eau

35 710

300

36 000

0,8

Couture

150

20 280

20 430

99,2

Dactylographie

1 250

11 930

13 180

90,5

Emploi des ordinateurs

2 630

5 890

8 520

69,1

Mécanique et conduite des tracteurs

4 740

1 730

6 460

26,7

Agriculture générale et vulgarisation

5 550

610

6 170

9,.8

Conservation des forêts et de la faune

5 580

0

5 580

0

Bâtiment et travaux publics

2 800

360

3 160

11,3

Travail du bois et des métaux

1 170

290

1 460

19,8

Santé animale et élevage

1 090

200

1 290

15,5

Gestion commerciale

180

700

890

78,6

Techniques et mécanique

300

0

300

0

Communications interpersonnelles

110

50

160

31,2

Hôtellerie et tourisme

10

110

120

91,6

Électricité

100

10

110

9,0

Plomberie

60

10

70

14,2

Pêche

0

30

30

100,0

Mécanique générale

20

6

26

23,0

Total

61 450

42 506

103 950

Source  : Département de l’éducation des adultes et de l’enseignement technique du Ministère de l’éducation

En outre, le Ministère de la défense a organisé des activités de formation de type non scolaire axées sur des métiers considérés comme « masculins », comme les conducteurs de camions, les charpentiers, les maçons, les plombiers etc. ..Environ 3 545 jeunes femmes membres du service national ont participé à cette formation; parmi elles, on compte 629 conductrices de tracteurs, 248 conductrices de machines, 20l plombiers et 171 électriciennes. Un bon nombre de ces participantes ont trouvé un emploi immédiatement après leur formation et réussissent très bien dans leur métier.

L’UNFE, l’UNJEE, la Confédération des travailleurs et d’autres ONG organisent des programmes de formation non scolaires pour les femmes (cours

de 3 à 6 mois), afin d’améliorer leurs capacités et de leur permettre de trouver un emploi ou de travailler à leur compte.

Article 12 Santé

Le Ministère de la santé (MS) est le principal prestataire de services de santé. Son objectif fondamental est de veiller à la santé physique, mentale et sociale de la population en intégrant méthodes préventives et curatives. La politique nationale de santé est fondée sur le concept et les principes des soins de santé primaires (SSP); elle est conçue et organisée de manière à servir les intérêts de la majorité de la population

Étant donné la mauvaise situation socioéconomique de la population et l’état catastrophique de l’infrastructure sanitaire au moment de l’indépendance, le Gouvernement a dû fournir des services de santé gratuitement ou à un coût symbolique. Cependant, en 1995, on a mis en place un système de remboursement des coûts basé sur une échelle mobile, les remboursements les plus faibles étant dus dans les dispensaires et 1es plus élevés dans les hôpitaux. Néanmoins ces remboursements ne permettent au MS de récupérer que 8 % des dépenses encourues pour les soins de santé fournis.

Ce Ministère encourage les ONG et le secteur privé à participer à la prestation de soins de santé. En 2000, on comptait au total 315 institutions de santé, dont 37 appartenaient à des ONG.

Le MS dispose d’environ 3 470 personnels de santé qualifiés, dont 52 % sont des femmes. Celles-ci sont majoritaires dans les professions suivantes : infirmières diplômées, sages-femmes, aides-soignantes, et techniciennes dentaires. Toutefois, concernant les postes administratifs, il y a 23 chefs de service dont 6 sont des femmes (26 %). On compte une femme parmi les six chefs de division et le poste de Directeur général est occupé par un homme.

Le service des soins de santé primaires (SSP), l’un des principaux départements du MS, est responsable de la promotion de la santé et de la prévention des maladies. L’instauration de programmes coordonnés de maternité sans risques et de prise en charge intégrée des maladies de l’enfant a constitué un grand progrès pour l’amélioration de la santé maternelle et infantile.

Par l’intermédiaire des unités sanitaires familiales et communautaires, le service des SSP donne priorité aux activités suivantes :

Améliorer la santé maternelle grâce au programme de maternité sans risques

Fournir des services d’hygiène procréative, y compris aux adolescents, et des services de planification de la famille

Fournir des services de santé scolaires

Sensibiliser la population afin d’éviter les pratiques traditionnelles nuisibles, comme les mutilations génitales des fillettes

Renforcer les capacités nécessaires à l’exécution des programmes de prise en charge intégrée des maladies de l’enfant (PCIME).

Disponibilité des installations sanitaires et accès à celles-ci

Le MS s’efforce de maintenir un vaste réseau d’installations sanitaires. Actuellement, 315 de ces installations fonctionnent dans l’ensemble du pays; elles comprennent 19 hôpitaux, 4 petits hôpitaux, 51 centres de santé, 179 postes sanitaires et 62 dispensaires. En outre, il y a des unités mobiles qui fournissent deux fois par mois des services multiples aux zones isolées.

Cependant, les principales préoccupations concernent :

l’accessibilité de ces installations aux femmes et aux enfants;

l’efficacité des services rendus;

les problèmes d’éloignement et le temps nécessaire pour atteindre l’installation la plus proche et aussi la présence de moyens de transport et de communication;

l’information dont disposent les femmes quant à l’usage de ces installations;

la disponibilité de personnel de santé qualifié;

D’après le MS, les services de santé sont organisés en trois niveaux. Le premier niveau est axé sur des services de prévention, de promotion et de soins et comprend les postes sanitaires (censés servir une population de 10 000 personnes et disposant d’une infirmière diplômée et d’une ou deux infirmières auxiliaires), viennent ensuite les centres sanitaires (censés servir 50 000 personnes et disposant de deux ou trois infirmières, d’auxiliaires, d’un laboratoire, d’un technicien etc. ..); puis les hôpitaux de premier contact et les hôpitaux centraux qui servent respectivement 50 000 à 200 000 personnes.

La distance à parcourir par les patients constitue sans aucun doute un élément déterminant en matière de prestation de soins de santé. Étant donné la nature du terrain, l’insuffisance des liaisons routières (pénurie d’ambulances et de moyens de communication radio, transport manuel de civières etc...), de nombreuses femmes résidant dans des zones isolées ne peuvent recevoir des services ce santé adéquats et subissent des complications lors de la grossesse et de l’accouchement. Les mères qui bénéficient de soins avant et pendant l’accouchement sont le plus souvent celles qui résident dans un rayon de 5 km d’un poste ou d’un centre sanitaire.

Par exemple, l’éloignement moyen d’une installation fournissant des soins obstétriques est de 8 km, qui est aussi la distance moyenne à parcourir pour atteindre un dispensaire. Toutefois, ceci varie d’une région à l’autre. Dans la région du nord de la mer Rouge et de Gash-Barka, les installations fournissant des soins obstétriques sont moins accessibles et leur éloignement moyen est d’au moins 15 km. Actuellement, 29 % des femmes mariées de la région du sud de la mer Rouge et 23% de celles de la région de Gash-Barka n’ont pas accès à des installations fournissant des soins obstétriques. La proportion de femmes actuellement mariées qui peuvent atteindre les services de soins obstétriques les plus proches en 60 minutes varie de 85 % dans la zone centrale à 15 % dans la zone de Gash-Barka.

Étant donné la capacité actuelle du MS concernant le développement de ses installations sanitaires, le personnel médical disponible et la pénurie de routes pour atteindre les villages isolés, une solution de rechange pourrait consister à habiliter les accoucheuses traditionnelles et les travailleurs sanitaires des collectivités afin de satisfaire les besoins locaux. En fait, ces personnes sont les prestataires de soins médicaux les plus immédiatement disponibles dans les zones rurales.

D’après l’enquête démographique et sanitaire de 1995, dans les zones rurales, les femmes ont plus de chances de trouver des accoucheuses traditionnelles que des sages-femmes pour les aider; il en va autrement dans les villes. On s’est efforcé de former et d’équiper les accoucheuses traditionnelles pour leur permettre de fournir de meilleurs services. Toutefois, seulement 10 % des femmes actuellement mariées ont à leur disposition une accoucheuse traditionnelle ayant bénéficié d’une formation, alors que 20 % d’entre elles ont accès à une sage-femme qualifiée. Il y a une pénurie de suppléments de fer, de vitamines multiples et d’anatoxine tétanique, médicaments requis pour les soins prénatals et obstétriques.

On pourrait faire davantage sur le terrain, si les accoucheuses traditionnelles pouvaient être formées de façon adéquate par le MS et si elles pouvaient recevoir des incitations pour les services qu’elles rendent à la collectivité. On a pu organiser des programmes de formation pour quelques-unes d’entre elles (environ 930 en ont bénéficié au cours des 10 dernières années), mais la question de rémunération n’est pas encore résolue et les collectivités rurales sont réticentes à payer ces services. Ainsi, les mères ne peuvent bénéficier, comme elles le souhaitent, des services d’accoucheuses traditionnelles formées. Le MS a récemment mené une enquête sur les connaissances, attitudes et pratiques des accoucheuses traditionnelles formées. Cette étude a confirmé que, en attendant que suffisamment de médecins, de sages-femmes et d’infirmières soient disponibles pour fournir des soins obstétriques d’urgence dans l’ensemble du pays, il importe de connaître les points forts et faibles des accoucheuses formées et de les habiliter, afin qu’elles contribuent à réduire le taux élevé de mortalité maternelle dans les collectivités.

Je suis toujours heureuse d’aider les mères à accoucher, mais les temps ont changé et la vie est devenue chère; je ne peux demander à mes clientes de me fournir un morceau de savon pour me laver les mains ou l’équipement que j’utilise pendant l’accouchement. De plus, j’ai peur de cette maladie mortelle, le VIH/sida; le pire, c’est qu’il n’y avait pas d’incitations avant et qu’il n’y en a toujours pas.

Une accoucheuse traditionnellequalifiée de la région de Debub

Tableau 17 Nombre d’accoucheuses traditionnelles formées pendant les 10 dernières années, par zone

Formation des accoucheuses traditionnelles

Sud de la mer Rouge

Nord de la mer Rouge

Anseba

Gash-Barka

Debub

Maekel

Total

Nombre total d’accoucheuses formées

130

210

75

175

199

141

930

Nombre en activité en 2000

126

167

56

154

193

141

837

Pourcentage en activité

96,9

79,5

74,7

88,0

97,0

100,0

90,0

Source  : Système de gestion des informations relatives à la santé du MS, déc. 2000.

L’attitude des mères à l’égard de l’utilisation des installations sanitaires constitue un autre facteur important. D’après l’enquête démographique et sanitaires de 1995, 51 % des femmes enceintes n’ont pas rendu visite à des services sanitaires pour y recevoir des soins prénatals. Le nombre moyen de visites prénatales n’était que de 4,3, ce qui est bien en dessous des 12-13 visites recommandées (une visite par mois pendant les premiers sept mois, deux visites pendant le huitième mois et, ensuite, des visites hebdomadaires jusqu’à la naissance). Les causes de cette situation peuvent être diverses, y compris la pénurie de moyens de transport, le manque d’information et de confiance dans le personnel médical et l’indifférence des membres de la famille. En fait, l’un des principaux obstacles à l’efficacité des Services médicaux réside dans le fait que l’on n’a pas organisé de programme de formation pour les sages-femmes au cours des dernières années.

Par conséquent, on peut dire que le Ministère devrait organiser des cours pour sages-femmes, afin de fournir aux centres et postes sanitaires un nombre suffisant de personnel qualifié, qui réduirait, sans aucun doute, le taux actuel de mortalité maternelle. D’autre part, les maris et les autres membres de la famille des mères doivent prendre conscience de l’importance des soins prénatals et devraient avoir l’obligation d’aider et d’encourager celles-ci à obtenir les soins de santé requis.

Fécondité et taux de mortalité maternelle (TMM)

Le taux de fécondité était de 6,1 enfants par femme pendant la période de procréation (15-49 ans). Le taux de fécondité des femmes des zones urbaines était nettement plus bas (4,2 enfants) que celui des femmes rurales (7,0). Le taux de fécondité est en diminution : il est tombé à 4,8 en 2002, le taux de fécondité est passé de 4,2 à 3,5 en zone urbaine et de 7,0 à 5,7 en zone rurale. L’une des causes de cette évolution pourrait être l’état de guerre récurrent et les problèmes consécutifs au conflit. Toutefois, l’accroissement du nombre de femmes qui poursuivent des études plus avancées devrait avoir pour effet des maternités plus tardives; ce qui réduirait le nombre d’enfants par tête.

