NATIONS UNIES

CRC

Convention relative aux droits de l enfant

Distr.

GÉNÉRALE

CRC/C/51/Add.9

27 février 2004

FRANÇAIS

Original: ANGLAIS

COMITÉ DES DROITS DE L ENFAN T

EXAMEN DES RAPPORTS PRÉSENTÉS PAR LES ÉTATS PARTIES EN APPLICATION DE L ARTICL E 44 DE LA CONVENTION

Rapports initiaux des États parties devant être soumis en 1997

BOTSWANA

[10 janvier 2003]

TABLE DES MATIÈRES

Paragraphes Page

Introduction 1 ‑ 35 4

I.MESURES D’APPLICATION GÉNÉRALES 36 ‑ 76 11

II.DÉFINITION DE L’ENFANT (article premier) 77 ‑ 99 20

III.PRINCIPES GÉNÉRAUX 100 ‑ 148 24

A.Non-discrimination: article 2 100 ‑ 121 24

B.Intérêt supérieur de l’enfant: article 3 122 ‑ 128 28

C.Droit à la vie, à la survie et au développement: article 6 129 ‑ 134 30

D.Respect de l’opinion de l’enfant: article 12 13 5 ‑ 148 31

IV.LIBERTÉS ET DROITS CIVILS 149 ‑ 183 34

A.Nom, nationalité, identité: article 7 149 ‑ 155 34

B.Liberté d’expression et accès à l’information: articles 13 et 17 156 ‑ 164 35

C.Liberté de pensée, de conscience et de religion: article 14 165 ‑ 169 36

D.Liberté d’association et de réunion pacifique: article 15 170 ‑ 172 37

E.Protection de la vie privée: article 16 173 ‑ 176 37

F.Torture et traitement dégradant: article 37 a) 177 ‑ 183 38

V.MILIEU FAMILIAL ET PROTECTION DE REMPLACEMENT 184 228 39

A. Orientation et responsabilités parentales: article 5 et paragraphes 1 et 2 de l’article 18 184 ‑ 188 39

B.Séparation d’avec les parents: article 9; regroupement familial: article 10, et recouvrement de la pension alimentaire: paragraphe 4 de l’article 27 189 ‑ 198 40

C.Enfants privés de milieu familial: article 20; examen périodique du placement: article 25 199 ‑ 205 43

D.Adoption: article 21 206 ‑ 215 44

E.Transfert illicite et non‑retour: article 11 216 ‑ 217 46

F.Sévices et négligences sur enfant: articles 19 et 39 218 ‑ 228 46

TABLE DES MATIÈRES (suite)

Paragraphes Page

VI.SANTÉ ET BIEN‑ÊTRE 229 ‑ 273 48

A.Les enfants handicapés: article 23 229 ‑ 238 48

B.Survie et développement: paragraphe 2 de l’article 6;santé et services médicaux: article 24 239 ‑ 269 50

C.Sécurité sociale: articles 26 et 18 270 ‑ 273 59

VII.ÉDUCATION, LOISIRS ET ACTIVITÉS CULTURELLES 274 ‑ 308 60

A.L’éducation: article 28 274 ‑ 293 60

B.Les buts de l’éducation: article 29 294 ‑ 300 63

C.Les loisirs, les activités récréatives et culturelles: article 31 301 ‑ 308 65

VIII.MESURES SPÉCIALES DE PROTECTION DE L’ENFANCE 309 ‑ 380 66

A.Les enfants en situation d’urgence 309 ‑ 345 66

1.Enfants réfugiés: article 22 309 ‑ 319 66

2.Les enfants touchés par des conflits armés: article 38 320 ‑ 321 68

3.L’administration de la justice pour mineurs: article 40 322 ‑ 335 68

4.Enfants privés de liberté: article 37; leur réadaptation physique et psychologique et leur réintégration sociale: article 39 336 ‑ 345 71

B.Les enfants en situation d’exploitation, y compris leur réadaptation physique et psychologique et leur réinsertion sociale 346 ‑ 374 73

1.Exploitation économique: article 32 346 ‑ 353 73

2.Abus des drogues: article 33 354 ‑ 356 74

3.Exploitation sexuelle et violence sexuelle: article 34 357 ‑ 371 75

4.Vente, traite et enlèvement d’enfants: article 35 372 ‑ 373 79

5.Autres formes d’exploitation: article 36 374 79

C.Enfants appartenant à une minorité ou un groupe autochtone: article 30 375 ‑ 380 79

Introduction

1.Cest en 1995 que le Botswana a adhéré à la Convention relative aux droits de lenfant,instrument international dont les dispositions détaillées couvrent tous les aspects des droits des enfants et imposent au Gouvernement lobligation de respecter et mettre en œuvre ces droits.

2.Le Gouvernement botswanais est tenu de présenter un rapport au Comité des droits de lenfant, lequel sassure que les États parties à la Convention sacquittent de leurs obligations. Une délégation représentant le Gouvernement botswanais se rendra au siège de lOffice des Nations Unies à Genève pour y participer à une session du Comité des droits de lenfant, avec lequel il engagera un dialogue constructif quant à la meilleure manière de réaliser pleinement les droits de lenfant au Botswana. Le Comité adoptera des «Observations finales» sur la situation au Botswana, dans lesquelles il formulera des recommandations sur les mesures à mettre enœuvre et mentionnera les aspects positifs de laction du Gouvernement.

3.Le présent rapport a pour objet de dresser un tableau de la manière dont le droit interne et les politiques nationales ainsi que les structures et mécanismes institutionnels du pays permettent dassurer la réalisation des droits des enfants. Il y est procédé à une analyse approfondie de la situation en matière de droits de lenfant, accompagnée, le cas échéant, de commentaires sur les domaines appelant des améliorations.

4.Les obligations énoncées dans la Convention sont multiples et concernent des principes fondamentaux tels que la non‑discrimination, le respect des opinions de lenfant, lintérêt supérieur de lenfant et son droit à la vie, à la survie et au développement. Elles portent sur descatégories particulières de droit comme le droit à léducation, à la vie familiale, à la santé et àla protection sociale, mais aussi sur les droits civils et les mesures de protection à légard des enfants en situation particulièrement difficile. Certaines obligations sont directes − cest parexemple le cas des dispositions concernant léducation ou la justice pour mineurs, domaines qui doivent être conformes aux normes internationales, tandis que dautres sont indirectes − comme celles sur le rôle de gardien et de protecteur des parents, des tuteurs et des familles. Tousces droits tels quils sont mis en œuvre au Botswana sont examinés dans le présent rapport.

5.Le Ministère des collectivités locales est garant de lapplication de la Convention relativeaux droits de lenfant au Botswana. Sous la direction et avec le concours du Ministre, M. M. N. Nasha, la Division de la protection sociale, en concertation avec les principaux partenaires, a établi la version définitive du présent rapport. Cette procédure a bénéficié de lassistance technique et de laide financière du Fonds des Nations Unies pour lenfance (UNICEF).

Historique

6.La République du Botswana a accédé à lindépendance le 30 septembre 1966, dans le prolongement dun scrutin remporté par le Parti démocratique du Bechuanaland (Botswana), dont le chef Seretse Khama (par la suite Sir Seretse Khama) est devenu le premier Président dupays. Le territoire qui constitue aujourdhui le Botswana était à lorigine peuplé de nomades basarwa (populations également connues sous le nom de San ou de Bushmen), puis, à partir duXIVe siècle, a vu arriver des populations de langue tswana. Au début du XIXe siècle, les Européens ont commencé à envahir la région et trois chefs ont alors joué un rôle éminent; face aux pressions expansionnistes des Afrikaners, ils ont recherché la protection des Britanniques et, en 1885, le territoire situé au nord du fleuve Molopo est devenu un protectorat. Au sud du fleuve, le territoire habité par les Tswanas a été annexé à la Colonie du Cap et est devenu la Colonie de la Couronne britannique du Bechuanaland. Cette colonie, composée de terres riches en minéraux et en eau, fut plus tard cédée aux Boers, avant la constitution de lUnion sud-africaine en 1910. À cette même époque, le protectorat a été étendu à ses frontières actuelles.

7.Sir Seretse Khama a exercé la fonction de président jusquà sa mort, en 1980, et parlasuite son parti a continué de bénéficier dun large soutien. Il a été remplacé par son Vice‑Président, Quett Ketumile Masire, qui sest retiré au mois de mars 1998 pour être remplacé par son Vice‑Président, Festus Mogae. Le Président Festus Mogae a choisi comme Vice‑Président Ian Khama, le fils de Sir Seretse Khama et ancien chef de larmée; ils ont touslesdeux été réélus en 1999.

Géographie

8.Le Botswana est un pays sans littoral situé au cœur de lAfrique australe, traversé par letropique du Capricorne et bordé par la Namibie à louest et au nord, la Zambie au nord, leZimbabwe au nord‑est et lAfrique du Sud à lest et au sud. Son territoire, dune superficie de quelque 581 730 km2; est dans sa plus grande partie plat et recouvert des épaisses couches de sable du désert du Kalahari. Laltitude moyenne est de 1 000 m au‑dessus du niveau de la mer. Au nord‑ouest, le fleuve Okavango en provenance de la Namibie se perd dans les sables enformant un delta et au nord‑est on trouve les étendues salées désertiques (pans) de Makgadikgadi.

9.La pluviométrie varie de 650 mm par an au nord‑est à moins de 250 mm au sud‑ouest. La sécheresse sévit de manière chronique, mais au début de lannée 2000 des pluies exceptionnelles ont provoqué de graves inondations. Le Botswana connaît des conditions climatiques extrêmes et les températures négatives ne sont pas rares en hiver dans le désert du Kalahari.

10.Le Botswana est riche en minéraux et les diamants, le cuivre et le nickel sont exploités en grandes quantités. Une mine dor subsiste près de Francistown et une usine dextraction de soude et de sel fonctionne dans le bassin de Sua (Sua Pan).

11.Du fait de laridité du pays, environ 5 % seulement des terres sont cultivables et lélevage de bétail dans de grandes exploitations est lactivité agricole la plus importante. Lagriculture de subsistance est fondée sur lélevage de bovins, de moutons et de chèvres, sur la culture du maïs, du sorgho, des haricots, de larachide, sur la récolte de graines de coton et sur dautres cultures de terre sèche.

Population et démographie

12.Des estimations établies à partir des résultats du recensement de la population et de lhabitation réalisé en août 1991 (Bulletin statistique de juin 2001) font apparaître que cette année là le Botswana comptait 1 326 796 habitants soit un accroissement de 41 % par rapport au recensement de 1981, avec un taux daccroissement annuel moyen de 3,5 % entre ces deuxannées. Selon des projections établies à partir des résultats de ce même recensement, la population du Botswana devait atteindre 1 693 970 habitants à la date du recensement de 2001 − soit un accroissement de27,7 % et un accroissement annuel moyen de 2,5 % sur la période 1991‑2001, saccompagnant dune évolution favorable du rapport de masculinité (93,9 hommes pour 100 femmes en 2001 contre 91,6 hommes pour 100 femmes en 1991).

13.Lurbanisation a été rapide puisque la proportion de personnes vivant en zone urbaine est passée de 9,5 % en 1971 à 15,9 % en 1981 puis45,7 % en 1991. En 1999, selon des estimations du Gouvernement 50 % des habitants vivaient en zone urbaine alors que le Fonds des Nations Unies pour la population faisait état dun taux durbanisation de 28 % en 1997. Cette augmentation est notamment imputable à un fort accroissement de la population dans les zones urbaines traditionnelles, dont les villes de Gaborone et Francistown, et au reclassement de nombreux gros bourgs en zones urbaines. Environ la moitié de la population du pays vit dans unrayon de 100 km autour de la capitale, Gaborone.

14.Les citoyens du Botswana (Batswana) parlent pour la plupart parle le setswana mais uneimportante minorité parle le kalanga. Les locuteurs du tswana (ou setswana) appartiennent àplusieurs groupes ethniques, dont les Bakgatla, les Bakwena, les Balete, les Bangwaketse, lesBangwato, les Barolong, les Batawana et les Batlokwa. Il existe aussi des groupes ethniques plus petits, comme les Baherero, les Bahurutshe, les Bakalanga, les Bakgalagadi, les Bakgothu (Khoikhoi ou Hottentots), les Balala, les Bambukushu, les Banoka (San des rivières), lesBasarwa (San ou Khoisan), les Basubiya et les Bayei. Dautres minorités non négligeables secomposent dEuropéens, dAsiatiques et de personnes aux origines mixtes.

15.Langlais est la langue officielle et le setswana la langue nationale. Il existe en outre de nombreuses autres langues et dialectes parlés, qui nont pas tous été encore recensés. La plupart des habitants parlent langlais ou le setswana mais les statistiques exactes à ce sujet ne seront connues quaprès le dépouillement du recensement de 2001.

16.Le recensement de 1991 a fait apparaître que les enfants comptait pour plus de la moitié dans la population et quune forte proportion dentre eux avaient moins de 5 ans (voir letableau 1 ci‑après). En 1991, lespérance de vie moyenne était de 63,3 ans pour les hommes etde 67,1 ans pour les femmes (moyenne: 65,2 ans), en progression par rapport à 1981 − date àlaquelle lespérance de vie était de 52,3 ans pour les hommes et de 59,7 ans pour les femmes (moyenne: 56,2 ans). Une étude démographique réalisée en 19971998 situait alors lespérance de vie à 66,2 ans, mais le Programme commun des Nations Unies sur le sida (ONUSIDA), utilisant un mode de calcul différent pour mesurer les effets de la pandémie du VIH/sida, aestimé que lespérance de vie allait diminuer pour retomber aussi bas que 46,2 ans dici à 2000.

Tableau 1. Nombre d habitants de moins de 19 ans par âge et par sexe, recensement de 1991 a

Âge

Garçons

Filles

Total

Pourcentage de la population totale

0-4

96 676

96 989

193 665

14,6

5-9

97 563

99 051

196 614

14,8

10-14

89 887

93 596

183 483

13,8

15-19

73 112

79 413

152 525

11,5

Total

357 238

369 049

726 287

54,7

a Source: Bulletin statistique, juin 2000.

Économie

17.Entre la fin des années 60 et le début des années 90, le Botswana a enregistré les taux de croissance du PIB les plus élevés du monde en termes réels, avec 6,1 % en moyenne entre 1966 et 1991. Après une période de ralentissement économique, en 1992‑1993, la croissance a repris et se poursuit depuis. La forte augmentation générale des revenus tirés de lexploitation du diamant a permis à lÉtat de constituer dimportantes réserves et de dégager des excédents budgétaires. En 1998‑1999, le PIB était de 23 258,9 millions de pula, soit 14 494,5 pula parhabitant.

18.Avant le développement de lindustrie du diamant, léconomie du Botswana était dominée par lagriculture, essentiellement lélevage. En 1998‑1999, le secteur minier ne représentait plus globalement que 35 % du PIB, en raison du développement des autres secteurs. En 1998‑1999, les principaux secteurs dactivité étaient lindustrie manufacturière (dont la part dans le PIB atteignait 4,7 %), le bâtiment (5,9 %), le secteur de la banque, de lassurance et des affaires (10,5 %) et le commerce, lhôtellerie et la restauration (11,8 %). La part de lagriculture dans lePIB nétait plus que de 2,8 % alors que celle des administrations publiques atteignait 16 %.

19.LÉtat est le principal employeur. Si lon inclut les collectivités locales et les organismes parapublics, il fait travailler 47 % de personnes ayant un emploi dans le secteur structuré. Les autres secteurs pourvoyeurs demplois sont le commerce (17,5 %), lindustrie manufacturière (10 %) ainsi que les services financiers et le secteur des affaires (6,5 %). Malgré son poids économique, lindustrie minière nemploie que 3,5 % de la main‑dœuvre tandis que lepourcentage des emplois dans lagriculture a chuté pour tomber à 2 %, contre 17 % aumoment de laccession à lindépendance. Quelque 35 % des emplois correspondent à une activité indépendante ou dans le secteur informel.

20.Ces dernières années, le nombre de Botswanais travaillant dans les mines sud‑africaines aconsidérablement baissé, avec un recul de 15,4 % entre 1998 et 1999 − passant de 11 981 personnes au premier trimestre de 1998 à 10 378 au premier trimestre de 1999.

21.En 1995‑1996, une étude sur lemploi au Botswana a situé le taux de chômage («nombre de personnes à la recherche dun emploi en pourcentage de la population active») à 21,5 % pour lensemble du pays. Une ventilation des chômeurs par groupes dâge montre que le plus touché était celui des 20‑24 ans (38,9 %) suivi des 15-19 ans (35,4 %). Le taux de chômage était plusélevé dans les zones urbaines (22,6 %) que dans les zones rurales (20 %).

22.Les inégalités de revenu sont fortes par rapport aux autres pays, même si elles ont légèrement diminué depuis 1985‑1986. Les 20 % de personnes les plus pauvres de la population se partageaient seulement 12 % du revenu national tandis que les 40 % disposant dun revenu moyen se partageaient 29 % et les 20 % les plus riches 59 % du revenu national. Il existe également une inégalité entre les niveaux de revenu des ménages selon que lhomme ou la femme est chef de famille. Cette disparité est plus accentuée dans les zones urbaines où tant le revenu moyen que le revenu médian des ménages dirigés par une femme sont inférieurs à la moitié de ceux des ménages ayant un homme pour chef de famille. De même, on observe de grandes disparités entre les zones urbaines et rurales en termes de revenu disponible (somme du revenu financier et du revenu en nature). Le revenu médian était de 809 pula dans les villes et lerevenu moyen de 1 710 pula, tandis que dans les zones rurales le revenu médian était de 417 pula et le revenu moyen de 641 pula. Le tableau 2 ci‑dessous récapitule la structure des dépenses publiques et son évolution.

Tableau 2. Dépenses publiques a

1996

1997

1998

Dépenses publiques en pourcentage du PIB

35,9

35,5

39,6

Croissance annuelle des dépenses publiques en termes réels

11,5

5,5

..

Excédents budgétaires

21,4

11,8

15,0

Part des dépenses en matière de santé

6,0

5,4

5,1

Part des dépenses en matière déducation

25,2

23,4

24,7

Part des dépenses en matière de défense

7,8

8,2

8,8

Rapport des dépenses en matière de défense aux dépenses de santé et déducation

25,8

28,5

29,6

a Source: Ministère des finances et de la planification du développement.

Cadre constitutionnel et structure administrative

23.La Constitution botswanaise a été adoptée au moment de laccession à lindépendance. Elle institue un régime républicain dirigé par le président et qui repose sur trois pouvoirs: le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. La fonction exécutive est exercée par le Gouvernement, sous la direction du président, qui détermine et conduit la politique de laNation.

24.Lautorité législative suprême de la République est lAssemblée nationale, qui compte 46 membres, dont le Procureur général (Attorney-General), le Président de la Chambre et40 membres élus tous les cinq ans lors délections démocratiques pluralistes. Les quatre membres restants sont élues par le Parlement. Dans le domaine des affaires tribales, lAssemblée nationale légifère en concertation avec la Chambre des chefs, composée de 15 membres. Lesélections, auxquelles prennent part les citoyens majeurs, ont lieu au suffrage universel; le principal parti dopposition est le Front national du Botswana (Botswana National Front). Lors des élections de 1999, lopposition a remporté 16 % des sièges contre 30 % en 1994. En 1999, 77,1 % des citoyens inscrits ont voté lors des élections nationales, mais 37,7 % seulement des personnes ayant le droit de vote sont inscrites sur les listes électorales.

25.Le Gouvernement central est constitué par les ministères, au nombre de 11, et le Bureau duProcureur général, le Bureau du vérificateur général, la Commission électorale indépendante et le Bureau du Médiateur. Chaque ministère se subdivise en unités (en général appelées «départements» ou «divisions») ayant chacune leur domaine de compétence. Les organes responsables de la mise en œuvre des droits de lenfant seront présentés plus loin dans les sections pertinentes du présent rapport.

26.Le pays est découpé en 25 districts administratifs, comprenant 15 conseils de district, 2 conseils municipaux métropolitains et 4 conseils municipaux urbains. Certains éléments, notamment les dispensaires ainsi que le personnel et les infrastructures scolaires, sont du ressort des collectivités locales (tout en faisant lobjet dune coordination centrale par lintermédiaire duMinistère des collectivités locales) alors que dautres, par exemple le corps enseignant, leshôpitaux, les travailleurs sociaux et les éducateurs, relèvent du Gouvernement central (parlintermédiaire des ministères compétents). Dans chaque district, un commissaire est chargé de coordonner laction des services relevant directement du Gouvernement central. Les comités de village et les administrations tribales traitent les activités coutumières au niveau local. Uneenquête sur la structure des collectivités locales a été entreprise au début de lannée 2001.

27.Le Juge en chef (et Président de la Cour dappel) est nommé par le Président. Les juges quicomposent la Haute Cour et la Cour dappel sont nommés par le Président sur avis de la Commission des services judiciaires [art. 96 (2), 100 (2) et 104 de la Constitution du Botswana]. La Commission des services judiciaires se compose du Juge en chef, du Président de la Commission de la fonction publique et dun autre membre, désigné conjointement par ces deux personnes.

Le système juridique

28.Le système juridique botswanais est mixte, combinant droit romano‑hollandais et textes deloi (common law) avec le droit coutumier. Le droit romano‑hollandais, introduit au Botswana en 1891 par la Colonie du Cap, a dabord été appliqué aux non‑Botswanais, puis à toutes les personnes résidant au Botswana. Les deux systèmes juridiques coexistent, même si leurs dispositions et leur application respectives présentent des différences.

29.La plus haute juridiction du Botswana est la Cour dappel, qui est la cour supérieure darchive et statue sur les appels formés contre les jugements de la Haute Cour (High Court) , juridiction compétente pour examiner et juger les affaires civiles et pénales enpremière instance. Elle est la juridiction dappel pour les décisions rendues par les tribunaux de paix (magistrates courts) et la Cour coutumière dappel. La common lawrepose sur les lois et les précédents, cest‑à‑dire les décisions rendues par la Haute Cour et la Cour dappel. La Constitution garantit le droit du prévenu de se faire représenter par un avocat, à ses propres frais, dans le cadre dune procédure pénale [par. 10 (2) (d)].

30.Depuis lindépendance, les tribunaux coutumiers sont régis par la loi no 57 de 1968 yrelative. La loi de 1987 sur la common lawet les tribunaux coutumiers fixent également des règles dont sinspirent les tribunaux en cas de conflit de compétence entre droit coutumier etcommon law. Les tribunaux coutumiers connaissent des litiges relevant de leur compétence exclusive; ils sont saisis dun large éventail daffaires civiles et pénales concernant des enfants. Compte tenu de leur compétence limitée en matière pénale, ils ne connaissent pas des délits tels que la trahison, la bigamie, la corruption, labus de fonction, le vol qualifié, le viol et certaines autres infractions graves. Lorsquils examinent des infractions à caractère pénal, ils appliquent les règles de procédure des tribunaux coutumiers. Leur compétence ne leur permet pas de connaître de questions telles que la dissolution des mariages civils, la succession testamentaire ou linsolvabilité. En vertu de larticle 31 de la loi sur les tribunaux coutumiers, les parties ne peuvent se faire représenter par un avocat devant ces juridictions mais elles ont le droit, avec laccord du Commissaire aux tribunaux coutumiers, de demander le transfert de laffaire à une juridiction devant laquelle il est permis dêtre assisté par un avocat (art. 36 de la loi sur les tribunaux coutumiers).

31.Le système de droit coutumier est administré par le chef (kgosi , plurieldikgosi ), responsable ou Président du tribunal qui procède à des consultations avec les anciens de lacommunauté. Les chefs sentretiennent également entre eux des questions importantes au sein de la Chambre des chefs. Les affaires sont généralement examinées au kgotla (nom qui désigne la réunion publique ainsi que le nom du lieu où se tient cette réunion; pluriel dikgotla).

32.Lapplications des textes de loi régissant la compétence et les procédures des tribunaux coutumiers est entravée par le degré dinstruction et de formation des dikgosi et souffre également du manque de diffusion, de formation et de sensibilisation parmi la population dansson ensemble. En outre, ces textes ne sont pas traduits en setswana. Il arrive souvent que lesdikgosi soient sollicités aux fins du règlement dun litige hors du système judiciaire, ce qui leur permet davoir une plus grande marge de manœuvre pour exercer leur juridiction (en ayant recours à des arguments juridiques ou à la persuasion). La surveillance de leurs activités estdifficile car lessentiel du droit coutumier est non écrit et la pratique peut varier selon les dikgotla (tout comme les coutumes varient selon les traditions). Le droit coutumier est un droit fluide, qui évolue avec les schémas de comportement dune communauté donnée.

33.Les policiers locaux relèvent des tribunaux coutumiers et coexistent avec les forces de la police nationale. Les deux forces de police préfèrent dans lensemble que les affaires soient jugées par les tribunaux coutumiers car ces derniers rendent une justice de proximité rapide. LaCourcoutumière dappel examine les appels formés contre les décisions des tribunaux coutumiers (dikgotla).

34.Une magistrates court peut également rendre des décisions en se fondant sur les normes du droit coutumier et les juridictions supérieures sont alors compétentes pour statuer en appel, mais cest là chose rare.

35.Lefficacité des deux systèmes de droit, les règles qui les guident et leur interaction aux niveaux culturel et juridique conditionnent la défense et la protection des droits des enfants au Botswana. Ces points seront à nouveau abordés plus loin, dans les sections pertinentes.

I. MESURES D APPLICATIO N GÉNÉRALES

36.Le Botswana a signé, le 29 mai 1992, la Déclaration mondiale en faveur de la survie, de la protection et du développement de lenfant ainsi que le Plan daction relatif à la mise en œuvre de la Déclaration mondiale, faisant par là un premier pas en vue de lélaboration dun programme daction national en faveur des enfants du Botswana.

37.Au mois de mars 1995, le Botswana est devenu partie à la Convention relative aux droits de lenfant en formulant une réserve au sujet de son article premier, le Gouvernement estimant que les divers textes législatifs botswanais concernant la définition de lenfant nétaient pas conformes à la définition donnée dans la Convention (voir section II ci‑après). Pour lheure, ilne prévoit pas de retirer cette réserve.

38.Avant daccéder à la Convention, les autorités ont procédé à des consultations avec toutes les parties prenantes, notamment les services de lÉtat, les organisations non gouvernementales, les organisations communautaires et le secteur privé. Ce processus a été parachevé par la tenue au mois de juin 1993, à Gaborone, dune conférence nationale à laquelle ont participé des représentants de tous les secteurs de la société.

39.Lancien Ministre du travail du travail et des affaires intérieures, M. B. K. Temane, aofficiellement annoncé lentrée en vigueur de la Convention au mois de juillet 1995, lors dunecérémonie à laquelle des enfants avaient été invités. Tout en soulignant que cette cérémonie enlhonneur de lentrée en vigueur de la Convention était destinée à sensibiliser les décideurs politiques, les parents, les dispensateurs de soins et la collectivité dans son ensemble aux droits et aux besoins particuliers des enfants, le Ministre a soulignée que cette manifestation était aussi loccasion dinformer les enfants de leurs droits individuels et collectifs ainsi que de leurs devoirs et responsabilités envers eux‑mêmes et envers la société.

40.Aucun organe nest à lui seul chargé dassurer la coordination des politiques dans le domaine de lenfance ou de veiller à lapplication de la Convention. En revanche des structures administratives et des organismes mis en place par le Gouvernement ont pour mission de favoriser lélaboration et lapplication des lois et politiques nationales en faveur de la protection de lenfance. Ces structures relèvent en général de la Division de la protection sociale du Ministère des collectivités locales, qui joue donc le rôle de gardien de la Convention au Botswana.

Incorporation de la Convention dans le droit interne

41.Dans lordre juridique du Botswana, les traités ne sont pas dapplication directe. Pour avoir force exécutoire et être applicables, ils doivent en règle générale être incorporés dans le droit interne par le canal dune loi. Lincorporation peut porter sur lensemble du texte du traité oucertaines dispositions seulement, ou prendre la forme dune intégration des règles du traité parlinclusion dans la loi nationale dune définition des termes correspondant à celle du traité. La Convention relative aux droits de lenfant na pas été incorporée dans le droit national botswanais de cette manière. Un juge a cependant déclaré: «Le Botswana, en tant que membre de la communauté des États civilisés, sest engagé à se conformer à certaines normes de conduite et, sauf impossibilité deprocéder autrement, les juridictions auraient tort dinterpréter la législation dune manière qui soit contraire aux obligations internationales auxquelles le Botswana asouscrit». Laffaire dans laquelle ce constat a été formulé concernait la requête dune mère faisant valoir son droitde transmettre sa nationalité à ses enfants. Il découle de ce constat que, même si la Convention na pas été incorporée dans les textes législatifs nationaux, les dispositions dune loi interne faisant lobjet dune contestation doivent être interprétées par les tribunaux à la lumière des dispositions de la Convention et des autres obligations internationales en matière de droits de lhomme. Toutefois cela ne signifie pas que lÉtat botswanais puisse être mis en cause devant un tribunal pour non‑respect dune disposition de la Convention, autrement que par la voie dun recours constitutionnel.