Les progrès réalisés sont directement liés à l’amélioration des soins de santé primaires (SSP), aux soins d’hygiène procréative au programme pour une maternité sans risques et à la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant et, aussi au développement et à la meilleure accessibilité des services de santé fixes et mobiles dans les zones isolées. À ce jour, le pourcentage de services rendus en termes de couverture, est de 28,3 % pour un agent sanitaire et de 26,3 % pour les services de santé, ce qui constitue un net progrès par rapport aux 17,3 % enregistrés en 1995. Globalement, la couverture des services de soins prénatals est passée de 50 % en 1995 à 70 % en 2002.

Le taux de mortalité lié à la maternité est très influencé par la situation socioéconomique et culturelle des femmes concernées. On peut citer notamment les éléments suivants :

La circoncision ou l’infibulation sont des facteurs qui accroissent les risques liés à la grossesse et causent des complications lors de l’accouchement (réouverture des cicatrices ou dé-infibulation et ré-infibulation avant et après chaque accouchement, hémorragies vaginales, infections etc.. .);

Mariage précoce, grossesses prématurées;

Soins traditionnels et phytothérapie, qui retardent le recours aux soins médicaux;

Grossesse des adolescentes suivies d’avortements illégaux qui causent des hémorragies, des infections et la mort;

Malnutrition liée à la pauvreté;

Insuffisance d’information, d’éducation et de communication (IEC), c’est-à-dire pénurie d’informations concernant la santé au sein des familles;

Pénurie de moyens de transport et de communication (ambulances, autobus, téléphones etc...) et aussi de routes;

Éloignement des services de santé pour les habitants des villages, notamment en ce qui concerne les soins obstétriques d’urgence;

Pénurie d’accoucheuses traditionnelles et d’agents sanitaires des collectivités ayant reçu une formation;

Autres maladies transmissibles etc.

Tous ces éléments ont contribué au taux actuel de mortalité maternelle, qui d’après les estimations, est de 998 pour 100 000 naissances vivantes; 37 % de ce taux de mortalité concerne le groupe d’âge de 15-49 ans et porte sur divers stades du processus; pendant la grossesse, le taux de mortalité est d’environ 31 % il est estimé à 45 % lors de l’accouchement et à 24 % dans les deux mois qui suivent celui-ci. Afin de réduire ce taux élevé de mortalité maternelle, ainsi que les taux de morbidité et de mortalité néonatale et infantile, le MS donne priorité aux programmes de maternité sans risques. Ainsi, on a élaboré un protocole de gestion clinique de la maternité sans risques, afin de normaliser les soins que méritent de recevoir les femmes, les familles et les collectivités lorsqu’elles s’adressent au système de soins de santé. L’objectif de ce protocole est de servir de guide pour la gestion :

1. Des soins relatifs à la maternité;

2. Des urgences obstétriques;

3. De la planification de la famille et d’autres problèmes d’hygiène procréative.

Le facteur le plus important: concernant le programme pour une maternité sans risques est l’implication de la collectivité par l’intermédiaire des agents sanitaires et des accoucheuses traditionnelles. En diffusant de façon efficace des informations pertinentes et en développant l’éducation sanitaire, on prépare la mise en place de mécanismes préventifs et on favorise une utilisation appropriée des postes et centres sanitaires par les collectivités.

Afin de réduire le taux élevé de mortalité, on a aussi employé d’autres méthodes, comme le lancement du projet HAMSET (VIH/sida, paludisme, MST et tuberculose). Il s’agit d’un projet d’importance majeure, qui est coordonné par le MS et qui a pour but de s’attaquer aux causes principales de certaines maladies transmissibles comme le paludisme, la tuberculose et d’autres affections endémiques ou épidémiques, comme les MST ou le VIH/sida, en renforçant les efforts déployés par plusieurs ministères, par des organisations de femmes et de jeunes et par les collectivités, grâce à des campagnes de sensibilisation et de prévention.

Les femmes et les enfants sont les principaux bénéficiaires de ce projet, mais on ne dispose pas encore de données ventilées par sexe à cet égard. Le système de gestion des informations relatives à la santé du MS est en train de rassembler et de traiter les données pertinentes.

Grossesses chez les adolescentes et planification de la famille

Étant donné que les mariages précoces sont toujours pratiqués dans les zones rurales, des grossesses et des maternités prématurées sont susceptibles de se produire. Il s’agit d’un problème social majeur qui amène une femme-enfant à devenir mère. Les grossesses survenues chez des adolescentes à la suite de mariages précoces, les grossesses non désirées chez des adolescentes, les conséquences de viols etc... représentaient 23 % de toutes les grossesses selon l’enquête de 1995.

La grossesse est un état physiquement éprouvant pour les femmes, quel que soit leur âge, mais elle présente des risques sanitaires particuliers pour les adolescentes. Celles-ci sont plus particulièrement susceptibles de subir des complications pendant l’accouchement. De même, les enfants nés de mères très jeunes encourent des risques accrus de maladie et de décès. La proportion d’adolescentes en voie de créer une famille augmente rapidement avec l’âge : Elle passe de moins de 3 % à l’âge de 15 ans à 50 % à 19 ans. Une étude récente menée par le MS dans la région d’Anseba confirme une tendance croissante à la grossesse chez les adolescentes à la suite de mariages précoces. Il faudrait une intervention concertée du MS, du ME, du MCL, de l’UNFE, de l’UNJEE et d’autres ONG concernées pour freiner cette tendance croissante au développement de grossesses précoces chez les jeunes filles.

Les programmes d’hygiène procréative et de planification de la famille du MS jouent un rôle essentiel dans la réalisation des objectifs suivants :

Réduire le nombre de naissances non désirées, non planifiées et à haut risque, afin de contribuer à faire baisser le nombre d’avortements et le taux de mortalité néonatale et maternelle.

Encourager une participation active des hommes à la planification de la famille et leur implication dans les décisions concernant les rapports sexuels et la reproduction.

Prévenir les grossesses non désirées, les avortements et les maladies sexuellement transmissibles, y compris le VIH/sida.

Fournir des informations et des services de qualité aux adolescentes enceintes, et notamment des informations sur les services de soins prénatals, postnatals et obstétriques etc...

Les couples peuvent employer les méthodes de planification de la famille pour espacer les naissances ou limiter la taille de la famille. La connaissance des méthodes de planification de la famille n’est pas très répandue; les deux tiers seulement des femmes âgées de 15 à 49 ans et les quatre cinquième des hommes de 15 à 59 ans connaissent au moins une méthode de planification de la famille. La source principale de contraceptifs dans le secteur public est l’Association familiale d’hygiène procréative, qui fournit 40 % des moyens de contraceptions employés par les personnes qui utilisent actuellement des méthodes modernes. Parmi les femmes et les hommes mariés, la pilule est la méthode la plus connue; les préservatifs et les contraceptifs injectables sont aussi bien connus.

Avortement

Il y a deux types d’avortement, à savoir l’avortement médical et l’avortement spontané, qui peut probablement être assimilé à l’avortement illicite. Les statistiques du système de gestion des informations concernant la santé indiquent que, pour 2001, les avortements spontanés étaient beaucoup plus nombreux (5 040 cas) que les avortements médicaux (123 cas). La cause principale de cette situation pourrait être des complications de la grossesse, mais on ne peut exclure d’autres causes, comme les grossesses non souhaitées d’adolescentes, les grossesses avant le mariage (grossesses chez les écolières), les grossesses consécutives à des viols etc. ..En outre, il y a de nombreux cas d’avortements illicites non recensés, qui coûtent la vie à beaucoup de jeunes femmes.

Les avortements inspirés par le sexe du foetus ne sont pas pratiqués, car ils ne font pas partie des traditions ou coutumes érythréennes. L’avortement fondé sur une préférence pour les fils ou les filles est donc exclu.

L’avortement n’est pas autorisé par la loi. Cependant, il peut être pratiqué dans certaines circonstances (lorsqu’un médecin certifie que la femme concernée subira des lésions graves et permanentes dues à de fortes tensions physiques ou mentales, ou lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol ou d’un inceste). Cette procédure ne peut être suivie que si elle est prescrite par des personnes autorisées à le faire.

Selon le code pénal, mettre délibérément fin à la grossesse, à quelque moment que ce soit ou de quelque façon que ce soit, est considéré comme un délit. L’avortement, qu’il soit provoqué par la femme enceinte ou par une autre personne, tombe sous le coup de la loi. Cependant, il est permis de mettre fin à la grossesse pour des raisons médicales :

Lorsqu’il s’agit de protéger une femme d’un danger grave et permanent qui menace sa vie ou sa santé et qui ne peut être écarté autrement, conformément à la procédure suivante :

Sauf lorsque c’est impossible, le danger doit être diagnostiqué et certifié par écrit par un médecin dûment enregistré.

Mutilation génitale des femmes (MGF)

La circoncision féminine et la mutilation génitale des femmes sont des pratiques culturelles très répandues. Une campagne visant à réduire ces pratiques a été lancée pendant la lutte armée, mais en vain car il n’est pas facile de changer attitudes des hommes et des femmes à l’égard des MGF, qui sont étroitement liées au mariage et à la satisfaction sexuelle des hommes. Des gens pensent encore que les MGF sont utiles, car, « de fait », elles maintiennent les organes sexuels propres et préservent la virginité.

On distingue trois types généralement pratiqués de circoncision féminine : l’infibulation, la clitoridectomie et l’excision qui sont infligée aux fillettes dès l’âge de 7 ans. Malgré les tensions psychologiques et physiques à long terme, la douleur indicible et les complications médicales (problèmes lors des rapports sexuels et de l’accouchement) qu’elles entraînent, ces pratiques sont encore très répandues.

Tout le monde est au courant de la circoncision féminine et 9 femmes sur 10 (89 %) indiquent qu’elles ont été circoncises. Ceci représente une légère diminution par rapport aux 95 % enregistrés en 1995. L’attitude à l’égard de la circoncision varie considérablement selon les zobas – de 26 % (Gash-Barka) à 69 % (Maekel) – et les groupes d’âge. Les jeunes femmes (de moins de 20 ans) sont deux fois plus susceptibles de soutenir un arrêt de pratiques.

Ceci indique que, grâce au développement économique et à l’accès accru à l’éducation des femmes et des hommes, la pratique de la circoncision reculera certainement, mais lentement. Par conséquent, afin d’accélérer ce changement, il est absolument nécessaire de lancer une campagne intersectorielle bien coordonnée et cohérente parmi toutes les parties prenantes (secteur public, autorités locales et communautaires, communautés religieuses, ONG locales, etc...).

Taux de mortalité infantile et nutrition des enfants

Environ 44 % des enfants âgés de moins de 3 ans souffrent d’insuffisance pondérale, ce qui peut signifier qu’ils sont atteints de rachitisme ou de dénutrition ou encore de ces deux affections. Le lait maternel est traditionnellement la source principale de nutrition des bébés et les mères sont encore encouragées à pratiquer l’allaitement naturel initialement, puis à donner ensuite à l’enfant des compléments alimentaires disponibles localement. Toutefois, l’utilisation de ces compléments alimentaires est tributaire des revenus de chaque ménage et de la situation générale de pauvreté du pays. Par conséquent, pour améliorer la situation nutritionnelle des enfants (rapports taille/âge, poids/âge, poids/taille), il faut renforcer les programmes de réduction de la pauvreté, tout en améliorant les soins de santé offerts aux enfants. En outre, il est de la plus haute importance d’intensifier les services de conseils en matière de nutrition fournis aux familles et plus particulièrement aux mères.

D’après l’enquête démographique et sanitaire de 1995, le taux de mortalité des moins de 5 ans était de 136 décès pour 1 000 et le taux de mortalité infantile de 72 pour 1 000 naissances vivantes. Au cours des cinq ou six dernières années, on a considérablement réduit la mortalité des jeunes enfants. Actuellement, le taux de mortalité des moins de 5 ans est de 93 décès pour 1000 et le taux de mortalité infantile est de 48 pour 1 000 naissances vivantes. Le risque de mortalité néonatale et postnatale est resté le même, soit 20 décès pour 1 000 naissances vivantes.