42.Le Gouvernement botswanais sest engagé à défendre létat de droit et à accorder à sescitoyens et à tous les habitants du Botswana la protection et la jouissance des droits et des libertés fondamentales dus aux êtres humains, sans aucune distinction, conformément à la Constitution botswanaise. À cet égard, toute personne peut porter plainte devant la Haute Cour, puis la Cour dappel, au motif que ces droits sont violés ou bafoués. Dans certaines affaires, lÉtat a été reconnu coupable de violations de ces droits et le Gouvernement a modifié sa législation à la lumière de ces décisions. Néanmoins, comme indiqué plus haut, il nexiste pas de dassistance juridictionnelle dans ce type daffaires, ce qui limite la portée et lapplicabilité des droits constitutionnels, sauf en matière pénale où un avocat est mis gratuitementà la disposition dun accusé passible de la peine de mort. Un petit nombre dONG, notamment Ditshwanelo et leCentre dinformation pour les femmes Metlhaetsile, apportent une aide juridique.

Le Médiateur/ Mosirelets

43.La fonction de Médiateur a été instituée par la loi de 1995 y relative. Le Bureau du Médiateur peut enquêter sur toute mesure prise dans lexercice de fonctions administratives par un département ministériel ou un autre organisme, ou au nom de ces derniers. Il peut aussi ouvrir une enquête sur dépôt dune plainte par la personne concernée ou, le cas échéant, de sa propre initiative. En place depuis la fin de 1997, le Médiateur a déjà effectué diverses enquêtes, notamment, sur les conditions de vie dans les prisons et les droits des détenus, sur la corruption dans lattribution de bourses aux étudiants de lenseignement supérieur et sur des plaintes pourharcèlement déposées par des fonctionnaires. En 1999, il a reçu 390 plaintes. Il nexiste malheureusement pas de système de classement des affaires en fonction de lâge du plaignant, mais le Médiateur est compétent pour examiner les plaintes déposées par des enfants ou en leur nom, même si la population ignore en général cet aspect de ses attributions. Au sein du Bureau du Médiateur, un enquêteur est chargé des affaires concernant les enfants, les femmes et les jeunes. Les moyens daction du Médiateur dans ces domaines pourraient certainement être renforcés.

Vision 2016

44.En 1997, le Groupe spécial présidentiel sur les perspectives à long terme pour le Botswana a élaboré, à lissue dun processus de consultations, un document intitulé «Vision 2016: La prospérité pour tous» qui fixe les objectifs à long terme du pays et les principes sur lesquels ils reposent. Ce documentest destiné à inspirer la réflexion et les politiques stratégiques ainsiquà rassembler tous les Botswanais. Tous les plans nationaux de développement élaborés depuis doivent sinscrire dans le cadre de ce document, qui énonce divers objectifs, dont le développement durable et la justice sociale, et propose un large éventail de buts à atteindre, telsque «Édifier une nation humaine, juste et généreuse» ou «Édifier une nation sûre et stable». Ce document vise à «réconcilier certains aspects de la culture traditionnelle et les “droits émergents de lenfant”, tels quils sont définis dans les résolutions des Nations Unies» (p. 33). La mise en œuvre cette stratégie a été confiée à un conseil (le Vision  Council) composé de membres du Gouvernement et de la société civile.

Programme d’action national

45.Le Programme daction national (PAN) pour les enfants du Botswana porte sur la période de 10 années 1993‑2003, choisie pour le faire coïncider avec le huitième Plan de développement national afin que les droits de lenfant soient placés au centre de leffort de développement. LePAN couvre un champ très large et comprend notamment un aperçu de la situation macroéconomique du pays, une analyse de la situation changeante des femmes et les enfants et, ce qui est le plus important, une mise en évidence des groupes vulnérables denfants et la description des stratégies et des activités visant à répondre à leurs besoins. Sept groupes vulnérables ont été identifiés: les enfants des rues; les enfants qui travaillent; les enfants handicapés; les orphelins; les petites filles; les enfants victimes de maltraitance; les enfants socialement et culturellement défavorisés.

46.Les 10 objectifs du Programme daction national(en termes dindicateurs sociaux pour certains) sont les suivants:

Réduire dun tiers le taux de mortalité infantile non liée au VIH et le taux demortalité des enfants de moins de ans afin de les ramener respectivement à30  et à 38 ;

Réduire le taux de mortalité maternelle de moitié en le faisant passer de 300 à150 pour 100 000 naissances vivantes;

Réduire de moitié par rapport au niveau de 1990 le pourcentage denfants souffrant de malnutrition modérée en le faisant passer de 15 % à 7 % et éliminer pratiquement les cas de malnutrition grave;

Porter de 68 % à 95 % le pourcentage des ménages ruraux ayant accès à lalimentation en eau potable;

Faire passer de 41 % à 70 % le pourcentage des ménages ruraux ayant accès à des installations sanitaires de traitement des excréments;

Garantir à tous laccès à léducation de base et améliorer la qualité et lutilité de cetenseignement;

Réduire sensiblement le taux danalphabétisme chez les adultes;

Promouvoir le développement du jeune enfant en mettant laccent sur la participation de la famille et de la communauté;

Améliorer la protection des enfants, en particulier des enfants en situation difficile, etsattaquer aux causes profondes à lorigine de pareille situation;

Mieux faire connaître la Convention à lensemble du public et promouvoir sonrespect.

47.Le Programme daction nationalprévoit la mise en place de divers mécanismes et structures destinés à en assurer la coordination et le suivi. Au niveau national, le Conseil national de la population et du développement est le principal organe de coordination chargé den assurer le suivi et la mise en œuvre. Cest aussi lorgane le plus élevé à conseiller le Cabinet pour toutes les questions relatives à la population et au développement. Créé par une directive présidentielle en 1992 (un an avant ladoption du Programme daction national), le Conseil national se compose de fonctionnaires, de représentants du secteur privé et dexperts indépendants dont lanomination est approuvée par le Cabinet. Il fait rapport au Cabinet par lintermédiaire duMinistère des finances et de la planification du développement.

48.Le Conseil national a élaboré une politique nationale de la population conçue pour servir de cadre à la coordination du Programme daction national , mais elle na été approuvée quenaoût 1997 (quatre années après le lancement du Programme) et ses modalités dapplication nont été définitivement arrêtées quà la fin de 1999. Cest pourquoi les programmes daction dedistrict quil était prévu délaborer et lexamen à mi‑décennie du PAN qui aurait dû être mené en 1995 nont pas vu le jour. Malgré ces échecs, la coordination du PAN restera lune des principales responsabilités incombant au CNPD jusquà la fin de la période couverte par le PAN.

49.Le retard dans la mise en place de lapolitique nationale de la population ne signifie pas que le Programme daction national a été complètement ignoré puisque nombre de ses objectifs ont été incorporés dans le huitième Plan de développement national qui couvre la période 1998‑2003 et est coordonné par le Ministère des finances et de la planification du développement. Un examen à mi‑parcours du huitième Plan a déjà eu lieu et a donné lieu à undébat au Parlement. Toutefois, aucun crédit budgétaire na été expressément prévu pour lamise en œuvre du Programme daction national dans le cadre du huitième Plan, même si des dispositions ont été prises indirectement pour la programmation des activités concernant les enfants.

50.Le Ministère des finances et de la planification du développement a procédé à lexamen dela mise en œuvre du Programme daction nationalen vue de la session extraordinaire que lAssemblée générale de lONU a consacrée aux enfants en 2001. Cest dans le cadre de cetexamen quune enquête sur les indicateurs multiples a été menée par le Bureau central de lastatistique en octobre 2000. Ces activités ont été menées avec laide de lUNICEF. Malheureusement, cet examen et les résultats complets de lenquête navaient pas encore été publiés à lépoque où était élaboré le présent rapport. Dans lattente de ces résultats, on peut mesurer les effets du PAN au moyen des données recueillies lors des recensements (organisés tous les 10 ans, le dernier en 2001), des rapports statistiques annuels et des enquêtes sur lalphabétisation, la santé de la famille et léducation menées par le Bureau central de lastatistique. En outre, le Gouvernement botswanais a publié en 2000, en collaboration avec lePNUD, un rapport sur le développement humain.

51.Au niveau des districts et des communautés, le Programme daction nationaldevrait servir de base pour lélaboration des plans daction des districts et des villages, qui seraient périodiquement examinés par lintermédiaire des conseils de district et de village. Toutefois, leProgramme daction national na été publié quaprès lachèvement du cinquième Plan de développement de district et du deuxième Plan de développement urbain et na donc pas pu être incorporé dans ces documents. Au lieu de cela, il est prévu dinscrire ses objectifs dans les plans annuels ainsi que dans les prochains plans de développement de district et de développement urbain.

Ministère des collectivités locales

52.Le Ministère des collectivités locales est responsable de la protection de lenfance ainsique de lélaboration du présent rapport, tâche quil a confiée à sa Division de la protection sociale. Il incombe avant tout à cette Division daider le Gouvernement à élaborer la politique deprotection sociale et à améliorer les conditions économiques, sociales, culturelles, physiques et spirituelles de la population, conformément au huitième Plan. Les travailleurs sociaux qui mettent en œuvre ces politiques sont recrutés pour travailler au niveau local par un département du Ministère des collectivités locales, le Département de la gestion des services aux collectivités locales, et se voient parfois adresser, de ce fait, des requêtes incompatibles entre elles. La Division de la protection sociale a été transférée au Ministère du travail et des affaires intérieures dans le souci de coordonner la politique et la planification. Toutefois, réflexion faite, il a été décidé de la réintégrer dans le Ministère des collectivités locales. Ces mouvements ainsi que lemanque de capacités humaines et institutionnelles ont eu une incidence négative sur laptitude de la Division à élaborer et à coordonner la législation et la politique concernant les enfants. Laprestation des services pose des problèmes, en particulier dans les régions reculées et rurales. Le statut de la Division de la protection sociale a été réexaminé par le Cabinet, qui la élevée aurang de département.

53.La Division de la protection sociale a créé un Comité national de la protection delenfance, organe multidisciplinaire qui comprend des représentants de divers ministères, dONG, de lUNICEF et de lUniversité du Botswana, et dont le secrétariat est assuré par laDivision. Ce comité est chargé de superviser les activités en faveur des enfants, de faire connaître la Convention et de suivre son application et dorganiser la célébration dans le pays de la Journée de lenfant africain. Le Comité a mené à bien plusieurs activités, en particulier au titre du processus de révision de la loi relative aux procédures en matière de filiation, mais il sest fait de moins en moins actif et lassiduité de ses membres aux réunions est très faible. Des mesures sont donc actuellement prises pour le réactiver ou le remplacer par un organe plus efficace.

54.La Division de la protection sociale met actuellement en œuvre le Plan daction à court terme en faveur des orphelins. Par orphelin, on entend «un individu de moins de 18 ans qui a perdu lun de ses parents (parents célibataires) ses deux parents (couples mariés) naturels ouadoptifs». Ce plan sinspire dune recommandation faite pendant la Conférence sur les conséquences de la condition dorphelin, tenue au Botswana en septembre 1998, et mise enœuvre en 1999. Ce plan vise à enregistrer tous les orphelins du Botswana et à apporter un soutien matériel, psychologique et social à ceux qui en ont besoin. Dans ce cadre, des postes de responsable des orphelins ont été créés dans tous les districts et un panier daliments de base est remis tous les mois aux personnes qui ont la charge dorphelins dans le besoin. Des vêtements etun abri sont également fournis et dautres dépenses sont prises en charge. À la fin de 2000, environ 25 000 orphelins avaient été enregistrés, alors que daprès les projections officielles environ 65 000 enfants étaient à cette époque devenus orphelins à la suite du décès de leurs parents victimes de lépidémie du VIH/sida. Ce plan ambitieux ne se réalise pas aussi vite quon lespérait, ce pour diverses raisons: pénurie de ressources humaines, sensibilisation insuffisante de lopinion publique et contraintes logistiques et techniques, en particulier en matière de transport. Ce plan devrait être remplacé par un plan quinquennal et la Division de la protection sociale envisage de le soumettre à une évaluation en partenariat avec lUNICEF.

Conseils de district et conseils urbains

55.Cest aux conseils de district et aux conseils urbains quil incombe de fournir des services aux enfants par lintermédiaire de travailleurs sociaux. Il sagit des services suivants: évaluation de la situation des enfants qui ont besoin de protection; préparation des rapports sur les enquêtes sociales destinés au tribunal pour enfants et visant à aider le commissaire à la protection de lenfance à traiter les affaires dont il est saisi; enquête sur les parents candidats à ladoption avant les audiences du tribunal; suivi de la mise en œuvre de la loi relative à lenfance en ce qui concerne les cas de négligence; évaluation de la situation et enregistrement des orphelins qui bénéficient dune aide au titre du plan daction à court terme en faveur des orphelins; éducation et/ou sensibilisation du public aux droits de lenfant; mesures visant à faciliter la formation des comités de district de la protection de lenfance; supervision des adolescents/enfants en conflit avec la justice mis en liberté surveillée. Toutefois, laction des travailleurs sociaux est entravée par le fait quils relèvent de ladministration centrale.

56.De plus, tous les districts ne sont pas dotés dun comités de protection de lenfance et là oùde tels comités sont en place il nexiste pas de communication efficace entre eux et le Comité national de la protection de lenfance ou la Division de la protection sociale. On estime quauniveau des communautés il ny a pas dorganismes bien structurés capables de soccuper des droits ou de la protection des enfants, en particulier dans les zones rurales, et quune amélioration des services au niveau des districts et des villages simpose.

Ministère du travail et des affaires intérieures

57.Le Ministère du travail et des affaires intérieures héberge le Département des affaires féminines ainsi que le Département de la culture et de la jeunesse. Ce dernier a notamment pourmission délaborer et de superviser la politique menée dans tous les domaines concernant les jeunes (les individus âgés de 12 à 29 ans) ainsi que de mettre en œuvre et de contrôler les programmes et les initiatives concernant la jeunesse, tâches qui lui ont été confiées à la suite de ladoption de la Politique nationale de la jeunesse en 1996. Le Département élabore actuellement un Plan daction national pour la jeunesse, en étroite collaboration avec le Conseil national de lajeunesse du Botswana. Les districts et les sous‑districts emploient des animateurs pour la jeunesse qui réalisent, avec les jeunes, des projets dans des domaines tels que lautonomisation économique, la formation professionnelle, les questions environnementales et les programmes déchange. Des conseils de la jeunesse de district ont été créés et le Département sefforce de créer des centres polyvalents pour la jeunesse appelés à organiser des activités de formation, deloisirs et de conseil dans chaque district.

58.Le Département de la culture et de la jeunesse est également chargé de promouvoir la culture et les arts du spectacle. La politique nationale de la culture quil a élaborée vise à promouvoir le riche patrimoine culturel du Botswana dans un souci de respect et de promotion des droits des enfants et des femmes. Cette politique, qui participe dune approche multisectorielle, a été récemment entérinée par le Conseil des ministres et sera prochainement soumise au Parlement.

59.LUnité des affaires féminines, qui a été créée en 1981 pour faciliter la pleine participation des femmes au processus de développement, a été élevée au rang de département en 1996. Elle coordonne les activités concernant les femmes aux niveaux local, national et international, diffuse des informations et facilite la mise en œuvre du Plan‑cadre national en faveur de léquité entre les sexes. Au lendemain de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes de 1995, leGouvernement a retenu, en collaboration avec des ONG de femmes, 6 des 10 domaines de la Déclaration de Beijing, quil a qualifié de questions prioritaires. Ces domaines sont les suivants: les femmes et la pauvreté, notamment lautonomisation économique; laccès des femmes aupouvoir et leur participation à la prise de décision; léducation et la formation des femmes; les femmes et la santé; la lutte contre la violence à légard des femmes et pour le respect de leurs droits fondamentaux; la fillette. Ces domaines constituent la base du Plan‑cadre national enfaveur de léquité entre les sexes, élaboré avec laide du PNUD, ainsi que de son plan daction à court terme 1999‑2003, qui porte sur toutes les questions relatives aux fillettes. Le plan daction est mis en œuvre par des comités (composés de représentants de groupes dintérêts gouvernementaux et non gouvernementaux et dexperts) qui concentrent leur attention sur chaque question.

60.Le Conseil national des femmes, dont les membres sont désignés par le ministre, joue unrôle consultatif; son secrétariat est assuré par le Département de la culture et de la jeunesse, quia mis sur pied un forum des agents de liaison en matière dégalité entre les sexes en vue dassurer la coordination avec les autres ministères. Ce forum a tenu sa première réunion en2001. Des liens solides ont en outre été noués avec la Coalition des ONG de femmes enfaveur de la promotion de la mise en œuvre du plan daction à court terme.

Autres programmes pertinents du G ouvernement central

61.Les ministères du Gouvernement central ont mené dautres activités, élaboré dautres programmes et mis sur pied dautres organes, qui influent sur la mise en œuvre des droits de lenfant au Botswana; ils sont exposés plus loin en détail.

Organisations non gouvernementales (ONG)

62.Le Botswana compte un nombre important dONG qui sintéressent aux enfants, aux droits de lenfant, aux droits des femmes et aux droits de lhomme. Ces organisations mènent des activités qui complètent les programmes de lÉtat concernant les enfants et certaines dentre elles font campagne en faveur des droits de lenfant. Elles contribuent activement à lélaboration des politiques et sont représentées dans divers organes de lÉtat en fonction des besoins. Les ONG qui soccupent de questions relatives à lenfance ne se sont pas encore constituées en réseau ouen coalition mais plusieurs dentre elles sont membres du Conseil des ONG du Botswana.

63.Le Conseil des ONG du Botswana a pour rôle de tisser des liens avec les ONG, de leur donner des informations et de renforcer leurs capacités. Il publie régulièrement une lettre dinformation et assume une fonction de coordination pour les diverses regroupements dONG qui soccupent de la jeunesse, des femmes ou des personnes handicapées. Il a récemment défini une politique des ONG tendant à instituer un partenariat entre le Gouvernement et les groupes de la société civile, à réglementer lenregistrement et le fonctionnement des ONG et à rationaliser les aides financières et les relations de travail entre le Gouvernement et les ONG. Cette politique est actuellement examinée par le Ministère du travail et des affaires intérieures. Dans le cadre de ce processus, le Conseil des ONG du Botswanaa en outre élaboré un code de conduite destiné à réglementer les relations internes et externes des ONG qui le composent.

64.Certaines ONG reçoivent des subventions de ministères, directement ou par lintermédiaire dun organe de coordination tel que le Conseil du Botswana pour les personnes handicapées oule Conseil national de la jeunesse du Botswana. Le Conseil des ONG du Botswana reçoit du Département de la culture et de la jeunesse des fonds (600 000 pula en 2004) destinés à couvrir ses frais de fonctionnement, notamment les salaires. Ces financements bienvenus nen ont pas moins été critiqués car ils sont dispensés dune manière chaotique, irrégulière et inappropriée etsans vision à long terme, ce qui limite laptitude des ONG à mettre en place leurs services et leurs stratégies. On espère que la mise en œuvre de la Politique des ONG permettra daméliorer cette situation.

65.Créé en 1974, le Conseil national de la jeunesse du Botswana, composé de représentants dONG et du Gouvernement, planifie, coordonne et exécute des programmes importants pour lajeunesse. Son secrétariat a son siège à Gaborone et est dirigé par un directeur exécutif quitravaille sous la supervision dun comité. Le Conseil est financé en partie par lÉtat maisfonctionne comme un organe autonome; ses missions sont les suivantes: conseiller leGouvernement pour toutes les questions ayant trait aux activités relatives à la jeunesse dans lesecteur non gouvernemental; orienter, encourager et planifier des activités en faveur de la jeunesse au sein du secteur non gouvernemental; coordonner, par léchange dinformations et par des débats, les associations qui travaillent avec ou pour la jeunesse; encourager la mise en place dun mécanisme visant à informer les organisations de la politique et des programmes du Gouvernement concernant la jeunesse; donner au Département de la culture et de la jeunesse desconseils sur laffectation de fonds aux services en faveur de la jeunesse fournis par le secteur non gouvernemental. Les fonds sont distribués par lintermédiaire du Conseil aux organisations affiliées à ce dernier, à savoir 32 conseils de la jeunesse de district et ONG soccupant de diverses questions concernant la jeunesse. Ces organisations travaillent notamment dans les domaines suivants: VIH/sida et santé génésique des adolescents; autonomisation des jeunes femmes; aide aux enfants en situation particulièrement difficile; mobilisation et autonomisation des jeunes afin quils soient plus actifs et plus créatifs; aptitudes utiles dans la vie, formation morale; et prévention de la délinquance.

66.Les conseils de la jeunesse de district encouragent aussi la mise sur pied de conseils de lajeunesse de village. Dans le passé, ils collaboraient étroitement avec les animateurs pour lajeunesse employés par les collectivités locales. Or comme ces animateurs sont désormais directement employés par le ministère central, ces liens ont changé. Ils nont plus accès aux ressources locales et ne peuvent plus, dans ce domaine, compter sur les collectivités locales. LeDépartement de la culture et de la jeunesse sefforce daméliorer cette situation. Si les services fournis par les conseils de la jeunesse de district et les ONG financés par le Conseil national de la jeunesse du Botswana sont souvent destinés aux jeunes de moins de 18 ans et utilisés par eux, il arrive que les conseils de la jeunesse soient composés de jeunes qui ont achevé leur scolarité et ont plus de 18 ans.

Coopération avec les organisations internationales

67.Le Gouvernement botswanais a reçu un large soutien dorganisations internationales telles que lUNICEF, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l Organisation mondiale de la santé (OMS) ainsi que de lAgence suédoise de développement international, qui a parrainé la Conférence sur les conséquences de la condition dorphelin au Botswana tenue en 1998.

Diffusion du rapport et de la Convention

68.Lors de la préparation du présent rapport il a été procédé à des consultations afin de donner effet aux dispositions du paragraphe 1 de larticle 44 de la Convention. Des représentants des ministères clefs et de diverses ONG ont été questionnés. Des versions provisoires du présent rapport ont été largement diffusées auprès des ministères, des conseils de district et de diverses ONG et des commentaires y ont été incorporés. Le Gouvernement botswanais est reconnaissant àlUNICEF davoir fourni une assistance et des conseils techniques très précieux à lappui de lélaboration du présent rapport. Le Ministère des collectivités locales envisage de publier la version finale du rapport afin de le rendre accessible au grand public. Force est de reconnaître que les mesures prises pour faire connaître la Convention ont été insuffisantes et quil reste beaucoup à faire dans ce domaine.

69.LUNICEF sest attaché à faire connaître la Convention au moyen darticles dans les journaux, mais ses efforts ne sont pas systématiques. Le Gouvernement a fait traduire la Convention en setswana, avec le soutien de lUNICEF; cette traduction devrait être publiée prochainement.

70.Comme on la indiqué, les chefs, les juges, les magistrats et les présidents de tribunal sontsouvent saisis daffaires concernant des jeunes délinquants ou des enfants directement ou indirectement touchés par des crises familiales. Or ils ne connaissent généralement ni la Convention ni les autres instruments internationaux pertinents et nont reçu aucune formation dans ce domaine. Ils connaissent plus ou moins bien la loi relative à lenfance. Les éducateurs nont eux non plus pas reçu de formation concernant la Convention.

71.Dans la pratique, il est manifeste que les enseignants ne connaissent guère les lois clefs concernant lenfance. Pendant leur formation, tous les enseignants étudient certes les «fondements de léducation» et reçoivent dans ce cadre une formation en matière dorientation etde conseils, mais actuellement ils ne sont ni formés ni sensibilisés à la Convention, sauf silssuivent une formation spéciale pour devenir professeurs déducation morale dans le premiercycle de lenseignement secondaire. La formation des enseignants à léducation morale na commencé que récemment car cette matière vient dêtre introduite dans le programme denseignement. Il ny a aucun exemplaire de la Convention dans la bibliothèque du Département de lélaboration des programmes à Gaborone et, que lon sache, le texte de laConvention nest pas distribué dans les écoles.

72.Une école de police a été construite récemment. Dans le cadre de leur formation de base, tous les futurs policiers y étudient les principes concernant les droits de lhomme fondamentaux. La police élabore actuellement un programme détudes faisant une place à cette matière. Pour lheure, si les policiers connaissent un peu la loi relative à lenfance, ils sont par contre, dans la pratique, très peu sensibilisés aux instruments internationaux pertinents. Cette situation devrait saméliorer grâce à la nouvelle formation.

73.En général, les travailleurs sociaux (et les agents de développement communautaire) connaissent les principales dispositions législatives relatives aux droits de lenfant, en particulier celles de la loi relative à lenfance. Toutefois, il ny a pas de formation concernant la Convention.

74.Le personnel pénitentiaire ne reçoit pas de formation particulière concernant les droits de lhomme ou du mineur. Toutefois, le Service botswanais des prisons et de la réinsertion dépêche généralement dans chaque prison un travailleur social (voir plus bas le chapitre «les enfants privés de liberté»).

75.Des ONG telles que Women and Law in Southern Africa (Les femmes et le droit enAfrique australe), Emang Basadi , Metlhaetsile Womens Information Centre (Centre dinformation pour les femmes Metlhaetsile) et Ditshwanelo − The Botswana Centre for Human Rights (Centre botswanais pour les droits de lhomme) ont mené des activités de sensibilisation sur des questions relatives aux obligations internationales du Botswana dans le domaine desdroits de lhomme, à la Convention et aux droits de lenfant en général, notamment des conférences, des ateliers, des études de cas, et des activités de conseil au Gouvernement. Cesactivités se concentrent généralement dans les principales zones urbaines, en particulier Gaborone. Les ONG sont souvent invitées à formuler des observations sur les questions relatives aux droits de lhomme dans la presse et leurs préoccupations sont portées à la connaissance dupublic mais en général ce type de publicité nest pas axé sur les questions relatives aux droits de lenfant.

76.Le Gouvernement reconnaît quil faut faire davantage pour diffuser la Convention. Il projette de mener, en collaboration avec lUNICEF, des activités visant à faire connaître laConvention et le présent rapport.

II . DÉFINITION DE L ENFAN T (art icle premier)

77.Il ny a pas duniformité en ce qui concerne les définitions de lenfant données dans les diverses textes législatifs botswanais relatifs à lenfance car chacun dentre eux vise un but particulier. Cest pourquoi lorsquil a adhéré à la Convention, le Botswana a formulé la réserve suivante:

«Le Gouvernement de la République du Botswana formule une réserve à légard desdispositions de larticle premier de la Convention et ne se considère pas lié par les dispositions de cet article, dans la mesure où celles‑ci seraient en conflit avec les lois duBotswana.».

78.On trouvera plus bas un bref récapitulatif des dispositions législatives relatives à la définition de lenfant. Dune manière générale, les tribunaux doivent toujours déterminer avec précision lâge de tout enfant partie prenante dans un litige, civil ou pénal, afin quil puisse bénéficier des protections prévues par les lois applicables en lespèce.

79.Larticle 49 de la loi sur linterprétation fixe à 21 ans lâge de la majorité au Botswana, cest‑à‑dire lâge auquel une personne accède à la pleine capacité dexercice et peut accomplir par soi‑même des actes officiels et juridiques. La loi ne précise pas à partir de quel âge un enfant a le droit de solliciter les services dun conseiller juridique indépendant mais un enfant qui na pas atteint lâge de la majorité est réputé incapable de conclure un contrat ou dester en justice sans le consentement ou lassistance de ses parents.

80.La loi de 1997 portant modification de la Constitution a abaissé lâge de la majorité électorale de 21 ans à 18 ans.

81.La loi relative à lenfance (chap. 28:04) définit lenfant comme une personne âgée de moins de 14 ans (art. 2). Cette loi contient des dispositions relatives aux questions suivantes: nomination de commissaires à la protection de lenfance chargés de soccuper des enfants abandonnés, maltraités ou violentés; garde des enfants ayant besoin de protection; création de tribunaux pour enfants et pour mineurs et dinstitutions chargées daccueillir les enfants; autres questions connexes.

82.Aux fins de lapplication de la loi sur ladoption (chap. 28:01), un enfant est une personne de moins de 19 ans (art. 2). Cette loi traite de ladoption denfants au Botswana et de questions connexes.

83.La loi de 1999 portant modification des procédures en matière de filiation définit lenfant comme une personne de moins de 18 ans. Cette loi précise dans quelles circonstances et selon quelles modalités peut être prise une ordonnance prescrivant le versement daliments à des enfants dont la filiation a été établie. Elle traite aussi de questions connexes.

84.Aux termes de la loi sur loi sur la protection des femmes et des enfants en cas dabandon de famille (chap. 28:03), qui définit les conditions et les formes dans lesquelles peut être prise une ordonnance prescrivant le versement dune pension alimentaire aux épouses et aux enfants qui ont été abandonnés et qui nont pas les moyens de subvenir à leurs besoins, un enfant est une personne de moins de 16 ans ou une personne de moins de 21 ans qui ne gagne pas encore sa vie (art. 2). Il sensuit que pour lapplication de cette loi, quiconque a entre 16 et 21 ans et gagne sa vie nest pas considéré comme un enfant.

85.Le mariage civil est régi par la loi sur le mariage (chap. 29:01), en vertu de laquelle une personne de moins de 21 ans doit pour se marier obtenir le consentement de ses parents ou de son gardien (seul le consentement du père est requis si les parents de cette personne sont mariés) à moins que ladite personne ne soit mineure et veuve. Lâge du mariage est de 16 ans pour les filles et de 14 ans pour les garçons (art. 17). Daprès la common law, lorsquelle se marie, unepersonne mineure devient majeure si elle est de sexe masculin mais est placée sous la tutelle de son mari si elle est de sexe féminin. Cette différence de traitement est contraire au principe de non‑discrimination énoncé dans la Convention. Un amendement à la loi sur le mariage tendant à fixer à 18 ans pour les deux sexes lâge civil du mariage est actuellement examiné par leParlement.

86.Le paragraphe 1 de larticle 13 du Code pénal dispose quune personne âgée de moins de 8 ans ne peut être considérée comme pénalement responsable pour un acte ou une omission quels quils soient. La responsabilité pénale dune personne âgée de 8 à 14 ans peut être engagée sil est établi que cette personne était apte à se rendre compte au moment des faits, quelle naurait pas dû commettre lacte ou lomission é lorigine des poursuites à son encontre. Toutefois, un garçon de moins de 12 ans est réputé incapable davoir des relations sexuelles (art. 13, par. 3) etne peut donc, juridiquement parlant, être tenu de répondre dun viol.

87.Lâge du consentement à des relations sexuelles est fixé à 16 ans pour les filles. Le fait davoir des relations sexuelles avec une fille de moins de 16 ans constitue linfraction dattentat àla pudeur sans violence (defilement) (par. 3 de larticle 147 du Code pénal). Linfraction nest pas constituée si la jeune fille est lépouse de lauteur dudit acte ou si ce dernier avait de bonnes raisons de penser que la jeune fille avait plus de 16 ans. Lattentat à la pudeur sans violence sur la personne dun garçon de moins de 14 ans constitue également une infraction pénale (art. 166 du Code pénal).

88.Dans son chapitre consacré aux preuves (chap. 10:02), la loi sur la procédure civile dispose quaucun enfant ne peut, en raison de son âge, être empêché de témoigner avec prestation de serment ou être considéré comme incapable de produire une preuve pour autant que cet enfant comprenne la nature dun serment et soit conscient que la fidélité au serment est une obligation religieuse (art. 5). La loi sur la procédure pénale et les preuves (chap. 08:02) dispose que quiconque nest pas empêché par cette loi de déposer est réputé être compétent pour − et est obligé de − faire une déposition dans les affaires pénales. La loi ninterdit pas aux enfants dêtre entendus comme témoins, mais un enfant qui ne comprend pas les conséquences dun serment peut être entendu sans prestation de serment et sans déclaration solennelle (art. 221).

89.La loi sur les troubles mentaux (chap. 63:02) qui traite des questions relatives au traitement et au placement des personnes souffrant de troubles mentaux définit lenfant comme une personne de moins de 16 ans.

90.Au sens de la loi sur léducation (chap. 58:01), un enfant est une personne qui na pas atteint lâge de la «maturité». Comme la législation botswanaise ne définit pas cet âge, on peut considérer quil correspond à lâge de la majorité, cest‑à‑dire 21 ans.

91.Il ny a pas de conscription au Botswana. La loi sur les forces de défense botswanaises (chap. 21:05) dispose quune personne dont lâge apparent est inférieur à 18 ans ne peut pas être recrutée dans les forces armées (art. 17, par. 2).

92.Larticle 36 de la loi sur le commerce et les boissons alcooliques (chap. 43:02) interdit la vente dalcool aux personnes de moins de 18 ans. Aucun commerçant ne peut vendre de lalcool à une personne dont lâge apparent est inférieur à 18 ans. Le qualificatif «apparent» recèle toutefois une part dambiguïté.

93.Pour lapplication de la loi sur lemploi (chap. 47:01), qui réglemente lemploi des enfants, une distinction est faite entre lenfant et la jeune personne. Lenfant est défini comme une personne de moins de 15 ans et, à ce titre, ne peut être employé. Une «jeune personne» est unepersonne âgée de 15 à 18 ans.

94.Aux termes de la loi sur les syndicats et les organisations demployeurs (chap. 48:01), aucun individu de moins de 15 ans ne peut être membre dun syndicat enregistré. En outre, les syndicats et les associations demployeurs peuvent, dans leur statut, exclure les jeunes personnes en fixant un âge au‑dessous duquel il nest pas possible dadhérer.

95.La loi sur la santé publique (chap. 63:01) définit lenfant comme une personne qui a ouquisemble avoir moins de 16 ans.

96.En droit coutumier, il nexiste pas de règles particulières déterminant la fin de lenfance, enparticulier pas de limites âge. Les rites dinitiation que sont le bojale (pour les filles) et le bogwera (pour les garçons) confèrent toutefois le statut dadultes aux personnes qui les ont subis avec succès. Comme ces rites ont beaucoup régressé, il est malaisé de déterminer, au regard dudroit coutumier, quand finit lenfance et quand commence lâge adulte. En droit coutumier, les règles relatives à un large éventail de questions intéressant les enfants (mariage, adoption, filiation, héritage et obligation alimentaire, entre autres) varient selon les régions. Lesdispositions des lois exposées plus haut ne sont pas appliquées dune manière générale, encore quelles puissent être respectées dans la pratique. Les tribunaux coutumiers sont tenus dappliquer les dispositions pertinentes de la loi relative à lenfance en leur qualité de commissaires à la protection de lenfance mais on ne sait pas très bien si dans la pratique ils lesappliquent toujours pleinement.

97.Des incohérences existent donc à lévidence sagissant de la définition de lenfant. LaDivision de la protection sociale du Ministère des collectivités locales a commandé, avec lesoutien de lUNICEF, une analyse de la loi relative à lenfance en vue de lharmoniser avec les dispositions de la Convention et dautres lois nationales relatives à la protection de lenfance, de proposer des stratégies visant à renforcer effectivement et efficacement la loi révisée ainsi que des mécanismes permettant de coordonner la mise en œuvre de la Convention. Sur proposition de la Commission nationale de la protection de lenfance, une assemblée des enfants sest tenue afin de permettre aux enfants de participer à ce processus danalyse. La participation des enfants à la révision de la loi relative à lenfanceest toutefois entravée par la surcharge de travail à laquelle est confrontée le personnel et par lapathie de la Commission nationale de la protection de lenfance.

98.La révision de la loi de 1999 sur les procédures en matière de filiation témoigne de la volonté de mener à bien le processus danalyse et dharmonisation des lois.

99.Le document intitulé «Examen de lensemble de la législation touchant au statut des femmes au Botswana» commandé par le Département des affaires féminines du Ministère du travail et des affaires intérieures, qui analyse à la fois la common lawet le droit coutumier a été finalisé en septembre 1998. Un groupe de travail a été chargé de déterminer la meilleure façon dappliquer les très nombreuses recommandations qui y sont formulées portant sur des questions aussi diverses que le statut juridique des femmes au regard de la Constitution et de la loi sur lanationalité, dans lemploi, en droit pénal (en tant que témoins et suspects) et en droit privé pour ce qui touche à la cohabitation, labandon de famille, le mariage, le divorce, la garde et lentretien des enfants, les successions, les droits fonciers et les droits de propriété. Comme déjà indiqué, la loi sur le mariage est en cours de révision à la lumière de lexamen susmentionné. Parcontre il nexiste actuellement aucun lien entre ce document et lanalyse de la loi relative à lenfance.

III . PRINCIPES GÉNÉRAUX

A. Non-discrimination: article 2

100.Larticle 3 du chapitre 2 de la Constitution botswanaise garantit «les libertés et droits fondamentaux» de chacun au Botswana, «à savoir le droit, sans distinction de race, de lieu dorigine, dopinion politique, de couleur, de croyance ou de sexe:

a)À la vie, à la liberté, à la sécurité de la personne et à la protection de la loi;

b)À la liberté de conscience, dexpression et de réunion et dassociation;

c)À la protection du caractère privé du foyer et des autres biens et à la protection contre la privation de la propriété sans indemnisation».

La Constitution définit en outre la teneur de ces libertés et droits fondamentaux. Le droit à lajouissance, sans discrimination, de ces droits fondamentaux sentend sous réserve «desrestrictions imposées à cette protection telles quelles figurent dans lesdites dispositions, lesquelles restrictions sont destinées à assurer que la jouissance par tout un chacun desdits droits et libertés ne porte pas préjudice aux droits et aux libertés dautrui ni à lintérêt public».

101.Larticle traitant spécifiquement de la protection contre la discrimination dans lélaboration des lois (art. 15, al. 1, de la Constitution) dispose que:

«3.…lon entend par discriminatoire” le fait de réserver un traitement distinct à des personnes différentes, pour des motifs fondés totalement ou principalement sur la description de la race, de la tribu, du lieu dorigine, des opinions politiques, de la couleur ou de la croyance de chacun, en vertu duquel les personnes correspondant à une certaine description sont soumises à des incapacités ou à des restrictions qui ne sappliquent pas aux personnes répondant à une autre description … ou de se voir accorder des privilèges ou des avantages dont une personne correspondant à une autre description serait privée.».

102.Cette règle souffre de nombreuses exceptions, parmi lesquelles: le fait de ne pas être ressortissant botswanais (sous-article 4, al. b), les questions dadoption, de mariage, de divorce, dobsèques, de succession et autres affaires du droit des personnes (sous-article 4, al. c) et lapplication du droit coutumier (sous-article 4, al. d). Les mesures «pouvant raisonnablement sejustifier dans une société démocratique» (sous-article 4, al. e) constituent par ailleurs une restriction générale.

103.Aux termes de larticle 18 de la Constitution, toute personne qui allègue la violation à son égard de lun quelconque de ces droits peut demander réparation devant les tribunaux, même si, comme mentionné ci-dessus, il nexiste aucune disposition relative à la gratuité ou à la prise encharge de lassistance juridique pour lexercice de ce droit.

104.Il est frappant de voir quil nest pas fait mention de la discrimination fondée sur le sexe dans larticle relatif à la non-discrimination. Le sujet a néanmoins été abordé dans laffaire Unity Dow c. Procureur général (Appel civil 4/1991). Il a ainsi été décidé que larticle 15 devait être lu à la lumière de larticle 3, qui garantit le droit dêtre à labri de la discrimination sexuelle et même si, comme cela a déjà été mentionné, larticle 15 comporte de nombreuses exceptions importantes, le sentiment dominant néanmoins au sujet de lessence même de laffaire Dow est quil faudrait également lire ces exceptions à la lumière de larticle 3 et que toutes les lois portant sur des domaines qui y sont mentionnés et privent les femmes du bénéfice de la même protection que les hommes seraient contraires à larticle 3. Aussi la même source suggère-t-elle de modifier la Constitution de façon à la rendre moins équivoque.

105.La Constitution est donc en contradiction avec les dispositions de la Convention relatives àla non-discrimination, dans la mesure où elle ninterdit pas de façon univoque la discrimination fondée sur le sexe, la langue, la religion, lorigine nationale, ethnique ou sociale, la propriété foncière, le handicap, la naissance ou autre statut de lenfant, de ses parents ou de son représentant. Les non-ressortissants (et donc les réfugiés) sont expressément exclus des dispositions de la Constitution.

106.Il importe de souligner que le document Vision 2016 prévoit qu«Aucun citoyen du futur Botswana ne sera désavantagé du fait de son sexe, de son âge, de sa religion ou de ses croyances, de sa couleur, de son origine nationale ou ethnique, de son lieu de résidence, de sa langue ou de ses opinions politiques». Vision 2016 tend à éliminer les comportements sociaux préjudiciables pour promouvoir le droit dêtre à labri du harcèlement sexuel. Cette déclaration dintentions, appelée à guider lélaboration des politiques, va bien au-delà de la Constitution. La loi relative auservice public interdit, dans le secteur public, le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.

107.Des lois coutumières sont appliquées dans tout le pays, même si les pratiques peuvent différer dune tribu à une autre. Le problème est complexe car la question de savoir si oui ou non cette différence de traitement équivaut à une forme de discrimination doit être contrebalancée parle droit des tribus à jouir de leur propre culture, expression de la défense du système juridique coutumier. En outre, malgré la primauté des garanties constitutionnelles, ces affaires sont abordées différemment par les tribunaux de common law et par les tribunaux coutumiers.

108.Le Botswana sinquiète des disparités juridiques, économiques et sociales dont souffrent certains groupes denfants, parmi lesquels les filles, les enfants des rues, les enfants handicapés, les enfants nés hors mariage, les enfants de groupes minoritaires autochtones, les enfants réfugiés et les enfants des zones rurales. Les différentes manifestations de cette discrimination sont exposées dans les parties pertinentes du présent rapport et/ou examinées ci-dessous. Sagissant de lampleur du phénomène, il nest pas toujours possible de déterminer si des politiques, des lois ou des services sont appliqués de façon discriminatoire car les données ne sont pas toujours ventilées en fonction des groupes concernés. Il nexiste notamment pas de statistiques sur le nombre denfants de groupes ethniques ou linguistiques différents puisque ces groupes nont pas été recensés à loccasion du recensement de 1991 et napparaissent que rarement dans dautres études analytiques. Le prochain recensement devrait comporter une question sur la langue parlée par les familles à la maison et une autre sur le handicap.

Filles

109.La condition des filles est liée au statut de la femme au Botswana, mis à mal par la nature patriarcale de la société botswanaise. Les femmes, et par conséquent les filles, sont soumises à un certain nombre de contraintes et souffrent de marginalisation. Par exemple, les stéréotypes hommes-femmes sont bien ancrés dans les familles, à lécole et au sein de la communauté, la participation des femmes à la prise de décision est limitée à tous les niveaux de la société et il existe un manque général de prise en considération de leurs besoins particuliers et de sensibilité aux différences entre les sexes. Par conséquent, les possibilités qui leur sont offertes en matière dinstruction sont restreintes, notamment pour les adolescentes enceintes, qui sont expulsées delécole (voir la partie sur léducation). Les filles sont également de plus en plus exposées auxviolences et aux abus sexuels et par voie de conséquence, elles constituent un groupe particulièrement vulnérable vis-à-vis du VIH/sida.

110.Fondamentalement, le statut juridique de la femme mariée est le même que celui dunmineur dans le sens où elle a besoin du consentement de son mari pour intenter une action en justice. Certaines cours et institutions ont toutefois une attitude plus progressiste, faisant fi decet aval. Cette règle entrave la capacité des femmes à prendre des décisions, à résoudre des conflits et à exercer leurs droits. En droit coutumier, les femmes non mariées sont placées sous latutelle de lhomme chef de famille. Certains tribunaux coutumiers appliquent cette règle avecsouplesse et autorisent des femmes non mariées à entamer une procédure sans être accompagnées dun membre de leur famille du sexe masculin mais certaines femmes affirment quelles ont limpression de ne pas être prises au sérieux au dikgotlaet que par conséquent, ellessont découragées dy aller chercher réparation. Elles se sentent également exclues dautres pratiques culturelles telles que les rituels et les négociations autour du mariage de leurs propres enfants.

111.De façon générale, les femmes non mariées, concubines, mariées, séparées ou divorcées nejouissent pas, en toute égalité et sans restriction aucune, du droit à la propriété, à la terre, aux biens immobiliers ou au bétail en cas de séparation ou de décès dun partenaire ou dun parent. Cette règle, appliquée en droit coutumier comme en common law, a été analysée en profondeur par le Département des affaires féminines, qui a fait de nombreuses recommandations en vue desa révision. Cette inégalité hommes-femmes entrave clairement les droits des jeunes femmes en tant quépouses, mères, concubines et veuves et affecte aussi les droits de leurs enfants, en particulier lorsque, à la mort de leur père, des terres et/ou des biens fonciers sont soustraits, par la force, à leur mère, qui se retrouve sans logis. Le problème serait de vaste ampleur.

112.Toujours est-il que le Botswana a accédé, en 1996, à la Convention sur lélimination detoutes les formes de discrimination à légard des femmes et quà ce titre, il est soumis à lobligation de supprimer et dabroger toutes les lois incompatibles avec les dispositions de laConvention. Le Botswana semploie actuellement à rédiger son rapport aux Nations Unies autitre de ladite Convention.

Enfants vivant dans des zones reculées

113.Des efforts concertés sont déployés pour fournir lensemble des infrastructures etéquipements sociaux de base aux populations rurales, laccent étant principalement mis sur les enfants et les personnes âgées dans le cadre du Programme en faveur des habitants des zones reculées. La raison en est que la faible densité de la population et les difficultés à sassurer lesservices de personnels dans ces zones font obstacle la fourniture de services aux localités reculées. La fourniture de services déducation est rendue plus difficile dans les zones reculées du fait des distances que les enfants ont à parcourir pour se rendre à lécole et du fait que de nombreux enfants vivant dans ces zones ne parlent ni le setswana ni langlais à la maison, ce qui limite leurs possibilités dapprentissage lors de leur entrée à lécole.

114.Étant donné que dans les zones reculées les enfants ont relativement peu de chances de côtoyer des travailleurs sociaux, des agents de police et des magistrats, la façon dont on soccupe deux est moins susceptible de faire lobjet dune surveillance et il serait plus difficile de signaler des cas de mauvais traitements en dehors du système coutumier. Au moins un cas a été signalé, dans lequel des parents ont finalement accepté dabandonner les charges dabus sexuel sur leur enfant sans lintervention de la police nationale, le chef local étant parvenu à un accord avec le présumé coupable.

115.Les difficultés auxquelles sont confrontées les communautés vivant dans des zones reculées rejoignent souvent celles de groupes ethniques particuliers, tels que les Basarwa (Bushmen ou San) ou les Bakgakagadi, qui peuvent être victimes dune discrimination fondée sur leur appartenance ethnique et qui se voient contraints de changer rapidement de mode de vie pour satisfaire aux exigences dune économie nationale en mutation.

Enfants nés hors mariage

116.Par ailleurs, les enfants nés hors mariage sont lobjet dun traitement différent en common law et en droit coutumier, notamment en matière dentretien, dhéritage, de tutelle et de mariage. Les mères se plaignent du manque de soutien de la part de leur famille élargie; la coexistence de la loi coutumière sur les dommages et intérêts pour séduction et de la loi de common law relative à la pension alimentaire peut devenir source daccablement et de confusion pour les anciens, pères ou mères non mariés.

117.En vertu du droit coutumier traditionnel, les enfants nés hors mariage appartiennent à lafamille de leur mère pour ce qui est du nom et de la tutellealors que les enfants nés dans le mariage prennent le nom et se trouvent sous la tutelle de leur père, qui a pour devoir de subvenir à leurs besoins. Il existe un lien entre la loi coutumière sur les dommages et intérêt pour séduction et lentretien dun enfant né hors mariage. De façon générale, le système de droit coutumier confère au père dune femme non mariée le droit de poursuivre le père de lenfant pour réparation pour cause de séduction. Les dommages et intérêts sont généralement versés au grand-père maternel sous la forme de bétail ou de son équivalent monétaire. La famille élargie peut décider des arrangements de vie pour lenfant eu égard aux circonstances particulières entourant la famille et ses enfants.

118.Les règles de la common law régissant la tutelle et la garde réservent aussi un traitement différent aux enfants selon quils sont nés dans le mariage ou hors mariage. La garde revient aupère lorsque lenfant est né dans le mariage et à la famille de la mère lorsque lenfant est né hors mariage. Cette disparité est reflétée dans la loi relative à lenregistrement des naissances. Àla naissance dun enfant dans le mariage, les deux parents ont le devoir dannoncer la naissance et dinscrire leur nom sur les documents de létat civil, conformément aux dispositions de la loi sur lenregistrement des naissances et des décès (chap. 30:01). Toutefois, la loi prévoit, dans le cas des enfants nés hors mariage, que nul ne peut être inscrit comme le père de lenfant naturel sans consentement écrit.

119.Un enfant né dans le mariage a aussi le droit, selon la loi, dêtre confié à son père, mais dans le cas de parents non mariés, la mère doit engager une action pour établir la paternité etobtenir le versement dune pension alimentaire, au titre de la loi sur les procédures en matière de filiation ou des principes de la common law. Une mère ayant omis dengager cette action dansles délais prévus par la loi sur les procédures en matière de filiation a fait valoir quelle avait le droit, selon la common law, de recevoir une indemnité (en se prévalant des obligations contractées par le Botswana au titre des dispositions de la Convention visant à garantir la non‑discrimination). La Haute Cour a donné raison à la mère et le statut de lenfant a pu être modifié. Il est possible de porter plainte au titre de cette loi, parallèlement à une plainte pour dommages et intérêts pour séduction selon le droit coutumier.

120.Un enfant né dans le mariage a le droit dhériter de ses parents en cas de décès intestat. Un enfant né hors mariage ne peut hériter de son père que si celui-ci lui a légué ses biens ou silest volontairement reconnu par la famille du père. Cependant, les règles de succession légale, en labsence ou non de testament, sont complexes du fait du chevauchement de la législation relative à la propriété privée et de la détention de terres au sens où lentend la coutume. Ce dernier cas de figure peut ne pas être régi par la loi relative aux successions et tomber sous lecoup du droit coutumier.

121.En outre, larticle 6 de la loi relative à lenfanceprévoit des différences dans la protection des enfants, selon quils sont nés de parents mariés ou non. Seuls les membres de la famille maternelle dun enfant protégé (moins de 7 ans) né hors mariage reçoivent automatiquement lautorisation de sen occuper, sans procédure denregistrement préalable. Pour les enfants nés deparents mariés, les membres des familles maternelle et paternelle dun enfant protégé peuvent tous soccuper automatiquement lenfant, sans procédure denregistrement préalable.

B . Intérêt supérieur de l enfant: article 3

122.Le principe de lintérêt supérieur de lenfant nest pas consacré par la Constitution et napas davantage été établi par les décisions et les politiques institutionnelles publiques ou privées, les tribunaux ou les instances administratives ou législatives. Cependant, le huitième Plan national de développement et Vision 2016 mettent en avant les valeurs civiques de la responsabilité, du devoir, de la tolérance et du respect, qui sont intégrées dans les programmes etles politiques denseignement concernant les enfants et les jeunes. Vision 2016 a pour objectif de mettre un terme aux «attitudes sociales portant atteinte au statut et au rôle des femmes, des jeunes, des handicapés et des personnes âgées».

123.Lapplication du principe de lintérêt supérieur de lenfant dans le cadre du droit coutumier est négligeable puisque celui-ci, au sens traditionnel, ne traite pas des droits de lenfant ou de tout autre groupe séparément de ceux de la famille en tant quunité. Cette notion trouve son expression au sein de lunité familiale où le chef de famille décide de ce qui est dans lintérêt supérieur de lenfant, conformément aux valeurs de la famille et à son passé culturel et religieux.

124.Néanmoins, larticle 6 de la loi de 1969 sur le droit coutumier (Application et détermination) a introduit le principe de lintérêt supérieur de lenfant dans la législation botswanaise, dans le cadre spécifique des affaires de garde. Ce texte dispose que «dans toute affaire concernant la garde denfants, la plus grande importance devra être accordée au bien-être de lenfant, indépendamment de la loi ou du principe appliqué». Il convient de noter que, bienque la loi fasse référence au «bien-être» et non à «lintérêt supérieur» de lenfant, les deux termes ont été interprétés par les tribunaux comme des synonymes. Cette loi sapplique à toutes les affaires de garde, que les enfants soient nés dans le mariage ou hors mariage. Même sil est régulièrement appliqué, aucune définition précise de ce principe na été mise au point.

125.Dans ses attributions de première instance, la Haute Cour est la protectrice suprême des enfants mineurs. Les tribunaux considèrent donc le bien-être ou lintérêt supérieur de lenfant comme primordial; ils ont dailleurs affirmé ce principe dans diverses de leurs décisions judiciaires (voir ci-dessous). Le principe en sons sens judiciaire est perçu comme un tout visant àprotéger le bien-être général de lenfant, de façon que soient prises en comptes toutes les circonstances pertinentes pour déterminer ce qui est mieux pour lenfant.

126.Dans le cas des affaires de garde concernant des enfants nés dans le mariage, les juges ontinterprété l«intérêt supérieur» de lenfant en mettant laccent sur son bien-être matériel, ses conditions de vie et ses possibilités déducation et sur lintention des parents de vivre eux‑mêmes en compagnie de lenfant ou de le confier à un membre de la famille. Les tribunaux ont tendance à assumer quil est dans lintérêt supérieur dun jeune enfant dêtre confié à sa mère, alors que les adolescents devraient vivre auprès de leur père et les filles auprès de leur mère. Les tribunaux ont, à loccasion, tenu compte de lopinion de lenfant et essayé de ne pas perturber les arrangements existants.

127.Les affaires de garde relatives à lintérêt supérieur des enfants nés hors mariage sont peunombreuses. Dans laffaire, Chiepec.Sago, le tribunal a confié la garde dun enfant né hors mariage au père, bien que la mère ait été reconnue par la common law comme gardienne légale de lenfant. Les juges ont estimé qu«en vertu de la common law, le tribunal, en sa qualité de protecteur suprême de tous les enfants mineurs sous sa juridiction, ne retirera la garde dunenfant illégitime à une mère que si preuve est faite de motifs spéciaux». Compte tenu deséléments de preuve fournis au tribunal, il a été décidé que le père avait établi, à première vue, le bien-fondé de sa réclamation, démontré sa capacité à prendre soin de lenfant et pris des dispositions appropriées pour lélever. Par conséquent, «Ayant considéré tous les éléments depreuve et les arguments invoqués, jen arrive à la conclusion quil est dans lintérêt supérieur du jeune garçon de demeurer sous la garde de son père, qui est, à mon avis, le plus stable des deux parents. Je ne vois donc aucune raison de bouleverser la routine à laquelle lenfant sesthabitué…». De même, dans laffaire Langebacher c. Thipe, la Haute Cour a décidé que dans les affaires concernant le droit de visite dun père non marié sur son enfant «le bien-être de lenfant devait être la considération première et primordiale». Cest également la position qui a été retenue dans laffaire Phiric.Dintsi et Dintsi .

128.La loi relative à lenfance fait de chaque magistrate(juge de paix) un commissaire à laprotection de lenfant. À défaut de magistrate, cette fonction revient au commissaire ou responsable du district administratif ou au chef (part. II, art. 3). La loi vise, de façon générale, àprévenir les mauvais traitements et la négligence à légard des enfants, à protéger les enfants àrisque, à assurer la prise en charge des enfants dans le besoin et à créer des tribunaux pour enfants ainsi que des établissements et des institutions chargés de les accueillir. Larticle 7 dispose que si un commissaire à la protection de lenfant a des raisons valables de penser quun enfant est maintenu dans «un environnement ou des circonstances» qui ne sont pas dans son intérêt supérieur (art. 7, al. 2), il est autorisé à demander au parent ou au représentant légal de prendre des dispositions appropriées et en cas de refus de leur part, à retirer lenfant de la famille pour le placer en famille daccueil.

C. Droit à la vie, à la survie et au développement: article 6

129.Les divers objectifs de développement du Botswana sont énoncés dans le huitième Plannational de développement, qui prévoit dimportants programmes ayant des incidences sur le droit des enfants à la vie, à la survie et au développement.

130.La Constitution botswanaise garantit la protection du droit à la vie de chaque individu. Larticle 4, alinéa premier, dispose que «Nul ne peut être intentionnellement privé de la vie, saufen exécution dune condamnation prononcée pour une infraction à une loi en vigueur duBotswana». La Constitution botswanaise autorise la peine capitale comme forme de punition. Cependant, larticle 25, alinéa 4, du Code pénal (chap. 08:01) prévoit que la peine de mort ne pourra pas être prononcée à lencontre dune personne reconnue coupable dune infraction silsavère que cette personne était âgée de moins de 18 ans au moment des faits. Lauteur delinfraction sera néanmoins condamné à une peine demprisonnement laissée à lappréciation du Président.

131.Au sujet de la survie de lenfant, le Botswana a pris des engagements en faveur de la santé pour tous. Le Gouvernement reconnaît les soins de santé primaires comme le moyen de plus approprié de réaliser cet objectif. Bien que la santé fasse lobjet dune approche décentralisée, elle nen reste pas moins de la responsabilité du Ministère de la santé, dont le principal objectif est dintégrer la fourniture des services de santé − prévention, promotion, réadaptation, etc. −àtous les niveaux du système national de santé.

132.Le Programme daction national indique que le sida aura des conséquences désastreuses pour tous les groupes de la population mais que le groupe le plus touché sera celui des enfants demoins de 5ans. Lépidémie du sida constitue le plus gros défi aux objectifs de survie desenfants. Les projections montrent que ce groupe denfants, essentiellement infectés partransmission verticale (de la mère infectée à lenfant pendant la grossesse), constituera entre25 et 35 % de lensemble des victimes du sida (voir plus loin la section relative à la santé).

133.Le Botswana dispose de peu de terres arables et est exposé à la sécheresse, ce qui affecte aussi bien les revenus des ménages que la sécurité alimentaire du pays. Il est donc obligé dimporter et de distribuer suffisamment de denrées alimentaires pour satisfaire ses besoins. Le Gouvernement veille à la sécurité alimentaire par lintermédiaire du Comité technique national dalerte précoce, qui fournit des renseignements mensuels et fait rapport au Comité interministériel de la sécheresse, lui-même placé sous lautorité de la Division de la coordination du développement rural du Ministère des finances et de la planification du développement pour toutes les décisions politiques relatives à la sécurité alimentaire.

134.Le Département de ladministration des districts et des services de secours alimentaires (Ministère des collectivités locales) coordonne un programme garantissant un approvisionnement suffisant en denrées alimentaires aux groupes vulnérables de la population, parmi lesquels les enfants de moins de 5 ans, certaines femmes enceintes et allaitantes et certains patients atteints de la tuberculose. Le programme a démontré son effet positif sur létat nutritionnel des moins de5 ans.