L’un des succès remportés par les services de santé pour les enfants concerne la vaccination : 76 % des enfants âgés de 12 à 23 mois sont pleinement immunisés (contre seulement 41 % en 1995) et 5 % n’ont pas reçu d’immunisation contre 38 % en 1995.

Le MS ne fournit pas encore de services de médecine préventive et promotionnelle dans les écoles préprimaires et primaires, afin de détecter de façon précoce les anomalies, les maladies et les besoins d’immunisation. Par exemple, les infections respiratoires aiguës sont l’une des causes principales de maladies et de décès chez les enfants: elles doivent être diagnostiquées et traitées très tôt. Les parents devraient être sensibilisés à ces affections par des activités éducatives et être en mesure de contacter rapidement les services de santé, le cas échéant.

Article 13Vie économique et sociale

La vie économique et sociale des femmes reflète la situation économique et sociale du pays et peut être définie correctement dans ce contexte. La société érythréenne se distingue par ses valeurs traditionnelles et par son faible développement économique, un cadre qui n’offre pas aux femmes l’égalité des chances en ce qui concerne la vie sociale et culturelle. Cependant, la Constitution énonce le fondement nécessaire pour offrir aux femmes l’égalité d’accès et de chances pour toutes les activités sociales et culturelles.

L’article 8 de la Constitution, concernant le développement économique et social, stipule que :

1. L’État doit créer les conditions requises pour assurer l’application des droits des citoyens en matière de justice sociale et de développement économique et pour satisfaire leurs besoins matériels et spirituels.

2. L’État doit oeuvrer à réaliser un développement équilibré et durable dans l’ensemble du pays et tout mettre en oeuvre pour permettre à tous les citoyens d’améliorer leurs conditions de vie de façon durable en participant à ce développement.

Prestations familiales

Actuellement, il n’y a pas de système de prestations familiales ou de réglementation concernant la protection sociale. Une loi relative à la sécurité sociale qui couvrira les prestations familiales, les pensions etc... est en cours d’élaboration. Cette loi devrait être très soucieuse d’équité entre les sexes et offrir l’égalité des droits et des chances aux hommes et aux femmes dans les secteurs public et privé.

D’autre part, des prestations de maternité (congé de maternité et congé de maladie) sont actuellement assurées dans le cadre du droit du travail et des contrats d’emploi. Lorsqu’un employé (homme ou femme, sans distinction quant au sexe) est victime d’un accident du travail, l’employeur a l’obligation de prendre en charge les frais médicaux, comme les coûts d’hospitalisation ou des médicaments, les soins médicaux spéciaux ou les opérations chirurgicales et le coût de toute prothèse ou appareil orthopédique.

Les employés ont droit à un congé payé de trois jours et à un congé sans rémunération de cinq jours pour raisons familiales.

Prêts bancaires et autres crédits financiers

Dans l’ensemble, les institutions financières responsables des prêts hypothécaires et d’autres formes de microcrédits ne pratiquent pas de discrimination à l’égard des femmes. Les critères régissant l’octroi de prêts sont explicitement de nature financière et ne sont pas fondés sur le sexe.

Par exemple, on a exécuté le programme de prêts hypothécaires de la Housing Bank selon la méthode du « premier arrivé, premier servi », après avoir envoyé à tous les citoyens intéressés des informations sur les prêts et sur la date limite d’achat. L’une des conditions requises pour l’obtention d’un prêt dans le domaine immobilier (pour construire ou acheter) exige qu’un souscripteur d’emprunt hypothécaire présente un certificat approprié concernant sa situation familiale. En ce qui concerne les personnes mariées, chaque époux doit obtenir l’accord écrit de l’autre époux pour souscrire à un prêt hypothécaire, car, selon le code civil, les biens acquis après le mariage sont considérés comme biens communs. Cependant, cette règle ne s’applique pas aux mariages régis par la Charia. Dans ce cas, le mari peut souscrire à un prêt hypothécaire sans le consentement de sa femme. Ceci constitue un manquement majeur qui doit être réexaminé.

Les mères célibataires (veuves, divorcées, non mariées) et les femmes célibataires peuvent souscrire un prêt hypothécaire sans remplir ces conditions d’ordre familial.

Les programmes de microcrédit gérés par le Gouvernement et par des ONG locales offrent l’égalité d’accès aux deux sexes et aux membres des minorités. En fait, dans certains cas (dans les zones rurales), on pratique la discrimination positive en encourageant davantage les femmes. Le programme de crédit de l’UNFE et une partie du programme de l’Agence pour la coopération en matière de recherche sur le développement (ACRD) sont orientés en faveur des ménages dirigés par des femmes et en faveur des anciennes combattantes démobilisées. Actuellement, les femmes constituent 37 % des bénéficiaires du Programme d’épargne et de microcrédit (PEMC) administré par le Ministère des collectivités locales.

Les femmes érythréennes n’ont pas besoin de l’autorisation de leur mari ou d’un parent de sexe masculin pour souscrire un prêt ou obtenir un crédit. Les institutions de crédit et de prêt (ONG et Gouvernement) compilent des statistiques ventilées par sexe, mais les banques commerciales et celles qui financent le logement ne le font pas; elles devraient peut-être adopter cette méthode dans un proche avenir. Un autre point important qui mérite d’être soulevé est la rareté des banques mobiles ou d’autres mécanismes qui permettent d’aider les femmes rurales à ouvrir des comptes en banque pour épargner ou pour d’autres raisons.

Plus de 400 femmes d’affaires sont actuellement membres de la Chambre nationale de commerce (CNC); elles constituent 16 % des membres et occupent 13 % des sièges du conseil d’administration. La CNC a récemment. créé un Groupe féminin de développement et de promotion des entreprises (GFDPE) qui a pour buts d’encourager et d’habiliter les femmes entrepreneurs en leur offrant des programmes pertinents de formation, de faciliter les échanges d’information et l’établissement de réseaux et de créer une base de données sur les femmes engagées dans les affaires.

Activités récréatives

D’une façon générale, les sports commencent à se développer. Des fédérations et des clubs se créent et toutes les activités sportives sont généralement concentrées dans les zones urbaines. Le ME intervient activement dans les écoles où les filles sont encouragées à participer à ces activités. Il n’y a pas de conseil national du sport, mais des fédérations séparées existent (Football, cyclisme, volley-ball etc...). Une femme est membre de chacune des fédérations de sport nationales.

Les sports les plus populaires dans les écoles sont le football, le volley-ball, le basket et l’athlétisme. Le cyclisme, le tennis, le ping-pong, le bowling et d’autres sports en salle se développent au niveau des clubs. Il est maintenant accepté que des jeunes filles jouent au football et pratiquent le cyclisme, des sports qui étaient autrefois réservés aux hommes.

Le ME organise des compétitions sportives nationales et régionales auxquelles participent activement des équipes féminines. Les femmes participent déjà aux compétitions internationales d’athlétisme, mais cette participation doit être renforcée davantage encore.

Il faut s’efforcer de promouvoir les activités sportives dans les zones rurales et de construire des installations sportives pour permettre aux jeunes filles rurales et à tous de participer à ces activités.

Les femmes et les beaux arts

Les femmes sont étroitement associées à diverses activités artistiques traditionnelles. Elles sont passées maîtresses de l’embellissement du foyer, en utilisant divers objets artistiques d’argile, des pièces d’artisanat de bois et de paille, ou des perles, des objets de cuir, des tissages etc. Cependant, il faudrait préserver et améliorer ce patrimoine artistique par des activités de formation. Il faudrait aussi le développer pour le rendre commercialisable et en faire une source de revenus et de souvenirs pour les centres touristiques. Un projet pilote a été organisé par l’UNFE, afin de modifier et de redessiner des objets de paille très demandés sur le marché. Ce type de formation pourrait être reproduit par d’autres groupes intéressés, afin de toucher le plus grand nombre de femmes possible.

On note une participation intéressante des jeunes femmes aux activités de peinture, de photographie, de poésie et d’écriture dans des langages locaux, ainsi qu’une participation féminine importante à des représentations théâtrales et à des concerts. En général, un investissement massif des secteurs gouvernementaux et des institutions intéressés est nécessaire pour stimuler et renforcer la participation des femmes et des jeunes filles à ces activités. Il faudrait s’employer à améliorer la situation de l’école d’art et de musique existante et en faire une école des beaux-arts comprenant plusieurs disciplines et divers niveaux. Actuellement, d’après les statistiques sur l’instruction élémentaire (2000/2001), on compte 77 élèves (dont 29 femmes) en musique et 51 élèves (dont 17 femmes) pour les arts.

En ce qui concerne les autres réunions sociales et activités récréatives, la participation des femmes est assez modeste. Les femmes sont libres d’aller au cinéma, au théâtre, au stades de football, au restaurant etc… seules, avec des amis ou en famille. Elles sont aussi membres de diverses associations, comme les rotary clubs, les associations d’enseignants et les associations du scoutisme, où les femmes et les jeunes filles jouent un rôle important. Il faut cependant noter que toutes ces activités sont centrées sur les villes et qu’on n’y trouve pas de femmes rurales.

Article 14Les femmes rurales

Le peuple érythréen a souffert pendant des décennies de la guerre, de l’occupation et de privations économiques. Les possibilités de croissance économique étaient faibles et, par conséquent, la majeure partie de la population vit actuellement dans la pauvreté.

Les principaux objectifs de la stratégie de développement de l’Érythrée sont donc de réduire la pauvreté par la croissance économique et de renforcer la justice sociale en habilitant la population et en suscitant sa participation active. Améliorer la condition de la femme et accroître sa participation au développement constitue donc l’une des priorités spéciales du pays.

Les femmes rurales constituent la majorité de la population féminine. Elles sont économiquement et socialement défavorisées par rapport aux femmes des zones urbaines. Ceci est confirmé par les conclusions des enquêtes démographiques et sanitaires de 1995 et 2002 :

Un cinquième seulement des femmes rurales ont reçu de l’instruction, contre les deux tiers des femmes d’Asmara (la capitale) et plus de la moitié des femmes des autres villes.

Le taux net de scolarité (TNS) des filles dans les zones rurales est de 27 % contre 41 % dans les zones urbaines.

Quatre-vingt sept pour cent des femmes rurales ayant un emploi et 76 % des femmes sans instruction travaillent dans l’agriculture.

Vingt-et-un pour cent des ménages ruraux utilisent l’eau de rivières, de ruisseaux, d’étangs ou de lacs et seulement 8 % des ménages ruraux ont accès à l’eau du réseau de distribution public. Aucun ménage rural a l’eau courante à domicile (contre 40 % des ménages urbains).

La période de temps moyenne nécessaire pour se rendre à une source d’eau potable, prendre de l’eau et revenir est d’une heure dans les zones rurales, contre six minutes dans les zones urbaines.

Seulement 2 % des ménages ruraux ont l’électricité, laquelle est presque exclusivement disponible dans les zones urbaines.

Concernant l’assainissement, presque aucun ménage rural ne dispose de toilettes.

Le bois et les excréments animaux sont les principaux combustibles utilisés pour la cuisine.

Le taux de mortalité infantile et le taux de mortalité maternelle sont beaucoup plus élevés chez les populations rurales.

Les MGF sont plus fréquentes dans les zones rurales que dans les zones urbaines.

Le pourcentage de couverture des services fournis par les personnels de santé est de 64,7 % dans les zones urbaines et de 10,4 % dans les zones rurales; de même, le pourcentage correspondant pour les institutions de santé dans les zones urbaines est de 61,7 %, contre 8,9 % dans les zones rurales etc...

Compte tenu de la situation socioéconomique susmentionnée, le Gouvernement s’est engagé à améliorer les conditions de vie de la communauté rurale en général et des femmes en particulier. En mars 1998, le Gouvernement a publié sa stratégie de réduction de la pauvreté dans le Cadre national et le Programme national de politique économique (CNPNPE), et a défini des priorités précises de développement, mettant notamment l’accent sur les objectifs suivants :

Réduire la pauvreté et réaliser un degré plus élevé de justice sociale;

Renforcer le rôle des femmes dans le processus de développement national, en prenant des mesures visant à créer l’égalité des chances;

Offrir des possibilités de formation, domaine dont l’importance est constamment soulignée.