D. Respect de l opinion de l enfant: article 12

135.Le droit de communiquer des idées et des informations est consacré dans larticle 12 de la Constitution botswanaise, sous réserve de certaines restrictions. Les enfants ne sont pas restreints techniquement dans lexercice de ce droit, mais ils peuvent avoir du mal à le faire respecter étant donné leur statut de mineur. Il convient de mentionner que dans la culture setswana, le respect delopinion de lenfant nest pas considéré comme un droit. En général, les enfants ne participent pas et ne prennent pas la parole au kgotla, oùsont débattues depuis toujours les questions essentielles pour la communauté. Il est donc courant de croire que les adultes savent ce qui est bon pour les enfants et quà ce titre, ils peuvent influencer les vues des enfants.

136.Les enfants sont particulièrement soumis à linfluence de leurs parents dans le cadre de laprise de décisions juridiques étant donné lâge élevé de la majorité, ce qui est important car lorsquil y a lieu de choisir entre des systèmes juridiques (droit coutumier et common law), ce choix nest pas exercé par lenfant mais par lun de ses parents ou son tuteur.

137.Le document Vision 2016 mentionne la nécessité pour les organisations de jeunes dêtre encouragées «à placer davantage sur le devant de la scène la promotion des intérêts des jeunes». Au cours du processus de consultation qui a débouché sur ladoption de ce document, 740compositions ont été reçus délèves et détudiants dans le cadre dun concours national.

138.La loi relative à lenfanceest en cours de réexamen par la Division de la protection sociale et la Commission nationale de la protection de lenfance. Au mois davril 2001 sest tenu un forum des enfants qui a rassemblé des enfants de 11 à 18 ans venus de tout le pays pour exprimer leurs vues sur les modifications à apporter à la législation.

139.Aux termes de la loi relative à ladoption, un tribunal recevant une demande dadoption ne délivre lordonnance ad hoc que si, entre autres raisons, il a la certitude que lenfant − âgé le cas échéant de plus de 10 ans − y est favorable.

140.Dans les différends relatifs à la garde des enfants survenant lors de la dissolution dumariage, les tribunaux tiennent parfois compte des préférences de lenfant lorsque celui-ci estconsidéré comme suffisamment grand pour prendre des décisions. Dans laffaire Ramotshubic. Ramotshubi , il a été décidé que nul ne pouvait imposer sa volonté à un tribunal, mais que dans le cas de jeunes de 15 à 17 ans, il convenait de ne pas ignorer complètement les intentions et les souhaits quils auraient exprimés. Dans laffaire Makukuc.Makuku, le tribunal a décidé que des enfants − respectivement âgés de 9, 14, 16 et 19 ans − seraient autorisés à vivre avec leur père après avoir demandé leur avis et constaté que les éléments de preuve rassemblés montraient quils étaient heureux avec leur père.

141.Dans les écoles, laccent est mis sur la discipline, qui est considérée comme une composante importante du développement de lenfant. Certains estiment quelle est dure et sévère et nattache pas grande importance à lopinion de lenfant.

142.Tous les établissements secondaires sont encouragés à constituer des conseils décole représentatifs de lensemble de la communauté scolaire, y compris les élèves. Le but est pour les élèves de bénéficier de voies de communication efficaces et de faire entendre leur voix. Il est apparu que les établissements où de tels conseils avaient été mis en place avaient réussi à écarter la menace de crises, qui auraient facilement pu dégénérer en troubles ou en émeutes. Les conseils de représentation des élèves constituent un lien entre la direction et les élèves.

Journée de l’enfant africain

143.Au Botswana, la Journée de lenfant africain (16 juin) est célébrée depuis 1992, àlinitiative du Vice-Président dalors, M. Festus Mogae, qui sétait cette annéelà adressé àcette occasion à plus de 10 000 enfants rassemblés dans lenceinte du stade national. Depuis,cette journée est célébrée annuellement dans chaque ville et dans chaque quartier. Cescommémorations sont loccasion pour les enfants dexprimer publiquement leurs sujets depréoccupation dans un mémorandum présenté au commissaire à la protection de lenfant, quiinforme à son tour toutes les parties concernées des questions soulevées. Les enfants ont également recours à dautres activités − la poésie, le théâtre, la musique et la danse − pour faire passer leur message.

144.Les modalités de commémoration de cette journée ne sont pas uniformes, même si ce jour-là, toutes les villes et tous les quartiers travaillent sur un thème commun. Dans certains endroits, ces commémorations sont organisées par les écoles, dans dautres par des travailleurs sociaux, enassociation avec des enseignants, et elles se tiennent au kgotla.

ONG

145.LAlliance des unions chrétiennes féminines (YWCA) a introduit dans certaines écoles unprogramme déchange de conseils entre pairs que les jeunes utilisent comme vecteur pour exprimer leur avis sur des questions les concernant. Ce programme a reçu laval du Ministère deléducation car il encourage et développe linitiative du Programme dorientation et de conseil en renforçant laffirmation de soi, la confiance en soi et lestime de soi en permettant aux élèves et aux étudiants de donner leur avis et dexprimer leurs préoccupations. Les enseignants nont été formés à travailler dans ce domaine que récemment. Il faudra donc un certain temps avant que leprogramme devienne pleinement efficace. En outre, le Département de lélaboration des programmes (Ministère de léducation) organise, en association avec la police et dautres instances, des forums pour les jeunes, où les sujets de préoccupation des jeunes peuvent être débattus.

146.Les jeunes participent aux décisions prises en rapport avec les activités de certaines ONG travaillant avec des enfants et/ou soccupant des droits de lenfant. En outre, un groupe de jeunes âgés de 14 à 17 ans a été formé pour débattre de la garde et de la tutelle au Botswana, en vue de lélaboration dun projet de recherche sur le sujet; leurs idées ont été synthétisées et publiées.

Participation à la radio

147.La radio nationale organise des émissions-débats radiophoniques, par exemple, Youth Today (Jeunes daujourdhui) et le Lovers Plus Spotlight Show (Pleins feux sur les amoureux) qui offrent aux jeunes, notamment aux adolescents, loccasion de sexprimer sur divers sujets les concernant, tels que les grossesses adolescentes, la progression du VIH/sida et la prévention du virus, et la toxicomanie. Les stations de radio privées diffusent également des émissions-débats abordant ces thèmes.

148.La police a organisé sur Radio Botswana un jeu-concours au cours duquel des jeunes devaient répondre à des questions posées sur des sujets relatifs à la prévention de la criminalité les concernant tout particulièrement.

IV . LIBERTÉS ET DROITS CIVILS

A. Nom, nationalité, identité: article 7

149.En application de la loi sur lenregistrement des naissances et des décès (chap. 30:01), toutenfant né au Botswana doit être déclaré, ce immédiatement après sa naissance, et avoir un nom. Si les parents sont mariés, il leur incombe à tous les deux de faire inscrire le nouveau-né auregistre des naissances dans un délai de trois mois. En cas de naissance hors mariage, cetteresponsabilité incombe à la mère, et nul ne pourra être inscrit à létat civil en tant que père de lenfant sans le consentement exprès de cette dernière. Le père biologique dun enfant né horsmariage a toutefois la possibilité de remplir un «formulaire de reconnaissance de paternité», par lequel il consent expressément à être reconnu comme le père de lenfant.

150.La loi sur lenregistrement des naissances et des décès a été modifiée en 1998 de façon àrendre lenregistrement obligatoire sur lensemble du territoire, car auparavant il ne létait que dans les villes et villages principaux. Bien que des dispositions aient été prises pour nommer des employés de létat civil au niveau des districts aux fins de lapplication de cette loi, on constate déjà un problème de manque de capacité. À noter également que les enfants obtiennent une carte didentité à leur seizième anniversaire.

151.Les bureaux de létat civil de district sont seulement au nombre de 24, mais lexpansion se poursuit. Les événements qui doivent être enregistrés sont les naissances, les décès, y compris les morts à la naissance, les mariages et les adoptions. Parmi les problèmes rencontrés, on peut citer le sous‑enregistrement, dû à une méconnaissance du caractère obligatoire de cette formalité, ou bien des imprécisions ou des retards dans la transmission des informations. Il arrive par exemple quun enfant mort‑né ne soit pas déclaré, soit que les parents nestiment pas avoir àfaire état dun tel événement, soit que le faire serait contraire à leurs habitudes culturelles.

152.Les dispositions régissant la nationalité et la citoyenneté figurent dans la loi sur la nationalité de 1982 (chap. 01:01), modifiée en 1984 et en 1995. Auparavant, on pouvait acquérir la nationalité par naissance ou par filiation si, au moment de la naissance, le père (la mère en cas de naissance hors mariage) était citoyen du Botswana. Les personnes nées hors du territoire obtenaient la citoyenneté par filiation dans les mêmes conditions. Les enfants adoptés avant lâgede ans devenaient nationaux botswanais si au moment de ladoption le parent adoptif étaitlui-même Botswanais. Jusquà 21 ans, la condition était que le père possède la nationalité botswanaise pour les enfants nés dans le mariage et que la mère ait cette nationalité pour les enfants nés hors mariage. Cette disposition était discriminatoire à légard des femmes botswanaises mariées, puisquelle les privait de la faculté de transmettre leur nationalité botswanaise à leurs enfants, indépendamment du lieu de naissance de ces derniers.

153.La constitutionalité de cette disposition a été contestée dans laffaire Unity Dow c.Procureur général (supra), à la suite de quoi toute considération de sexe y a été supprimée parune modification adoptée en 1995. Les dispositions actuellement en vigueur permettent lacquisition de la nationalité botswanaise par la naissance ou par filiation si le père ou la mère avait cette la nationalité au moment de la naissance.

154.La loi sur ladoption dispose quune décision dadoption met fin à tous les droits et à toutes les responsabilités légales existant entre lenfant et sa famille biologique, à lexception du droit dhériter des parents ab intestat. La loi ne précise pas si les enfants adoptés sont en droit deconnaître leurs parents biologiques afin den savoir plus sur leur identité. Un processus de révision de ce texte a donc été entamé pour étudier, entre autres questions, sil y a lieu daccorder à ces enfants le droit davoir accès aux documents dadoption et, le cas échéant, à quel stade deleur développement. La législation est donc examinée dans le cadre de consultations.

155.Les enfants nés au Botswana de parents étrangers obtiennent la nationalité botswanaise enplus de celle de leurs parents (double nationalité), mais ils doivent renoncer à lune des deux àleur vingt et unième anniversaire (art. 14 de la loi sur la nationalité).

B. Liberté d expression et accès à l information: articles 13 et 17

156.La Constitution botswanaise dispose que nul ne sera entravé dans lexercice de sa liberté dexpression, si ce nest avec son propre consentement (art. 12). Ce droit à la liberté dexpression va de pair avec le droit davoir des opinions et de recevoir et partager des idées et de la correspondance sans interférence aucune. Des restrictions raisonnables à lexercice dece droit peuvent être imposées par la loi sous réserve quelles soient nécessaires à la défense, à la santé ou à la morale publique ou pour protéger la réputation et les libertés dautrui. Lesviolations de ce droit sont passibles de sanctions pénales. Des voies de recours, ouvrant droit à une indemnisation, existent en cas de diffamation.

157.Le Code pénal confère au Président le droit dinterdire une publication sil la juge contraire à lintérêt public, en lui laissant en outre une discrétion absolue dans lusage de ce droit (art. 47). Il est à noter que lexpression «intérêt public» nest pas définie et que toute latitude est laissée auPrésident pour linterpréter. Cette disposition permet dinterdire toute publication déplacée, comme par exemple celles contenant des documents pornographiques mettant en scène des enfants.

158.Le Botswana encourage la circulation des informations par le canal des médias. LeGouvernement botswanais, par lintermédiaire du Ministère de linformation et de laradiodiffusion, détient deux stations de radio qui, à elles deux, couvrent la totalité de lapopulation. En 1996, le Gouvernement a établi lAutorité botswanaise des télécommunications, qui supervise lattribution de licences aux stations de radio et chaînes de télévision privées. Cetteautorité a depuis délivré une licence à deux stations de radio commerciales (en 1999). Les stations de radio travaillent notamment à diffuser auprès des jeunes générations les informations touchant aux domaines qui les concernent.

159.Le Conseil national de laudiovisuel a été créé en application de la loi sur la radiotélédiffusion de 1999 pour superviser les services de radiotélédiffusion à léchelle du territoire. Il a pour fonction principale de sassurer que les informations relayées par la télévision et les autres médias sont adaptées et sans danger pour quelque groupe de population que ce soit. Cest ainsi que dans le souci de protéger les enfants, il censure par exemple les documents pornographiques.

160.LAgence de presse botswanaise publie le Botswana Daily News, journal de diffusion nationale, même si, lobjectif qui était de le rendre accessible en tout point du territoire na pas pu être atteint. Ce journal publie des informations concernant lensemble des différentes régions du Botswana et du reste du monde, en anglais et en setswana. Il est à la libre disposition dugrandpublic, y compris des enfants, sans pour autant être spécialement adapté aux jeunes lecteurs. Lorgane de presse public publie également un magazine mensuel intitulé Kutlwano, qui publie des récits écrits par des enfants, en anglais et en setswana.

161.Le Botswana compte par ailleurs un certain nombre de journaux privés, qui utilisent également langlais et le setswana. Deux dentre eux, Mmegi / The Reporter et The Voice , publient des articles dans une langue autochtone, likalang a. Il reste que très peu darticles de cette presse sadressent aux jeunes enfants, même si les adolescents sont, eux, de plus en plus ciblés, et même sollicités pour la rédaction darticles.

162.La chaîne de télévision nationale, lancée en juillet 2000, constitue un nouveau moyen dinformer et déduquer les enfants du Botswana et un autre forum où ils peuvent faire connaître leurs propres opinions.

163.En outre, un certain nombre dONG mettent des informations utiles à la disposition dela jeunesse, en particulier en matière de santé des adolescents. Certaines organisations non gouvernementales, conscientes que les informations parvenant aux jeunes sont parfois déformées et inexactes, ont commencé à mettre sur pied des centres dinformation. On peut citer à cet égard lAssociation pour la protection de la famille botswanaise, Metlhaetsile, Childline ou encore lAlliance des unions chrétiennes féminines (YWCA), entre autres.

164.Dans le domaine de la contraception et de la prévention du VIH/sida et des autres maladies sexuellement transmissibles, les organisations non gouvernementales et les dispensaires peuvent fournir des conseils sans restriction aucune aux adolescents qui sont âgés de plus de 12 ans et ontune activité sexuelle (dans le cadre de la politique de planification familiale). Laccord des parents nest pas indispensable.

C. Liberté de pensée, de conscience et de religion: article 14

165.Tant la Constitution que le Code pénal protègent la liberté de pensée, de conscience et dereligion. La Constitution dispose que nul ne sera entravé dans lexercice de sa liberté de conscience, si ce nest avec son consentement. Ce droit implique la liberté davoir ou dadopter une religion ou une conviction de son choix, ainsi que la liberté de manifester ou de faire connaître sa religion ou sa conviction, individuellement ou en commun, en public ou en privé (art. 11). Le Code pénal érige en outre en infraction le fait dinsulter une religion ou de perturber un rassemblement religieux quel quil soit (art. 136 et 137).

166.Comme suite à la révision de la politique éducative nationale de 1994, le Ministère deléducation a revu les directives relatives aux programmes scolaires en fonction dun programme décennal sur lenseignement de base, dont lun des objectifs est le développement de «lespritcritique». Le plan dorientation sur les programmes pour lenseignement primaire insiste clairement sur les valeurs quil est important davoir pour un Botswanais, tel que le patriotisme et lexpression de lamour et du respect pour les autorités en place. Ce plan dorientation na pas encore été transposé en programme scolaire concret.

167.Le Programme décennal pour lenseignement de base prévoit des services dorientation etde conseil dans les établissements du secondaire qui soient orientés vers la résolution desproblèmes, lacquisition de compétences et la connaissance de soi, et qui doivent également «soutenir lévolution naturelle, le développement et la maturation des individus». Ce programme doit entre autres permettre daborder des sujets dintérêt personnel, social, familial et professionnel. Il na jusquici été appliqué que dans le premier cycle de lenseignement secondaire et on déplore depuis le début une pénurie denseignants due à linsuffisance de la formation dans ces domaines.

168.Dans le premier cycle de lenseignement secondaire, un cours obligatoire de morale a été introduit dans le but de dispenser un enseignement relié à aucune religion en particulier ettendant à doter les enfants dune capacité de jugement neutre. À ce jour, le nombre de professeurs est insuffisant pour assurer lenseignement satisfaisant de cette nouvelle matière, mais les pouvoirs publics ont maintenant pris des dispositions pour en former de nouveaux. Àlévidence, le succès de ce programme dépendra largement de la qualité de la formation dispensée en amont et des valeurs personnelles des professeurs.

169.Dans lenseignement secondaire, lenseignement religieux est facultatif et a vocation à aborder différentes traditions religieuses. Il existe, certes, une influence chrétienne sur les écoles publiques, où il est dusage de faire la prière du matin, mais les élèves musulmans sont dispensés décole les jours de leurs fêtes religieuses afin quils puissent pratiquer leur religion, même sil ne se tient pas de cours spécial de rattrapage. Il existe aussi un certain nombre détablissements scolaires musulmans privés.

D. Liberté d association et de réunion pacifique: article 15

170.Larticle 13 de la Constitution botswanaise protège le droit de tous de se réunir librement et de sassocier à dautres, en particulier pour former des syndicats ou dautres associations deprotection de leurs intérêts ou sy affilier. La Constitution garantit ce droit à tous, y compris aux enfants, dans la limite des restrictions raisonnables qui peuvent être imposées par la loi. Si les enfants sont libres de se réunir et de sassociés, ils ne sont pas pour autant autorisés à prendre part à des rassemblements illégaux, puisque le fait de participer à un tel rassemblement constitue une infraction en vertu du Code pénal.

171.Les enfants peuvent saffilier à un syndicat à partir de leur quinzième anniversaire, sachant que chaque syndicat est libre dimposer dans ses propres statuts des conditions dadhésion plusstrictes.

172.Il est possible de commencer très tôt à prendre part à des activités politiques et à se faire ses propres opinions en la matière. Plusieurs partis politiques ont créé des organisations de jeunesse; des jeunes, y compris des mineurs, ont des activités militantes, telles que le porte àporte pendant les campagnes électorales. Aucune loi ne fixe dâge minimum à partir duquel ilest possible de devenir membre à part entière dun parti politique: cette question est laissée à ladiscrétion de chaque parti.

E. Protection de la vie privée: article 16

173.Larticle 9 de la Constitution botswanaise prévoit la protection de la vie privée de tous au Botswana. Nul ne sera fouillé ou ne verra autrui pénétrer sa propriété ou la fouiller que dansles cas et conditions fixés par la loi. Sil nest pas expressément précisé que ce droit sétend aux enfants, ceux‑ci sont visés de fait.

174.Ce droit na jamais été opposé à des parents pour faire valoir le droit de lenfant à la vie privée et pose la question de la mesure dans laquelle on peut licitement ouvrir la correspondance de son enfant ou entrer dans sa chambre sans son autorisation.

175.Traditionnellement, il est de coutume de considérer que lenfant na pas droit à une vie privée dans sa relation avec ses parents tant quil est «immature». On part du principe que les parents ont un droit daccès à tout ce qui concerne leur enfant dans la mesure où ils sont responsables de le diriger et de le guider. Cependant, dans certaines traditions tswana, une fois passés par les rites dinitiation, les enfants acquièrent automatiquement le statut dadultes et sevoient dès lors accorder le droit à la vie privée au sens que leur donnent leur famille et leur tradition culturelle.

176.Dans les établissements pénitentiaires, tous les courriers sont ouverts, y compris ceux émanant davocats, même si des consultations en privé sont permises. Il nexiste pas de règles enla matière dans les établissements de protection de remplacement.

F. Torture et traitement dégradant: article 37 a)

177.Larticle 7 de la Constitution dispose que nul ne sera soumis à la torture ou à un autre traitement inhumain ou dégradant. Il indique en outre que rien de ce qui est fait en application dun texte de loi autorisant à infliger une peine quelconque qui était légal dans le pays immédiatement avant lentrée en vigueur de la Constitution ne sera considéré comme incompatible avec ou contraire à ce droit (art. 7.2). Gage de sa volonté de lutter contre la torture, le Gouvernement a ratifié le 8 septembre 2000 la Convention contre la torture et autres peines outraitements cruels, inhumains ou dégradants. Une réserve a été formulée quant à la définition de la torture.

178.Des actes de torture perpétrés par des fonctionnaires de lÉtat tomberaient sous le coup dela qualification dagression puisque le Code pénal ne contient pas de disposition visant spécifiquement la torture. Des cas de mauvais traitements équivalents parfois à des actes de torture ont été dénoncés, les personnes mises en cause étant des employés de la police locale, de la police nationale, du Département des réserves naturelles et parcs nationaux et du Département des établissements pénitentiaires et de réadaptation. Des sanctions disciplinaires et pénales ont été prises. Les plaintes ne sont toutefois pas ventilées par âge, de sorte quil est impossible de savoir combien denfants figuraient parmi les victimes. Pendant la période dagitation sociale quia marqué lannée 1996, en particulier des cas de mauvais traitements ont été dénoncés, tout comme des cas de maintien denfants en détention au‑delà des délais maximum de garde à vue.

179.La police nationale est tenue dengager des poursuites contre tout fonctionnaire de police qui se rendrait coupable de pratiques illégales de ce type et a pour politique de dénoncer les cas de violence au procureur pour traitement devant les magistrates courts. Les services de police sattachent depuis 1996 à mettre au point de nouvelles politiques tendant à améliorer lexercice de la profession de policier; ils tentent dintégrer une dimension «droits de lhomme» à leur pratique et de réorienter cette dernière vers davantage de proximité. Les nouvelles recrues suivent une formation dans le domaine des droits de lhomme. Il convient toutefois de noter quequiconque souhaite porter plainte contre un fonctionnaire de police doit obligatoirement lefaire au poste de police dans lequel ledit fonctionnaire travaille et en rencontrer le supérieur hiérarchique. Si le différend ne peut être résolu par cette voie, le dossier est transmis aux adjoints du commissaire de police, qui décideront de limposition de mesures disciplinaires en application de la loi sur la police ou de louverture dune information judiciaire. Laffaire Lesego Thebe et consorts c. lÉta ttémoigne des efforts de la police pour donner suite aux allégations de torture.

180.Tout détenu qui a une plainte à formuler sur la manière dont il est traité doit se mettre enrelation avec ladministration.

181.La peine capitale et la réclusion à perpétuité sont admises par les lois du Botswana mais, comme on le verra plus loin, elles ne peuvent légalement pas être imposées à des personnes de moins de 18 ans. Les châtiments corporels ont été déclarés constitutionnels et sont donc légaux au Botswana que ce soit en tant que sanction pénale, en tant que sanction disciplinaire dans les établissements scolaires (à ce titre régis par la loi sur léducation) ou au sein de la famille.

182.Les châtiments corporels sont culturellement acceptés, ce qui signifie que des adultes enposition dautorité (agents de police, gardiens de prison et enseignants, par exemple) ont lapossibilité dy avoir recours lorsquils le jugent nécessaire pour corriger un enfant, mais les autorités concernées ont pris des mesures pour contrôler ce genre de pratique. En labsence de mécanisme indépendant de dépôt de plainte, les enfants qui souhaitent porter plainte rencontrent souvent de grandes difficultés.

183.Les châtiments corporels ne font pas lobjet de réglementation spécifique dans les établissements de protection de remplacement, mais ils y sont inusités.

V. MILIEU FAMILIAL ET PROTECTION DE REMPLACEMENT

A.

Orientation et responsabilités parentales: article 5 et

paragraphes 1 et 2 de l article 18

184.La cellule de base de la société quest la famille a considérablement évolué au Botswana. Si par le passé les Botswanais vivaient au sein de familles élargies, dans lesquelles les membres dune même parenté cohabitaient, lévolution des conditions socioéconomiques sest accompagnée dune évolution des structures familiales, en particulier dans les zones urbaines, où la famille nucléaire gagne de plus en plus de terrain. La plupart des enfants naissent aujourdhui hors mariage et les taux de séparation et de divorce sont en hausse, avec pour corollaire unnombre accru de foyers monoparentaux, ayant le plus souvent une femme à leur tête. Bonnombre denfants ont en outre été privés de parents ou de famille par le fléau du VIH/sida, et certains ont dû assumer le rôle de chef de famille.

185.Dans la culture setswana, on sintéresse très peu à lévolution des capacités de lenfant dans loptique de sa participation à la prise de décisions. Les adultes prennent les décisions aunom de leurs enfants en prenant peu en considération lopinion de ces derniers. Dans cette culture, un enfant, quil vive chez ses parents, chez un tuteur ou dans la famille élargie ou bien quil vive seul, est toujours considéré comme un mineur pour lequel il faut prendre les décisions qui simposent. La situation change cependant peu à peu et de plus en plus de parents et tuteurs reconnaissent lévolution des capacités de lenfant et son droit à la liberté dexpression. On signalera également que la portée et lapplication du droit coutumier dans la société botswanaise participent de lobligation de lÉtat de respecter les responsabilités, les droits et lesdevoirs des parents dans le cadre des coutumes locales.

186.Il nexiste pas à lheure actuelle de mécanisme public pour la prise en charge des jeunes mères mais lÉtat , par lintermédiaire du Ministère du travail et des affaires intérieures, soutient le programme en faveur des mères adolescentes mené par lAlliance des unions chrétiennes féminines (YWCA).

187.La notion dautorité parentale est dune grande importance au Botswana, tant en droit coutumier quen common law , et entre souvent en jeu dans les questions touchant au bien‑être général de lenfant dans la structure familiale. Le système dattribution de lautorité parentale dun enfant trouve son origine historique dans la tradition tswana, en vertu de laquelle le versement par lepère dune bogadi (dot) pour la mère est déterminant. Pour les enfants issus de couples mariés, la question de savoir si une bogadi a été versée nentre pas en ligne de compte. La bogadi avait pour effet de faire passer les enfants du lignage de la mère à celui du père. À lépoque où le versement dune bogadi était une condition de la validité du mariage, le droit du père dexercer lautorité parentale et son corollaire, son obligation de verser une pension alimentaire, étaient liés à la question de savoir si la naissance avait eu lieu dans le mariage ou hors mariage. La loi continue à être appliquée ainsi comme si le système était toujours largement suivi, alors quil semble être en déclin. Dans lensemble, tant en droit coutumier quen common law, lautorité parentale continue à être la prérogative du père même après un prononcé du divorce attribuant la garde à la mère. Sagissant des enfants des femmes non mariées, lautorité parentale revient au grand‑père maternel en droit coutumier, mais à la mère en common law.

188.La notion dautorité parentale et les devoirs qui en découlent recouvrent en grande partie la notion et les devoirs de la garde, laquelle est confiée en fonction de ce que les tribunaux perçoivent comme étant «lintérêt supérieur de lenfant» (règle généralement observée en common law au moins, même sil nest pas évident quelle ait aussi été intégrée par les tribunaux coutumiers, auxquels elle est également censée sappliquer). La question de lautorité parentale nest en général pas examinée selon les mêmes critères, et force est de constater que cela peut être source de difficultés pour la mère dans lorganisation de la vie de lenfant, parexemple pour une demande de passeport ou pour le consentement au mariage de lenfant.

B. Séparation d avec les parents: article 9; regroupement familial: article 10, et recouvrement de la pension alimentaire: paragraphe 4 de l article 27

189.Pour les enfants dun couple en instance de divorce, en cas dabandon de famille et en cas de parents non mariés, lattribution de la garde peut être réglée soit par les tribunaux coutumiers soit par les tribunaux de common law. Comme on la déjà dit, les tribunaux de common lawauront tendance à faire valoir la notion dintérêt supérieur pour prendre leur décision. Il nest pas possible de se faire représenter par un avocat devant les tribunaux coutumiers. Dans le système judiciaire de la common law, il ny a pas à lheure actuelle dassistance juridictionnelle gratuite.

190.En matière de pension alimentaire, la loi applicable varie selon que lenfant est né à lintérieur ou hors du mariage. Dans le premier cas, on considère en common lawque le mariage crée un devoir de secours entre les époux, chacun devant contribuer au ménage. Cette règle de lacommon lawest complétée par la loi sur la protection des femmes et des enfants en cas dabandon de famille (chap. 28:03), en vertu de laquelle le père doit verser à lenfant une pension alimentaire du montant jugé approprié par le tribunal en fonction de ses moyens desubsistance. Lutilité de ce texte a été contestée pour plusieurs raisons: premièrement, onconsidère que si une mère a les moyens de rétribuer un avocat elle na pas à prétendre à une pension alimentaire car la dimension protection sociale du procès nest alors pas pertinente ; deuxièmement, compte tenu de la difficulté à interpréter le terme «abandon de famille», il est fréquent que les magistrats en viennent à juger la personnalité de la mère; troisièmement, les magistrates  courts ne sont pas daccès facile; quatrièmement, les pères ayant quitté le foyer familial sont souvent hostiles à ce type daction en justice; enfin, cinquièmement, lorsque cest lepère qui est victime dun abandon de famille, lui ne peut pas saisir la justice. Cette loi a donc été durement critiquée pour son inefficacité et des recommandations pour sa révision ont été formulées dans le rapport sur les affaires féminines.

191.En cas de divorce, les lois relatives au partage du patrimoine sont appliquées soit par lestribunaux coutumiers, soit par les tribunaux de common lawen vertu de la loi sur les affaires matrimoniales et de la loi sur le patrimoine des femmes mariées de 1970. Les deux systèmes ont été critiqués et qualifiés darbitraires; on a considéré quune latitude trop grande était laissée aux tribunaux et que lun comme lautre de ces lois étaient à la fois excessivement complexes et discriminatoires à lencontre des femmes. Il est souvent arrivé que saisie dune affaire relative, par exemple, à la division dun patrimoine traditionnel (du bétail, par exemple), la Haute Cour la renvoie aux tribunaux coutumiers. Il est évident que les décisions prises en la matière ont un impact sur les enfants issus du mariage concerné ainsi que sur les mineurs de 18 ans eux‑mêmes jeunes divorcés.

192.La Convention énonce la responsabilité commune des deux parents dentretenir et desoutenir lenfant dans la mesure de leurs moyens. Cette disposition est conforme à la common law, qui prévoit que les deux parents doivent apporter leur soutien à leur enfant en fonction deleurs moyens. Cela vaut aussi bien pour les parents mariés que pour les parents non mariés. Lepère dun enfant né hors mariage a en common lawle devoir de subvenir à ses besoins, mais cette règle nest dans la plupart des cas mise en application que via une action en justice par la mère. Ainsi, cest à la mère que revient en premier lieu la responsabilité délever un enfant né hors mariage. La common law a été explicitée dans laffaire Moremi c. Mesotlho, dans laquelle le tribunal a considéré que telle quappliquée au Botswana, elle impose un devoir de secours entre époux et sétend au père biologique dun enfant né hors mariage. La Haute Cour est compétente pour statuer dans des affaires de ce type. La nécessité de faire appel à la Haute Cour en la matière sest toutefois trouvée réduite à la suite dune modification ultérieure de la loi sur les procédures en matière de filiation.

193.Avant dêtre modifiée en 1999, la loi sur les procédures en matière de filiation avait des effets discriminatoires à légard des enfants nés hors mariage. La modification avait donc pour objet déliminer ces différences de traitement. Cest ainsi, par exemple, que les demandes depension alimentaire ou de reconnaissance de paternité peuvent désormais être déposées par toute femme ayant un enfant à charge ainsi que par toute personne, membre de la famille ou autre, ayant la garde dun enfant, alors quil sagissait auparavant dune prérogative des seules «femmes célibataires». Le délai dans lequel cette demande doit être faite a par ailleurs été porté àcinq ans. Le tribunal est en outre habilité à imposer au parent de verser au moins 100 pula par mois au titre de lentretien et de léducation de lenfant (art. 7 b), ceci en réponse à des critiques selon lesquelles le minimum payable ne suffisait pas à subvenir aux besoins dun enfant. Ladisposition en question se lit comme suit: «… le tribunal peut imposer au parent non gardien de verser un montant plus ou moins élevé, en fonction de ce quil considère approprié àlalumière de la situation financière et de la solvabilité du parent». Le texte va loin dans la promotion de légalité de traitement entre les enfants nés dans le mariage et les autres, les ressources financières du parent étant un facteur déterminant.

194.Comme indiqué plus haut, dans la plupart des systèmes traditionnels du droit coutumier setswana, il est attendu dun homme qui met enceinte une femme non mariée ou une femme appelée à en épouser un autre quil verse une indemnisation au père de lintéressée, sous la forme dun certain nombre de têtes de bétail. Il sagit en premier lieu de demander une indemnisation pour séduction, lentretien de lenfant revenant ensuite à la famille élargie maternelle. Une pension alimentaire peut être réclamée en second lieu dans le cadre du système de la common  law.

195.La loi sur lapplication des décisions en matière de pension alimentaire (chap. 29:04) dispose que toute décision relative au versement dune pension alimentaire prise par un tribunal de common law a la même nature exécutoire que si la décision portait sur le remboursement dune dette civile, et que tout tribunal subordonné peut émettre un titre exécutoire ou une ordonnance de placement en détention à leffet de faire appliquer la décision. La même loi dispose que quiconque se soustrait à lobligation alimentaire est enjoint par le greffier du tribunal compétent deffectuer tous les paiements dus.

196.Ne pas verser régulièrement une pension alimentaire imposée par décision de justice est une infraction punie dune peine demprisonnement dun an. Le tribunal est également habilité àsaisir les salaires par voie dordonnance de saisie‑arrêt. Le défaut de paiement ne sera toutefois pas sanctionné sil est du au fait que le débiteur est sans emploi. Cest donc en vertu des dispositions des lois suscitées que lon peut assurer le recouvrement des pensions alimentaires pour les enfants. Ce qui a été dit vaut également pour les décisions de justice émises en application de la loi sur la filiation et de la loi sur la protection des femmes et des enfants en cas dabandon de famille.

197.Force est toutefois de reconnaître que des problèmes existent dans lexécution des décisions en matière de pensions alimentaires et quil nest pas rare que des femmes se rendent à leurs frais à la magistates court, parfois très éloignée de chez elles, uniquement pour yapprendre que la pension na pas été versée.

198.Au Botswana, beaucoup de mères célibataires nont pas connaissance de laide à laquelle elles peuvent prétendre, si bien quelles intentent rarement une action contre les pères défaillants; leurs réticences sont dautant plus grandes que les montants fixés par les tribunaux sont limités, que les files dattente pour lencaissement sont longues et que selon une superstition on risque deprovoquer la mort dun enfant en se querellant à son sujet. De plus, même si la femme estconsciente des droits qui sont les siens, le fait quelle comprenne rarement les procédures etles moyens de faire appel à une assistance juridique professionnelle rend onéreuse la procédure àsuivre pour obtenir de la Haute Courune déclaration sur les créances alimentaires. Face à ceproblème, une organisation non gouvernementale, le Centre dinformation pour les femmesMetlhaetsile, a lancé un programme daide juridique destiné à aider les femmes ayant peu de ressources à se battre dans ce domaine et dans dautres relevant du droit de la famille. On compte aussi par ailleurs un grand nombre de femmes ayant eu des enfants avec un étranger qui éprouvent des difficultés à recouvrer la pension alimentaire une fois que le père a quitté le pays.

C. Enfants privés de milieu familial: article 20 ;

examen périodique du placement: article 25

199.Le cas de figure des enfants privés de milieu familial est visé dans la loi relative à lenfance. Les enfants de cette catégorie sont qualifiés aux fins de cette loi d«enfants ayant besoin dassistance». Un enfant ayant besoin dassistance est un enfant qui:

−A été abandonné ou se trouve visiblement sans encadrement aucun;

−Na ni parent ni gardien ou en a un qui est incapable dexercer sur lui un contrôle véritable;

−Prend part à une quelconque activité commerciale dans la rue (à moins que lenfant nait été chargé par ses parents de participer à la distribution de produits et que cela ne revête une grande importance pour la famille);

−Est à la garde dune personne condamnée pour avoir commis une infraction sur la personne denfant;

−Fréquente une personne immorale ou violente; ou

−Est dans une autre situation où lon cherche à le séduire, à la corrompre ou à le pousser à se prostituer.

200.Dans pareille éventualité, un agent des services de protection sociale ou de police peut retirer lenfant afin de le placer «en lieu sûr» (art. 15.4 de la loi relative à lenfance ), après quoi ce dernier devra rapidement être présenté devant un tribunal pour mineurs. Une fois le tribunal convaincu, après lavoir interrogé en privé, que lenfant a besoin dassistance, il peut en ordonner le placement dans une famille daccueil adaptée, dans un foyer pour enfant ou en école professionnelle de redressement («School of Industries») ou encore la réintégration dans le foyer familial sous la surveillance dun travailleur social.

201.Le Botswana ne dispose pour lheure que dune institution dans laquelle les enfants peuvent être placés lorsquils doivent être mis «en lieu sûr», à savoir les villages denfants SOS. Lassociation SOS gère deux villages denfants, à Tlokweng et Francistown. En reconnaissance des services quelle fournit, cette institution bénéficie chaque année de subventions publiques. Pour lannée 2001-2002, ces subventions se sont montées à environ un million de pula. Leshôpitaux peuvent être mis à contribution et servir de lieu dhébergement provisoire le temps de trouver une famille daccueil convenable ou parce quils offrent les conditions de sécurité nécessaires. Le lieu officiel de placement en lieu sûr, à savoir lécole professionnelle de redressement de Molepolole, na été achevée que récemment et son entrée en activité était prévue pour la fin de 2001. À la même échéance, le Centre pour lenfance de Mpule Kwelagobe devrait avoir ouvert ses portes et accueillir des enfants de tout le pays, sous la houlette de religieuses de lÉglise catholique romaine.

202.Le Ministère des collectivités locales travaille actuellement sur des textes relatifs à laprotection de remplacement, qui régiront, entre autres, les familles daccueil et les parents denfants ayant besoin dune protection en instituant des procédures de sélection, déducation et de réexamen périodique du placement. Ces projets de textes réglementaires ont été diffusés dans lensemble des ministères à deux reprises et les observations pertinentes recueillies à cette occasion ont été prises en compte, après quoi ils ont été approuvés par le Cabinet et transmis au Bureau du Procureur général pour la rédaction finale du projet de règlement.

203.Lorsquun enfant a été placé sous la surveillance dun travailleur social ou confié aux soins dune famille daccueil, le travailleur social a la possibilité détablir un rapport à lintention du commissaire à la protection de lenfance au cours de la période pendant laquelle lenfant est sous surveillance, et a lobligation de le faire à lachèvement de cette période, mais la loi relative à lenfancene prévoit pas explicitement le réexamen périodique du placement. Les mécanismes en la matière sont donc médiocres, dautant que les travailleurs sociaux sont en nombre insuffisant et surchargés.

204.Les travailleurs sociaux des collectivités locales se mettent régulièrement en relation avec les villages denfants SOS afin détudier à intervalles rapprochés sil est préférable quun enfant reste au village denfants ou soit autorisé à retrouver son foyer familial. Lobjectif premier des services sociaux est de réinsérer les enfants dans leurs familles dès que cela est faisable et sansdanger pour eux.

205.On ne recense dans les prisons botswanaises quun nombre négligeable de détenues mères denfants en bas âge mais lorsque le cas se présente, les enfants sont autorisés à résider avec leurs mères jusquà leur deuxième anniversaire. Les prisons de femmes botswanaises nont généralement pas déquipements spéciaux de maternité, le nombre de femmes concernées ne lejustifiant pas. Une prison possède un quartier pour les mères allaitantes. Par principe, les mères allaitantes ne participent pas à des travaux difficiles. Les pouvoirs publics prennent à leur charge lachat de lait maternisé et des autres produits de première nécessité pour les nouveau‑nés. Des éducateurs familiaux et des travailleurs sociaux aident les mères à soccuper et à prendre soin deleur enfant. Une fois que celui‑ci a atteint lâge de ans, la mère est libre de choisir à quel membre de sa famille elle souhaite le confier hors de la prison. Au 17 juin 1999, on comptait dans lensemble des prisons du pays 38 enfants en bas âge. Sil nest pas possible de trouver des personnes disposées à accueillir lenfant dans la famille, des dispositions sont prises pour lui offrir une protection de remplacement, même si les possibilités sont minimales en la matière.

D. Adoption: article 21

206.Au Botswana, ladoption est régie par la loi sur ladoption (chap. 28:01) en common lawet est également possible en droit coutumier.

207.En common law, les décisions dadoption sont prononcées par unemagistrates court, lequel doit se conformer aux dispositions de la loi, qui dispose notamment que «ladoption proposée servira les intérêts de lenfant et ira dans le sens de son bien-être» [art. 4) 2) c)]. Le terme «enfant» désigne ici toute personne âgée de moins de 19 ans.

208.Une décision dadoption a pour effet de transmettre, sauf disposition contraire, le nom de famille du parent adoptif à lenfant adopté et de faire de ce dernier lenfant légitime des parents adoptifs. Elle ne lui donne toutefois pas le droit dhériter ab instestat de membres de la famille des parents adoptifs. Lenfant conserve le droit dhériter de ses parents biologiques, dans le cadre dune succession ab instestat ou testamentaire. En vertu de larticle 14 de la loi, ladoption na pas pour effet dinterdire le mariage dun enfant adopté avec un parent adoptifdans lhypothèse où un tel mariage aurait été légal en labsence dadoption, ni dinterdire des relations sexuelles qui auraient pareillement été légales. En dautres termes, il est possible pour un parent adoptif dépouser légalement lenfant adopté si cet enfant est âgé de plus de 21 ans et pour un père adoptif davoir des relations sexuelles avec sa fille adoptive de plus de 16 ans.

209.Les conditions à remplir pour adopter sont régies par des règles détaillées relatives en particulier à la situation de famille et à la différence dâge entre adoptant et adopté. Pourlessentiel, ladoption est ouverte à tous à lexception des personnes séparées en labsence de décision de justice, et les couples mariés peuvent adopter conjointement dès lors quils sont âgés dau moins 25 ans. Il doit y avoir au moins 25 années décart entre ladoptant et lenfant sice dernier a plus de 16 ans (hormis sil sagit du fils ou de la fille du conjoint du candidat à ladoption). À cela sajoutent dautres restrictions complexes en rapport avec lâge, qui visent à empêcher que ladoption ne soit détournée pour exploiter les enfants en leur faisant tenir un rôle, non pas denfant, mais dépouse ou dépoux.

210.Donner un enfant en adoption nécessite le consentement de ses deux parents, sil sagit dun enfant né dans le mariage, et de la mère en cas de naissance hors mariage. Beaucoup depères denfants nés hors mariage considèrent que cette règle est discriminatoire. Elle est entout état de cause contraire à la Convention, qui énonce la responsabilité des deux parents deprendre soin de lenfant et de sen occuper. Il est proposé de modifier la loi sur ladoption afin que ladoption suppose le consentement du père biologique si sont remplies certaines conditions démontrant quil joue son rôle de personne responsable.

211.Une décision dadoption sera annulée dans les cas suivants: a) si un parent ou gardien na pas dûment donné son consentement; b) si la personne candidate à ladoption la été suite à une fraude, à une présentation déformée des faits ou à une erreur ou si lenfant souffre dun trouble ou défaut mental préexistant; c) si ladoption est préjudiciable à lenfant.

212.Au sujet de ladoption internationale, il convient de souligner que la loi sur ladoption interdit de faire quitter le pays à un enfant adopté au Botswana dans les 12 mois suivant la date de ladoption, à moins que le Ministre compétent ny consente par écrit (art. 10). Toute personne candidate à ladoption et tout parent ou gardien dun enfant qui offrirait ou recevrait un quelconque avantage en échange de ladoption dun enfant se rendrait coupable dune infraction. Ces dispositions ont pour but de décourager les transferts illicites et les enlèvements denfants.

213.La complexité des restrictions et la cherté des procédures judiciaires dissuadent certains couples dadopter légalement des enfants issus dune première union, doù de fréquentes «adoptions informelles», qui pénalisent les enfants sur le plan successoral et pour dautres prestations.

214.Les règles et procédures relatives à ladoption découlant de la loi sur ladoption ne sont pas appliquées en droit coutumier setswana, ce qui explique que peu de Botswanais aient pleinement connaissance des conséquences juridiques dune décision dadoption. Une idée fausse très répandue est que lenfant adopté est libre de retourner chez ses parents biologiques à tout moment et que les parents biologiques peuvent tout aussi bien demander à récupérer leur enfant quand bon leur semble. En droit coutumier, il est possible de «donner» un enfant à un membre dela famille pour quil lélève ou de le «donner» à un couple qui ne peut concevoir lui‑même.

215.Le Gouvernement a achevé les consultations relatives à la révision de la loi sur ladoption, organisées dans le but de modifier notamment les dispositions concernant les personnes ayant capacité à adopter, les questions touchant au consentement à ladoption et la sortie des enfants adoptés hors du territoire. Le processus de réexamen du texte en est maintenant à un stade avancé. Le Cabinet a rédigé un mémorandum pour examen par les autorités, après quoi lesamendements retenus seront transmis au Bureau du Procureur généralpour le stade final de rédaction du projet de loi.

E. Transfert illicite et non ‑retour : article 11

216.Larticle 175 du Code pénal érige en infraction «le fait demmener ou dentraîner ailleurs un enfant de force ou de manière frauduleuse, le fait de le maintenir en détention ou (...) de laccueillir sachant que cest dans de telles conditions quil a été emmené ou détenu». Cette infraction est punie dune peine demprisonnement pouvant aller jusquà sept ans.

217.Selon le rapport annuel publié par le Chef des services de police concernant 1999, on narecensé ladite année quun rapt denfant et 11 enlèvements. À ce jour, une seule de ces affaires aété jugée; elle a abouti à lacquittement de laccusé. Deux autres affaires sont en attente de jugement. Il est à souhaiter que la réglementation sur la protection de remplacement dotera le pays de mécanismes de prévention des transferts illicites denfants.

F. Sévices et négligences sur enfant: articles 19 et 39

218.Toute personne ayant la garde dun enfant, en qualité de parent, de tuteur ou autre, qui le néglige, le maltraite ou lexploite ou bien qui permet ou commet des actes de négligence, de maltraitance ou dexploitation à son encontre, est coupable dune infraction en vertu de larticle 11 de la loi relative à lenfance . Est notamment considéré comme négligence le fait demanquer de façon déraisonnable à son devoir de fournir à lenfant une alimentation, des vêtements et des soins, notamment de santé, adaptés ou le fait de lexposer à des conditions ou àdes circonstances qui risquent de lui nuire ou de le traumatiser sur le plan physique, mental oupsychologique. Par ailleurs, tout parent ou gardien qui cause ou entraîne des actes constituant une séduction, un enlèvement ou la prostitution de lenfant ou la commission par lui dun acte immoral se rend coupable dune infraction en application de larticle 12 de la loi relative à lenfance .

219.Les services de police ont eu à connaître de 18 affaires pénales relevant de la loi relative àlenfance, dont quatre ont donné lieu à condamnation en 1999, et 16 en 2000. Dans toutes ces affaires, les personnes condamnés étaient des femmes.

220.Le Code pénal vise diverses autres formes dinfractions pénales à légard des enfant, àsavoir lenlèvement dune fille à des fins immorales, lenlèvement dun mineur de 16 ans, lagression sexuelle sur de jeunes enfants, lattentat à la pudeur sans violence (defilement) sur une personne de moins de 16 ans, des relations sexuelles contraires à la loi avec un enfant. Ces infractions sont exposées en détail dans la section relative à lexploitation sexuelle. Il importe de noter quune personne accusée dattentat à la pudeur sans violence (defilement) sur une personne de moins de 16 ans peut faire valoir à sa décharge avoir cru que la victime avait plus de 16 ans ou quelle était son épouse. Il est souvent demandé aux personnes condamnées pour de telles infractions dapporter à leurs victimes laide matérielle dont elles ont besoin. On rappellera queles châtiments corporels sont considérés comme une forme acceptable de discipline dans la famille et dans les établissements scolaires, de sorte que les actions en justice pour ce motif sont rares.

221.Les procès pénaux pour sévices sur enfant se tiennent à huis clos, dans le souci de protéger lidentité de la victime. Seuls le personnel autorisé et les parents sont admis dans la salle daudience et il ne peut être publié de compte rendu daudience qui dévoilerait lidentité de lenfant (art. 24 de la loi relative à lenfanceet art. 9 de la loi sur la Haute Cour). Les forces delordre et les travailleurs sociaux coopèrent avec les chefs traditionnels pour veiller à ce que les affaires jugées devant les tribunaux coutumiers se tiennent à huis clos.

222.La violence domestique est assez répandue au Botswana, mais, si les dénonciations sont nombreuses, il nest pas rare que les plaintes soient retirées avant le stade du procès. À la lumière de ces éléments, le Ministère des affaires féminines a commandé en 1998 une étude sur les répercussions socioéconomiques de la violence contre les femmes. Cette étude indique que sur les 444 femmes victimes de violences interrogées, 86 (19,4 %) étaient âgées de 12 à 15 ans, et 126 (28,4 %) de 16 à 30 ans. Il na pas été établi de statistiques ventilées sur le groupe spécifique des 16‑18 ans.

223.Lune des causes de cette violence est lexistence, dans quelques groupes de population, de mariages forcés précoces des filles. Certaines filles de 12 à 18 ans sont en effet contraintes de se marier, ce quelles considèrent comme une forme odieuse de violence. La seule justification de cette pratique est dêtre culturellement acceptée. Concrètement, des jeunes filles sont contraintes dépouser un homme quelles nont pas choisi, parfois bien plus âgé quelles, voire même malade ou mourant. Ce sont des hommes de leur famille qui les forcent à se résoudre à cette union. Si elles sy refusent, elles sont rejetées par leur entourage social et leur famille leur coupe les vivres. Dans certains cas extrêmes, elles peuvent même être chassées dufoyer familial. À leur mariage, les filles doivent abandonner leur scolarité. Si la relation prendfinou si le mari décède, elles se retrouvent donc sans ressources et doivent compter poursurvivre sur laide alimentaire et sur des emplois temporaires, voire même, pour certaines dentre elles, sur la prostitution.

224.Le Ministère de linformation et de la radiodiffusion et les Services de police botswanais sesont associés dans un projet visant à faire connaître leurs droits aux enfants. Cest dans ce cadre que la police dispose de 30 minutes dantenne à la radio pour un jeu-concours conçu pour sensibiliser les enfants à leurs droits en matière dintégrité sexuelle mais aussi dans dautres domaines. Les services de police ont en outre lancé une stratégie de prévention de la criminalité, avec trois grandes campagnes contre le viol, lattentat à la pudeur sans violence (defilement) surune personne de moins de 16 anset les violences contre les femmes. Pour plus de détails, onse reportera plus loin à la section relative à lexploitation sexuelle.

225.Le projet pilote de foyer pour femmes Kagisano offre un hébergement provisoire aux femmes victimes de violences ou de sévices ainsi quà leurs enfantsâgés de moins de 12 ans; cefoyer propose aussi des services de conseils individualisés ou collectifs aux personnes qui yrésident et à des personnes extérieures. Situé à Gaborone, il peut héberger jusquà 20 personnes, de toutes les régions du pays. Il bénéficie pur son fonctionnement de subventions publiques, versées par lintermédiaire du Ministère des affaires féminines,ainsi que de dons etde parrainages de particuliers. Son principal bailleur de fonds est la société Kagisano, par lintermédiaire du Centre Kagisong. De mai 1998 à décembre 1999, il a accueilli 22 femmes et 14 enfants.

226.Le Centre dinformation pour les femmes Metlhaetsile fait office de porte‑parole desfemmes et fillettes victimes de violences. Cette organisation est basée dans le village deMochudi, à une trentaine de kilomètres de Gaborone, mais soccupe de toutes les affaires qui luisont soumises, quelle que soit la région dorigine de lintéressée.

227.Childline Botswana met à la disposition des enfants qui ont été ou sont victimes de violences une permanence téléphonique et un centre de conseil sans rendez‑vous. Lorganisation joue aussi, en amont, un rôle déducation de la population aux questions liées aux violences surenfant. Le personnel se rend dans les écoles pour sensibiliser les enseignants, les élèves et lesparents délèves. Childline a constaté que les châtiments corporels constituaient un problème majeur, dans les familles aussi bien quà lécole. Les études quelle a réalisées montrent une hausse du nombre des signalements de sévices sur enfant. Le nombre de cas est en forte augmentation depuis 1991 et leur nombre a atteint 300 en 1998, 344 en 1999 et 449 en 2000. Pour lannée 2000, la répartition était la suivante: violences psychologiques: 83; violences physiques: 58; violences sexuelles: 35; négligences: 150; violences relationnelles: 40; absentéisme scolaire: 9; divers: 74.

228.En dépit des dispositions mentionnées plus haut, les violences sur enfant − physiques ousexuelles − sinscrivent en hausse au Botswana et ce problème retient toute lattention despouvoirs publics, qui organisent des ateliers déducation destinés à inculquer certaines connaissances essentielles aux jeunes, sachant que la plupart des sévices sont le fait de lentourage proche − membres de la famille, enseignants, chefs religieux. Des efforts restent àfaire pour mieux former et sensibiliser les enseignants, les travailleurs sociaux, les chefs et les autres personnes en position dautorité. Il semble par ailleurs que dans certains cas, les plaintes des enfants naient pas été prises au sérieux ou aient été réglées en dehors du système judiciaire officiel, permettant aux coupables déchapper à la justice.

VI . SANTÉ ET BIEN ‑ÊTRE

A. Les enfants handicapés: article 23

229.Les enfants handicapés ont longtemps fait lobjet dune certaine discrimination, riennétant prévu pour assurer leur bien‑être, ni la protection ou la promotion de leurs droits. Les familles et la société les considéraient de manière générale comme une source dembarras et la coutume était de les garder à la maison. Cette attitude est en train de changer, mais ce sont surtout des ONG et des associations issues de la communauté qui sont jusquici venues en aide aux enfants handicapés et à leur famille, avec un soutien financier de lÉtat. Ces organismes ont des moyens limités et sont implantés dans les zones les plus densément peuplées et urbaines du pays, si bien quune proportion importante des enfants handicapés ne bénéficient pas de leurs services, particulièrement en milieu rural. Les pouvoirs publics militent pour la réadaptation des enfants handicapés et leur intégration dans la société au niveau local mais ils sont souvent bridés dans leur action par le manque de ressources.

230.Le Gouvernement a élaboré une politique nationale daide aux handicapés, qui définit lesgrandes lignes du dispositif national destiné à répondre à la demande de fourniture concertée de services et de soins aux handicapés. Dans le cadre de cette politique, dont lobjet est de réduire lincidence du handicap et daméliorer la qualité de vie des handicapés, il revient à lÉtat de gérer un système de prise en charge des handicapés et de veiller à ce quil soit tenu compte du bien‑être de ces derniers dans les programmes de développement des secteurs de léducation, de la santé, des affaires sociales, de lurbanisme, de léconomie et de lemploi. La politique définit les rôles et les responsabilités des divers intervenants. Ainsi, le Cabinet de la Présidence assure la direction politique des activités et sattache à mobiliser les responsables des différents ministères pour la fourniture de services aux handicapés. Le Ministère de léducation est chargé de veiller àlintégration de léducation spéciale dans l enseignement scolaire et parascolaire. Il incombe au Ministère de la santé de maintenir les services de prévention du handicap déjà en place dans lecadre des programmes de soins de santé et de soins hospitaliers primaires et de distribuer uneaide aux ONG qui dispensent des services de santé aux handicapés. Le Ministère des collectivités locales doit quant à lui sassurer que tout plan ou politique de développement conçu par les autorités locales prévoit des dispositions appropriées pour les handicapés. Enfin, leMinistère du travail et des affaires intérieures veille à ce que le souci des personnes handicapées soit présent dans lensemble des politiques, programmes et textes législatifs concernant les femmes, la jeunesse, les sports, la culture et les établissements pénitentiaires.

231.Le Conseil pour les handicapés du Botswana est un collectif dONG qui semploie à faire connaître les organisations et associations de handicapés et à obtenir des fonds pour elles, suitleurs activités et coordonne laction de toutes les ONG qui soccupent de la réadaptation deshandicapés. Le Conseil milite également en faveur des droits des handicapés.

232.Le Ministère de la santé sest doté dune division des services de réadaptation chargée de veiller aux intérêts des personnes handicapées. Le Botswana est divisé en districts, dont chacun possède un office de réadaptation destiné à répondre aux besoins des handicapés du district. Cesoffices sont pourvus des équipements nécessaires pour les personnes handicapées, dont desappareils de kinésithérapie, des fauteuils roulants et du matériel audiovisuel. Les agents deréadaptation, dont la plupart sont des travailleurs sociaux, étant trop peu nombreux pour desservir tous les villages du pays, ils opèrent à léchelle du district ou du sous-district. Il est àcraindre que laccès des handicapés aux soins de santé ne soit entravé par des croyances culturelles, les parents pouvant se sentir mal à laise à lidée demmener leur enfant audispensaire.

233.Indépendamment des structures gérées par lÉtat, il existe au Botswana plusieurs établissements privés pour handicapés financés par des ONG, qui reçoivent par ailleurs des subventions annuelles importantes de la part de lÉtat. On peut citer parmi eux la Fondation Cheshire du Botswana, qui dispense des traitements intensifs de kinésithérapie, dergothérapie etdorthophonie aux enfants âgés de 5 à 15 ans, le Centre de réadaptation Thuso, qui assure desservices de kinésithérapie, dorthophonie et de formation professionnelle, et fournit des aides techniques et une assistance sociopsychologique aux handicapés de tous âges, et les deux centres de la Croix-Rouge du Botswana, à savoir le Centre de réadaptation Tlamelong et le Centre destimulation Tshimologo.

234.Le Centre de réadaptation Motswedi dispense à des handicapés de tous âges les services suivants: apprentissage de la motricité globale, renforcement des muscles faibles, correction et prévention des contractures, aiguillage vers la chirurgie corrective ou lappareillage orthopédique. Lécole Camphill, qui sadresse aux enfants mentalement et physiquement handicapés de 7 à 15 ans, dispense à ces enfants un enseignement primaire, les prépare à la vie quotidienne et sefforce de développer leur motricité globale.

235.Le Centre déducation pour déficients auditifs de Francistown accueille les enfants de6à 18 ans souffrant dun handicap auditif. Il leur dispense un enseignement primaire, les aide à acquérir les compétences nécessaires à la vie courante et leur enseigne des modes de communication, dont la lecture et la langue des signes. Le Centre déducation pour déficients auditifs de Ramotswa, ouvert aux enfants âgés de 3 à 18 ans, assure des services analogues.