Le Gouvernement a créé un fonds de redressement communautaire (FRC) en tant que projet pilote (1993-1995) visant à remettre en état et à réaménager les communautés rurales après une guerre longue et dévastatrice. Le projet était axé sur la remise en état des écoles primaires, des centres et postes sanitaires, des petits réseaux d’irrigation, des systèmes d’adduction d’eau et des routes de desserte. Plus de 700.000 personnes (des deux sexes) ont bénéficié des projets financés par le fonds de redressement. L’aspect Le plus important de ce projet était ses services de diffusion particulièrement axés sur les villages isolés; il visait à encourager l’implication des collectivités et à aider les femmes rurales à participer aux activités globales, aussi bien au niveau des décisions qu’à celui de l’exécution.

Ce projet a été suivi par un autre programme communautaire qui a été lancé en 1996 dans le cadre du fonds de développement communautaire érythréen (FDCE) et qui avait pour objectifs : i) de soutenir la remise en état et l’amélioration des infrastructures sociales et économiques de base ayant une importance vitale pour le développement et ii) de renforcer la capacité des individus et ménages pauvres de générer des revenus et de mettre en place des systèmes de micro-épargne et de microcrédit. Le FDCE a financé des sous-projets définis et demandés par les collectivités locales et pour lesquels ces communautés ont joué un rôle clef en matière de préparation, d’exécution, de suivi et de continuation.

Le programme du FDCE est, dans sa conception, très soucieux d’équité entre les sexes, conformément à la politique du Gouvernement à 1’égard des femmes. Ainsi, on a élaboré un Plan d’action national pour l’égalité entre les sexes (PANES) pour faire en sorte que les femmes bénéficient, sur un pied d’égalité avec les hommes, des activités financées par le FDCE et puissent jouer un rôle actif dans la définition, l’élaboration et la gestion de sous-projets. Les principaux éléments sont les suivants :

Suivre et Contrôler l’impact des activités du FDCE sur les femmes.

Accroître et renforcer la participation des femmes aux activités du FDCE.

Lancer des activités de formation pour soutenir la participation des femmes.

Améliorer l’accès des femmes pauvres et défavorisées aux avoirs économiques et leur pouvoir sur ces avoirs.

D’une façon générale, les femmes et les collectivités ont grandement bénéficié des activités financées par le FDCE; ces activités couvrent l’offre de microcrédit, l’adduction d’eau dans les zones rurales, la construction de routes de desserte afin de résoudre les problèmes de transport, la construction d’écoles, de centres sanitaires et de centres communautaires à fonctions multiples. Cependant l’impact de ces activités sur les femmes doit être évalué à l’aide des indicateurs définis dans le PANES, afin de déterminer dans quelle mesure les femmes rurales ont bénéficié de tous ces projets. On prévoit que le FDCE effectuera une évaluation approfondie de ces activités avec la coopération de toutes les parties prenantes, en particulier de l’UNFE.

Politique foncière

Il était absolument essentiel de changer le régime foncier pour permettre une exécution harmonieuse de la stratégie de développement définie. La Charte nationale de 1994 met l’accent sur l’importance de la réforme foncière dans le cadre des initiatives globales de développement du pays et prévoit

De mettre en place un mode de répartition des terres qui abolit le régime foncier en vigueur, enraciné dans la famille, le village, les divisions tribales et d’autres systèmes étroits de répartition et le remp1acer par un système uniforme fondé sur l’usage individuel et soumis à vérification et enregistrement, tout en reconnaissant que le village constitue le fondement de l’identité des citoyens.

Ainsi, on a établi une nouvelle politique foncière proclamant que la terre appartient exclusivement au Gouvernement et que chaque citoyen a le droit d’accéder à la terre pour y pratiquer l’agriculture ou l’élevage, pour se loger et pour les besoins du développement. Les conditions dans lesquelles ces activités sont permises sont définies par la législation. Les objectifs de la nouvelle politique foncière sont énoncés dans le document de macropolitique :

Encourager les investissements à long terme dans l’agriculture et une gestion prudente de l’environnement;

Assurer aux femmes un droit à la terre égal à celui des hommes;

Promouvoir l’agriculture commerciale.

En outre, on a promulgué une proclamation concernant la terre (58/1994), qui donne à tout citoyen le droit d’utiliser la terre, sans discrimination fondée sur le sexe, la religion, ou l’origine ethnique (article 4). Ainsi, les femmes ont acquis devant la loi, le droit à l’égalité d’accès et à la terre pour pratiquer l’agriculture, se loger et investir dans les zones urbaines et rurales. Toutefois, il y a toujours, en pratique, des obstacles créés par les attitudes traditionnelles qui entravent l’application de ces dispositions.

Chaque région a son propre système d’application, mais, dans la plupart des cas, on nomme, au niveau des villages et des Kebabi des commissions de répartition des terres auxquelles participent des femmes et qui établissent des priorités pour la répartition, conformément aux dispositions de la proclamation. Par exemple, dans la région du sud, la priorité, en ce qui concerne les femmes, a été accordée aux habitantes permanentes, aux veuves avec enfants, aux femmes divorcées, aux anciennes combattantes etc… Les demandes d’utilisation des terres sont soumises par les individus aux commissions. La région du sud est l’une des régions à forte densité de population où la répartition des terres a eu lieu.

Tableau 18 Répartition des terres aux fins de logement dans la région du sud (1998-1999)

Sous-région

Total

Hommes

Femmes

Pourcentage de femmes

Mendefera

7 063

4 314

2 749

38,9

Mai-Mine

11 576

8 833

2 743

23,6

Mai-Aini

7 387

5 190

2 197

29,7

Senafe

13 572

8 340

5 232

38,5

Segeneiti

8 720

5 896

2 824

32,3

Emni-Haili

12 005

8 091

3 914

32,6

Areza

13 786

9 343

4 443

32,2

Adi-Keih

3 087

1 915

1 172

37,9

Adi-Kuala

14 456

10 264

4 192

28,9

Dekemhare

5 956

3 490

2 466

41,4

Dibarwa

14 676

10 036

4 640

31,6

Tsorona

3 398

2 048

1 350

39,7

Total pour la région

115 682

77 760

37 922

32,7

Source  : Administration de la région du sud.

En ce qui concerne les femmes, l’attribution de terres varie d’une sous-région à l’autre et s’échelonne entre 23 % et 41 %. Selon le rapport soumis par l’administration de la région du sud, de nombreux obstacles crées par des attitudes traditionnelles ont ralenti l’ensemble du processus. On peut citer comme exemple le cas de veuves qui ont des difficultés à acquérir des terres dans le village de leur époux.

Les femmes rurales dans l’agriculture

L’agriculture est encore essentiellement une activité de subsistance. Alors qu’elle constitue la principale source de revenus pour environ 80 % de la population, elle est toujours tributaire de la pluviosité, ce qui limite le développement de sa productivité.

La répartition du travail entre les sexes varie selon le système agraire existant et selon certains facteurs économiques et culturels. Dans les zones pastorales et semi-pastorales des plaines où l’élevage constitue la principale ressource, le rôle des femmes est axé sur le foyer : elles préparent les aliments, font la cuisine et traient chèvres et vaches (les femmes Afars doivent en plus s’occuper des chèvres). Dans les zones où prédominent les cultures (zones de plaines et de montagnes), les hommes et les femmes travaillent aux champs et se partagent les travaux agricoles. En outre, les femmes font du jardinage, élèvent des volailles et des abeilles, tissent et pratiquent l’artisanat. Les femmes rurales travaillent 14 à 16 heures par jour.

Le Ministère de l’agriculture organise divers programmes pour aider les agriculteurs locaux des deux sexes. Par exemple, dans le cadre du Programme de reconstruction d’urgence (PRU), on a distribué des semences et plus de 40 000 personnes ont participé à des travaux rémunérés de terrassement traditionnel des collines et de boisement. Cependant, les données pertinentes ne sont pas ventilées par sexe et il est très difficile de savoir dans quelle mesure les femmes ont participé à ce programme et en ont bénéficié.

En 2001, ce projet a permis d’aider 9 900 agricultrices exploitant de petites parcelles, en permettant à chacune d’obtenir 25 poussins, de la nourriture pour six mois et des matériaux de construction. On a aussi donné des caprins (4 boucs et une chèvre) à engraisser, qui produiront éventuellement du lait et de la viande pour la vente, ainsi que deux ruches par femme, afin d’encourager les femmes rurales à entreprendre l’élevage des abeilles. On indique que la plupart des bénéficiaires sont des ménages dirigés par des femmes. Afin d’encourager généralement la participation des femmes à l’agriculture et d’aider les exploitants agricoles pauvres, on a distribué 72 349 poussins, 2 931 caprins, 71,65 kg de semences, 31 333 outils et équipements agricoles de divers types et 12 pompes à moteur; 3 800 agricultrices ont bénéficié de ces dons.

Les petits exploitants agricoles désireux de développer leurs activités et de passer à l’agriculture commerciale ont pu avoir accès au microcrédit en s’adressant au Ministère. Environ 1 300 personnes ont reçu des prêts concernant des activités agricoles; on a distribué l20 tonnes de semences de pomme de terre et 400 tonnes de semences de céréales etc… Une. fois encore, on ne dispose pas de données ventilées par sexe pour déterminer dans quelle mesure les femmes ont bénéficié de ces dons.

Les services de conseils aux agriculteurs (SCA) constituent une nouvelle méthode de vulgarisation adoptée par le Ministère de l’agriculture pour aider les agriculteurs locaux à s’organiser, à définir leurs besoins en matière de connaissances et de compétences, à améliorer leur production agricole et, éventuellement, à mieux gagner leur vie. Des commissions, dont sont membres des femmes et offrant des SCA, sont organisées au niveau des villages et au niveau sous-régiona1 avec la participation de 1’UNFE et d’autres parties prenantes. Ce mécanisme est récent, mais il intègre les femmes rurales et leur permet de participer à la planification et au processus décisionnel concernant toutes les activités agricoles de leur communauté. Afin de renforcer l’efficacité des SCA, les instances de coordination nationales devraient aussi inclure en leur sein des représentants de l’UNFE et à d’autres parties prenantes.

Les commissions de SCA choisissent, à l’échelon du village, des agriculteurs pour participer à des cours intégrés d’agriculture, à des programmes de formation paravétérinaire etc... Dans deux cours initiaux, la participation des femmes était très faible : 2 femmes seulement sur 89 personnes (2 %). Il est nécessaire d’agir vigoureusement pour satisfaire les besoins des agricultrices. Par exemple, il faut s’efforcer d’organiser ces cours aussi près que possible des intéressées, afin qu’elles puissent combiner leur participation aux programmes de formation avec leur responsabilités domestiques. Il est nécessaire, pour le succès des efforts globaux de développement rural, de former les femmes et de les impliquer dans toutes les activités économiques et autres des collectivités, depuis la planification jusqu’à l’exécution de ces activités.

D’autre part la participation des femmes aux activités agricoles modernes paraît très faible (59 %); la main-d’œuvre féminine représente seulement 4,8 % de la main-d’oeuvre totale dans ce secteur. Les domaines d’intervention des femmes les plus courants et importants sont l’engraissement des animaux (18,7 %), la culture des agrumes (18,2 %), l’élevage du bétail (16,1 %) et des volailles (42 %); les proportions de femmes employées dans ces secteurs sont respectivement de 12,9 %, 6,7 %, 14,3 % et 4,2 %.

Microcrédit

Le programme d’épargne et de microcrédit est l’une des activités financées par le FDCE qui a permis aux résidents des zones rurales d’accéder au crédit et aux prêts. Dès 1996, le Ministère des collectivités locales a créé, au nom du Gouvernement, un programme d’épargne et de microcrédit, dont l’objectif est d’aider les communautés locales, les personnes déplacées et les personnes de retour chez elles en leur fournissant du crédit et des prêts. Ce programme n’est pas axé directement sur les femmes, mais il les encourage à en être les principales bénéficiaires et vise à habiliter les femmes rurales sur le plan économique et à les aider à améliorer leur mode de vie.

Trente-sept pour cent des bénéficiaires actuels du programme sont des femmes y compris des femmes chefs de famille, des anciennes combattantes, des femmes de retour chez elles et des femmes déplacées. La vie de ces femmes a été changée, car elles ont pu subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Ce programme a aussi permis à des femmes d’entrer dans le secteur non structuré en entreprenant diverses activités économiques, comme l’élevage des volailles, la production de lait, le petit commerce etc...