236.Le Fonds mémorial pour handicapés Seretse Khama a été créé en 1980 en hommage àSir Seretse Khama, premier Président du Botswana. Il étudie les demandes déposées par desétablissements, des organisations ou des groupes, ou en leur nom, mais non celles présentées par ou pour des particuliers. Il examine aussi les requêtes que lui adressent des établissements oudes organisations en vue dobtenir les contributions de contrepartie requises pour des projets àfinancement extérieur.

237.Dix écoles primaires publiques du Botswana sont dotées de sections spéciales, gérées par des enseignants spécialisés, qui accueillent les enfants mentalement retardés, émotionnellement perturbés ou souffrant de troubles de lapprentissage. Le Botswana possède en outre un centre national de ressources spécialisées associant diverses pratiques multidisciplinaires, qui sadresse aux enfants chez lesquels on soupçonne des difficultés dapprentissage, des déficiences motrices, visuelles ou auditives, des troubles de la communication ou de lémotion ou du comportement, ou dautres problèmes de développement. Le Centre assure également laccompagnement des parents, fournit des services en braille et oriente les enfants vers dautres établissements.

238.Le Gouvernement encourage les autorités chargées de la planification à mettre en place desstructures et équipements destinés à permettre laccès des handicapés aux bâtiments, comme le prescrit le Code de laménagement du territoire et de lurbanisme de 1995. Ce texte définit lesspécifications techniques minimales auxquelles doivent répondre les entrées, portes, rampes daccès, cages descalier et ascenseurs pour handicapés dans tous les aménagements nouveaux. Il stipule également que, dans chaque tranche de 20 places de stationnement, une place doit être spécialement aménagée, en matière daccessibilité et despace, pour les handicapés. Force est toutefois de constater que, malgré ce code, certains bâtiments ne satisfont pas encore aux normes.

B. Survie et développement: paragraphe 2 de l article 6; santé et services médicaux: article 24

239.Les données disponibles font apparaître pour les 30 dernières années une progression detous les indicateurs principaux du bien‑être des enfants et des femmes au Botswana, qui serait le fruit de la stratégie de soins de santé primaires. Résolues à agir pour promouvoir la survie et le développement de lenfant, les autorités botswanaises ont misé sur lutilisation effective de soins de santé primaires expressément conçus pour améliorer la santé de lenfant, en privilégiant laprévention, la promotion, le traitement et la réadaptation. Cette stratégie sest révélée extrêmement payante et la plupart des indicateurs se sont notablement améliorés. Le Botswana est malheureusement lun des pays du monde où les taux dinfection par le VIH augmentent le plus rapidement et où la prévalence du virus est la plus élevée, ce qui porte massivement atteinte à la santé de ses habitants, tous groupes de population confondus, mais surtout à celle des enfants et des femmes.

240.Autre problème de taille pour le système de prestation de soins du Botswana, le pays manque cruellement deffectifs, le personnel médical qualifié (médecins et infirmières enparticulier) ayant émigré en masse vers des pays tels que lAfrique du Sud ou le Royaume‑Uni de Grande‑Bretagne et dIrlande du Nord, qui leur offraient des rémunérations, des conditions de travail et des perspectives de carrière plus avantageuses. Les services en ont immanquablement souffert en ce qui concerne tant la fréquence des soins que lefficacité, et il a parfois fallu lescentraliser. Afin de juguler cette crise, le Ministère de la santé a entrepris de remettre à niveau tous les instituts des sciences de la santé en améliorant leur infrastructure et en envoyant les étudiants poursuivre leur formation médicale à létranger. Il en est résulté un accroissement des effectifs des élèves infirmiers, dont les effets bénéfiques ne se manifestent toutefois pas encore car les études durent quatre ans.

241.La mortalité infantile, qui avait enregistré un recul spectaculaire, est récemment repartie àla hausse sous leffet de lépidémie de VIH/sida. Selon une enquête sur la santé familiale menée en 1996, les taux de mortalité des nourrissons et des enfants de moins de 5 ans étaient particulièrement élevés parmi les enfants nés de femmes de moins de 20 ans ainsi que dans les zones rurales.

Tableau 3. Mortalité infantile a

Année

Taux de mortalité des nourrissons (nombre de décès pour 1 000 naissances vivantes)

Taux de mortalité des moins de 5 ans (nombre de décès pour 1 000 naissances vivantes)

1971

100

151

1981

71

109

1991

31

38

1997

41

49

a Statistiques des recensements pour les années 1971, 1981 et 1991. Pour 1997, les chiffres proviennent du huitième Plan national de développement.

Tableau 4. Principaux indicateurs de la santé de l enfant

Indicateur

1981

1991

1997

Insuffisance pondérale à la naissance(pourcentage denfants pesant moins de 2,5 kg à la naissance. Source: Statistiques de la santé)

8,9

9,9

14,0

Vaccination complète(pourcentage des enfants de moins de 2 ans. Source: Ministère de la santé, données relatives au PEV)

36

67

..

Vaccination contre la rougeole(pourcentage des enfants de moins dun an. Source: Ministère de la santé, données relatives au PEV)

63

87

79

Taux de malnutrition(pourcentage des enfants de moins de 5 ans. Source: Système national de surveillance de la nutrition)

25

14,3

18,5

Épisodes diarrhéiques(pour 10 000 enfants. Source: BFH)

..

1 792

2 886

Foyers ayant accès à une eau salubre(pourcentage des foyers. Source: Données du recensement de 1991, HDP 2000)

..

90

..

Foyers ayant accès à un réseau dassainissement adéquat(pourcentage des foyers. Source: Données du recensement de 1991, HDP 2000)

..

55

..

242.Les accès de diarrhée restent un phénomène très répandu (4,2 en moyenne par an pour lesnourrissons et 3,3 par an pour les enfants de moins de 5 ans). Les causes en seraient principalement une mauvaise hygiène, la malnutrition et des pratiques nutritionnelles inappropriées. Les enfants de moins de 5 ans ont en moyenne de 8 à 10 accès par an, quidébouchent sur une maladie grave dans environ 5 % des cas.

243.Le système de soins de santé primaires vise à rapprocher les services de santé des populations au travers dun effort de sensibilisation et de mobilisation. Il sagit dun système décentralisé dans le cadre duquel il incombe aux autorités locales de mettre en place des dispensaires et de les pourvoir en personnel. Linfrastructure sanitaire est satisfaisante mais lapénurie de personnel et la surcharge de travail consécutive à lépidémie de VIH/sida risquent de nuire à lefficacité des services. Les éducateurs familiaux nont pas les compétences voulues pour administrer des traitements ou distribuer des médicaments, mais on sait quils le font dans certaines zones rurales.Linfrastructure de dispensaires relève du Ministère des collectivités locales et le personnel est employé par le Département de la gestion des collectivitéslocales. LeMinistère de la santé a quant à lui la charge des hôpitaux (centres de soins hospitaliers primaires, hôpitaux de district et hôpitaux de recours) ainsi que de la fourniture des soins, de lapolitique de santé, des normes et protocoles sanitaires et des normes en matière deffectifs. En 1995, quelque 88 % des Botswanais vivaient à 15 km au maximum dune structure sanitaire et, pour la majorité dentre eux, en particulier dans lest du pays, la structure la plus proche sesituait à 8 km.

244.Le système de santé comporte une chaîne de soins solidement établie, dont les différents niveaux apparaissent dans le tableau ci‑après. Le nombre de structures est déterminé avec précision depuis 1998.

Tableau 5. Chaîne de soins a

Structures

Nombre

Localisation

Consultations itinérantes(Infirmières, sages‑femmes)

740

Hameaux, petits villages

Postes de santé(Infirmières, éducateurs familiaux)

330

Villages

Dispensaires(Infirmières, sages‑femmes, éducateurs familiaux)

222

Villages

Centres de soins hospitaliers primaires(Médecins, infirmières, sages‑femmes, agents paramédicaux)

14

Bourgs

Hôpitaux de district(Administrateur de district chargé de la santé, infirmières, sages‑femmes et professionnels paramédicaux)

16

Chefs‑lieux

Hôpitaux de recours(Médecins spécialistes, pharmaciens, infirmières, sages‑femmes; comprenant un hôpital psychiatrique et une clinique privée)

4

Villes

a Source: Bulletin du Bureau central de la statistique, juin 2000.

245.Dans les structures de soins publiques, la consultation médicale ne coûte que 2 pula etles médicaments sont gratuits. Les personnes enregistrées comme étant indigentes, y compris les enfants, y sont quant à elles soignées gratuitement. Il existe parallèlement un système de santé privé comprenant des hôpitaux privés et des praticiens.

246.La Division de la santé familiale est chargée de lexécution du programme élargi de vaccination (PEV), des services de promotion de la santé et déducation à la santé, des services de protection maternelle et infantile et de planification familiale, et du service de lalimentation et de la nutrition.

247.Le programme élargi de vaccination a pour but de protéger les enfants contre les sixmaladies infantiles évitables grâce à la vaccination, à savoir la diphtérie, la coqueluche, le tétanos, la poliomyélite, la rougeole et la tuberculose. Laccent est mis aujourdhui sur la vaccination contre la rougeole, qui avait été quelque peu négligée. Depuis 1990, le Botswana na notifié aucun cas de poliomyélite et il semploie actuellement, en appliquant un programme actif de surveillance et de diagnostic, à être déclaré exempt de poliomyélite. Il a récemment mis enplace un bon programme de gestion et de traitement des maladies diarrhéiques et infections respiratoires aiguës chez lenfant, dans le cadre du dispositif de prise en charge intégrée des maladies infantiles, qui vise à aborder la question de la santé de lenfant dans une optique holistique et prévoit notamment un examen global préventif de létat de santé des enfants. Cedispositif devrait se révéler utile pour la surveillance du VIH/sida. Le Ministère de la santé entretient un dialogue actif avec les guérisseurs traditionnels afin dassurer la complémentarité des diverses stratégies relatives aux soins de santé.

248.La Division de la santé familiale gère un programme de santé scolaire qui a notamment pour objet de conseiller les éducateurs à propos des matières à enseigner et dorganiser desvaccinations dans les écoles, mais une pénurie de personnel entrave les efforts visant à dispenser une éducation dynamique à la santé en milieu scolaire. Parmi les autres activités destinées à promouvoir la santé, on citera la campagne antitabac et laction en faveur dune eau salubre menées par lintermédiaire de programmes radiodiffusés, ainsi que le travail entrepris pour inciter les communautés locales à participer activement à la planification de la santé. Ces activités recoupent celles dautres divisions du Ministère de la santé, dont les divisions chargées de la santé communautaire et de lhygiène du milieu. En ce qui concerne la santé de laprocréation et la santé familiale, le principe directeur consiste à fournir un accompagnement aux personnes de tout âge qui sollicitent avis et services sans porter de jugement. Le moyen de contraception préconisé est lusage du préservatif, seul ou en association avec dautres méthodes contraceptives, car il protège dans une certaine mesure du VIH. Le conseil en matière de contraception répond à lurgente nécessité de prévenir les grossesses précoces et de promouvoir la santé sexuelle des adolescents, en particulier celle des filles.

249.Pour ce qui est du problème des grossesses, la Division a adopté un programme dematernité sans risque qui comporte un volet «prévention de la transmission mère-enfant du VIH». Le système de santé est conçu de telle manière quon trouve dans la plupart des structures de soins des agents ayant une formation de sage‑femme. Les femmes enceintes ont donc la possibilité dêtre suivies par du personnel qualifié dans des établissements bien équipés, mais malgré cela, 14,8 % dentre elles préfèrent toujours accoucher chez elles avec laide dunproche ou dune accoucheuse ou dun médecin traditionnels. Selon lenquête sur la santé familiale au Botswana réalisée en 1996, ce phénomène concernerait surtout les femmes les moins instruites et celles qui vivent en milieu rural (ces deux groupes pouvant se chevaucher). Le taux de mortalité maternelle au Botswana sétablissait, lors du recensement de 1991, à 326 pour 100 000 naissances vivantes, ce qui est énorme, et on estime quil est aujourdhui compris entre 200 et 300.

250.Ladministration botswanaise dispose, avec le Service de lalimentation et de la nutrition de la Division de la santé familiale, dun système national de surveillance nutritionnelle qui permet de déceler les problèmes de croissance et les carences alimentaires chez les enfants de moins de 5 ans, ce qui contribue à réduire la morbidité et la mortalité infantiles et juvéniles. Les agents de ce service donnent également des conseils, dans les dispensaires locaux, sur les programmes dalimentation des enfants de cette tranche dâge, des femmes enceintes et des mères allaitantes, soccupent des repas scolaires, pourvoient à lalimentation des orphelins parlintermédiaire du programme de prise en charge de ces derniers et fournissent des vivres auxindigents. Il a été constaté que les aliments complémentaires distribués dans les consultations pour enfants étaient parfois utilisés à domicile pour nourrir des adultes malades (et lépidémie de VIH/sida ne fait sans doute quamplifier ce phénomène), aussi le Ministère dela santé cherche-t-il actuellement une solution à ce problème.

Politique nationale de 1993 relative au VIH /sida et deuxième Plan à moyen terme du Botswana contre le VIH /sida

251.Le Rapport de surveillance sentinelle du sida/des maladies sexuellement transmissibles de1999 chiffrait à 28 % au moins de la population sexuellement active (15‑49 ans) et à 17 % delensemble de la population la proportion de personnes séropositives. Selon les chiffres de lONUSIDA portant sur la même année, 36 % de la population sexuellement active était infectée par le VIH. La prévalence avait plus que doublé depuis 1992. Afin détablir des estimations, on mène chaque année une enquête auprès des consultations prénatales de Gaborone et de Francistown, ainsi que de certains autres établissements. Daprès les données relatives au taux deprévalence du VIH et au taux de transmission mère-enfant, 1 enfant sur 8 naît séropositif.

252.Le groupe dans lequel la prévalence est la plus forte est celui des femmes de 20 à 29 ans. Selon les estimations de ladministration botswanaise, les orphelins de moins de 15 ans étaient au nombre de 65 000 en 2000 (le chiffre officiel est inférieur de moitié, mais il est loin de refléter la réalité). Au Botswana, la lutte contre lépidémie de VIH/sida se heurte à de nombreux obstacles, dont les principaux sont la pauvreté, linégalité des sexes, les schémas de migration, latransmission mère-enfant du virus, labsence dune éducation sexuelle appropriée, lexistence de pratiques traditionnelles nocives et de croyances erronées, le manque de coopération des hommes, la valorisation sociale de la maternité et la stigmatisation des personnes infectées. Du fait de linégalité des sexes et du statut socioéconomique peu enviable de la femme, les jeunes filles sont vulnérables, soumises et inexpérimentées face aux hommes plus âgés avec qui elles ont des relations sexuelles. Ces relations sont, semble-t-il, pratique courante, et il en résulte un taux élevé de grossesses précoces. De surcroît, femmes et enfants sont très exposés à la violence, ce qui est à la fois une cause et une conséquence du déséquilibre du rapport de forces entre hommes et femmes, lequel explique aussi en partie que le risque dinfection soit plus élevé pour les femmes que pour les hommes.

253.La politique nationale relative au VIH/sida atteste que les autorités botswanaises ont pris toute la mesure de la gravité de lépidémie. Elle prévoit une action multisectorielle requérant lintervention dorganismes de tous les secteurs, est coordonnée par le Conseil national de lutte contre le sida, qui est présidé par le chef de lÉtat et dont le secrétariat est assuré par lAgence nationale de coordination de la lutte contre le sida (créée en 2000). Un comité technique et consultatif complète le dispositif. Auparavant, cétait le Service de lutte contre le sida et les MST du Ministère de la santé qui coordonnait les actions menées pour combattre la pandémie.

254.Le deuxième Plan à moyen terme , qui porte sur la période 1997‑2002, est le plan stratégique établi à partir de la politique nationale relative au VIH/sida. Le Ministère de la santé en pilote lexécution par lintermédiaire du Service de lutte contre le sida et les MST. Fondé surune démarche multisectorielle et décentralisée, le deuxième Plan à moyen terme prévoit lacréation de comités multisectoriels de district et de comités villageois de lutte contre le sida etfait une place prépondérante à la recherche, à la surveillance et à lévaluation. Le Plan a pourobjectif de réduire la transmission du VIH en sattaquant à la fois à des facteurs socioéconomiques et culturels (les comportements en matière de sexualité et de procréation conduisant à avoir des relations sexuelles non protégées) et à des facteurs biologiques tels que laprévention de la transmission verticale. Il vise aussi à atténuer londe de choc provoquée par lesida aux niveaux macroéconomique, social, communautaire, domestique et personnel. Laction des comités de district est dune efficacité très variable selon le degré dengagement etles compétences des intervenants. Le Ministère des collectivités locales sollicite actuellement laide des donateurs internationaux pour réorganiser et intensifier lexécution des campagnes de sensibilisation au problème du VIH/sida à léchelon local.

255.Les autorités botswanaises ont conscience de la nécessité dentreprendre des recherches plus approfondies concernant lincidence du VIH et du sida sur les groupes en état de dépendance, dont les enfants en détresse. Les stratégies qui visent particulièrement les enfants sont notamment les suivantes:

Réexaminer toutes les mesures destinées à atténuer la pauvreté;

Faire reculer lanalphabétisme;

Veiller au respect des droits des filles pour lutter contre les inégalités liées au sexe;

Introduire la notion des droits de lenfant dans lorientation scolaire;

Prendre des mesures pour prévenir les relations sexuelles non consenties ou violentes;

Améliorer le travail déducation des adolescents à des pratiques sexuelles plus sûres;

Permettre aux femmes et aux filles de négocier des relations sexuelles sans risque;

Prendre des mesures en faveur des orphelins;

Prévoir des dispositions pour les enfants dont les parents sont séropositifs ou malades du sida;

Promouvoir un environnement éthique permettant de vivre positivement avec le VIH ou le sida.

Programme de prise en charge des orphelins

256.Le Gouvernement a élaboré, par lintermédiaire du Ministère des collectivités locales, un programme de prise en charge des orphelins qui sappuie actuellement sur un plan daction à court terme en faveur de ces derniers portant sur la période 1999-2003. Le Gouvernement espère, grâce à ce plan:

a)Répondre aux besoins immédiats des orphelins (leur assurer nourriture, vêtements, éducation, abri, protection et soins);

b)Mettre au point des mécanismes qui permettraient de soutenir les initiatives communautaires face au problème des orphelins;

c)Élaborer un cadre destiné à orienter la formulation du programme à long terme en faveur des orphelins.

257.La pénurie de travailleurs sociaux et le manque dappui logistique à léchelon local ont entravé lexécution du programme de prise en charge des orphelins et retardé lenregistrement deces derniers de même que la fourniture de services. Un obstacle de taille a été levé récemment avec la mise à disposition de plusieurs véhicules.

258.Le programme de prise en charge des orphelins a bénéficié dun budget de 34 millions depula pour son volet «panier alimentaire», auquel il faut ajouter 4 millions de pula destinés àsatisfaire dautres besoins. Lenveloppe totale consacrée au programme pour la période 2000‑2001 sélevait donc à 38 millions de pula et un montant similaire a été alloué pour lapériode 2001‑2002.

259.Parmi les mesures prises en faveur des enfants du Botswana touchés par lépidémie de sida figure lexécution par les autorités locales du district de Bobirwa, en partenariat avec des organismes donateurs, dun projet pilote de prise en charge des orphelins de Bobonong, grosbourg situé à environ 175 km de Francistown, dans lune des zones les plus durement frappées du pays. Il sagissait de mettre au point, à léchelle du district, un prototype de registre pour les orphelins et un autre pour les adoptants potentiels, et délaborer des modèles communautaires de prise en charge des orphelins qui soient constructifs, efficaces sans être tropcoûteux et culturellement acceptables. LUNICEF a apporté un appui technique au projet eta notamment établi le formulaire denregistrement des orphelins et fourni des outils de surveillance et dévaluation. Il a aussi créé et tenu à jour la base de données sur les orphelins fonctionnant à léchelle du district. Le projet a malheureusement été mis en veilleuse à la suite dechangements de personnel, mais non sans avoir amplement contribué à lélaboration du plan daction à court terme du Gouvernement en faveur des orphelins.

Programme de prévention de la transmission mère-enfant du VIH

260.Le programme de prévention de la transmission mère-enfant du VIH relève de la Division de la santé familiale et fonctionne avec un comité consultatif technique et un groupe national deréférence. Il vise à prévenir la transmission verticale du virus lors de lallaitement au sein ouau moment de laccouchement. Le Gouvernement a entrepris de réaliser à Gaborone et àFrancistown, en collaboration avec lONUSIDA et avec lUNICEF, qui joue le rôle dagent dexécution, un projet pilote quil voudrait étendre à 10 districts pour la fin de 2001. Afin de mener à bien cette tâche colossale, il a dabord fallu veiller à pourvoir tous les districts enpersonnel compétent susceptible de former à son tour au sein de chaque district des agents quipuissent distribuer du lait pour nourrissons de même que les médicaments requis.

261.Dans le cadre de ce programme, les femmes bénéficient de services de conseil prénatal etde dépistage volontaire. Si le test révèle quelles sont séropositives et si elles ont consenti àparticiper au programme, elles reçoivent un traitement préventif à lAZT, qui débute à partir dela 34e semaine de grossesse et dure jusquà la naissance de lenfant. Le médicament est ensuite administré au nouveau-né sous forme de sirop. Après laccouchement, on encourage les mères à ne pas allaiter leur enfant pour éviter de lui transmettre le virus et on leur fournit du lait pour nourrissons.

262.LÉtat a dégagé une première somme de 16,2 millions de pula pour ce projet pilote en1999 et sest engagé à maintenir cette dotation par la suite. LUNICEF fournit les doses demédicament nécessaires aux mère tandis que lÉtat achète les médicaments qui doivent être administrés aux femmes durant laccouchement puis aux nouveau‑nés, et fournit un stock de réserve ainsi que du lait pour nourrissons.

263.Les difficultés rencontrées dans le cadre du programme sont nombreuses: manque depersonnel et de ressources; faible utilisation du dépistage, ainsi que du traitement préventif sil savère que la future mère est séropositive; condamnation sociale des porteurs du VIH (lutilisation daliments pour nourrissons peut être interprétée comme un signe que la mère estséropositive); absence de dispositifs de soutien plus vastes au sein de la communauté et notamment exclusion des pères du programme; manque de constance dans lemploi du lait pour nourrissons (utilisé en alternance avec le lait maternel), ce qui peut accroître le risque dinfection de lenfant. Ces questions font lobjet dun suivi constant dans le cadre du programme.

264.Un problème qui a été mis au jour est larrêt du traitement régulier fourni à la mère unefois que son bébé ne relève plus du programme, alors même que sa poursuite revêt uneimportance cruciale à longue échéance car il pourra éviter que lenfant devienne orphelin par la suite.

Programme relatif à la santé de la sexualité et de la procréation des adolescents

265.Comme il a été dit précédemment, lactivité sexuelle chez les adolescents est un important sujet de préoccupation car, entre autres conséquences, elle est à lorigine de grossesses précoces ainsi que des taux élevés de MST et dinfection par le VIH. La raison en est que, malgré le climat douverture qui règne, il est difficile pour les jeunes davoir accès aux services de santé qui leur sont destinés. Les relations sexuelles entre des hommes mûrs et de jeunes femmes sont en augmentation. À lépoque du recensement de 1991, le taux de grossesse chez les adolescentes était de 19 %. Selon létude de surveillance sentinelle de 1999, 21,5 % des filles du groupe 15‑19 ans ayant effectué un test de dépistage du VIH lors dune consultation prénatale étaient séropositives. On peut lire dans lédition 2000 du rapport du Botswana sur le développement humain que le risque dinfection par le VIH est deux fois plus élevé pour les filles que pour les garçons dans la tranche 0‑14 ans et trois fois plus élevé dans la tranche 15‑29 ans. Du fait des grossesses précoces, le taux dabandon scolaire saccroît chez les filles, dont le bagage éducatif est dès lors plus faible, ce qui entraîne au bout du compte une exacerbation de la pauvreté et une augmentation de la morbidité maternelle et infantile.

266.Résolu à sattaquer à ce problème, le Gouvernement a entrepris en 2000, conjointement avec trois organismes des Nations Unies et avec lAssociation botswanaise daide aux familles, de mettre à lessai quatre modèles de services de santé de la sexualité et de la procréation adaptés aux besoins des adolescents. Il était prévu de les évaluer en 2001 pour déterminer comment les étendre à lensemble du pays, mais il semblerait que des obstacles administratifs et le manque de soutien au niveau des jeunes jouant bénévolement le rôle de conseiller auprès de leurs camarades aient ralenti lexécution du projet.

267.Le Département de la culture et de la jeunesse, soucieux de promouvoir davantage laccès des jeunes à des structures de santé et à des services de conseil répondant à leurs attentes, entendcréer à leur intention des centres polyvalents dont la forme dépendra des résultats des programmes pilotes. On espère que ces nouvelles structures joueront elles aussi un rôle dans lalutte contre le sida et les grossesses précoces en offrant aux jeunes un cadre dans lequel ils sesentiront en confiance pour exposer leurs problèmes. Le Service de lutte contre le sida et lesMST a déjà entrepris, en collaboration avec le Conseil national de la jeunesse du Botswana, des programmes de sensibilisation au sida à léchelle du pays.

268.LAssociation botswanaise daide aux familles assure une éducation et des services intégrés en matière de santé de la sexualité et de la procréation. LAlliance des unions chrétiennes féminines (YWCA) sefforce, notamment par le biais de son programme «Les adolescents conseillent les adolescents»[Peer Approach to Counselling by Teenagers» (PACT)], de donner aux adolescents et aux jeunes en général les moyens de prendre des décisions éclairées en ce qui concerne la santé de la sexualité et de la procréation et la prévention du VIH/sida. Population Services International milite auprès des jeunes pour lutilisation du préservatif en recourant aux techniques du marketing social. Le projet Dipalana vise à dispenser une éducation en milieu scolaire pour prévenir les grossesses précoces, à aider les écolières enceintes pour quelles puissent poursuivre leur scolarité pendant la période où elles doivent rester chez elles et à leur permettre de retourner en classe le plus tôt possible en installant des garderies à proximité des écoles de façon que les mères puissent allaiter leur enfant pendant les récréations.

269.Un vaste effort de sensibilisation aux dangers des grossesses précoces et du VIH/sida a été entrepris. Les parents semblent toutefois préférer laisser à quelquun dautre le soin de parler à leurs enfants, aussi le Ministère de léducation a-t-il intégré dans les nouveaux programmes du primaire et du secondaire une éducation à la vie familiale et à la santé sexuelle. Ces programmes ne sont pas encore pleinement opérationnels car ils nont pas encore été introduits à tous les niveaux denseignement et, là où ils sont en place, les enseignants ayant reçu la formation voulue pour enseigner ces nouvelles matières sont trop peu nombreux.

C. Sécurité sociale: articles 26 et 18

270.Le Gouvernement a mis en place, par lintermédiaire des autorités locales, un programme daide aux indigents et aux personnes à leur charge. Est considérée comme indigente aux fins de la politique nationale relative aux indigents: une personne complètement démunie; une personne qui est physiquement ou mentalement incapable de travailler du fait de son âge avancé ou dunhandicap; un enfant mineur ou un enfant dont lun des parents ou les deux sont décédés ou ont quitté le foyer familial, ou ne subviennent plus aux besoins de leur famille; une personne vulnérabilisée par une catastrophe naturelle ou des difficultés passagères. Il importe de noter àcet égard que des enfants mineurs appartiennent à la catégorie des personnes indigentes.

271.La Division de la protection sociale du Ministère des collectivités locales verse une allocation aux indigents et leur offre un panier alimentaire mensuel dune valeur de 90,28 pula dans les zones rurales et de 67,78 pula dans les zones urbaines. Les enfants sont admis au bénéfice de cette aide si lon constate quils sont dans le besoin.

272.Les bénéficiaires de la politique nationale relative aux indigents reçoivent des vivres, desarticles de toilette, des soins médicaux et un abri en cas de besoin. Ils sont exonérés des taxes sur les prestations de services, des impôts, des redevances deau et de la patente pour la vente ambulante. Leurs frais de funérailles sont également pris en charge. LÉtat fait aussi le nécessaire pour que les enfants dont les parents sont enregistrés comme indigents puissent fréquenter lécole.

273.Il est relativement difficile dobtenir le statut dindigent et seuls les plus démunis peuvent yprétendre. Par ailleurs, la pénurie dagents des services sociaux est source de retards dans leprocessus denregistrement, ce qui peut dissuader certains dentreprendre les démarches nécessaires. Il faut enfin signaler que des personnes âgées qui ne perçoivent quune modeste retraite ont souvent à leur charge des orphelins de plus en plus nombreux sans nécessairement bénéficier du programme pour indigents. Il conviendrait dentreprendre un travail dinformation pour inciter les personnes concernées à se faire enregistrer comme indigents.

VII. ÉDUCATION, LOISIRS ET ACTIVITÉS CULTURELLES

A. L éducation: article 28

274.Le Gouvernement botswanais estime que léducation est un facteur essentiel du développement de lêtre humain. Le huitième Plan national de développement a notamment pourobjectifs: a) daméliorer laccès à léducation et aux possibilités de formation tant dans lesétablissements institutionnels quen dehors de lécole; b) de mettre laccent sur la formation professionnelle. À cet effet et pour perfectionner les compétences de la main‑dœuvre qualifiée du Botswana, le Gouvernement a conçu une Politique nationale révisée de léducation en 1994.