L’accès au crédit est ouvert à tous sur un pied d’égalité, sans considération de sexe, de race et d’autres distinctions; cependant, dans certaines localités, quelques femmes ont rencontré des difficultés mineures dues essentiellement à des attitudes traditionnelles répandues. Par exemple, pour des raisons religieuses, des femmes mariées n’ont pu accéder directement au crédit et n’ont pu être représentées que par leur époux, ou on ne les pas accepté dans des banques de village etc… Mais, étant donné que la politique du FDCE n’accepte pas de telles actions, la situation a été facilement résolue.

Tableau 19Résultats du programme d’épargne et de crédit (1996-2001)

1996

1997

1998

1999

2000

2001

Nombre de nouvelles banques de village

25

14

37

9

3

58

Nombre cumulatif de groupes de villages

81

107

246

285

290

519

Niveau 1

Nombre d’emprunteurs actifs

1 470

2 373

5 477

5 779

5 942

10 304

Nombre de prêts

1 685

3 808

9 005

4 391

2 744

9 206

Niveau II

Nombre d’emprunteurs actifs

7

27

36

245

925

Nombre de prêts

7

33

46

259

1 040

Pourcentage total de femmes bénéficiaires

(Niveau I)

30,0

30,26

27,62

29,6

30,18

37,0

Pourcentage total de femmes bénéficiaires

(Niveau II)

14,29

6,45

14,29

29,0

36,0

Une évaluation de ce programme (effectuée en 2000) indique que 50 % des banques examinées se trouvaient dans des zones rurales où il n’y avait pas de services bancaires proprement dits, et que 30 % des personnes qui empruntaient étaient des femmes, ce qui constitue un résultat appréciable, étant donné le faible accès au crédit dont ces femmes disposaient précédemment,.

L’UNFE a aussi pris une initiative majeure concernant les programmes de crédit, initiative plus particulièrement destinée aux femmes rurales. Ce programme a été lancé initialement dans 10 communautés de Gash-Barka, Anseba, Maekel et de la région du sud. Le groupe ciblé comprenait des ménages dirigés par des femmes, des combattantes démobilisées et des femmes de retour chez elles. La taille des prêts s’échelonnait entre 500 et 2000 Nacfa, le taux d’intérêt était de 12 % et la durée du prêt de l2 mois, excepté pour les prêts concernant l’agriculture dont la durée était portée à 18 mois. Plus de 1 700 familles ont bénéficié de ce programme.

Tableau 20 Bénéficiaires du programme de crédit de l’UNFE et montants des prêts par région (juin 1995-juin 1997)

Région

Montant des prêts (Nacfa)

Nombre de bénéficiaires (uniquement des femmes)

Pourcentage du montant des prêts

Pourcentage du nombre total de bénéficiaires

Rapport prêt/bénéficiaire (Nacfa)

Gash-Barka

1 011 100 001

916

43,4

52,0

1 103,80

Debub

599 175,00

413

25,6

23,4

1 450,70

Anseba

245 800,00

204

10,5

12,0

1 205,00

Maekel

480 800,00

223

20,5

18,6

2 156,00

Total

2 336 875,00

1 756

100,00

100,00

1 330,80

Les femmes disposent aussi de leurs propres associations locale, nommées Ukub, dans lesquelles les membres versent une contribution mensuelle et l’une des membres utilise l’argent collecté selon un système de rotation. C’est une méthode indigène de crédit sans intérêts, dont l’association elle-même constitue la garantie. Il s’agit d’une forme populaire d’auto-assistance qui apporte une aide économique aux femmes.

Avec l’aide de l’UNFE et d’autres partenaire, des coopératives rurales de femmes se sont constituées dans divers domaines comme la culture de potagers, l’élevage des volailles, l’exploitation de moulins à farine, l’artisanat et la poterie. Ces coopératives n’ont pas duré; leurs points faibles résidaient, notamment dans l’insuffisance du suivi, le manque de formation en matière de gestion des petites entreprises et, naturellement, d’études préalables et détaillées de faisabilité.

Technologies adaptées aux besoins des femmes rurales

Les femmes rurales des villages sont toujours attachées aux méthodes traditionnelles. Par exemple, le battage pour séparer le grain de la balle et de la paille, le broyage des grains à la meule, l’utilisation de la bouse de vache et du bois pour la cuisine (ce qui cause des problèmes oculaires et respiratoires). Il importe de noter que le document de macropolitique du Gouvernement prévoit que l’on adoptera des technologies adaptées (concernant l’eau, les combustibles, le bois, les garderies d’enfants etc...) pour réduire le travail pénible des femmes au foyer et de celles qui ont d’autres activités. À cet effet, on est en train de mettre en place quelques projets concernant l’installation de moulins à farine, de pompes manuelles et à moteur, de poêles à faible consommation d’énergie, de batteries solaires etc.

Avec l’aide du Ministère de l’énergie, un projet pilote de formation concernant les poêles à faible consommation d’énergie est en cours d’exécution au bénéfice des femmes rurales. Ces poêles sont peu coûteux, rentables et faciles à construire en argile par les femmes qui ont suivi cette formation. Toutefois, étant donné la politique de conservation des forêts en vigueur, le bois devient rare. Il faut donc, en même temps, envisager d’autres solutions. L’électrification des zones rurales n’est pas réalisable dans l’immédiat, bien que le Ministère de l’énergie et des mines soit en train de mettre en place, dans les communautés rurales, des coopératives villageoises bénévoles d’électricité qui assumeront la responsabilité de gérer l’approvisionnement des villages en électricité. Les femmes rurales peuvent, en tant que membres de la collectivité, être des membres actifs de ces coopératives. Le Ministère envisage aussi d’autres options, comme la fourniture de bouteilles de gaz abordables aux ménages ruraux. Actuellement, la consommation globale de gaz a bondi de 900 à 4 000 tonnes.

Programmes concernant l’eau potable et l’assainissement

Généralement, l’Érythrée souffre d’une pénurie de ressources hydriques utilisables. Un approvisionnement suffisant, fiable et sûr en eau est vital pour le succès de tous les efforts de développement entrepris. À ce jour, le Département des ressources en eau a réalisé, dans les six régions du pays, un inventaire des points d’eau existants y compris un examen de la qualité de l’eau et des aspects sanitaires de la question.

Aller chercher de l’eau et la porter sur de longues distances sur leur dos ou leur tête constitue encore la tâche principale des femmes des zones rurales. Afin d’alléger cette tâche domestique et de fournir de l’eau potable aux villages, diverses branches du Gouvernement et des ONG s’emploient à mettre en place des systèmes d’adduction d’eau ruraux pour les villages.

Au cours des quatre dernières années, plus de 64 systèmes de panneaux solaires et plus de 500 pompes manuelles ont été installés, grâce aux efforts conjoints des organismes gouvernementaux et des ONG concernés.

Tableau 21 Population rurale ayant accès à l’eau potable en 2001

Région

Population couverte

Couverture

Anseba

56 067

16,7

Debub

117 142

26,2

Gash-Barka

107 182

21,9

Maekel

18 100

16,6

Nord de la mer Rouge

30 348

9,7

Sud de la mer Rouge

9 959

21,5

Total

398 798

Couverture nationale

20,3

Source  : Département des ressources en eau, 2001.

Selon le rapport de 2002 consécutif à l’examen à des programmes d’approvisionnement en eau et l’assainissement on a exécuté un projet visant à permettre l’accès à l’eau salubre à 50 000 bénéficiaires supplémentaires résidant dans des zones rurales et urbaines. En outre, on a installé des systèmes d’adduction d’eau d’urgence dans des zones de réinstallation de personnes dép1acées (populations affectées par la guerre frontalière). À ce jour, plus de 400 000 résidents des zones rurales ont accès à des ressources en eau grâce à ces projets.

Avant d’installer un système d’adduction d’eau, on demande à la communauté concernée de constituer une commission qui sera responsable de gérer et d’entretenir le système. Malheureusement, en l’absence de directives uniformes, la sélection des membres de cette commission est laissée à la discrétion de la collectivité et, dans la plupart des cas, les femmes sont marginalisées. De même, les techniciens consultants ne choisissent que des hommes pour participer aux programmes de formation technique et aux cours de gestion concernant l’utilisation de nouvelles pompes à eau et du système d’adduction d’eau par la collectivité. L’intégration délibérée de femmes aux activités techniques et administratives est très importante et doit être réalisée. On trouvera ci-dessous des statistiques du FCDE sur les commissions des ressources en eau.

Tableau 22 Participation des femmes aux commissions des ressources en eau

Régions

Nombre de commissions villageoises des ressources en eau

Total

Femmes

Hommes

Maekel

7 commissions villageoises

40

11

29

Anseba

4

22

4

18

Gash-Barka

15

74

12

62

S/K/Bahri

2

10

0

10

Debub

1

7

1

6

Total

29 commissions villageoises

153

28

125

Source  : Rapport du FCDE, 2002.

Des activités de formation en matière d’assainissement et de bonne utilisation de l’eau font partie du projet relatif à un système rural d’adduction d’eau. On apprend aux membres des collectivités à se prémunir contre les maladies véhiculées par l’eau, à garder propres et secs les points d’eau, à évacuer les eaux usées, à contrôler l’utilisation des points d’eau par le bétail etc… Cependant, afin d’obtenir une large couverture et des résultats efficaces, il faut que les organismes et les ONG concernés coordonnent leurs efforts de sensibilisation de la population quant à l’importance de l’eau potable et de l’assainissement, en utilisant les médias, les écoles, les postes sanitaires, les réunions publiques et d’autres moyens d’information efficaces.

La collecte des eaux pluviales constitue un autre projet du Ministère de l’agriculture en cours d’élaboration; il a pour but de recueillir et d’utiliser au mieux chaque goutte d’eau de pluie en construisant de simples réservoirs près de chaque maison dans les zones rurales. Ces mesures élémentaires de conservation de l’eau aideront les femmes rurales à effectuer diverses activités (culture de potagers, élevage de volailles, commerce de l’eau etc...) dans leur propriété et à promouvoir l’hygiène familiale.

L’UNFE a lancé un autre projet nommé, « Ânes et sacs à eau » qui a pour but de résoudre le problème posé par l’éloignement des sources d’eau. On a donné priorité aux villages distants de 2 à 5 km d’un point d’eau et aux femmes les plus défavorisées de ces villages. Chaque famille concernée reçoit en don un âne et un sac à eau. Grâce à ce projet, les femmes et les jeunes filles ont été soulagées de la tâche pénible de porter de l’eau; ceci a minimisé les pertes de temps (4-6 heures par jour) et permis de transporter suffisamment d’eau pour satisfaire les besoins hygiéniques et autres. En outre, quelques femmes ont pu vendre de l’eau pendant leur temps libre. Pendant la durée de ce projet (cinq ans), plus de 2 724 ménages dirigés par des femmes en ont bénéficié.

Autres questions sociales

La situation en matière d’éducation et de santé a été examinée en détail au titre des articles 10 et 12 de la Convention. Il est patent que les femmes et les jeunes filles des zones rurales sont en retard sur celles des zones urbaines en matière d’éducation; le TNS pour le primaire est de 41,5 % dans les zones urbaines et de 27,2 % dans les zones rurales. Non seulement les filles entrent à l’école tard (à 8 ans ou plus tard), mais elles l’abandonnent tôt pour diverses raisons sociales et culturelles (aider leur mère dans les tâches domestiques, s’occuper de leurs enfants ou de leurs frères et soeurs, travailler dans leur exploitation agricole ou celle de parents, éloignement de l’école et graves risques pour leur sécurité et aussi mariage précoce).

Le lancement d’un programme d’alphabétisation des adultes a constitué l’une des initiatives majeures de l’UNFE dans les zones rurales, où plus de 51 000 femmes ont suivi avec succès ce programme (ME, 2001) et plus de 30 000 y ont participé (1992-1996). Le taux d’alphabétisation s’est amélioré considérablement et a atteint 51 %. Ce programme a eu pour conséquence directe de faire comprendre aux mères l’importance de l’éducation et elles ont donc encouragé leur filles à acquérir une instruction élémentaire.