275.Léducation primaire et secondaire de base est gratuite sans pour autant être obligatoire. Cependant, le Gouvernement a institué des droits pour les non‑Botswanais et envisage détendre les mesures de recouvrement des coûts à tous les citoyens du Botswana (les réfugiés ne seront très vraisemblablement pas tenus dacquitter des frais de scolarité). La Politique révisée prévoit sept années denseignement primaire (niveaux 1 à 7) commençant à 6 ans au plut tôt, troisannées de premier cycle secondaire (1re à 3e années) et deux années de deuxième cycle secondaire (4e et 5e années). Les 10 premières années sont la période déducation de base àlaquelle tous les enfants dâge scolaire ont droit. La Constitution botswanaise autorise à priver un enfant de liberté pour quil puisse bénéficier dune instruction ou de mesures sociales.

276.La Politique révisée prévoit que lenfant peut entrer à lécole primaire entre 6 et 10 ans. Ceux qui ne commencent pas avant 10 ans peuvent préférer suivre un enseignement parascolaire puis entrer dans le cycle secondaire. Si un élève doit avoir plus de 19 ans à la fin de son cycle secondaire, il est préférable quil aille dans un établissement denseignement supérieur. Leshabitants des zones reculées ne sont pas soumis à cette règle.

277.La Politique de léducation a pour objectif un effectif maximal de 22 élèves par classe. En ce qui concerne les taux dassiduité, le Gouvernement du Botswana a toujours été préoccupé par les 10 à 15 % dabsentéisme, chiffres généralement considérés comme la proportion denfants non scolarisés. Près du tiers des élèves qui commencent leur scolarité vont jusquà lasixième année.

L éducation des filles

278.Le système scolaire est raisonnablement bien développé, les garçons et les filles ont accès à lenseignement à égalité, mais les statistiques de léducation de 1998 indiquent que les filles ont tendance à abandonner les études pour cause de grossesse. Cest ce qui sest produit dans 3,1 % des cas dabandon des études primaires (212 sur 6 942) et pour 39 % des cas dabandon des études secondaires (1 282 sur 3 287).

279.Auparavant, la Politique de léducation ne permettait pas à une jeune fille enceinte depoursuivre ses études. Celle qui abandonnait lécole pour cause de grossesse devait y renoncer pendant une année complète, et si elle désirait y revenir elle devait sinscrire dans une autre école. Cette politique ne lencourageait pas à revenir à lécole. La nouvelle politique lautorise aujourdhui à prendre un congé de 84 jours et à revenir dans la même école.

280.Un projet pilote en faveur des élèves enceintes, financé par lUNICEF, est actuellement exécuté à lécole de premier cycle secondaire de la communauté de Pekenene à Mahalapye, où les élèves qui ont un bébé peuvent aller en classe après avoir confié leur bébé à une garderie du voisinage. On escompte que les conseillères dorientation en poste dans lécole même seront dune grande aide pour ces jeunes filles.

Tableau 6. Indicateurs du droit à l éducation a

Indicateur

1996

1997

1998

Nombre délèves par enseignant

Adultes analphabètes

Taux net de scolarisation des 6‑12 ans

Taux net de scolarisation des 7‑13 ans

Taux de progression (de niveau 1 à 1re année en tant que pourcentage dinscrits en niveau 1)

Taux de progression (niveau 1 à 4e année en tant que pourcentage dinscrits en niveau 1)

88,5 %

97,9 %

78,0 %

30,1 %

28

25,6 %

89,2 %

98,4 %

82,1 %

31,6 %

28

90,3 %

98,6 %

a Source: Ministère de léducation et enquête sur lalphabétisation.

L éducation pour les enfants des zones reculées

281.Laccès et la participation à léducation est un problème pour les enfants qui vivent dans les zones reculées parce quils doivent souvent parcourir à pied de grandes distances jusquà lécole et aussi parce quils sont souvent incapables de parler les langues utilisées à lécole, àsavoir le setswana ou langlais. Ce dernier problème tient au fait que beaucoup de ces enfants parlent une langue différente à la maison. Il y a un groupe de citoyens qui nautorisent pas leurs enfants à aller à lécole.

282.Au titre du Programme en faveur des habitants des zones reculées, certaines écoles publiques sont dotées de foyers où peuvent séjourner même les plus jeunes enfants, souslautorité dunesurveillante. Ces foyers nont pas la réputation dêtre toujours accueillants pour les enfants, en particulier les petits. Il leur est difficile de voir leur famille le samedi et ledimanche car ils sont souvent pauvres et habitent loin. Il sensuit un taux élevé de fugues (81,5 % des enfants qui abandonnent lécole primaire sont des fugueurs et les taux dabandon scolaire sont plus élevés dans les zones reculées). Le Gouvernement a mis en place des écoles expérimentales avec un ou deux enseignants pour tenter de résoudre ce problème.

283.Certaines ONG, comme le Conseil catholique de Tirisanyo, ont mis en route dans ces zones des programmes scolaires dont le personnel vient des communautés locales pour permettre à ces jeunes dapprendre le sestwana et langlais et de se familiariser avec lenvironnement et la routine scolaires, mais les fonds et les ressources alloués à ces programmes sont très insuffisants.

284.Ces écoles sont confrontées à un autre problème: retenir les enseignants, qui souvent neveulent pas vivre dans un cadre aussi éloigné et inconfortable et ne bénéficient daucune formation spéciale pour de tels postes. De ce fait, la rotation est rapide dans ces zones, lepersonnel est démoralisé et léducation des enfants en pâtit.

L éducation des enfants handicapés

285.Léducation spéciale au Botswana remonte à 1969, année où lÉglise réformée de Hollande a établi à Mochudi le premier centre offrant ce type déducation à lécole primaire Linchwe pourenfants aveugles. Dans les années 70, deux autres écoles ont été créées, lécole spéciale Rankoromane Camphill pour handicapés mentaux ou physiques à Otse et le centre de Ramotswa pour sourds. Un autre centre déducation des sourds a été établi à Francistown, dans le nord du Botswana. Il faut rendre justice aux ONG qui ont lancé et qui continuent de diriger des centres pour enfants nécessitant une éducation spéciale, en précisant que le Gouvernement leur verse unesubvention chaque année.

286.Pour lheure, il existe 11 unités pour les handicapés mentaux et physiques, 3 classes modèles pour les aveugles et 2 unités pour les sourds. Lécole communautaire pour le premier cycle secondaire de Ramotswa est dotée dunité déducation spéciale accueillant 39 élèves malentendants. Deux foyers ont été construits pour loger ces élèves. Certains enfants atteints dehandicaps graves ont été envoyés à létranger. Actuellement, 17 enfants bénéficient dune formation spéciale en Afrique du Sud.

287.Le Ministère de léducation envisage aussi dintégrer les enfants qui éprouvent des difficultés dapprentissage dans le système éducatif général. Dans la Politique nationale révisée de léducation il est constaté que les handicaps dont souffrent certaines personnes sont si lourds que le système éducatif général nest pas en mesure de les prendre en charge et lon y prévoit donc une éducation à létranger aux frais du Gouvernement pour les enfants qui en sont atteints. Il nen est pas moins nécessaire de bien préparer les enseignants à apporter aux élèves un appui approprié et efficace. Le Ministère a donc élaboré un plan qui comporte un volet formation àléducation spéciale, quatre enseignants sont en cours de formation à létranger et six autres doivent être envoyés au Royaume‑Uni. Le Ministère offre aussi la possibilité de se former surletas à léducation spéciale.

288.On sest rendu compte quil fallait renforcer léducation pour les enfants handicapés afin de prévenir la discrimination. À cette fin, il est possible de passer des examens en braille et des écoles sont en cours de modernisation pour être daccès facilite aux enfants handicapés.

L éducation préscolaire

289.Résolu à promouvoir léducation dans le pays, le Gouvernement sait que léducation préprimaire est un élément important de léducation de base. Bien quil ne se soit pas engagé à assurer lui‑même léducation préprimaire à tous, il offre un environnement favorable aux ONG, aux Églises et aux particuliers qui sen chargent. La coordination est assurée en permanence par lunité préscolaire du Ministère de léducation, qui reconnaît limportance de léducation des groupes minoritaires comme les habitants des zones reculées. Diverses activités visent à améliorer les programmes en faveur de la petite enfance dans ces zones.

290.À lheure actuelle, léducation préscolaire est dispensée essentiellement par des particuliers et des organisations qui appliquent le programme de garderies. Laccès y est limité à environ 7 % des 3 à 6 ans, les activités ne sont pas harmonisées et la formation des enseignants seffectue en dehors des programmes officiels de formation des maîtres. De plus, la politique nationale pour les garderies, qui oriente léducation préscolaire, est dépassée à bien des égards et fait actuellement lobjet dun réexamen. Un rapport sur ce point élaboré en 1999 est en cours definalisation pour adoption.

Les châtiments corporels

291.La loi sur léducation (châtiments corporels) dispose que quelle que soit lécole, un élève ne peut être soumis à un châtiment corporel que par le directeur ou par un autre enseignant mais en présence du directeur; ce châtiment ne peut en outre excéder 10 coups administrés à laide dun bâton léger; un enseignant de sexe masculin ne peut administrer de châtiment corporel àune élève dont il est fondé à penser quelle a moins de 10 ans. Dans les écoles secondaires, aucun enseignant de sexe masculin, à lexception du directeur, ne peut administrer un tel châtiment à une élève, et aucun châtiment ne peut être supérieur à cinq coups.

292.Pour veiller au respect de cette réglementation, le Ministère de léducation a institué un«Registre des châtiments» dans chaque école. Tous les châtiments doivent y être inscrits, ainsi que le type dacte dindiscipline commis par lélève, le type et la date dadministration duchâtiment, le nom de lenseignant qui la administré, le nom de lenfant, le nombre de coups et leur mode dadministration.

293.En principe, un châtiment corporel ne peut être administré que par le directeur ou une personne autorisée par lui, mais, bien que le Ministère nait reçu que peu de plaintes à ce sujet, le fait est que beaucoup des prescriptions précisées plus haut sont transgressées, et que les enseignants administrent couramment des châtiments corporels au mépris de ces prescriptions. Beaucoup denfants sen plaignent auprès de lONG Childline, mais on ne sait pas au juste à quel point ces plaintes sont prises au sérieux.

B.  Les buts de l éducation: article 29

294.La Politique nationale révisée de léducation a pour objectifs:

Délever la qualité de lenseignement à tous les niveaux;

De faire une large place à la science et à la technologie;

Daccroître la pertinence et laccessibilité de léducation complémentaire et de la formation continue;

Daméliorer le partenariat entre école et communauté;

De donner accès à léducation permanente à toutes les couches de la population;

De contrôler plus efficacement le mécanisme des examens afin de réaliser les objectifs généraux du programme détudes;

De parvenir à développer efficacement léducation.

295.La Politique nationale révisée a conduit à réinterpréter les buts et objectifs de léducation de base de façon à sen servir pour déterminer la finalité des disciplines et élaborer les programmes détudes. Ces derniers reposent sur lidée que léducation est un droit fondamental qui: favorise le développement de lindividu dans son intégralité; stimule le progrès intellectuel et la créativité; permet au citoyen de réaliser pleinement son potentiel; développe le sens des valeurs morales, éthiques et sociales, lidentité culturelle, lestime de soi et le civisme; permet aucitoyen de participer activement au développement de la démocratie botswanaise et le prépare à la vie au XXIe siècle. Léducation de base vise à donner une bonne préparation préprofessionnelle et à mettre lintéressé dans les meilleures conditions pour choisir sa profession. De plus, lélève est guidé et conseillé tout au long de sa scolarité.

296.Le Ministère de léducation est doté dun Département de lélaboration des programmes etde lévaluation qui a établi les grandes lignes de ces programmes pour tous les niveaux. Actuellement, seul celui qui concerne le premier cycle secondaire a été mis en pratique. Traditionnellement, lécole est un endroit où la discipline est stricte et où lautorité de lenseignant nest pas contestée. La prévalence des châtiments corporels en est le signe.

297.Des enseignants suivent actuellement une formation destinée à les préparer à enseigner lenouveau programme scolaire, dans lequel figurent de nouvelles matières comme léducation morale et qui constitue un guide et un ensemble de repères pour lécole. De plus, les anciens programmes qui subsistent dans le nouveau ont été révisés. Le Botswana a recruté un certain nombre de formateurs étrangers qui travaillent dans les instituts pédagogiques pour élever leniveau des enseignants et combler les déficits en compétences et en matières denseignement. Ladoption du nouveau programme détudes peut être source de difficultés dans la mesure où les enseignants de longue date ny sont pas habitués et devront avoir recours à la formation continue.

298.Dans le cadre de cette stratégie, le Ministère de léducation a lancé un «programme de familiarisation à lemploi sur le tas», sorte dapprentissage fondé sur le travail concret consistant pour les élèves à se rendre sur un lieu de travail et à y suivre une personne, à lobserver et à la questionner sur son travail. Reconnaissant son utilité, lUNICEF et le Rotary Club de Gaborone ont soutenu le projet, qui est actuellement mis en œuvre dans plusieurs écoles pilotes de Gaborone. Il a pour objectif doffrir aux élèves la possibilité dapprendre de première main cequest le monde du travail. Cette expérience leur donne la possibilité dexplorer des emplois, des carrières ou des secteurs industriels spécifiques qui pourraient les intéresser. Elle les expose aussi aux réalités et aux contraintes du lieu de travail ainsi quaux attentes de lemployeur. Il convient de noter que la familiarisation à lemploi sur le tas sinscrit dans un programme plusvaste dorientation professionnelle en cours dexécution dans les écoles secondaires.

299.Il faut que les écoles professionnelles élaborent des programmes dorientation et de conseil digne de ce nom, qui préparent bien les élèves aux difficultés inhérentes au monde du travail.

300.Tout en sattachant à garantir lenseignement primaire et secondaire dans chaque district, le Gouvernement a pleinement conscience que les enfants nont pas tous accès à lécole, pourdifférentes raisons dordre social, économique ou éducationnel. Il est donc prévu dans la politique de léducation quun enseignement primaire soit fourni parallèlement, hors de lécole, dans le cadre de léducation parascolaire. Des ONG recevront un appui des pouvoirs publics pour gérer des centres parascolaires mis en place dans le cadre dun processus dintervention, derecherche et dévaluation. Sagissant du niveau élémentaire, un centre national détudes sur lenseignement à distance est en cours détablissement.

C.  Les loisirs, les activités récréatives et culturelles: article 31

301.La pratique culturelle veut que les enfants aient du temps pour jouer avec leurs frères et sœurs et leurs amis, pour se reposer et pour participer à des activités de loisirs comme le sport et la danse.

302.Lélève doit choisir dans le programme déducation de base deux ou trois matières facultatives, dont: léducation physique, lart, la musique, une troisième langue, linstruction religieuse et lenseignement ménager ou commercial.

303.Le Botswana possède un patrimoine culturel riche et divers que le Département de lajeunesse et de la culture a la responsabilité de préserver et de promouvoir. Il promeut aussi lessports et les arts du spectacle en organisant des festivals nationaux qui célèbrent la diversité culturelle dans différents districts, en apportant un appui financier à des projets indépendants, non gouvernementaux, de danse traditionnelle, de théâtre et dart, et en fournissant des costumes, des instruments de musique et des équipements sportifs. Beaucoup denfants et de jeunes participent à ces programmes, même si aucun budget spécifique nest alloué aux groupements denfants.

304.Le Musée national du Botswana est placé sous la responsabilité du Département du Musée, des monuments et de la Galerie des arts nationaux, qui dépend du Ministère du travail et des affaires intérieures. Il est installé à Gaborone et organise des visites éducatives pour les enfants, avec différentes activités qui doivent améliorer leurs compétences en expression écrite et enrecherche, et stimuler leur pensée critique. Le Musée propose aussi toutes sortes dautres activités destinées aux enfants ou faisant appel à leur participation.

305.Le Musée est doté dune antenne mobile pour les écoles et les communautés locales. Cest une activité dont lobjectif principal est de dispenser aux écoliers un enseignement sur le peuple du Botswana et son environnement, et de promouvoir ainsi la connaissance non seulement dupatrimoine culturel du Botswana mais aussi des modes culturels et des diverses identités ethniques constitutives du pays. Ce programme se déroule en setswana et en anglais, avecconférences, présentation dobjets conservés au Musée et spectacles où des groupes denfants et dadultes exécutent des danses traditionnelles et où des anciens récitent des poèmes et racontent lhistoire des villages. Le Musée affecte chaque année 60 000 pula à son unité mobile.

306.Le Musée organise aussi chaque année 12 à 17 expositions temporaires qui sont bien suivies par des groupes décoliers. En 2001, un nouveau musée sera ouvert dans la zone deTsodilo et une exposition sera organisée pour célébrer la Journée internationale des musées. La Division des arts du Musée a lintention de célébrer ces deux événements en travaillant avec des enfants du village denfants SOS à la réalisation dœuvres dart, en loccurrence des tentures pour le musée de Tsodilo qui feront partie de la toile de fond devant laquelle le Président fera son discours douverture.

307.Le Musée organise aussi chaque année une fête nationale des arts pour lenfance, ouverte aux personnes de 18 ans et moins, qui vise à compléter les programmes scolaires. Il sadresse àtous les enfants du pays,y compris ceux des écoles des zones reculées, et vise à cultiver etdévelopper leurs talents. Cest une mini‑fête des arts du spectacle (danses traditionnelles, art dramatique et musique). Lexposition et la distribution de prix sont lun des éléments essentiels de cette fête, que le Musée considère comme lune de ses manifestations les plus importantes.

308.En juillet 2001, une exposition dœuvres dart réalisées par des enfants été organisée enpartenariat avec la société DeBeers Diamond Company, qui avait subventionné des artistes duKuru Development Trust en vue de lorganisation dateliers de peinture dans les écoles de lazone de Ghanzi et DKar. Les œuvres ont été présentées lors de cette exposition.

VIII .  MESURES SPÉCIALES DE PROTECTION DE L ENFANC E

A. Les enfants en situation d urgence

1. Enfants réfugiés: article 22

309.Au fil des ans, la stabilité politique du Botswana a attiré de nombreux demandeurs dasile; la majorité de ceux qui sont actuellement au Botswana viennent des États voisins, en particulier la Namibie et lAngola.

310.Conformément à ses obligations internationales, en particulier celles découlant de laConvention du 28 juillet 1951 relative au statut des réfugiés et de la Convention du 10 septembre 1969 de lOUA régissant les aspects propres aux problèmes des réfugiés enAfrique, le Botswana sest employé à satisfaire les besoins essentiels des réfugiés accueillis sur son territoire. La loi sur les réfugiés (Attribution du statut et contrôle) (chap. 25:01) réglemente les conditions dattribution du statut de réfugié à certains réfugiés politiques et leur contrôle, interdisant dans certaines circonstances leur éloignement du Botswana. Le pays applique le principe du premier pays dasile, ce qui signifie que les demandeurs dasile venant de plus loin, dÉthiopie ou de Somalie par exemple, se voient généralement refuser le statut de réfugié. LeHCR a proposé des amendements à cette loi.

311.Il convient de signaler que cette loi ne contient aucune référence spécifique aux enfants. Dans lapratique, la demande de statut de réfugié dun enfant à lévidence jointe à celle dunparent, dun tuteur, dun frère ou dune sœur, ou dun «parent nourricier» désigné à cette fin par les autorités. Il nexiste pas dautre système que celui du HCR pour les enfants non accompagnés ou la recherche des familles.

312.Le Botswana a mis en place une zone daccueil de réfugiés à Dukwi, à quelque 170 km deFrancistown, deuxième ville du pays. En avril 2001, 3 500 à 3 600 personnes représentant 16nationalités y étaient hébergées. Il existe dans cette zone des maisons à deux pièces, mais lamajorité des réfugiés habitent dans des tentes fournies par le HCR. La zone est dirigée par uncommandant employé par le Bureau du Président. Le Conseil du Botswana pour les réfugiés emploie dautres personnes ayant des qualifications essentielles, notamment un travailleur social.

313.Certains de ces réfugiés se trouvent depuis déjà cinq ans dans la zone daccueil. Les personnes qui y habitent cherchent à obtenir le statut de réfugié, lont obtenu ou ont été déboutés (environ 500 en avril 2001). Une fois ce statut attribué, les réfugiés peuvent vivre et travailler légalement nimporte où au Botswana, mais ils sont généralement peu nombreux à le faire parceque leur manque de compétence, la barrière de la langue et la concurrence des nationaux botswanais sont autant dobstacles à lemploi. Pour régler ce problème, le HCR organise desprojets en faveur de la création dactivité génératrices de revenus par lattribution de microcrédits pour le financement dentreprises conjointes et par la fourniture duneassistance etde conseils professionnels pour lélaboration de projets dentreprise.

314.On dispose dun bon système dapprovisionnement en vivres par le canal duquel on sefforce dassurer une alimentation variée. Les réfugiés reçoivent en outre divers produits de base tels que huile de cuisson, paraffine, articles de toilette, et graines pour lhorticulture. Ils ne reçoivent ni argent ni vêtements et certains se plaignent de linsuffisance de la ration alimentaire. Lhorticulture et laviculture sont freinées parce que le système dapprovisionnement en eau nest pas entretenu et que lélectricité manque depuis les années où lon avait laissé la zone daccueil se délabrer suite à une diminution du nombre des réfugiés.

315.À lépoque de la création de la zone daccueil, le HCR a mis en place une école primaire, transférée ultérieurement à lautorité locale. Lécole primaire accueille également les enfants de la petite population locale et les enfants du personnel de la zone. En 1998, les 80 élèves inscrits àlécole étaient pour la plupart des Angolais séjournant à Dukwi. En février 1999, les effectifs avaient grimpé jusquà 156 élèves, dont la majorité étaient Namibiens, et en avril 2001 ilssélevaient à 412. Une ancienne école maternelle a été récemment rouverte par le HCR pourfaire face à lafflux de réfugiés.

316.La zone daccueil dispose aussi dune école secondaire, dirigée par le Conseil pour les réfugiés, qui comptait 140 élèves en avril 2001. Les élèves qui réussissent sont généralement retirés de cette école pour être envoyés à lécole secondaire publique de la localité voisine. LeHCR a récemment lancé un système de bourses pour permettre aux élèves de poursuivre leurs études professionnelles ou universitaires en dehors de la zone. Depuis avril 2001, 34 élèves enont bénéficié.

317.Les élèves ont des langues maternelles différentes, ce qui rend lenseignement difficile. Pour remédier à ce problème, des enseignants sont recrutés parmi les réfugiés, mais avec 16 nationalités cest chose très difficile. On signale aussi que les élèves ne sont guère assidus et que les taux dabandon scolaire sont élevés dans les deux écoles. Pour remédier à cette situation, des réfugiés recrutés dans la zone même assistent les enseignants.

318.La zone daccueil dispose dun dispensaire qui dessert aussi la communauté locale. La qualité de ses services aux réfugiés est compromise par le manque dinterprètes et par le troppetit nombre demployés. Cet état de choses est particulièrement préoccupant, sagissant notamment des conseils à donner dans le cadre du programme de prévention de la transmission mère‑enfant du VIH, qui exige une stricte confidentialité. Les services de santé maternelle et infantile et les systèmes de prévention et de sensibilisation contre le VIH/sida sont insuffisants.

319.Les réfugiés souffrent aussi de linexécution du programme des soins à domicile, au titre duquel des travailleurs sociaux sont censés apporter des rations alimentaires supplémentaires auxpatients alités, et de linsuffisance des services dorientation et des activités récréatives. Selon les indications recueillies, le taux de criminalité nest pas élevé mais les manifestations dedemandeurs dasile déboutés ont donné lieu à des arrestations dans la zone.

2. Les enfants touchés par des conflits armés: article 38

320.Comme indiqué dans la section précédente, le Botswana vit dans une atmosphère de paix depuis son indépendance. La conscription nexiste pas et lâge auquel une personne peut être enrôlée dans larmée ou la police est 18 ans, ce qui est conforme aux dispositions de la Convention relative aux droits de lenfant.

321.Le Botswana a ratifié le Statut de Rome de la Cour pénale internationale le 8 septembre 2000. Il est partie à la Convention de Genève pour lamélioration du sort des blessés et des malades dans les forces armées en campagne depuisle 10 décembre 1976 et auxProtocoles I et II relatifs aux Conventions de Genève depuis le 23 mai 1979. Ces instruments ont été incorporés à la législation botswanaise (chap. 39:03).

3. L administration de la justice pour mineurs: article 40

322.Un enfant en situation de conflit avec la loi a droit à la garantie constitutionnelle de la loi: larticle 10 de la Constitution dispose que toute personne inculpée dune infraction pénale estlobjet, dans un délai raisonnable, dun procès équitable devant un tribunal indépendant et impartial établi par la loi. Il est stipulé en outre que toute personne inculpée dune infraction pénale est présumée innocente jusquà ce que sa culpabilité soit établie, et est informée dès que raisonnablement possible des charges qui pèsent sur elle, dans une langue quelle comprend. Elle doit pouvoir disposer des services et du temps voulus pour préparer sa défense et a le droit dêtre représentée en justice à ses frais ainsi que le droit dinterroger les témoins. Il nexiste pas de système gratuit de conseil juridique ou de conseil aux enfants et dans la pratique très peu demineurs bénéficient de lassistance dun avocat.

323.Le droit de bénéficier des services dun interprète a récemment été renforcé dans laffaire Ditshwanelo , Maauwe et Motswetlac. Procureur général et Commissaire aux établissements pénitentiaires et à la réinsertion .

324.La loi relative à lenfance, le Code pénal et la loi sur la procédure pénale et la preuve sont les principaux instruments juridiques qui énoncent spécifiquement la procédure à suivre dans le cas des enfants en conflit avec la loi. Lâge de la responsabilité pénale est 8 ans. Pour les enfants ayant entre 8 et 14 ans, cest à lÉtat que revient la charge de la preuve quun enfant inculpé dune infraction la commise en toute connaissance de cause.

325.La loi relative à lenfanceétablit des tribunaux pour mineurs compétents pour les enfants de 7 à 18 ans traduits en justice pour infraction pénale. Un tribunal pour mineurs se définit comme une magistrates courtou un tribunal coutumier qui siège afin dentendre les faits reprochés à un mineur, ou qui exerce tout autre pouvoir conféré à un tribunal pour mineurs par la loi. Le tribunal pour mineurs siège dans un cadre sans affectation spéciale − une pièce autre que la salle dans laquelle siège un tribunal ordinaire − et à huis clos. Lintimité du mineur est encore protégée dans la mesure où les seules personnes autorisées à être présentes dans un tribunal pourmineurs sont les employés et les membres du tribunal, le mineur concerné et ses parents ou son tuteur, le travailleur social compétent et toute autre personne assimilée que le tribunal peut autoriser à être présente (art. 22 et 24). Larticle 25 1) de la loi relative à lenfanceprotège aussi lintimité du mineur en érigeant en infraction la publication, sans lautorisation du tribunal, deson nom et de son adresse ou du nom et de ladresse de lécole quil fréquente ou dune photo où il est représenté. Cette infraction est passible dune amende de 100 pula ou dune peine deprison. Généralement, les médias aussi bien officiels que privés respectent cette disposition.

326.La loi dispose que les poursuites contre un mineur de 18 ans doivent être portées àlattention du commissaire de district du lieu où linfraction a été commise, qui peut charger unagent de probation denquêter sur la situation et les antécédents du mineur sil existe desprésomptions suffisantes quune infraction a été commise (art. 27). Le commissaire est libre de traiter lenfant selon les dispositions de larticle 17 de la loi qui a trait aux enfants manquant de soins ou de le renvoyer devant le tribunal pour mineurs. Cette disposition a plusieurs conséquences: selon larticle 17, lenfant peut être jugé comme «manquant de soins» et donc être envoyé en école professionnelle de redressement ou dans un foyer pour enfants, ou être placé sous la surveillance dun travailleur social; aux termes de larticle 20, sil nobéit pas, il peut serendre coupable dune infraction passible dun avertissement ou dun châtiment corporel.

327.Les affaires impliquant des mineurs de 18 ans peuvent aussi être entendues par la HauteCour, qui ne siège pas en tant que tribunal pour enfants et nest donc pas tenu par les dispositions de la loi relative à lenfance . Selon larticle 9 de la loi relative à la Haute Cour, ladécision dexclure des personnes dune audience est laissée à la discrétion de la Cour. La loi relative aux magistrates courts énonce la liste des questions qui doivent être renvoyées devant la Haute Cour. Il sagit généralement dinfractions qui entraînent une peine demprisonnement de longue durée.

328.Aux termes de larticle 30 de la loi relative à lenfance , un enfant ou un mineur qui nest pas satisfait de la décision ou de lordre dun tribunal pour mineurs peut interjeter appel ou faire une demande en réexamen auprès de la Haute Cour.

Peines: article 37 a)

329.La loi exige que le tribunal pour mineurs tienne compte de la conduite, de lenvironnement familial, ainsi que des antécédents scolaires et médicaux dun enfant ou dun mineur dans le prononcé de sa peine en cas de verdict de culpabilité. Normalement, la personne qui assume lerôle dagent de probation établit un rapport sur ces questions et formule des recommandations sur la peine appropriée dans un rapport denquête sociale qui est établi dans tous les cas. Un tribunal pour mineurs a pouvoir dacquitter le mineur ou de lui imposer une période de mise à lépreuve dune durée comprise entre un minimum de six mois et un maximum de trois ans. Letribunal peut aussi envoyer le délinquant en école professionnelle de redressement pour une durée ne pouvant dépasser trois ans ou jusquà ce quil atteigne lâge de 21 ans (art. 28).

330.Certains magistrats se plaignent de ce que les rapports denquête sociale soient parfois insuffisants et les travailleurs sociaux se plaignent de ce que les tribunaux naccordent guère dimportance à leurs rapports. Il faut donc former et sensibiliser les deux parties pour que lesprit de la loi soit durablement respecté. Des cours de perfectionnement destinés à améliorer la situation ont été dispensés aux travailleurs sociaux. Ces derniers se heurtent à un autre obstacle qui retarde létablissement de leurs rapports: la pénurie aiguë de ressources en personnel qualifié et en moyens de transport. Les villages du Botswana nont pas tous un travailleur social, faute deressources humaines qualifiées.

331.Actuellement, les délinquants mineurs mis à lépreuve sont confiés à des agents des services sociaux qui leur font réaliser des projets de réinsertion dans des domaines comme la menuiserie, la poterie, le tricot et lélevage de volailles. Les ressources voulues pour ces projets ne sont toutefois pas toujours disponibles.

332.En application de la loi, tout tribunal doit tenir compte de lâge du délinquant lorsquil fixe la peine. Par exemple, larticle 304 de la loi pénale sur la procédure et la preuve dispose que tout tribunal ayant établi la culpabilité dun mineur de 18 ans peut, au lieu de lui infliger unepeine demprisonnement, ordonner son placement sous la garde dune personne en mesure dassumer cette responsabilité. Aux termes de larticle 27 1) du Code pénal, une peine demprisonnement ne peut être imposée à un mineur de 14 ans.

333.La Haute Cour est habilitée à prononcer une peine demprisonnement; comme lindiquent les rapports annuels du Commissaire aux établissements pénitentiaires, tous les tribunaux envoient toutefois des enfants de 14 à 18 ans en prison, du fait pour une part quil nexiste pas dautres solutions.

334.Un garçon (de moins de 18 ans) condamné pour une infraction passible demprisonnement peut voir sa peine commuée en châtiment corporel. Le Code pénal dispose quun châtiment corporel ne peut être imposé à une personne de sexe féminin. Ce type de châtiment doit être infligé conformément aux dispositions de la loi sur la procédure pénale et la preuve et, enapplication de larticle 305 de cette loi, le parent/tuteur de lenfant a le droit dêtre présent lorsquil est administré. Dans laffaire Clover Petrus et Ano c. lÉta t , le tribunal a estimé quele châtiment corporel nétait pas en soi un châtiment inhumain et dégradant mais que ladministration de ce châtiment par étape était elle inhumaine et dégradante. Un châtiment corporel peut être infligé en sus ou au lieu dune peine demprisonnement.

335.Un mineur de 18 ans ne peut être condamné à la peine capitale. En remplacement de cette peine, un enfant peut toutefois être détenu au gré du Président dans le lieu et pendant la période que le Président estime raisonnable (art. 26 du Code pénal).

Tableau 7. Délinquants mineurs − Infractions relevant du Code pénal

et autres infractions jugées par les tribunaux pour mineurs

( magistrates courts) et la Haute Cour

Total des infractions commises par

des mineurs de 18 ans

Garçons

Filles

Total

2000

854

129

983

1999

975

233

1 208

1998

723

76

799

4. Enfants privés de liberté: article 37; leur réadaptation physique et psychologique et leur réintégration sociale: article 39

336.La Constitution dispose que nul ne peut être privé de liberté, sauf dans les cas énumérés àlarticle 5. Il sagit notamment de la personne qui purge une peine imposée par un tribunal, de la personne en état darrestation soupçonnée davoir commis ou dêtre sur le point de commettre une infraction pénale, de la personne en état daliénation mentale ou de vagabondage, et du mineur de 18 ans détenu pour recevoir «une éducation ou une aide sociale» [art. 5 1) f)].

337.Une personne arrêtée peut être gardée à vue par la police pendant 48 heures dans lattente dun mandat de dépôt délivré par unemagistrates court ou un commissaire de district (loirelative à la procédure pénale et à la preuve). Les enfants en état darrestation bénéficientdarrangements spéciaux: ils ne partagent pas les cellules des adultes et peuvent voir leurs parents et leur conseil. Ces instructions sont énoncées en détail dans la loi sur la police, lescirculaires envoyées aux policiers et les instructions permanentes.

338.Dans toute affaire, lâge est un facteur dont il faut tenir compte pour décider sil y a lieu daccorder une libération sous caution et si la détention provisoire est appropriée (partie IX de laloi sur la procédure pénale et la preuve). Il sensuit que les enfants sont généralement traités avec plus dindulgence que les adultes.

339.Comme indiqué plus haut, la loi relative à lenfanceparticipe dune approche qui privilégie la réinsertion dans le prononcé des peines par les tribunaux pour mineurs − préconisant quunmineur de 18 ans ne soit pas condamné à une peine demprisonnement. En pratique cependant, les tribunaux coutumiers, les magistrates courts et la Haute Cour envoient bel et bien des enfants en prison, comme il apparaît clairement à la lecture des registres indiquant le nombre total de filles et de garçons incarcérés (voir tableau ci‑après).

Tableau 8. Peines imposées à des délinquants mineurs par

les magistrates courts et la Hautes Cour

Emprisonnement

Amende

Autre

Garçons

Filles

Garçons

Filles

Garçons

Filles

2000

33

9

547

115

274

5

1999

58

5

648

212

269

16

1998

78

7

369

55

276

14

340.Les infractions pour lesquelles des individus de moins de 18 ans se sont vu imposer une peine demprisonnement en 2000 étaient les suivantes: agression sexuelle contre une femme (un garçon), attentat à la pudeur sans violence sur une mineure de 16 ans (defilement) (deuxgarçons), viol et tentative de viol (deux garçons), voies de fait légères (deux garçons, une fille), coups et blessures volontaires (deux garçons, deux filles), recel de naissance (une fille), résistance à officier public (un garçon), voies de fait (deux garçons, une fille), cambriolage (deuxgarçons), vol avec effraction (un garçon, deux filles), vol qualifié (une fille), cambriolage dun magasin (cinq garçons), vol simple (six garçons), incendie volontaire (une fille), vandalisme (un garçon), vol de stock (deux garçons), et vol de véhicule à moteur (quatregarçons).

341.Dans aucune des prisons les détenus condamnés ne sont séparés des prévenus auxquels lalibération sous caution a été refusée.

342.Il existe actuellement une prison pour garçons à Gaborone; les conditions de vie y sont mauvaises et elle est surpeuplée. Elle doit être remplacée par une structure séparée en 2002. Les garçons qui y sont internés ont généralement entre 16 et 21 ans, mais ceux qui nont encore que 14 ou 15 ans y sont emprisonnés aussi après leur condamnation. Cette prison a été installée pour éviter que les jeunes délinquants ne soient mêlés aux délinquants adultes et endurcis. Les filles sont détenues dans les prisons pour femmes.

Tableau 9. Les enfants en prison a

Garçons

Filles

1998

1999

1998

1999

Moins de 16 ans

232

11

5

16‑20 ans

815

449

58

68

a Source: Rapports annuels du Service des établissements pénitentiaires et de la réinsertion duBotswana, 1998, 1999.

343.Pour ce qui est des activités de réadaptation menées dans les prisons, il nexiste pas demesures spéciales pour les détenus de moins de 18 ans. Les prisons emploient des travailleurs sociaux, des agents de santé, des aumôniers et des éducateurs pour adultes, mais ces personnes sont surchargées car les prisons sont surpeuplées. Le Service des établissements pénitentiaires offre du travail à lextérieur à tous les détenus qui y consentent et dont le comportement est acceptable; ils vivent dans la collectivité et sont employés par les pouvoirs publics. Il existe aussi toute sorte de stages de formation professionnelle dans la prison pour garçons, qui préparent à la fabrication de briques, la charpenterie, la menuiserie, la maréchalerie et lhorticulture. Les autres activités de réadaptation sont notamment lalphabétisation, lorientation et les services religieux qui sont ouverts à tous les délinquants. Le nombre de ceux qui peuvent y participer est limité.

344.En cas de plaintes concernant leurs conditions de vie dans les prisons ou leur traitement, les détenus doivent sadresser au personnel ou au travailleur social de la prison. Chaque district est en outre doté dun comité des visiteurs de prison, qui fait rapport au Ministère du travail etdes affaires intérieures et au Médiateur; ce dernier a enquêté sans réserve sur les plaintes concernant les conditions de vie dans les prisons. Le personnel des prisons ne reçoit aucune formation particulière au traitement des mineurs de 18 ans ou aux droits de lhomme.

345.Les tribunaux pour mineurs et les juges pour enfants ont la possibilité denvoyer les enfants en école professionnelle de redressement, en application de larticle 34 d) de la loi relative à lenfance . Actuellement, aucuneécole professionnelle de redressement nest encore enservice au Botswana, mais un établissement de ce type dune capacité daccueil de100 résidents doit ouvrir à la fin de 2001. Dans un premier temps ny seront admis que des délinquants de sexe masculin mais par la suite des filles pourront y être placées. Les problèmes logistiques liés à lacquisition du terrain et à lélaboration des plans ont retardé la construction de cet établissement, qui a vocation à protéger le public, réinsérer les jeunes délinquants et les doter de compétences.

B. Les enfants en situation d exploitation, y compris leur réadaptation physique et psychologique et leur réinsertion sociale

1. Exploitation économique: article 32

346.Lexploitation économique des enfants préoccupe beaucoup le Gouvernement. En conséquence, et pour sacquitter des obligations internationales qui lui incombent au titre deplusieurs conventions de lOrganisation internationale du Travail interdisant cette pratique, le Botswana sest engagé à veiller à ce que tous les petits Botswanais soient protégés par diverses mesures législatives et administratives.

347.La loi sur lemploi (chap. 47:01) protège lenfant contre lexploitation économique et leur affectation à des travaux à risque. Au sens de cette loi, lenfant est une personne de moins de15 ans et ladolescent un individu de plus de 15 ans mais et de moins de 18 ans.

348.Un enfant de 14 ans révolus qui ne fréquente pas lécole peut être affecté à des travaux légers ne présentant aucun danger pour sa santé et son développement par un membre de sa famille, ce à condition que ce type de travail soit approuvé par le commissaire au travail. Pour unemploi autre que de domestique, cas dans lequel lenfant est convenablement logé, lintéressédoit pouvoir rentrer facilement chaque soir chez ses parents ou son tuteur ou toute autre personne agrée par ses parents ou tuteur. Le travail auquel peut être affecté un enfant de plus de 14 ans doit être léger et ne pas être préjudiciable à sa santé et à son développement, ni dangereux ou immoral. Lemploi denfants et dadolescents à des travaux souterrains constitue une infraction. Sous réserve de certaines exceptions, les enfants et les adolescents ne travaillent pas la nuit.

349.Nul enfant nest autorisé à travailler plus de 6 heures par jour ou 30 heures par semaine. Un enfant de 14 ans révolus qui fréquente encore lécole peut, lors des vacances scolaires, êtreemployé à des travaux légers qui ne nuisent pas à sa santé ou à son développement pendant cinq heures par jour au plus, entre 6 heures du matin et 4 heures de laprès-midi. Il nest enaucun cas demandé à un enfant occupant un emploi de soulever, porter ou déplacer une charge lourde ou susceptible de compromettre son développement physique.

350.La loi interdit en outre de faire travailler un enfant la nuit, sauf dans une situation durgence qui ne pouvait raisonnablement être prévue ou évitée ou sil sagit dun adolescent employé au titre dun contrat dapprentissage.

351.Dans la pratique le Département du travail a constaté être dans lincapacité de déterminer àquel point les mesure les lois étaient respectées en dépit des dispositions susmentionnées. Àlheure actuelle, il est impossible détablir de statistique sur le nombre denfants au travail etsur les types demploi quils occupent du fait, principalement, que le formulaire utilisé parlInspection du travail ne requiert pas de lemployeur quil indique lâge de ses employés. Pourremédier à cette lacune, le Département du travail est en train de modifier ce formulaire afin que les employeurs déclarent le nombre denfants de moins de 15 ans, et de plus de 15 ans mais de moins de 18 ans, quils emploient.

352.La loi relative à lenfancedispose que nul enfant ne peut sadonner au colportage à moins davoir été prié de le faire pour contribuer à lactivité commerciale de la famille et dans le souci de soutenir cette famille. Les enfants que leurs parents poussent à exercer ce type dactivité le font en général pendant le week-end, les vacances scolaires ou après lécole. Dans la plupart descas ces enfants sont accompagnés par leurs parents et exercent cette activité pour les aider à accroîtreleurs revenus. Il convient en outre de signaler que certains enfants ayant un domicile envillepassent la journée dans la rue pour y laver des voitures et se procurer ainsi un revenu.

353.Malgré labsence de statistiques, il est notoire quun certain nombre denfants travaillent, dont un bon nombre comme baby‑sitters ou gardiens de troupeaux alors que dautres aident leursparents, employés comme domestiques ou travailleurs agricoles. Ces enfants ont de longues journées de travail et exécutent des tâches qui peuvent être qualifiées de «travaux à risque» ausens de la loi sur lemploi.

2. Abus des drogues: article 33

354.Dans les zones urbaines, on constate une augmentation de la consommation de marijuana et de médicaments délivrés sur ordonnance, en particulier le flunitrazepam (commercialisé sous le nom de Rohypnol), acquis illégalement. Le Conseil national des médicaments du Botswana, au sein duquel siègent notamment des fonctionnaires de police et des agents du Ministère de lasanté. Le Conseil enregistre les médicaments et détermine ceux qui peuvent être vendus sansordonnance. Se procurer sans ordonnance des substances engendrant laccoutumance est une infraction; le Code pénal et la loi sur les drogues engendrant laccoutumance répriment ladétention de certaines drogues. Les pouvoirs publics sont conscients quil faut redoubler defforts pour lutter contre la drogue et déterminer lampleur du problème.

355.Le Botswana a ratifié le Protocole relatif à la lutte contre le trafic de drogues dans la région de la Communauté de développement de lAfrique australe et a adhéré à la Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988.

356.On sait que les enfants des rues inhalent des vapeurs de colle et boivent de lalcool àbrûler. La loi interdit de vendre de lalcool aux mineurs de 18 ans, mais les enfants sen procurent.

3. Exploitation sexuelle et violence sexuelle: article 34

357.Lexploitation sexuelle et la violence sexuelle à légard des enfants sont en augmentation rapide au Botswana malgré lexistence de textes qui proscrivent ces pratiques et les peines rigoureuses encourues. Depuis que sévit lépidémie de VIH/sida, les jeunes enfants, enparticulier les petites filles, sont davantage exposées aux violences sexuelles pour diverses raisons, notamment lidée quelles ne risquent pas dêtre séropositives. Les filles sont attirées par les avantages matériels − argent et cadeaux − que leur offrent des hommes en échange de faveurs sexuelles. Certaines filles travaillent comme professionnelles du sexe. De plus, il existe des pratiques culturelles comme le Seantlo, mariage dune veuve avec le frère aîné ou cadet du mari décédé, qui placent les jeunes veuves en position vulnérable.

358.Le nombre daffaires dabus sexuels signalé à la police, déjà élevé , est en augmentation mais on estime que beaucoup de cas ne sont pas signalés car les enfants sont sans défense et les auteurs de ces infractions étant souvent le seul soutien du foyer, les dénoncer représenterait une perte de revenu pour la famille. Dans bien des cas, les abus sont commis dans le cadre familial et sont donc rarement signalés car leur auteur fait pression et lenfant a honte et peur. La situation se complique encore en raison de labsence dâge plancher pour les mariages coutumiers et dufait que lâge minimal actuel du mariage civil est fixé 14 ans pour les filles et 16 ans pour lesgarçons.

359.Diverses dispositions du Code pénal répriment les violences et lexploitation sexuelles. Aux termes de larticle 141, toute personne qui a des relations sexuelles avec une autre ou qui lapénètre avec son organe sexuel ou un instrument sans son consentement est coupable de viol. Le tribunal est légalement tenu dexiger des preuves concordantes pour convaincre un prévenu de viol, cest pourquoi les taux de condamnation sont très bas, en particulier par comparaison avec les autres infractions. On estime que cette exigence amoindrit la valeur des éléments de preuve apportés par les femmes et les filles. La libération sous caution nest pas accordée à une personne inculpée de viol, qui peut être condamné à lemprisonnement à vie, avec châtiments corporels, si elle reconnue coupable.

360.Toute personne convaincue de viol doit subir un test de dépistage du VIH avant leprononcé de la sentence. Si cette personne est séropositive, la durée minimale de la peine demprisonnement encourue est de 15 ans sil est prouvé que lauteur du viol ignorait être séropositif et de 20 ans dans le cas contraire. Cette disposition a été contestée dans une affaire portée devant la Cour dappel en faisant valoir que pareil test était discriminatoire au regard de laConstitution. La Cour a estimé «cette disposition législative est raisonnablement nécessaire dans une société démocratique comme la société botswanaise, même si elle restreint le champ dela protection contre la discrimination offerte par les dispositions de la Constitution, car elle vise à enrayer la propagation de la pandémie de VIH/sida qui sévit dan le pays et à faire face àlaccroissement du nombre de viols. Sil est établi que lauteur dun viol était séropositif aumoment de linfraction, sa peine peut être aggravée, quil ait eu ou non connaissance de sa séropositivité au moment des faits. Le Parlement a fait suffisamment connaître cette disposition pour que chaque homme vivant sur le territoire sache quil sexpose à pareille peine si, porteur du virus, il viole une femme.».

361.Toute agression sexuelle sur une fille de moins de 16 ans constitue une infraction, même sila victime a donné son consentement. Cette disposition sapplique même sil y avait raisonnablement lieu de penser que la victime avait plus de 16 ans. Lagression sexuelle estpassible dune peine demprisonnement de sept ans au maximum (art. 146 du Code pénal).

362.Toute agression sexuelle sur la personne dun garçon de moins de 14 ans constitue une infraction passible dune peine demprisonnement de sept ans au maximum (art. 166 du Code pénal).

363.Toute relation sexuelle illégale avec une fille de moins de 16 ans constitue une infraction qualifiée dattentat à la pudeur sans violence (defilement). À sa décharge, linculpé peut faire valoir quil croyait ou était raisonnablement fondé à croire que la victime avait plus de 16 ans ouquelle était sa femme. Cette infraction est passible de 10 ans demprisonnement au minimum.

364.Les articles 168 et 169 du Code pénal interdisent linceste. La peine maximale est unemprisonnement de cinq ans, mais si la victime est une fille de moins de 13 ans, la peine maximale est lemprisonnement à vie. Si la victime est une fille de moins de 21 ans et que lauteur de linfraction est de sexe masculin, le tribunal est habilité à déchoir le délinquant de sonautorité ou de la tutelle quil exerce sur la victime.

Tableau 10. Cas de violence sexuelle au Botswana a

Condamnés(total)

Prison

Amende

Autres peines

Cas signalés

Auteurs arrêtés b

Déclarés non coupables

Non-lieu

Adulte

Enfant

Adulte

Enfant

Adulte

Enfant

Adulte

Enfant

Viol et tentative de viol

1999

1 345

941

225

443

257

16

252

3

1

-

4

13

2000

846

169

445

210

22

202

2

1

7

20

Agression sexuelle sur une femme

1999

92

67

8

38

20

1

13

1

6

1

2000

58

3

34

18

3

9

1

2

7

2

Inceste

1999

10

9

1

6

2

2

2000

7

1

6

2

2

Attentat àla pudeur sur une mineure de16 ans

1999

143

93

23

50

20

20

2000

−−

124

13

82

26

3

24

2

2

1

Rapt denfant

1999

1

1

1

1

2000

1

1

a Source : Commissaire aux statistiques de la police, 1999, 2000.

b Tous les délinquants sont des hommes à lexception dune femme qui a été déclarée coupable de viol/tentative de viol et emprisonnée, 1999.

365.La loi relative à lenfancedispose que tout parent ou gardien qui cause ou entraîne des actes constituant une séduction, un enlèvement ou la prostitution de lenfant se rend coupable dune infraction

366.Dans les affaires pénales où lenfant est victime de violences, le procès se tient à huis clos afin de préserver lanonymat de lintéressé. Seul le personnel autorisé et les parents ont accès à la salle daudience et les pièces et actes de la procédure indiquant lidentité de lenfant ne peuvent être publiées (art. 172 de la loi sur la procédure pénale et la preuve).

367.Linquiétude suscitée par le niveau de la violence sexuelle est telle que les Services de police du Botswana ont fait réalisé une étude sur le viol dans le pays, rendue en décembre 1999 et suivie, en mars 2001, dune conférence multisectorielle sur le thème «Faire face ensemble au viol et aux autres infractions sexuelles» ayant pour objet den examiner les résultats et de formuler des recommandations. Ces dernières, très diverses, ont porté sur la police (installations, formation et pratique), la réforme juridique, la sensibilisation des médias et léducation et la conscientisation du grand public. Dans la campagne de prévention de la criminalité menée ultérieurement par la police, sous la forme de distribution de dépliants et de messages publicitaires, laccent a été mis sur la lutte contre le viol et lattentat à la pudeur.

368.La police a en outre introduit le «Neighbourhood Watch Scheme» (Dispositif desurveillance du voisinage) dans le cadre duquel les voisins se surveillent mutuellement afin depouvoir signaler rapidement à la police toute infraction commise et lui permettre dintervenir sur le champ. Ces comités de surveillance se sont montrés aussi utiles quefficaces. La police duBotswana réserve dorénavant une place grandissante à la surveillance communautaire, dans le cadre de ce programme, et voudrait faire inscrire la sécurité communautaire dans les programmes scolaires. Elle a mis en place des clubs anticriminalité dans les écoles pour aider les enfants àsignaler les activités illégales. Des policiers formés à cette fin vont travailler dans les écoles avec les enfants membres de ces clubs. Dans les zones urbaines, la police dispose de plus déquipes de prévention de la criminalité qui travaillent directement avec les enfants des rues afin de les inciter à signaler les actes répréhensibles.

369.Les professionnels de services ayant affaire à des enfants, tels que les enseignants, lestravailleurs sociaux et les policiers ont appris à travailler avec les enfants victimes de violence età signaler les cas quils constatent. Dans leur travail, ils ont toujours plus recours à des mécanismes bien acceptés par les enfants. Limplantation de services dorientation et de conseil à lécole a donné aux enfants le moyen de signaler les actes répréhensibles et dobtenir un appui à lécole.

370.Lavortement est interdit par la loi au Botswana, sauf dans les circonstances énoncées dans le Code pénal, notamment au cours des 16 premières semaines de grossesse si la grossesse est le résultat dun viol. Il ne peut être pratiqué, sur avis médical, que par un personnel médical agréé. Vu que lâge de la majorité est plus élevé que celui du consentement sexuel, les filles et les jeunes femmes se trouvent dans lobligation de demander laccord de leurs parents pour avorter, même lorsque elles ont lâge légal pour avoir des relations sexuelles. Cette disposition peut les dissuader de solliciter un avortement par la voie légale. Lavortement illégal représente un risque particulier pour leur vie parce que la personne qui le pratique na pas toujours qualifiée ni nedispose de tout le matériel nécessaire pour ne pas compromettre la santé de lintéressée.

371.Diverses ONG se sont jointes au mouvement qui tente daider les femmes à prévenir laviolence et lexploitation sexuelles. Les efforts concertés dorganisations comme ChildlineBotswana, lAssociation botswanaise daide aux familles et Women Against Rape (Lesfemmes contre le viol) ont joué un rôle essentiel dans la fourniture de services et la conduite de campagnes. Le Gouvernement apprécie les efforts entrepris par ces organisations et leur apporte une assistance financière sous forme de subventions. Divers grands donateurs internationaux apportent en outre un appui à leur action.

4. Vente, traite et enlèvement d enfants: article 35

372.La vente et la traite denfants sont des phénomènes pratiquement inconnus au Botswana; aux termes du Code pénal et de la loi relative à lenfance, lenlèvement denfants constitue uneinfraction pénale. Enlever du Botswana (art. 250), ou enlever et soustraire à son tuteur légal (art. 251) un garçon de moins de 14 ans ou une fille de moins de 16 ans est une infraction spécifique. Les articles 252 et 253 incriminent également lenlèvement et le rapt.

373.Selon certaines information isolées, des enfants seraient enlevées aux fins de meurtres rituels ou dextraction dorganes, mais les efforts menés de concert par la police et la communauté pour en établir la véracité et arrêter les éventuels auteurs de tels actes nont pas abouti.

5. Autres formes d exploitation: article 36

374.Le Gouvernement du Botswana est particulièrement préoccupé par un autre groupe denfants: les enfants des rues. Il sagit en général denfants ayant abandonné leurs études secondaires que les carences du système nont pas permis de réinsérer. Ils proviennent pour laplupart de familles pauvres et vivent généralement dans les grands centres urbains. PlusieursONG sefforcent de les aider. Actuellement, le Botswana Christian Council (Conseil chrétien duBotswana) est la seule ONG à mener un programme dynamique de rescolarisation des enfants des rues en offrant une formation à ceux qui ont dépassé 10 ans − âge plafond de la scolarité primaire. Le grand obstacle auquel se heurtent les ONG pour fournir des services ou étendre leur programme est linsuffisance de ressources. Dans le cadre du huitième Plan de développement national, le Ministère des collectivités locales a entrepris de procéder à une évaluation nationale des besoins des enfants des rues sous la forme dune étude qui sera réalisée par la Division de laprotection sociale à partir de novembre 2000 et devrait sachever à la fin du premier semestre2001.

C. Enfants appartenant à une minorité ou un groupe autochtone: article 30

375.Le Botswana compte de nombreux groupes ethniques dont lexistence est reconnue dans laConstitution et dont la représentation à la Chambre des chefs est garantie. Plusieurs groupes ou tribus aux effectifs peu nombreux ne sont pas représentés et le Gouvernement a récemment chargé une commission denquête (la Commission Balopi) détudier cette question; sesconclusions ont été publiées en avril 2001.

376.Les enfants des groupes minoritaires ou autochtones vivent souvent dans des districts reculés. Parmi ces groupes figurent les Basarwas (San ou Bochimans), dont, selon certains, lemode de vie est menacé. Cétait à lorigine un peuple de nomades vivant de chasse et decueillette, mais les terres sur lesquelles ils habitaient traditionnellement ont été utilisées àdautres fins et ils se trouvent donc dans limpossibilité de préserver ce mode de vie. Pendant les premières années de développement, ils ne parlent généralement ni le setswana ni langlais et doivent en passer par la difficile adaptation à une autre langue et à un autre mode de vie, souvent face à des attitudes peu favorables à leur propre culture. Le Gouvernement a mis en route des activités visant spécialement à aider ce groupe à préserver son patrimoine.

377.Conscient que certains citoyens du Botswana sont marginalisés sur le plan socioéconomique et ont besoin dune attention spéciale, le Gouvernement a en outre mis en placeun programme intégré daide aux populations des régions éloignées (le Programme de développement en faveur des habitants des zones reculées) dont la coordination est assurée par leMinistère des collectivités locales. Mis en route en 1974, le Programme a pour objectif global de promouvoir le développement social, culturel et économique des habitants des zones reculées afin de les faire bénéficier à égalité de la rapide croissance du pays. Il sagit plus précisément dintensifier le développement des établissements humains isolés, de promouvoir des activités génératrices de revenus, de faciliter laccès à la terre, dencourager linitiative et la participation active de la communauté, dassurer la formation et léducation, ainsi que le progrès social, culturel et économique et la préservation de la culture et des traditions qui leur sont propres.

378.Les destinataires du Programme se caractérisent par leur éloignement géographique et leurmarginalisation socioéconomique. Ils vivent en petites communautés dispersées, loin des services de base; ils sont pauvres et ne possèdent pas de troupeaux; leurs ressources proviennent essentiellement de la chasse et de la cueillette et ils sont marginalisés écologiquement car la base de leurs ressources se détériore; ils sont culturellement et linguistiquement différents; ils ont un faible niveau dalphabétisation et sont sous‑représentés dans la fonction publique. La majorité des personnes correspondant à cette description sont des Barsawas mais les habitants des régions isolées ne sont pas tous Barsawas et les Barsawas nhabitent pas tous dans des régions isolées.

379.Le Programme de développement en faveur des habitants des zones reculées a pour objet dencourager le développement détablissements humains permanents afin de faciliter lafourniture de services sociaux de base. Les principaux éléments du Programme sont lapprovisionnement en eau salubre, la mise en place dinstallation de services de santé, décoles primaires et de foyers pour les élèves, ainsi quun fonds pour la promotion économique. Sesobjectifs sont de promouvoir des activités axées sur la production, de créer des emplois, dévaluer et dexploiter les ressources disponibles dans chaque communauté et de diversifier laparticipation communautaire au développement ainsi que de stimuler et de promouvoir la participation communautaire à la lutte contre le chômage et damener les communautés àlautosuffisance.

380.On dénombre un peu plus dune soixantaine détablissements humains cibles dans les zones reculées. La politique dans ce domaine est définie par le Ministère des terres, du logement et de lenvironnement. Les habitants isolés qui ne vivent pas dans ces zones bénéficient aussi dece programme par lintermédiaire des agents de vulgarisation.

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