En augmentant le nombre des écoles primaires et en facilitant l’accès à l’éducation dans les zones rurales, on a aussi amélioré les possibilités d’apprendre offertes aux filles. Pour accroître les taux de scolarisation et de réussite, on a adopté des mesures incitatives. Par exemple :

Ouverture d’écoles satellites pour résoudre le problème de l’isolement;

Ouverture de foyers et de pensionnats de jeunes filles (sept au total dans l’ensemble du pays);

Offre de stimulants en espèces ou en nature aux écolières pauvres;

Récompenses spéciales pour les meilleures élèves etc...

L’installation par le Ministère de l’énergie et des mines de panneaux solaires pour l’éclairage dans 75 écoles de zones isolées constitue une mesure encourageante qui aide enfants et adultes à étudier le soir après avoir fini leurs travaux agricoles.

L’autre question sociale qui touche les femmes rurales concerne les services de santé. Les maladies transmissibles constituent la cause principale de morbidité et de mortalité. Parmi les problèmes fondamentaux qui ont un effet négatif sur l’état de santé de la population et, en particulier des femmes, figurent l’accès réduit à l’eau potable et à l’eau propre, la malnutrition, l’insuffisance des soins de santé maternelle et infantile, de l’éducation sanitaire et des services de planification de la famille. Le ME a pris des initiatives importantes pour faire face aux défis posés aux services de santé; elles ont été suivies, au cours des six ou sept dernières années, d’améliorations notables de l’état de santé des collectivités.

En tout cas le succès d’un programme global de développement rural est impensable sans une intégration et une pleine participation des femmes rurales. Le Gouvernement met tout en oeuvre pour encourager les femmes à jouer un rôle dynamique – et non pas un rôle marginal – dans les activités de planification, de décision, de formation et d’exécution concernant tous les projets de développement communautaire.

Article 15 Capacité juridique en matière civile

La Constitution stipule que toutes les personnes sont égales devant la loi et que toute discrimination fondée sur le sexe est interdite. Les femmes érythréennes ont une capacité juridique identique à celle des hommes et les mêmes possibilités d’exercer légalement cette capacité. Les femmes sont présentes dans les tribunaux en tant que juges, avoués, témoins, avocates etc... et sont aussi respectées que les hommes.

Cependant, lorsqu’il s’agit d’appliquer ces dispositions légales, on rencontre de nombreux obstacles fondés sur des attitudes traditionnelles encore profondément enracinées. Différents groupes ethniques suivent leurs traditions, cultures et tabous respectifs, qui sont essentiellement discriminatoires et ne permettent pas de traiter les femmes sur un pied d’égalité avec les hommes.

La nouvelle proclamation concernant la terre, bien qu’elle reconnaisse aux femmes l’égalité d’accès à la propriété foncière, rencontre néanmoins certains obstacles dans son application. Naturellement, on ne peut nier que les valeurs traditionnelles discriminatoires sont en train de perdre du terrain à cause des changements socioéconomiques en cours, de l’engagement politique vigoureux de l’État en faveur des droits des femmes, de l’accès des femmes à l’éducation et à l’emploi et d’une prise de conscience accrue de la société concernant la participation des femmes.

Une femme peut occuper n’importe quel poste dans sa vie professionnelle sans avoir besoin de l’approbation de son mari, car il lui appartient de décider. Cependant, les couples prennent les décisions ensemble dans l’intérêt de la famille et des enfants. Par exemple, si une femme ayant certaines qualifications est promue et mutée dans une autre zone ou région, elle refusera probablement cette promotion pour rester avec ses enfants. Les hommes, en revanche, ne manquent jamais de telles occasions et, dans la plupart des cas, leur taux de mobilité est très élevé. Le nouveau code de la famille, en ce qui concerne la profession des époux, dispose que :

1) Chacun des époux peut exercer la profession ou l’activité de son choix.

2) L’autre époux peut, dans l’intérêt du ménage, élever des objections à l’exercice d’une profession ou activité.

Ainsi, les deux époux peuvent reconsidérer une possibilité d’emploi éventuelle dans l’intérêt de la famille, principe du consentement mutuel.

L’article 19 de la Constitution garantit à tous la liberté d’aller et venir librement :

Tout citoyen à le droit d’aller et venir librement dans toute l’Érythrée et de résider ou de s’établir dans n’importe quelle région.

Selon une pratique traditionnelle bien établie et prédominante aujourd’hui encore, après le mariage, une femme adopte automatiquement le domicile de son mari, car le fiancé doit préparer la maison du couple. En cas de conflit familial, l’épouse retourne chez ses parents ou tuteurs jusqu’à ce que le problème soit résolu d’une manière ou d’une autre. Cette situation s’est améliorée progressivement et évolue vers un choix conjoint du meilleur lieu de résidence pour la famille.

Le projet de code civil prévoit que les deux époux ont le droit de choisir leur résidence :

1) La résidence commune est choisie par consentement mutuel des époux. Si l’un des époux est sous le coup d’une interdiction judiciaire, ou s’il est réticent ou pas en mesure d’exprimer un désir, la résidence commune est choisie par l’autre époux.

2) Si un différent survient entre les époux concernant le choix de la résidence commune, chacun d’entre eux peut saisir les arbitres familiaux .

Dans le mariage, la question du pouvoir est complexe et a de nombreux aspects. En fait le pouvoir conjugal dérive du pouvoir économique; quiconque nourrit la famille a le pouvoir de décider des questions familiales. Le pouvoir peut aussi être fondé sur la tradition du groupe ethnique considéré. Par exemple, dans l’un des groupes ethniques, les Kunama, le matriarcat est de règle et fonctionne toujours. Le pouvoir est aussi influencé par le niveau d’éducation et de développement de la famille considérée. Ainsi, le pouvoir marital perd du terrain dans les familles éduquées où les époux préfèrent décider par consentement mutuel de toutes les questions concernant la famille.

Le pouvoir marital était souligné dans le code civil colonial, dont l’article 635 stipule sans ménagement que le mari est le chef de famille et que, sauf disposition contraire dudit code, son épouse lui doit obéissance en toute chose licite qu’il ordonne. Cependant, cet article a été abrogé et remplacé par l’article 45 du code de la famille du FLPE (Proclamation 1/1991) qui est fondé sur l’égalité des droits et de statut des deux sexes et qui soutient les intérêts des enfants et de la mère de famille.

Les femmes ont un droit égal à celui des hommes de conclure des contrats, d’administrer des biens, de gérer des entreprises; elles peuvent hériter d’entreprises familiales et les diriger ou obtenir l’autorisation de créer une entreprise. Selon les statistiques du service des licences, plus de 25 000 licences d’exploitation commerciale ont été délivrées dans la région de Maekel, dont 30 % ont été obtenues par des femmes. Elles participent à diverses activités commerciales, comme l’indique le tableau suivant.

Tableau 23 Les femmes d’affaires dans la région de Maekel

Catégories d’activité

Nombre de licences délivrées

1

Agriculture, chasse, exploitation forestière

20

2

Pêche

3

3

Industrie manufacturière

326

4

Mines et carrières

48

5

Électricité, gaz et adduction d’eau

24

6

Bâtiment et travaux publics

24

7

Activités commerciales générales et réparation de véhicules à moteurs

5 479

8

Transports, entrepôts et communications

197

9

Intermédiation financière et affaires immobilières

1

10

Services généraux

1 411

11

Services spécialisés

89

Source  : Service des licences commerciales

Ce qui pose problème, ce n’est pas que les femmes n’ont pas, en matière civile, des droits identiques à ceux des hommes ou les mêmes possibilités d’exercer ces droits; c’est en fait que la majorité des femmes ne sont pas informées ou conscientes de l’existence de ces mesures protectrices.

Afin de combler cette lacune, le service de conseils juridiques de l’UNFE s’est employé, pendant les trois dernières années, à lancer des campagne de sensibilisation visant à vulgariser toutes les dispositions juridiques concernant les femmes. À cet effet, on a élaboré un manuel de formation qui porte principalement sur le code de la famille, la proclamation concernant les biens fonciers et certains points du code pénal (avortement, viol etc...). Ce service de conseils a publié des statistiques qui indiquent que plus de 5 700 femmes ont participé à des ateliers de vulgarisation des connaissances juridiques qu’il a organisés en 2002.

Article 16Mariage et rapports familiaux

Le mariage est considéré comme un lien juridique entre les époux et la monogamie est la règle, excepté pour les adeptes de la religion musulmane. Les statistiques actuelles sur la situation matrimoniale de la population indiquent que 20,2 % des femmes en âge de procréer n’ont jamais été mariées, 58,5 % sont actuellement mariées, 1,6 % vivent avec un partenaire (cohabitation), 6,9 % sont divorcées ou séparées et 12,5 % sont veuves.

Le code civil régit le mariage et les rapports familiaux, y compris la définition de l’âge nubile et l’obligation d’enregistrer les contrats de mariage.

Cependant, étant donné que l’Érythrée est une nation hétérogène composée de neuf groupes ethniques ayant chacun leur langage indigène, leurs valeurs traditionnelles et leurs lois coutumières, une certaine souplesse est encore de mise. Traditionnellement, le mariage et les rapports familiaux étaient entièrement régis par des lois coutumières dictées par les notables de la communauté et les chefs ou dirigeants tribaux. Compte tenu de la pluralité et de la diversité des cultures et des religions présentes dans le pays, le système actuel reconnaît légalement plusieurs lois et pratiques concernant le mariage. Selon le projet de loi civile transitoire concernant le mariage, les formes de mariages reconnus sont le mariage civil, le mariage religieux et le mariage coutumier.

Un mariage civil a lieu lorsqu’un homme et une femme se présentent devant un officier d’état civil pour contracter un mariage et échangent 1eur consentement devant cet officier (art. 518).

Un mariage religieux est conclu lorsqu’un homme et une femme ont accompli les actes ou rites censés constituer un mariage valable selon leur religion ou la religion de l’un d’entre eux (art. 519).

Un mariage coutumier a lieu lorsqu’un homme et une femme accomplissent les rites qui constituent une union permanente entre eux, conformément aux règles de la communauté à laquelle ils appartiennent ou à laquelle l’un d’entre eux appartient (art. 520).

Il y a de nombreuses lois coutumières en vigueur dans les montagnes (zone en majorité chrétienne) et dans les plaines (zone en majorité musulmane), qui couvrent la plupart des groupes ethniques. Par exemple :

Les Adkeme Melgae (lois codifiées en 1936 en Tigrigna)

Les Adgna Tegeleba (lois codifiées en 1937 en Tigrigna)

Les Logo-chiwa (lois codifiées initialement en 1413 et enregistrées en 1910 en Tigrigna)

Les Karneshm (lois codifiées en 1910 en Tigrigna)

Les Lamza Saharti (Lois codifiées en 1936 en Tigrigna)

Les Shewate Anseba (lois codifiées en 1910 en Tigrigna)

Les lois coutumières des Kunama ne sont pas codifiées mais transmises par voie orale et appliquées de façon systématique

Les Fithi Mehari of Mensa’e (lois codifiées en 1913 en Tigre)

Les Ben-Amir (lois codifiées en 1967 en anglais )

Selon toutes les lois coutumières, le pouvoir d’arranger les fiançailles appartient aux parents de sexe masculin du fiancé (excepté en ce qui concerne les Kunama qui ont un système matriarcal). L’âge nubile pour les mariages coutumiers est de 8-15 ans pour les filles et de 12-15 ans pour les garçons. Dans certaines tribus, l’épouse n’a, en aucun cas, le droit de demander le divorce, mais peut, par l’intermédiaire de son mari, demander à ses parents d’intervenir en sa faveur.

Réformes législatives concernant le mariage

Le document de macropolitique de l’État constitue le fondement de la réforme législative concernant les droits des femmes. Il stipule que :

b) l’égalité des droits pour les femmes sera respectée et toutes les lois qui violent ce principe seront modifiées.

Ainsi, la commission de réforme des lois constituée en 1997 sous l’autorité du Ministère de la justice a établi un nouveau Code civil et un nouveau Code pénal, en tenant compte des droits de l’homme fondamentaux, de l’égalité entre les sexes et de tous les droits accordés aux femmes par la Constitution. Après l’indépendance les codes coloniaux civil et pénal ont été adoptés, mais ils ont été modifiés par la proclamation 1/1991 qui est conforme aux préférences nationales et constitue le Code transitoire de l’Érythrée (CTE}. Parmi les points modifiés, figurent l’enregistrement des mariages, l’âge de nubilité, la durée du veuvage, les effets pécuniaires du mariage et du divorce, les successions etc... Actuellement, les tribunaux utilisent le CTE en attendant que les projets de codes soient approuvés par le Parlement.

Dans le nouveau projet de code civil et le CTE, toutes les formes de mariage (excepté ceux qui sont régis par la charia), y compris les mariages coutumiers et religieux, ont en commun des dispositions impératives qui renforcent les droits des femmes dans les contrats de mariage :

Un homme et une femme qui n’ont pas tous deux atteint l’âge de 18 ans ne peuvent se marier (art.521); si la femme est enceinte ou a déjà donné naissance à un enfant à l’âge de 16 ans, une dispense peut être accordée concernant l’âge de nubilité.

Les mariages entre personnes qui sont parentes par alliance ou consanguinité sont interdits (art.522/523).

Chacun des époux doit personnellement consentir au mariage au moment de la cérémonie (art. 525) ... ils ne peuvent être représentés, à moins qu’une dispense n’ait été accordée par le procureur général pour une raison valable.

Un consentement obtenu par la menace n’est pas valide (art. 528) etc...

Une protection juridique et administrative est garantie par la réforme du droit de la famille et par les mesures prévues pour l’exécution et l’application de cette réforme. La loi souligne que toutes les formes de mariage doivent se fonder sur un soutien et une compréhension mutuels et que le mari et la femme seront tenus responsables de l’entretien de la famille. Le projet de code stipule que :

Les époux se doivent respect, fidélité, protection, soutien et assistance (art. 564).

Les époux doivent coopérer dans l’intérêt de la famille, sur la base de l’égalité des droits et des responsabilités des deux sexes, afin d’assurer la direction morale et matérielle de la famille, l’éducation des enfants et de préparer ceux-ci à prendre leur place dans la société (art. 565).

Un enregistrement du mariage sera établi pour les mariages coutumiers et religieux (art. 543/544).

L’aspect délicat de cette réforme législative réside dans l’harmonisation des dispositions de la charia avec celles du droit familial selon le Code civil. La charia contient ses propres règles concernant le divorce, la succession et la gestion des biens; ces règles sont distinctes du Code civil. Lorsqu’une femme est mariée sous le régime de la charia, elle est obligée de suivre les dispositions de celle-ci en ce qui concerne le divorce, la garde des enfants, la pension alimentaire et la succession, lorsque ces dispositions diffèrent de celles du Code civil.

Les mariages entre parents par alliance ou par consanguinité et la bigamie sont interdits par la loi.

Fiançailles et mariage avant l’âge de nubilité

Le mariage des filles avant l’âge de nubilité était une pratique courante. Les filles étaient mariées par arrangement entre les familles sans leur consentement et sans prendre en considération l’état de santé, l’âge et d’autres caractéristiques de l’homme concerné. Les mariages par enlèvement ou sous la menace étaient acceptés, ainsi que les mariages conclus pour régler des conflits ou des problèmes familiaux. Le veuvage durait toute la vie pour une femme, alors qu’un homme pouvait se remarier le lendemain du décès de son épouse.

Le nombre des mariages traditionnels et coutumiers a commencé a décroître pendant la lutte de libération, lorsque le FLPE a proclamé une nouvelle loi concernant la famille qui interdit certaines pratiques, comme l’achat des épouses, l’enlèvement, le mariage avant l’âge nubile, le mariage sans consentement etc. .. qui étaient discriminatoires et violaient les droits des femmes. Naturellement, les lois ne suffisent pas à elles seules et ont été renforcées par des campagnes de sensibilisation, afin de modifier les attitudes traditionnelles, l’état d’esprit, et de préparer la collectivité à accepter des changements concernant la libération des femmes. Avec le temps, on a obtenu des changements indéniables qui ont eu pour effet une diminution du nombre des mariages précoces. Aujourd’hui, l’âge de nubilité légal pour les filles est de 18 ans.

Selon l’enquête démographique et sanitaire de 1995, l’âge moyen du premier mariage pour les femmes a augmenté régulièrement; il est passé de 16 ans pour les femmes âgées de 40 à 49 ans à 18 ans chez les femmes de 20 à 24 ans. La proportion de femmes mariées avant l’âge de 15 ans est tombée de 31 % pour les femmes de 45-49 ans a 20 % pour les femmes de 15-19 ans. Globalement, 73 % des femmes actuellement âgées de 25 à 49 ans étaient mariées avant l’âge de 20 ans. Les hommes contractent leur premier mariage beaucoup plus tard que les femmes; l’âge moyen du premier mariage pour les hommes âgés de 25 à 29 ans est de 25 ans.

La pratique des fiançailles existe encore; elles ouvrent la voie au mariage. Conformément au code civil (code de la famille) en vigueur, les fiançailles doivent être célébrées devant deux témoins. Cependant, elles ne peuvent être inscrites dans les registres de l’état civil. De plus, elles sont sans effet jusqu’à ce que les futurs époux atteignent l’âge de nubilité requis par la loi. Autrefois, les parents concluaient des fiançailles au nom de leurs filles (âgées de 5 à 10 ans), qui attendaient ensuite jusqu’à la puberté. Actuellement, le nouveau projet de loi définit une limite pour la durée des fiançailles. Si, lors des fiançailles, on n’a pas fixé leur durée, le mariage a lieu dans les six mois qui suivent la date à laquelle l’un des futurs époux a exprimé le désir de célébrer le mariage.

Divorce

La législation prévoit des cas où l’on peut mettre fin au mariage : le décès de l’un des époux, des raisons graves (l’un des époux est coupable d’adultère ou abandonne l’autre) ou une décision des tribunaux (art. 663). Des arbitres pour les affaires familiales s’efforcent de réconcilier les époux avant que le divorce ne soit prononcé par les tribunaux.

Conformément aux dispositions du Code civil transitoire, toute répudiation unilatérale de l’un des époux par l’autre est sans effet. En cas de divorce, une demande peut être présentée aux arbitres des affaires familiales par les deux époux conjointement ou par l’un d’entre eux.

Cependant, si cet arbitrage n’aboutit pas et si le divorce est prononcé conformément au droit civil, les dispositions ci-après s’appliquent :

Les liens financiers sont liquidés.

On définit les responsabilités pour la garde et l’entretien des enfants nés du mariage, en tenant compte seulement de l’intérêt de ces enfants. Ceux-ci sont confiés à leur mère jusqu’à l’âge de 5 ans.

Le mari subvient à l’entretien des enfants selon les décisions de la commission d’arbitrage.

Les biens communs sont divisés également entre les époux et les dettes communes sont réglées. Ceci s’applique aussi dans les cas de cohabitation.

Les époux ont le droit de reprendre leurs biens personnels.

Font exception les mariages régis par la charia.

Les cas de divorces sont réglés par des arbitres des affaires familiales nommés par chaque époux ou par le tribunal. Cependant, seuls les tribunaux peuvent décider si un divorce a été valablement prononcé par les arbitres des affaires familiales.

Malheureusement, les femmes ne sont pas nommées membres des commissions d’arbitrage dans la plupart des cas. De nombreuses plaintes contre ces arbitres ont été reçues par le service de conseils juridiques de l’UNFE, alléguant que les arbitres n’ont décidé ni de façon impartiale, ni à la satisfaction des femmes concernées. L’UNFE déploie des efforts importants pour que les femmes soient inclues dans les commissions d’arbitrage et, même au-delà, pour que des tribunaux élus par les collectivités remplacent les commissions d’arbitrage.

Actuellement, on enregistre une tendance à l’augmentation du nombre des divorces, des séparations et des problèmes concernant l’entretien des enfants.

Droits et biens personnels

Aucune loi ou tradition ne prévoit qu’une femme mariée doit prendre le nom de son mari; elle garde le nom de son père après son mariage, mais les enfants du couple prennent le nom de leur père.

Le mari et la femme ont le droit d’administrer leurs biens personnels, d’en percevoir les revenus et de disposer librement de leurs biens. Ils peuvent aussi recevoir leurs bénéfices et leurs salaires et avoir un compte en banque pour y déposer leurs fonds personnels. Les biens communs, comme les biens qui leurs sont donnés à tous deux, tous les biens acquis pendant le mariage, les salaires etc... peuvent être administrés conjointement ou indépendamment par chacun des époux.

Cohabitation

Autrefois, de nombreuses femmes ont été les victimes d’unions non enregistrées. Selon le droit civil colonial, la cohabitation était légalement autorisée, mais considérée comme une union irrégulière; ainsi, les femmes concernées n’avaient aucun droit à la succession, à l’entretien, à la communauté de biens ou au lien de parenté. Cependant, si la cohabitation durait plus de 10 ans, elles pouvaient obtenir un dédommagement en cas de divorce. Dans de nombreux cas, ce divorce intervenait juste avant l’expiration de cette période, ce qui laissait les femmes concernées sans ressources.

Le concept d’union irrégulière a été aboli et la cohabitation sans mariage est considérée comme une union normale et doit être enregistrée. Ceux qui vivent ensemble pendant une longue période bénéficient de la protection de la loi en tout ce qui concerne les rapports familiaux, comme s’ils étaient mariés. À cet égard, il convient de noter qu’il serait nécessaire et important de définir légalement la durée de la période requise.

Viol

Bien que le viol constitue une infraction pénale, certains parents de femmes violées préfèrent marier leur fille au coupable, afin de cacher l’acte délictueux commis à l’encontre de la famille et les sévices sexuels dont a été victime leur fille. Ce type d’arbitrage et d’arrangement est conclu entre les familles concernées, sans recourir à la justice. Dans la plupart des cas, de tels mariages se terminent par un divorce, car le marié a pour but de se protéger contre un chef d’accusation de viol. La victime n’a pas le droit de soulever à nouveau la question du viol après le divorce.

Le code pénal prévoit que :

Quiconque force une femme à subir des rapports sexuels en dehors du mariage, soit par la violence ou par grave intimidation, ou encore après l’avoir rendue inconsciente ou incapable de résister, encourt une sanction pénale.

La gravité du crime et de la sanction varie selon que le viol a été commis :

a) Sur un enfant de moins de 15 ans;

b)Sur une personne qui se trouve dans un hôpital, un hospice, un asile, une institution éducative ou un lieu de détention et qui est sous la sujétion, l’autorité ou le contrôle de l’accusé;

c) Par plusieurs personnes agissant de concert.

Les cas de viol sont habituellement soumis à la police et transmis au bureau du procureur général. Mais tous les cas ne sont pas signalés. Les gens ont tendance à cacher une telle situation par crainte de l’aliénation sociale à laquelle leur fille pourrait faire face. Parfois la victime elle-même garde le viol secret. Le tableau ci-après indique les cas de viol signalés à la police.

Tableau 24 Cas de viol

Année

1998

1999

2000

2001

2002

Nombre de cas de viol signalés

21

49

49

63

72**

Source : Bureau du procureur général.** Le quatrième trimestre n’étant pas inclus, le chiffre total tend à être plus élevé.

Ces statistiques montrent que le nombre de cas de viol augmente. Il a augmenté de 46 % en 2002 par rapport à 2000. La plupart des victimes sont âgées de 13 à 17 ans, c’est-à-dire que ce sont des jeunes filles qui n’ont pas atteint l’âge de nubilité.

Ici encore, des efforts de vulgarisation des textes juridiques sont très nécessaires à l’intention des femmes et des collectivités en général. Ils devraient être entrepris conjointement par l’UNFE, le Ministère de la justice et d’autres organisations de la société civile.

Héritage et succession

Les dispositions du Code civil ne sont pas discriminatoires en matière de succession; elles stipulent en effet que le sexe, l’âge, la nationalité de l’héritier n’affectent en rien son droit à la succession (art. 837). Cependant, les dispositions de la charia sont différentes.

En cas de décès de son mari, la mère et ses enfants héritent de tous les biens, y compris les terres agricoles. Cependant, si le mari décédé n’a pas d’enfant survivant, ses parents ont droit à une partie de l’héritage. Si 1’épouse et ses beaux-parents ne peuvent se mettre d’accord (ce qui est toujours le cas), l’épouse doit vendre les biens communs et en prendre sa part. Ceci ne s’applique pas aux biens personnels.

En cas de divorce, les arbitres des affaires familiales peuvent être saisis; ils peuvent même accorder à l’un des époux les trois quarts des biens communs, compte tenu de la bonne ou mauvaise foi des époux, de cas éventuels d’enrichissement illicite etc...

Conclusion

Dans le présent rapport, on a examiné chacun des 16 articles de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, compte tenu des réalités érythréennes. On a tenté d’indiquer les importantes mesures législatives et administratives qui ont été adoptées pour traiter des questions de discrimination et d’égalité des chances, ainsi que les problèmes et les obstacles traditionnels rencontrés.

Cependant, même si la législation prévoit l’égalité des droits et des chances, les attitudes et les pratiques culturelles constituent encore des obstacles majeurs qui freinent le changement et le rendent lent et graduel.

Néanmoins, le Gouvernement érythréen affirme son vigoureux engagement et sa volonté politique d’obtenir des résultats pratiques en matière d’égalité et d’éliminer les discriminations existantes, car il considère que la participation des femmes et leur pleine intégration au développement national et à la société sont des facteurs essentiels du développement et de l’établissement d’une vraie démocratie.

Le Gouvernement est fermement convaincu que les droits des femmes et leur participation ne peuvent être réalisés si ces changements fondamentaux ne touchent pas la vaste majorité des femmes et si les voies d’accès et les possibilités de progrès ne sont pas largement ouvertes à tous. Sinon, tout le concept d’habilitation reste superficiel. La philosophie et la conviction du Gouvernement à cet égard ont été énoncées, lors du 20e anniversaire de l’UNFE, dans le discours-programme du Président de l’État.

Choisir entre un résultat symbolique et une participation large et effective est une décision fondamentale. Il est toujours tentant de concentrer ses efforts sur la participation de quelques femmes occupant des postes supérieurs ou de celles qui sont au plus haut niveau. Cette méthode est faussée et réduit inévitablement la participation des femmes à une dimension symbolique. Pour obtenir une vraie participation des femmes, il faudrait les habiliter toutes, ou la majorité d’entre elles, à jouer un rôle significatif dans tous les aspects des activités de la société. Les efforts déployés doivent donc être orientés dans ce sens; ainsi la participation sera réelle plutôt que symbolique.

Les femmes érythréennes pensent que l’égalité entre les sexes n’est pas quelque chose qui est octroyé ou offert, mais quelque chose qui doit être gagné par leur participation consciente à tous les niveaux de la vie. Leur voyage vers l’égalité des droits a commencé il y a longtemps, pendant la lutte pour la libération, avec la devise « l’égalité grâce à une égale participation au travail », devise que les Érythréennes continueront à garder et à appliquer.

Conformément aux objectifs du millénaire pour le développement (OMD), le Gouvernement et une équipe de pays des Nations Unies ont, dans le contexte du Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (PNUAD), défini comme suit les priorités nationales du programme de développement et de redressement, qui met l’accent sur un développement intégrant hommes et femmes, en tant que stratégie interdisciplinaire :

i) Appuyer l’exécution du programme national d’action pour le progrès des femmes;

ii) Aider à renforcer les mécanismes institutionnels aux niveaux national, régional et local, afin de traiter les questions concernant l’égalité entre les sexes au niveau des politiques gouvernementales et des allocations de ressources et assurer le suivi des initiatives prises dans ce domaine dans les politiques, les programmes et la législation;

iii) Aider à renforcer la capacité des organisations qui représentent les intérêts des femmes et promouvoir les activités de plaidoyer, de création de réseaux et de partenariat qui favorisent le progrès des femmes.

iv)Aider à renforcer les qualifications, connaissances et capacités des femmes dans le domaine de la direction d’entreprises;

v)Aider les institutions concernées à collecter, analyser et diffuser des données ventilées par sexe dans leurs domaines et secteurs respectifs.

Il devrait être admis et compris par tous que l’application des droits des femmes n’est pas la tâches exclusive des femmes ou de leurs organisations, mais la responsabilité de tous ceux qui soutiennent les droits fondamentaux des êtres humains.

Il convient de continuer à effectuer des activités de recherche portant sur divers domaines qui ont un effet direct ou indirect sur la condition de la femme, afin de dégager les fondements de politiques et de stratégies permettant de réaliser des changements fondamentaux dans la vie et la situation des femmes érythréennes.

Annexe I

Liste des acronymes

ACRDAssociation de coopération et de recherche pour le développement

AFHPEAssociation familiale d’hygiène procréative d’Érythrée

ASCAgent sanitaire des collectivités

ATAccoucheuse traditionnelle

BLCEBanque pour le logement et le commerce de l’Érythrée

CCECommission constitutionnelle de l’Érythrée

CCFCommission de la condition de la femme

CCTECode civil transitoire de l’Érythrée

CEDAWComité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes

CERIESCentre d’études, de recherche et d’information sur l’égalité entre les sexes

CESARCommission érythréenne pour le secours et l’aide aux réfugiés

CNCChambre nationale de commerce

CNPNPECadre national et programme national de politique économique

CNTEConfédération nationale des travailleurs érythréens

CPTECode pénal transitoire de l’Érythrée

CTECode transitoire de l’Érythrée

DEADivision de l’éducation des adultes

DIHFDéveloppement intégrant hommes et femmes

DJEDéveloppement des jeunes enfants

DRADépartement des ressources en eau

EDSEEnquête démographique et sanitaire de l’Érythrée

FDCEFonds de développement communautaire de l’Érythrée

FLPEForces de libération du peuple érythréen

FPDJFront populaire pour la démocratie et la justice

FRCFonds de redressement communautaire

GFDPEGroupe féminin de développement et de promotion des entreprises

GPEGouvernement provisoire de l’Érythrée

HAMSETVIH/sida, paludisme, MST et tuberculose

IECInformation, éducation et communication

MAMinistère de l’agriculture

MCIMinistère du commerce et de l’industrie

MCLMinistère des collectivités locales

MEMinistère de l’éducation

MEMMinistère de l’énergie et des mines

MGFMutilation génitale des femmes

MSMinistère de la santé

MTPSMinistère du travail et de la protection sociale

ONGOrganisations non gouvernementales

PAMProgramme alimentaire mondial

PANESPlan d’action national pour l’égalité entre les sexes

PCIMEPrise en charge intégrée des maladies de l’enfant

PEMCProgramme d’épargne et de microcrédit

PNAProgramme national d’alphabétisation

PNBProduit national brut

PRUProgramme de reconstruction en urgence

SASESuivi et acquis scolaire des enfants

SCAServices de conseils aux agriculteurs

SGISSystème de gestion des informations relatives à la santé

SSPSoins de santé primaires

TMITaux de mortalité infantile

TMMTaux de mortalité maternelle

TNSTaux net de scolarité

UNFEUnion nationale des femmes érythréennes

UNICEFFonds des Nations Unies pour l’enfance

UNIFEMFonds de développement des Nations Unies pour la femme

UNJEEUnion nationale de la jeunesse et des étudiants érythréens

VCF« Des vivres contre une formation ».

Annexe II

Références

Charte nationale pour l’Érythrée, approuvée par le troisième congrès du FLPE, février 1994

Analyse des questions juridiques touchant la vie des femmes érythréennes, UNFE, mars 2001

Étude du secteur privé axée sur les petites, moyennes et microentreprises et établie par le Bureau chargé de la macropolitique et de la coopération économique internationale, 1996

Bref rapport sur les activités d’alphabétisation menées entre 1998 et 2001 et rapport semestriel sur le programme d’alphabétisation pour 2002, Ministère de l’éducation août 2002

Projet de code civil de l’Érythrée

Statistiques sur l’instruction élémentaire, 2000/2001 ME, nov. 2001.

Enquête démographique et sanitaire de l’Érythrée de 1995

Enquête démographique et sanitaire de l’Érythrée de 2002, rapport préliminaire

Note sur l’éducation et la formation en Érythrée du 8 juillet 2002; Développement humain I Région de l’Afrique, Document de la Banque mondiale

Note sur l’éducation et la formation en Érythrée du 8 juillet 2002

Profil sanitaire de l’Érythrée en 2000, Ministère de la santé, mai 2001

Protocole clinique national sur la maternité sans risques, deuxième édition, 2002

ELCE, critères concernant les prêts immobiliers

Ressources humaines pour un développement industriel durable, première et deuxième parties, septembre 2002

Document de macropolitique pour l’Érythrée, 1994

Projet SASE (2001) rapport sommaire, Département de l’enseignement général du ME

Ministère de l’agriculture, rapport annuel de 2001, bureau de planification et de statistique

Statistiques de base du ME (1999/2000-2001/2002)

Cadre national et programme national de politique économique (CNPNPE) pour 1998-2000

Rapport national sur l’exécution du programme d’action africain et mondial pour le progrès des femmes érythréennes, publication de l’UNFE, Asmara, nov. 1999.

Procédures de calcul du coût des branchements et des facturations d’électricité dans les zones rurales et périurbaines : Directive No E10001/2001, MEM

Planification et statistiques, Rapport annuel du MA pour 2001-2002

Proposition concernant un centre d’études, de recherche et d’information sur l’égalité entre les sexes, Université d’Asmara, juillet 2002

Programme d’adduction d’eau et d’assainissement, DRA, mars 2002

Programme d’épargne et de microcrédit (PEMC), rapport d’exécution, juillet 1996-décembre 2001

Données statistiques pour la période 1996-2001, Division de l’emploi

Étude sur les connaissances, attitudes et pratiques des AT qualifiées, Dr Abrehet Gebrekidan, juillet 2002

Constitution de l’Érythrée

Proclamation concernant le travail No 118/2001

Rapport national de l’Érythrée à la quatrième Conférence sur les femmes, Ministère des affaires étrangères, février 1995

L’enseignant sensible à l’équité entre les sexes : vers l’équité dans les classes élémentaires érythréenne, ME et UNICEF, octobre 2002

Note sur l’éducation du ME, mars 1998

Actes de la Conférence tenue lors du 20e anniversaire de l’UNFE; 27-29 novembre 1999

Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement, Érythrée, 2002-2006, mai 2002

Inventaire et évaluation des points d’eau de Debub, Anseba et du sud de la mer Rouge, Ministère de l’environnement, DRA, décembre 2001

Annexe III

Liste des tableaux

Page

Tableau 1 Ventilation par sexe des titulaires de postes gouvernementaux élevés

19

Tableau 2 Présence des femmes dans les affaires internationales

21

Tableau 3 Taux de scolarisation des filles

24

Tableau 4 Taux de scolarisation des filles par zone

24

Tableau 5 Les filles dans l’enseignement et la formation techniques et professionnels (EFTP)

25

Tableau 6 Redoublants par niveau et par sexe

26

Tableau 7 Abandons scolaires par niveau et par sexe

26

Tableau 8 Les femmes dans l’enseignement scolaire

27

Tableau 9 Les directrices d’écoles primaires

28

Tableau 10 Nombre de femmes inscrites à 1’Université (1998-2001)

28

Tableau 11 Femmes ayant obtenu un titre universitaire (l991-2001)

29

Tableau 12 Suivi des acquis scolaires en 7e

31

Tableau 13 Participation des femmes aux programmes d’alphabétisation

33

Tableau 14 Proportion globale (%) de femmes dans la main-d’oeuvre totale de certaines catégories de microentreprises et de petites et moyennes entreprises

35

Tableau 15 Recrutement des demandeurs d’emploi par profession, sexe et année

37

Tableau 16 Nombre de participants aux programmes organisés par le Ministère de l’éducation, le Ministère de la santé et le Ministère de l’agriculture (1993-1999)

41

Tableau 17 Nombre d’accoucheuses traditionnelles formées pendant les 10 dernières années, par zone

45

Tableau 18 Répartition des terres aux fins de logement dans la région du sud (1998-1999)

56

Tableau 19 Résultats du programme d’épargne et de crédit (1996-2001)

59

Tableau 20 Bénéficiaires du programme de crédit de l’UNFE et montants des prêts par région (juin 1995-juin 1997)

60

Tableau 21 Population rurale ayant accès à l’eau potable en 2001

61

Tableau 22 Participation des femmes aux commissions des ressources en eau

62

Tableau 23 Les femmes d’affaires dans la région de Maekel

66

Tableau 24 Cas de viol

72